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Vie Protestante Réformée

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Jean Calvin

"Puisque Dieu, par conséquent, nous justifie par la Médiation du Christ, Il nous Acquitte, non pas par l'aveu de notre innocence personnelle, mais par une imputation de la justice ; de sorte que nous, qui sommes injustes en nous-mêmes, sommes considérés comme Justes en Jésus Christ."

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31 mai 2015 7 31 /05 /mai /2015 18:46
Confession de l'homme selon le coeur de Dieu par Charles Spurgeon,

"J'étais stupide et sans intelligence, j'étais à ton égard comme les bêtes. Cependant je suis toujours avec Toi." (Psaume 73-22/23)

N'oublions pas qu'il s'agit ici de la confession de l'homme selon le coeur de Dieu.

En nous parlant de sa vie intérieure, il écrit :

"J'étais stupide et sans intelligence."

Le mot "stupide" signifie ici davantage que dans la langue ordinaire.

Dans un verset précédent, David écrit :

"Je portais envie aux insensés (même mot), en voyant le bonheur des méchants" (Verset 3).

Cela nous montre que la folie qui occupait sa pensée contenait du péché.

Il se qualifie ainsi de "stupide", et le déclare sans ambages.

Il ne pouvait pas dire toute l'étendue de sa stupidité.

Il s'agissait d'une folie pécheresse, condamnable à cause de sa perversité et de son ignorance obstinée, et que le prétexte de la faiblesse ne pouvait excuser.

Il semble en effet avoir envié la prospérité présente des impies, tout en oubliant la terrible fin qui attend tous ceux qui leur ressemblent.

Sommes nous meilleurs que David, pour nous appeler sages ?

Prétendrions nous avoir atteint la perfection, ou la verge de Dieu nous a-t-elle châtiés au point de nous débarrasser de tout notre entêtement ?

Ce serait vraiment de l'orgueil que de dire pareille chose !

Si David était stupide, conbien devrions nous l'être à nos propres yeux, si seulement nous pouvions nous voir en réalité !

Regardons en arrière, ami(e) croyant(e), et pensons à la façon dont nous avons douté de Dieu, alors qu'Il faisait preuve de tant de fidélité à notre égard.

Pensons à notre cri rebelle quand, au travers de l'affliction, Il nous a ouvert la porte vers de plus grandes bénédictions.

Pensons aux nombreuses occasions où nous avons lu les promesses dans l'obscurité, où nous nous sommes mépris sur Ses Actions, et où nous avons écrié :

"C'est sur moi que tout retombe !", alors qu'en fait..., toutes choses concouraient pour notre bien !

Pensons à la fréquence avec laquelle nous avons préféré le péché en raison de ses plaisirs, alors qu'il produisait pour nous une racine d'amertume !

Sans conteste, si nous connaissons notre propre coeur, nous nous reconnaîtrons coupables de cette stupidité pécheresse.

Et, possédant la conscience de cette "stupidité", nous devons adopter comme nôtre la résolution que prit David en conséquence :

"Tu me conduiras par Ton Conseil" (Verset 24).

Cependant, car, en dépit de toute la stupidité et ignorance que David venait de confesser à Dieu, il n'en est pas moins sauvé, accepté et assurément béni par la Présence Continuelle de Dieu.

Pleinement conscient de son propre état de péché, de la tromperie et de la bassesse de sa nature, il chante cependant, dans un élan merveilleux de foi :

"Cependant, je suis toujours avec Toi." (Verset 23)

Ami(e) Croyant(e), il nous faut nous associer à la confession du psalmiste et dire avec lui :

"Cependant, puisque j'appartiens à Christ, je suis toujours avec Dieu !"

Cela veut dire, continuellement dans Son Esprit.

Il pense toujours à moi pour me faire du bien.

Continuellement devant Ses Yeux, les yeux du Dieu qui ne dort jamais, mais qui veille sans cesse à mon bien-être.

Continuellement dans Sa Main, de sorte que nul ne peut m'en arracher.

Continuellement sur Son Coeur, placé là comme un mémorial, de même que le souverain sacrificateur portait sans cesse les noms des douze tribus sur sa poitrine.

"Tu penses toujours à moi, Ô Dieu ! Les entrailles de Ton Amour s'émeuvent continuellement à mon égard. Tu orientes toujours la Providence à mon profit. Tu m'as placé comme un bandeau autour de Ton Bras. Ton Amour possède la force de la mort, et les fleuves ne peuvent l'éteindre ou l'engloutir."

Quelle surprenante grâce !

"Tu me vois en Christ et, bien que haïssable en moi même, Tu me vois recovert par les habits de Christ et lavé en Son Sang. Tu m'acceptes ainsi en Ta Présence, et je demeure continuellement en Ta Faveur, "toujours avec Toi"."

Voilà une consolation pour l'âme éprouvée et affligée.

Les tempêtes nous contrarient au dedans, mais regardons le calme qui règne au dehors.

"Cependant" ; ô disons le en notre coeur, et saisissons nous de la Paix que cela donne ! :

"Cependant je suis toujours avec Toi !".

Amen,

 

Charles Haddon Spurgeon,

Pasteur Baptiste Réformé

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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 21:13
Etre un homme et une femme spirituelle selon le coeur de Dieu par le pasteur Kayayan de Vie & Foi Réformées

Que veut dire: être un homme ou une femme spirituel(le) ?

Est-ce que c’est être quelqu’un qui se désintéresse des choses pratiques ou de la réalité matérielle ?

Ce n’est pas le sens qu’en donne la Bible en tout cas.

Quand on lit attentivement la Bible, on découvre que l’homme ou la femme spirituel(le) c’est avant tout quelqu’un qui cherche à envisager tous les aspects de l’existence en se soumettant à ce que Dieu révèle dans sa Parole et en lui faisant entièrement confiance.

Oui, cela veut dire bien sûr que cette personne a la certitude que Dieu a parlé aux hommes au cours de l’histoire, qu’Il s’est manifesté à eux, qu’Il leur a parlé de sa présence et de son plan pour eux, car Il est leur Créateur et le Seul qui puisse les sauver de leur misère.

Et effectivement, une personne qui est spirituelle au sens qu’en donne la Bible reconnaît que l’humanité tout entière est dans un état de grande misère et qu’elle a besoin d’un salut préparé pour elle.

L’humanité est incapable de se sauver par elle-même, elle ne fait qu’aggraver sa condition, en dépit de tous ses efforts pour s’en sortir par des plans sociaux, politiques ou économiques, voire même par des programmes de régénération morale.

Elle ne fait que tomber de Charybde en Scylla, même lorsqu’elle semble pouvoir se targuer de succès temporaires.

Une personne spirituelle, au sens biblique, n’est donc pas quelqu’un qui est très attiré par les choses invisibles, par l’invocation des esprits, ou l’évasion de ce monde corrompu et plein de misère.

Car si je reste confronté à moi-même, à mes fantaisies spirituelles, si je me laisse guider uniquement par mon for intérieur et si je mets toute ma confiance en mes propres capacités à trouver ce que je cherche, sans rechercher d’autre interlocuteur que moi-même, je ferai tôt ou tard face au néant, à ma finitude, à mes échecs.

Il est même fort possible que je sombre dans l’occultisme et dans toutes sortes de pratiques complètement destructrices.

C’est d’ailleurs le cas de nos jours d’innombrables gens qui se font souffrir et font souffrir leurs proches en sombrant dans une spirale infernale.

Pour la Bible, une personne spirituelle c’est quelqu’un qui réforme constamment sa vie et son regard sur tous les aspects de l'existence à la lumière de la Parole divine.

Ce faisant il ou elle met sa foi et son espérance en celui qui a été envoyé par le Père céleste pour régner sans partage sur ce monde : son Fils Jésus-Christ, devenu être humain, comme nous, pour servir de médiateur parfait entre Dieu et les hommes.

Sa vie divine, son Esprit, est offert à tous ceux qui croient en lui.

C’est par l’œuvre parfaite qu’il a accomplie durant son passage sur terre que vous pouvons oui devenir une personne véritablement spirituelle.

Amen,

Eric Kayayan,

Pasteur Protestant Réformé

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. Source : Foi & Vie Réformées .

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 20:42

"En Passant ton ciseau sur la pierre, tu la profanerais." Exode 20-25

Il fallait construire l'autel de Dieu avec des pierres non taillées, de façon à ce que l'on ne puisse y voir aucune trace de l'habileté et du travail de l'homme.

La sagesse humaine se plaît à tailler et arranger les doctrines de la croix en un système plus artificiel et acceptable aux goûts dépravés de la nature déchue.

Mais, au lieu d'améliorer l'Evangile, la sagesse de la chair le pollue au point où il devient "un autre évangile" et où il cesse d'être la Vérité de Dieu.

Tous les changements et altérations apportés à la Parole même de Dieu sont des souillures et des pollutions.

Le coeur orgueilleux de l'homme insensé a grand désir de toucher à la justification de l'âme devant Dieu.

On rêve de préparation pour recevoir Christ ; on se confie dans les humiliations et la repentance ; on revendique les bonnes oeuvres, et l'on se vante beaucoup de capacités naturelles.

Par tous les moyens, on cherche à appliquer des instruments humains à l'Autel de Dieu.

Il serait bon pour l'homme pécheur de se souvenir que, loin d'amener l'oeuvre du Seigneur à la perfection, ces confiances dans la chair ne font que la polluer et la déshonorer.

Seul le Seigneur doit être exalté dans l'oeuvre de l'expiation et de la réconciliation.

Il ne faut accepter aucune trace du marteau et du burin de l'homme.

Un blasphème inhérent repose dans le désir d'ajouter quoi que ce soit à ce que Jésus déclara sur la croix être parfait, ou à vouloir améliorer ce qui donne déjà toute satisfaction à l'Eternel.

Pécheur tremblant, rangez vos outils et tombez à genou en une humble supplication.

Acceptez que le Seigneur Jésus soit l'Autel de votre expiation, et reposez vous en Lui Seul.

Beaucoup de ceux qui professent la foi peuvent prendre ce texte aujourd'hui comme un avertissement quant aux vérités qu'ils croient.

Il y a beaucoup trop d'efforts parmi de nombreux chrétiens pour amener les vérités de la Révélation Divine à s'arranger et se réconcilier.

Il s'agit ici d'une forme d'irrespect et d'incrédulité, contre laquelle il faut lutter.

Acceptons la Vérité telle que nous la trouvons.

Réjouissons nous de ce que les doctrines de la Parole de Dieu sont des pierres non taillées, et qu'elles conviennent ainsi d'autant mieux à la construction de l'Autel du Seigneur.

Amen,

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Charles Spurgeon,

Pasteur Baptiste Réformé

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 17:15
Non une simple croyance de doctrine, mais une foi simple qui dépend de Christ, et de Lui Seul.

Faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la connaissance...

2 Pierre 1-5;6

Si nous voulons jouir de l'éminente Grâce d'une pleine assurance de foi, par l'assistance et l'influence bénies de l'Esprit, faisons ce que nous dit l'Ecriture :

"Faites tous vos efforts".

Prenons garde à ce que notre foi soit véritablement de la bonne sorte.

Non pas une simple croyance de doctrine, mais une foi simple qui dépend vraiment de Christ, et de Lui Seul.

Faisons tous nos efforts pour veiller à notre courage.

Implorons Dieu de nous donner la force du lion, afin de pouvoir avancer avec hardiesse, empli d'une conscience de ce qui est juste.

Etudions attentivement les Ecritures, et acquérons de la connaissance, car connaître sainement la doctrine tendra pour une bonne part à affermir notre foi.

Cherchons à comprendre la Parole de Dieu et à ce qu'elle demeure richement en notre coeur.

Lorsque nous faisons cela, "joignons à la connaissance la maîtrise de soi".

Veillons sur notre corps et agissons avec tempérance, tant dans la vie que le coeur, en paroles qu'en pensées.

Par le Saint Esprit Divin, joignons à cela la patience.

Demandons à Dieu de nous donner cette sorte de patience endurant l'affliction et qui, une fois éprouvée, brille comme l'or.

Revêtons nous de patience afin de ne pas murmurer au sein de nos afflictions diverses.

Lorsque nous avons gagné cette Grâce, cherchons la piété. (Nota : ce qui n'a strictement rien à voir avec l'ultra piétisme et ses pièges ravageurs)

Elle s'étend au delà de la religion.

Faisons de la Gloire de Dieu le but toujours premier de notre vie.

Vivons dans Son Regard et demeurons proches de Lui.

Cherchons la communion paisible et saine avec Lui, et nous obtiendrons la sainte piété.

Puis joignons y la douce amitié fraternelle.

Aimons tous les croyants.

Joignons à cela l'amour vrai et non frelaté, aimant l'âme des hommes en ouvrant ses bras.

Nous parviendrons à affermir notre vocation et notre élection par les preuves les plus claires lorsque tous ces joyaux orneront notre caractère, et dans l'exacte proportion où nous mettrons en pratique ces vertus célestes.

"Faites tous vos efforts" car la tiédeur et les doutes se donnent très naturellement la main.

Amen,

Charles Spurgeon,

Pasteur Baptiste Réformé

La source même des endroits vidéos n'engagent pas sur certains domaines Refuge Protestant du point de vue doctrinal ou autres, ces sources trouvées pour la connaissance de chants communs restent libres & responsables pour eux-mêmes de leur contenu et direction.

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 14:35
La propriation ou l'oeuvre du Fils d'Adolphe Monod (Dernière partie)

LA  PROPITIATION
ou l'oeuvre du Fils (Suite)

(Adolphe Monod)

(3ème et dernière  partie)

 

 

« Car c'est lui qui est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais a aussi pour ceux de tout le monde.  »
(1Jean 2.2)


 

 

(...) Supprimer le sacrifice de Jésus-Christ, son sacrifice de propitiation, c'est plus que de supprimer une doctrine clairement révélée de Dieu ; c'est supprimer le Dieu vivant et vrai ; le Dieu vivant, en supprimant le rapport du Père au Fils dans la Trinité ; le vrai Dieu, en supprimant le combat et l'harmonie de la sainteté et de l'amour dans le Dieu de l'Évangile ; c'est nier à la fois la nature divine et le caractère divin ; c'est substituer le Dieu du déiste au Dieu de Jésus-Christ !

 

L'Écriture nous a été donnée pour nous sauver, mais pour nous sauver tout en nous sanctifiant.

 

Faut-il montrer, après ce que nous venons de voir, que tel est le caractère de la rédemption qui est par le sang de Jésus-Christ, pour quiconque s'y associe par la foi ?

 

Si la vie éternelle est de connaître le vrai Dieu, la sainteté est de l'imiter : or, quoi de plus propre à faire du croyant « un imitateur de Dieu, » que le spectacle que nous venons de contempler ?

 

La sainteté et l'amour, qui sont les deux traits essentiels du caractère divin, sont également, et sont pour cela même, les deux traits essentiels du caractère chrétien.

 

Donnez-moi un homme en qui se trouve une sainte horreur du péché, tempérée par un tendre amour pour Dieu :

 

je serai en paix sur son développement spirituel, parce que je trouve dans ces deux dispositions qui se relèvent et s'achèvent mutuellement, le germe de tout bien à faire et de tout mal à éviter.

 

Eh bien ! cet homme, comment le formera-t-on ?

 

Vous avez répondu vous-mêmes.

 

On le formera en le plaçant devant la croix de Jésus-Christ.

 

Ce qu'elle lui montrera en Dieu, elle le fera pénétrer dans son coeur, par le Saint-Esprit, par la foi.

 

Cette sainteté terrible, inflexible, résolue de ne pactiser avec aucun péché, et prête à sacrifier le Fils unique et bien-aimé plutôt que de se prêter à aucune apparence de mal, comment la contempler si vivement dépeinte sur cette croix, sans s'associer à elle de tout son coeur, et sans ressentir pour le péché cette horreur instinctive, que Zinzendorf exprimait en disant :

 

« Quand je trouve le péché sur mon chemin, je marche dessus comme sur un serpent ? »

 

Cet amour infini, ineffable, prêt à tout donner pour nous jusqu'au Fils unique et bien-aimé, comment le contempler aussi sans se sentir pressé d'y répondre, et sans s'écrier avec le pieux Cellérier :

 

« Quand j'aurais mille vies et mille coeurs je les lui donnerais tous, en ne regrettant que d'avoir si peu à lui offrir ? »

 

Connaissez-vous un homme livré à des ressentiments ou à des convoitises qu'il déplore, qu'il condamne, mais dont rien au monde ne l'a pu encore affranchir, et faisant l'amère expérience de cette parole de l'Apôtre :

 

« Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas ? »

 

Hâtez-vous de le conduire devant la croix de Jésus-Christ : qu'il connaisse, qu'il apprenne, qu'il croie, que le Fils de Dieu est venu sur la terre souffrir et mourir en sacrifice de propitiation pour nos péchés : il trouvera dans ce spectacle, s'il croit, la force qu'il n'a trouvée nulle part ailleurs pour soumettre sa chair rebelle à la sainte loi de Dieu.

 

Vous lui avez parlé de la beauté de la loi, des droits de Dieu sur lui, des exemples des saints, de l'injustice du péché, des suites terribles qu'il traîne à sa suite, pour le temps et pour l'éternité : il ne s'est point rendu.

 

Mais pourra-t-il ne pas se rendre, s'il contemple avec foi Jésus mourant à sa place et en Jésus mourant son péché déjà tout puni, et tout ensemble tout pardonné ?

 

N'y a-t-il pas dans ce spectacle un argument également persuasif pour son intelligence, pour son coeur, pour sa conscience, pour sa volonté, pour tout son être ?

 

Un argument, ai-je dit ?

 

Dites plutôt un cri, un appel, une puissance irrésistible (irrésistible...qu'il le soit ou non, il doit l'être) !

 

Car enfin le mot d'argument serait par trop froid pour peindre ce que trouverait une mère dans la vue de son fils arraché à la mort par un ami qui s'y est livré à sa place !

 

« Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier ; vous avez été rachetés par prix, glorifiez donc Dieu en votre corps et en votre esprit qui appartiennent à Dieu ; vous n'êtes plus à vous-mêmes ; Christ a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché nous vivions à la justice : »

 

Voilà de ces raisons, également acceptables pour un philosophe et un enfant, qui prennent un homme tout entier, et qui ne lui laissent ni le moyen ni la volonté d'échapper. Jésus-Christ crucifié, qui ramène l'ordre et la paix dans le monde moral bouleversé par le péché, les ramène également dans l'âme du croyant, et une vie nouvelle commence pour lui sous la croix.

 

Mais que cela est froid ! Que tout se glace et se dessèche en passant par la bouche de l'homme !

 

O désespoir de la théologie et de la prédication ! ô impuissance de l'esprit et du langage humain pour saisir une matière si étendue, pour pénétrer une matière si profonde ! j'en appelle à l'Évangile et à votre coeur -- et je me tais.

Ici, ici seulement, est la vertu de la régénération !

 

Ici, ici seulement, se sont formés tous les saints dignes de ce nom.

 

Ici, ici seulement, est la force et la grâce commune d'un Paul et d'un Jean, d'un Augustin, d'un Luther et d'un Calvin, d'un Pascal et d'un Coligny, de tous ceux qui sous quelque nom que ce soit ont surmonté la chair et marché selon l'Esprit !

 

Tout cela est si vrai que la croix de Jésus-Christ trouve au fond de notre coeur un secret besoin auquel elle répond et qui peut aller jusqu'à la pressentir, car il y a des vérités divines pressenties.

 

Tout tombé qu'il est, notre homme intérieur garde pourtant de sa première gloire je ne sais quelles ruines où se reconnaît encore le plan primitif, quand la lumière du ciel les vient éclairer.

 

De là, la vérité divine nous apparaît parfois comme connue, non comme étrangère.

 

Bien qu'élevée au-dessus de toutes nos conceptions et de toutes nos prévisions, bien qu'impossible à trouver, que pour celui qui s'écrie dans Job :

 

« J'ai trouvé la propitiation ! » (33.24) comme s'il admirait qu'il l'eût pu découvrir, -- la rédemption a son témoin silencieux dans votre coeur et dans le mien, pour ne rien dire du consentement de l'humanité tout entière, attesté par l'usage constant et universel des sacrifices.

 

Pour moi, je puis parler ici d'expérience.

 

Non seulement j'ai reconnu que la rédemption une fois connue s'adaptait à mon sentiment intérieur, mais je l'ai pressentie, avant de l'avoir connue, comme l'unique moyen de mettre ce sentiment intérieur d'accord avec lui-même.

 

Avec le besoin de pardon, que le sentiment sérieux du péché ne peut manquer d'exciter en nous, j'en éprouve un autre : le besoin d'expiation.

 

Je souhaite que Dieu me pardonne, sans doute ; mais je ne trouve ni possible, ni désirable même qu'il me pardonne sans mettre à l'abri la sainteté de sa loi.

 

L'indulgence est bonne d'homme à homme et convient à l'homme pécheur ; la miséricorde seule peut s'exercer de Dieu à l'homme, parce qu'elle convient seule au Dieu saint.

 

J'appelle indulgence un pardon donné sans qu'il en coûte rien ; j'appelle miséricorde le pardon achetant par le sacrifice le droit de se donner.

 

Affamé de grâce, mais jaloux pour la loi de Dieu, je trouve au pied de cette croix le seul pardon qui réponde, je ne dis pas seulement aux exigences de la loi divine, mais à celles mêmes de ma conscience, parce qu'ici seulement je retrouve un moyen de glorifier la loi de Dieu dans mon pardon, tout aussi bien que je l'aurais pu faire en y obéissant, oserai-je dire mieux encore ?

 

En obéissant, je rendais à cette loi un hommage tacite, indirect, inconscient de lui-même ; mais en ne rentrant en grâce que par voie d'expiation, je rends à cette loi un hommage distinct, direct, réfléchi, douloureux.

 

Je le dis avec une conviction arrêtée : ce pardon-là est le seul qu'il soit digne de Dieu de m'offrir ; je m'enhardirai jusqu'à dire que c'est le seul qu'il soit digne de moi d'accepter.

 

Tout autre pardon inquiéterait mon âme comme un désordre.

 

Je ne puis, je ne veux pas être heureux aux dépens de la sainteté divine.

 

Loin de moi un salut où la gloire de Dieu perdrait !

 

Commencez par sauver sa loi sainte ; et vous me sauverez après, si vous pouvez !

 

Ô croix ! Ô sang du Saint des saints versé pour mes péchés !

 

Ô sacrifice trois fois amer d'une victime trois fois sainte !

 

Ô croix, qui justifies tout ensemble et le pécheur perdu devant la loi de Dieu, et le Dieu qui pardonne, devant la conscience du pécheur !

 

Ô croix, croix trois fois bénie, mon âme tout entière vole au-devant de toi !

 

Elle t'appelait avant de te connaître : de quel coeur ne te saisira-t-elle pas, connue ?

 

Elle ne te doit pas moins que de pouvoir glorifier la loi de Dieu, autrement que par sa damnation, autre part que dans l'enfer !

 

Ô croix, croix trois fois sainte et trois fois miséricordieuse ! Solution du problème des problèmes !

 

Que d'autres tournent autour de toi pour chercher ; que peut-on chercher quand on t'a trouvée ?

 

Tu m'as révélé Dieu ; tu m'as révélé moi-même à moi-même ; en te trouvant, je l'ai trouvé, et je me suis retrouvé !

 

Et je ne veux employer ce qui me reste de vie qu'à te montrer à qui t'ignore.

 

Oui, ô mon Dieu ! Je m'associe intérieurement à ta rédemption.

 

Je cherchais sur la terre un coin où je pusse, tel que je suis, misérable pécheur, te donner gloire encore : je l'ai découvert, et ce coin, c'est celui qu'ombrage la croix de Jésus.

 

Sauve-moi donc ici, ô mon Dieu, puisqu'ici tu as trouvé le moyen de me sauver, je ne dis pas en abaissant ta loi et tes perfections, mais en les élevant plus haut que jamais !

 

Venez donc, venez, qui que vous soyez qui m'écoutez.

 

Ce frère, cette soeur, avec qui je veux partager cette grâce, c'est vous ; et c'est pour cela que j'ai parlé.

 

J'ai voulu, sans doute, affermir dans la foi au sang de l'Agneau de Dieu ceux qui ont commencé d'en connaître la douceur salutaire ; mais j'ai voulu surtout vous la révéler à vous qui y avez été jusqu'à ce jour étrangers.

 

Je l'ai dit : je ne monte pas ici en théologien, mais en apôtre ; je n'expose pas la doctrine, j'annonce l'Évangile, je proclame le salut.

 

Eh ! qui sait si Dieu ne m'a pas suscité tout exprès pour faire tomber le voile étendu jusqu'ici sur vos yeux.

 

Qui sait si Jésus-Christ n'est pas présent au milieu de nous, vous cherchant par ma voix et vous disant :

 

« Mon fils, donne-moi ton coeur ! »

 

Qui sait si un jour nouveau ne va pas se lever sur votre âme, une joie nouvelle se répandre dans votre coeur, une lumière nouvelle illuminer votre sentier !

 

Qui le sait ? C'est à vous de le savoir.

 

Tout cela est pour vous, si vous le voulez ; pour vous, aujourd'hui même.

 

Dieu ne demande qu'à vous sauver :

 

« il attend pour vous faire grâce »

 

Jésus-Christ, Jésus-Christ crucifié se tient humblement à votre porte, en vous disant (ne l'entendez-vous pas ?) :

 

« Je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui avec moi. »

 

Quelqu'un ? C'est votre nom, votre propre nom qu'il nommerait, n'en doutez pas, s'il ne voulait que ce tendre appel pût servir en même temps pour tous les autres, c'est-à-dire si sa charité n'était aussi étendue qu'elle est profonde.

 

Jusqu'ici, Jésus n'était mort que pour le monde : il ne l'était pas pour vous, qui n'y songiez pas.

 

Voici venir le moment où ce sacrifice devient vôtre.

 

Quand Jésus-Christ meurt sur la croix, la terre tremble, les rochers se fendent, le voile du temple se déchire, le soleil se couvre, les morts sortent de leur tombeau.

 

Donnez donc aux anges le même spectacle que leur donne la terre en voyant expirer son Sauveur.

 

Sol qui portes ce pauvre pécheur, tremble sous ses pieds !

 

Fendez-vous, rochers de son coeur !

 

Déchire-toi, voile qui lui interceptes la vue de Dieu !

 

Couvre-toi, soleil trompeur du monde et de sa philosophie ! Et que le mort sorte de son tombeau !




Adolphe Monod,

Bible

Croix Huguenote

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 14:34
La propitiation ou l'oeuvre du Fils d'Adolphe Monod (2ème partie)
LA  PROPITIATION
ou l'oeuvre du Fils (Suite)

(Adolphe Monod)

(2ème partie)

 

 

« Car c'est lui qui est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde.  »
(1Jean 2.2)


 

 

(...) Gardez-vous de réduire ce grand sacrifice aux proportions mesquines d'une figure ou d'une déclaration ; c'est « une rédemption éternelle, » le sacrificateur, qui est en même temps la victime, « ayant fait par soi-même la purification de nos péchés » (Hébreux 1.3 ; 9.12).

 

L'Écriture s'en exprime en termes qui n'ont rien d'équivoque ; vous n'avez qu'à comparer entre eux le témoignage qu'elle rend des sacrifices initiaux et celui qu'elle rend de Christ.

 

D'une part, « il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés » (Hébreux 10.4), et les sacrifices où ce sang était répandu « ne pouvaient sanctifier la conscience de ceux qui les présentaient » (Hébreux 9.9 ; 10.1-2), de l'autre, « le sang de Jésus-Christ purifie de tout péché » (1Jean 1.7), et « le sang de Christ, qui par l'Esprit éternel s'est offert lui-même à Dieu sans nulle tache, purifiera votre conscience des oeuvres mortes, pour servir le Dieu vivant » (Hébreux 9.14).

 

Pauvres pécheurs qui m'écoutez, je vous le dis :

 

Il y a une seule chose au monde qui soit capable d'effacer vos péchés : ce ne sont pas vos pénitences, ni vos oeuvres, ni votre repentance, ni même vos prières, c'est le sang du Fils de Dieu.

 

Soyez lavés dans ce sang précieux, et « quand vos péchés seraient comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige, et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils seront blanchis comme la laine » (Esaïe 1.18) ; mais hors de là, rien ne pourrait effacer la moindre trace du moindre de vos péchés !

 

Mais c'est peu que je vous le dise ; l'Église universelle vous le dit avec moi : elle n'a jamais su entendre l'Évangile autrement.

 

C'est une grande chose que la tradition de l'Église, quand cette tradition est générale.

 

Nul n'a raison contre tous ; et comme l'accord de tous, en matière philosophique, démontre l'existence d'un sentiment gravé, ineffaçablement dans le fond du coeur de l'homme, ainsi l'accord de tous, en matière religieuse, démontre la clarté irrésistible de l'enseignement divin, sur un point que tous y trouvent également.

 

Eh bien ! Nommez une doctrine plus universellement acceptée dans l'Église, sur la foi des Écritures, que l'est la rédemption.

 

Je n'irai pas, comme je l'ai fait pour d'autres doctrines, notamment pour la Trinité, en chercher la preuve dans les confessions de foi, anciennes ou modernes : ici, les choses sont si évidentes que nous pouvons procéder plus simplement.

 

Il n'y a qu'à jeter un coup d'oeil autour de soi : la croix est partout où est Jésus-Christ.

 

Quelle est l'âme de la doctrine de l'Église primitive ? La croix ;

 

Selon l'Église elle-même, qui s'en explique par l'organe des saints apôtres ? la croix (1Corinthiens 2.1)

 

Selon la synagogue, qui se scandalise ? la croix (1Corinthiens 1.23)

 

Selon la Grèce, qui se raille ? la croix (id.)

 

Selon Rome, qui s'inquiète et qui persécute ? la croix.

 

Quel est le symbole de la foi chrétienne ? la croix

 

Pour la tradition, qui en fait le signe qui détermine la conversion de Constantin ? la croix.

 

Pour l'art, qui en fait le caractère architectural des Églises chrétiennes ? la croix.

 

Pour la superstition, qui en fait l'emblème et le témoignage visible de la piété chrétienne ? la croix.

 

Quel est dans l'Évangile le point de mire qui attire toutes les attaques de l'incrédulité ? la croix .

 

Le fond commun de la foi des apôtres, des Pères, des Réformateurs, des confesseurs de tous les temps ? la croix.

 

Le terrain commun de toutes les grandes communions entre lesquelles l'Église chrétienne s'est divisée (romaine, grecque, protestante) ; ou subdivisée (anglicane, luthérienne, réformée) ? la croix.

 

Quel est enfin le résumé du culte chrétien, des sacrements chrétiens, des convictions chrétiennes, des missions chrétiennes ? la croix, toujours la croix.

 

Et quand l'Apôtre s'écrie :

 

« Loin de moi de me glorifier en autre chose qu'en la croix de Christ, par laquelle je suis crucifié, au monde, et le monde à moi » (Galates 6.14),

 

c'est l'Église entière qui jette par son organe ce cri significatif où elle se réunit comme un seul homme, témoin ses cantiques, ses prières, ses docteurs, ses martyrs, ses combats, ses revers, ses victoires, toute son histoire du commencement à la fin.

 

Après cela, si nous pouvions jamais rougir de la croix de Jésus-Christ, l'Église universelle rougirait à son tour de nous !

 

Notre christianisme n'aurait plus de sel, ni notre ministère de sens ! et nous serions les partisans d'un crucifié, au lieu d'être les serviteurs du Dieu vivant !

 

Ce n'est pas assez d'avoir recueilli la doctrine révélée par l'Écriture et reçue par l'Église sur la mort de Jésus-Christ : il faut en pénétrer l'esprit.

 

Les doctrines du salut ont deux faces : l'une, divine, absolue, par où elles sont vraies en soi en dehors de nous et au-dessus de nous ; l'autre, humaine, spirituelle, par où elles deviennent nôtres ayant pénétré au dedans de nous par la porte de la foi, et par la main du Saint-Esprit.

 

Nous venons de contempler la rédemption de Jésus-Christ comme objet de révélation, contemplons-la maintenant comme objet d'expérience, et apprenons comment ce moyen de salut si étrange, éclaire, nourrit, sanctifie l'âme qui s'ouvre pour le recevoir.

 

« C'est ici la vie éternelle, dit Jésus-Christ, de te connaître, toi le seul vrai Dieu, »

 

à quoi il ajoute :

 

« et Jésus-Christ que tu as envoyé » (Jean 17.3),

 

parce qu'on ne connaît le vrai Dieu qu'en Jésus-Christ :

 

« nul ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils l'aura voulu révéler » (Matthieu 11.27).

 

Or, Jésus-Christ ne nous révèle nulle part aussi bien le vrai Dieu que lorsqu'il meurt en sacrifice de propitiation pour nos péchés.

 

Quiconque se place devant sa croix et la contemple avec foi, trouve dans cette contemplation un cours sommaire de théologie, mais de la théologie la plus haute et la plus populaire tout ensemble.

 

Je pourrais, si une matière si profonde n'alarmait ma faiblesse, aller jusqu'à dire que la croix de Jésus-Christ jette une lumière obscure sur l'essence même de Dieu, cachée au sein de la Trinité.

 

J'entrevois, dans Jésus-Christ crucifié, cette unité distincte, cette opposition harmonique qui est le propre de la Trinité prise sur le fait dans le sacrifice du Fils de Dieu (1Jean 1.7 ; 3.8).

 

Car ici, à la différence de tous les autres sacrifices qui sont offerts par la main de l'homme, c'est Dieu qui offre le sacrifice, mais qui l'offre à lui-même.

 

Qu'y a-t-il de plus harmonique que le sacrifice ?

 

Et quoi de plus un que le Père ; livrant son Fils bien-aimé ; et le Fils bien-aimé se livrant lui-même pour sauver l'homme perdu ?

 

Mais qu'y a-t-il aussi de plus personnel que le sacrifice, et quoi de plus distinct que celui qui l'offre et celui à qui il est offert ?

 

Je l'entrevois -- oui, mais comme au travers d'un nuage, et ce nuage, je veux le respecter, car il vient aussi de Dieu à sa manière.

 

Aussi bien, une fois engagé dans ce conseil redoutable du Père, du Fils et du Saint-Esprit, où s'arrêteraient nos questions ?

 

Est-ce le sacrifice prévu du Fils qui a déterminé le pardon du Père ?

 

Ou bien est-ce la volonté de pardonner chez le Père qui a déterminé le sacrifice du Fils ?

 

Ou bien se sont-ils déterminés l'un l'autre à la fois, dans le même temps, je veux dire dans la même éternité ?

 

Comment se représenter le Père désarmé par le sacrifice du Fils, quand c'est le Père lui-même qui à envoyé son Fils au monde, et qui l'a livré pour nos offenses ?

 

Mais aussi comment se représenter lé Fils obligé par le Père à se sacrifier pour les pécheurs, quand ce sacrifice est ce qu'il y à de plus libre et de plus spontané :

 

« Je donne ma vie ; je la donne de moi-même ?... » (Jean 10.18.)

 

Non, non, arrêtons-nous devant cet abîme ; et venant à des considérations plus à notre portée, contentons-nous de recueillir les leçons que nous donne Jésus-Christ crucifié sur le caractère de Dieu, et plus spécialement sur ses dispositions à l'égard de l'homme pécheur.

 

C'est là le premier point de toute révélation, mais ce point est obscur et en apparence contradictoire, par ce que l'Écriture nous révèle à la fois de la sainteté de Dieu et de sa miséricorde, l'une qui l'oblige à punir, l'autre qui l'invite à pardonner.

 

Cette contradiction se déclare sans détour, sans effort de conciliation, dans cette définition étrange que Dieu fait de lui-même au jour qu'il fait passer sa gloire devant Moïse caché dans un rocher :

 

« L'Éternel, l'Éternel ! le Dieu fort, compatissant, miséricordieux, tardif à colère, abondant en gratuité et en vérité ; gardant la gratuité jusqu'en mille générations, ôtant l'iniquité, le crime et le péché qui ne tient point le coupable pour innocent ; et qui punit l'iniquité des pères sur les enfants, et sur les enfants des enfants, jusqu'à la troisième et à la quatrième génération » (Exode 34.6-7).

 

Remarquez-vous ce contraste impossible à démêler :

 

« ôtant le péché, » et « ne tenant point le coupable pour innocent ; » « gardant la gratuité ; » et « punissant l'iniquité ? »

 

Dans l’Alliance Renouvelée, chacun de ces deux traits du caractère de Dieu, l'amour qui épargne et la sainteté qui frappe, est relevé par une définition à part, que nous empruntons à notre apôtre :

 

« Dieu est amour » (1Jean 4.8, 16), il est l'amour même, voilà de quoi rassurer le pécheur ; « Dieu est lumière » (1Jean 1.5), il est la lumière, c'est-à-dire la sainteté même, voila de quoi effrayer le pécheur.

 

Qui donc se chargera de mettre d'accord cet amour et cette sainteté, qui, demandant des choses toutes contraires, semblent condamnées à une guerre interminable ?

 

La croix de Jésus-Christ l'a fait, et c'est pour résoudre ce redoutable, dirai-je cet insoluble problème, qu'elle a été dressée.

 

Sur cette croix, le pardon, sollicité par l'amour de Dieu, est hautement proclamé ; mais ce pardon est au prix d'une souffrance dans laquelle est non moins hautement proclamée la peine réclamée par la sainteté de Dieu.

 

En deux mots, le pardon est un sacrifice, qui, séparant le péché d'avec le pécheur, tout inséparables qu'ils sont, frappe l'un pour épargner l'autre, et met dans une égale lumière l'amour de Dieu et la sainteté de Dieu, en les associant l'un à l'autre, que dis-je ?

 

En les mesurant l'un par l'autre, puisqu'ils se relèvent mutuellement.

 

Cherchez par toute la terre la marque la plus grande que vous puissiez trouver de l'amour de Dieu pour le pécheur : vous la trouverez sur la croix de Jésus-Christ, puisque cette croix vous apprend, non seulement que Dieu pardonne au pécheur, mais qu'il est si bien résolu de lui pardonner que, plutôt que de le laisser périr, il frappe en sa place son Fils unique et bien-aimé.

 

Mais aussi, cherchez par toute la terre la marque la plus grande que vous puissiez trouver de l'horreur de Dieu pour le péché : vous la trouverez encore sur la croix de Jésus-Christ, puisque cette croix vous apprend, non seulement que Dieu punit le péché, mais qu'il est si bien résolu de le punir, que, plutôt que de le laisser impuni, il le recherche dans la personne de son Fils unique et bien-aimé.

 

Ni la création, ni la providence, ni la terre, ni le ciel, n'ont rien de comparable à la croix de Jésus-Christ pour proclamer que « Dieu est amour ; » ni Éden fermé, ni le Déluge, ni Sodome et Gomorrhe en feu, ni Jérusalem détruite et son temple brûlé, n'ont rien de comparable à la croix de Jésus-Christ pour proclamer que « Dieu est lumière. »

 

Et, pour surcroît, tout cela est rassemblé dans la même scène, vu du même coup d'oeil, senti dans le même battement de coeur ; -- ô merveille, ô mystère, « ô profondeur ! »

 

Reconnaissez-le donc : le sacrifice de Jésus-Christ renferme en soi le fond de tout l'Évangile.

 

La Propitiation ou l’oeuvre du Fils (Suite et Fin)

 

Bible

Croix Huguenote

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 14:33
La propitiation ou l'oeuvre du Fils d'Adolphe Monod,(Première partie)
La propitiation ou l'oeuvre du Fils

D’Adolphe Monod,

(1ère partie)

 

« Car c'est lui qui est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde.  »
(1Jean 2.2)



Si nous lisions l'Évangile pour la première fois, et sans que l'habitude eût émoussé nos impressions, nous serions vivement frappés de la place qui y est donnée à Jésus-Christ mourant.

 

Demandez soit à un enfant chrétien, soit à un disciple d'un âge mûr, ce que Jésus-Christ est venu faire sur la terre: 

mourir pour nous,

 

telle sera la réponse de l'un et de l'autre ; réponse que le premier a prise à la surface des Écritures, tandis que le second l'a trouvée dans ces mêmes Écritures étudiées jusqu'au fond.

 

L'un a remarqué partout cette mort, prédite par Jésus-Christ Lui-même, mise au premier plan par les quatre évangiles, rappelée sans cesse dans les épîtres des apôtres, servant de texte à tous leurs discours, figurée par l'un et l'autre sacrement (Romains 6 ; 1Corinthiens 11).

 

L'autre a vu cette mort, servant de centre et d'âme à tous les autres actes du grand ouvrage de notre rédemption, qui semblent, soit qu'ils la précèdent ou qu'ils la suivent, n'être là que pour elle : l'incarnation n'ayant pour objet que de la préparer (Jean 12.24 ; Hébreux 2.14), la résurrection d'en attester le sens et le prix (Romains 4.25), l'ascension d'en assurer les fruits précieux (Hébreux 9.12).

 

Si la résurrection de Jésus-Christ résume tout l'Évangile comme témoignage (Actes 1.22), Sa mort le résume comme doctrine, Dieu se révélant tout entier en Jésus-Christ, et Jésus-Christ tout entier dans Sa mort :

 

« Je n'ai voulu savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié » (1Corinthiens 2.2).

 

Chose étrange, que la mort tienne le premier rang dans un livre qui a pour objet « la vie éternelle ! » que « le Prince de la vie » ne puisse nous être nommé que nous ne le cherchions expirant sur une croix !

 

Qui nous éclaircira ce mystère ? quelle est la signification et la portée d'une mort que Dieu a mise en un rang si glorieux ?

 

C'est à l'Écriture elle-même que nous l'allons demander, mais à l'Écriture prise, si Dieu nous en fait la grâce, dans cette simplicité humble et pratique dont Jésus-Christ et les apôtres ont partout donné l'exemple.

 

Je traiterai cette matière dans le même esprit que j'ai fait la Trinité : la rédemption que nous étudierons ensemble, ce n'est pas la rédemption du théologien, c'est la rédemption du petit enfant.

 

Écoutons d'abord saint Jean dans mon texte :

 

« Jésus-Christ est la propitiatin pour nos péchés »

 

Propitiation vient d'un vieux verbe propitier, qui n'est pas demeuré dans notre langue : Jésus-Christ est Celui qui nous rend Dieu propice, d'opposé qu'Il nous était à cause de nos péchés.

 

Mais à cette acception primitive du mot propitiation, l'usage des langues tant anciennes que modernes en a substitué une plus précise, qui implique le moyen par lequel Dieu est apaisé :

 

Ce moyen, c'est la mort d'une victime innocente mise à la place du coupable.

 

Aussi bien, saint Jean fait connaître dans l'un des versets qui touchent à mon texte que la vertu de propitiation qu'il attribue à Jésus-Christ réside en effet dans sa mort :

 

« Le sang de Jésus-Christ son Fils purifie de tout péché. »

 

En deux mots, Jésus-Christ est une victime offerte pour nos péchés ; Sa mort est un sacrifice expiatoire.

 

Si ce texte n'en disait pas assez par lui-même, il n'en manquerait pas d'autres pour y suppléer.

 

« Le Fils de l'homme est venu mettre Sa vie en rançon pour plusieurs » (Matthieu 20.23).

 

Il est « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29).

 

« Nous sommes justifiés par la rédemption qui est en Jésus-Christ, lequel Dieu a établi pour propitiation par la foi en Son sang » (Romains 3.24).

 

« En Lui nous avons la rédemption par Son sang, la rémission des péchés » (Éphésiens 1.7).

 

 « Il a porté nos péchés en Son corps sur le bois » (1Pierre 2.24) ; « par Sa meurtrissure nous avons été guéris. »

 

Cette dernière parole est empruntée à ce chapitre d'Ésaïe que saint Augustin appelait le cinquième évangile, et qui a révélé la vertu propitiatoire de la mort de Jésus-Christ avec une clarté que l’Alliance Renouvelée lui-même n'a pas surpassée :

 

« Il a porté nos maladies, et Il s'est chargé de nos douleurs. Nous l'avons cru puni, frappé de Dieu et humilié ; mais Il était navré pour nos forfaits, froissé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous apporte la paix a été sur Lui, et par Sa meurtrissure nous avons été guéris. Nous avons tous été errants comme des brebis, suivant chacun son propre chemin ; mais l'Éternel a fait venir sur Lui l'iniquité de nous tous...Après qu'Il aura donné sa vie en propitiation,...mon serviteur juste en justifiera plusieurs...et lui-même portera leurs iniquités » (Ésaïe 53).

 

Si je faisais un cours de théologie, il me faudrait reprendre chacun de ces passages, et en discuter un à un les termes.

 

Mais il me suffit ici d'en recueillir la pensée commune, sur laquelle on ne saurait balancer, surtout ayant affaire à l'Écriture, le plus simple et le plus populaire des livres.

 

Une rançon à payer, nos péchés à porter, la colère de Dieu à apaiser, un sacrifice offert, une victime immolée : toutes ces images diverses renferment une même idée, Jésus-Christ nous affranchissant de la peine que nous avons méritée par nos péchés, en la souffrant pour nous, « Le salaire du péché c'est la mort » (Romains 6.23), la mort physique (Romains 5.12), et la mort spirituelle (Éphésiens 2.1 et suivants).

 

Nous voici donc, « morts par nos fautes et par nos péchés, » réservés à « la colère de Dieu » (Jean 3.36) et à « la malédiction de sa loi » (Galates 3.10).

 

C'est alors que Jésus-Christ « meurt pour nos péchés » (1Corinthiens 15.3) ; le coup qui nous était destiné, Il le détourne sur lui ; Il reçoit la mort pour l'amour de nous, Lui qui a mérité la vie, pour que nous, qui avons mérité la mort, recevions la vie pour l'amour de Lui.

 

« Dieu frappe son Fils Innocent en faveur des hommes coupables, et pardonne aux hommes coupables en faveur de son Fils innocent » (Bossuet).

 

Donnez ces textes à lire à un chrétien simple : je le défie d'y trouver autre chose.

 

Que l'on se scandalise de cet échange de justice et de péché, de vie et de mort, fait entre Jésus-Christ et nous : qui pourrait s'exprimer plus nettement là-dessus que le fait saint Paul :

 

« Celui qui n'a point connu de péché, Il l'a fait être péché ce pour nous, afin que nous devinssions justes devant Dieu par Lui ? » (2Corinthiens 5.21)

 

Que l'on s'indigne à la pensée que l'innocent puisse souffrir à la place du coupable ; quelle réponse plus précise trouver à cela que celle de saint Pierre :

 

« Il a souffert, lui juste, pour nous injustes ? » (1Pierre 3.18.)

 

Que l'on tourmente tour à tour les prépositions, les substantifs, les verbes, et tous les mots du langage : on n'échappera jamais à cette alternative redoutable : ou bien forcer et fausser le langage des Écritures, ou bien reconnaître que, selon ces Écritures, la mort de Jésus-Christ est un sacrifice de propitiation qu'Il offre à Dieu pour les péchés du genre humain.

 

Mais ce n'est pas rendre justice à la mort expiatoire de Jésus-Christ que de l'appuyer sur des passages détachés, quels qu'en soient le nombre et la force.

 

Prenez les Écritures dans leur ensemble, et d'un coup d'oeil, L’Alliance Renouvelée de son côté, la Première Alliance du sien, et chacun des deux dans son rapport à l'autre.

 

Vous reconnaîtrez de la sorte que la doctrine du sacrifice, telle que nous venons de la trouver dans les Écritures, n'est pas seulement attestée par elles, mais qu'elle en fait l'âme et l'unité.

 

Le sacrifice que Jésus-Christ offre de Lui-même sous l’Alliance Renouvelée, ce n'est pas seulement un sacrifice, c'est Le sacrifice, le Vrai sacrifiée, offert « une seule fois dans la consommation des siècles » (Hébreux, chapitres 9 et 10), et auquel aboutissent, comme à leur terme commun, et répondent, comme la figure à la réalité, tous les sacrifices de la Première Alliance, dont la chaîne remonte aux premiers jours du monde.

 

Le sacrifice de Jésus-Christ dans l’Alliance Renouvelée, voilà la fin, la clef, le sens et le prix de tous les sacrifices expiatoires de la première.

 

Or, comme ces sacrifices, introduits par la première famille, continués par les patriarches, organisés par Moïse, invoqués, par les prophètes et célébrés par tout Israël, constituent le fond même du culte lévitique et de l'économie préparatoire (Psaume 50.5), il faut avouer que dépouiller la mort de Jésus-Christ de son caractère propitiatoire, c'est, tout en niant l’Alliance Renouvelée, renverser la Première, de fond en comble, en rejeter l'esprit avec la lettre et dénaturer l'histoire et la prophétie tout ensemble.

 

Que ferez-vous désormais de la victime de Pâques (Exode 12.3, etc.), si Christ n'est pas « la Pâque qui a été immolée pour nous ? » (1Corinthiens 5.7.)

 

Que ferez-vous de l'holocauste perpétuel (Nombres 28), si Christ n'est pas « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29.)

 

Que ferez-vous des sacrifices privés de valeur intrinsèque devant Dieu, tout prescrits qu'ils sont de lui, s'ils ne trouvent pas leur signification dans « l'oblation une fois faite du corps de Jésus-Christ ? » (Hébreux 10.10.)

 

De deux choses l'une, ou soutenez contre saint Paul que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés (Hébreux 10.4), ou reconnaissez que tout ce sang coulant par ruisseaux sous l’Alliance Première, appelait de génération en génération cet autre sang « qui dit de meilleures choses que n'en dit Abel 1 » par son sacrifice, d'autant que la réalité vaut mieux que la figure, et le corps que l'ombre.

 

En même temps que le rapprochement que l'Écriture établit entre les victimes immolées sous l’Alliance  et Jésus-Christ mourant achève de montrer que Sa mort est un sacrifice, Il donne aussi à connaître que ce sacrifice a une vertu réelle, à la différence de ceux de la Première qui n'avaient qu'une vertu typique.

 

Cette différence est grande.

 

Ce que les autres sacrifices représentent, la croix seule l'opère ; le pardon qu'ils proclament, elle seule le procure ; s'ils rassurent l'homme pécheur, elle seule le rachète et le sauve.

 

Aussi bien, si le sacrifice du Fils de Dieu était moins que cela, il n'eût jamais été offert, on peut l'affirmer hardiment.

 

On conçoit que, dans l'intérêt du salut de l'homme, des créatures inférieures à l'homme et formées pour son usage aient pu être livrées innocentes à la mort, pour lui mieux garantir son pardon par un spectacle qui parle à ses yeux.

 

Mais que le Fils de Dieu eût été livré à la mort sans un rapport plus profond et plus nécessaire entre Sa mort et notre pardon ; que les amertumes ineffables de la croix ne fussent que les scènes terribles d'une sorte de drame qui se jouait entre le Père et le Fils, pour rendre la proclamation de ce pardon plus vivante et plus sympathique ; en un mot, que le sacrifice de Jésus-Christ n'eût qu'une vertu déclarative au lieu d'une vertu essentielle : non, ni l'amour du Père, ni la dignité même du Fils n'autorisent une supposition si étrange, pour ne pas dire si cruelle.

 

Et quel avantage aurait alors la croix sur les sacrifices de l’Alliance donnée par Dieu à Israël ?

 

Après avoir cherché la réalité du sacrifice d'Abel dans celui de Jésus-Christ, la réalité du sacrifice de Jésus-Christ, où la chercherez-vous ?

 

Ne la cherchez nulle part, car on ne saurait remonter plus haut.

 

 

La Propitiation ou l’Oeuvre du Fils (Suite)

 

 

 

1

Hébreux 12.24. Non pas, suivant une traduction défectueuse : « de meilleures choses que n'en dit le sang d'Abel ; » mais « de meilleures choses que n'en dit Abel » par le sacrifice qu'il offre à Dieu (Genèse 4.4 ; voyez aussi Hébreux 11.4). Abel rend témoignage en figure, par son sacrifice, mais Jésus rend un témoignage meilleur, en réalité, par le grand sacrifice de lui-même.

Bible

Croix Huguenote

 

 

 

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 19:03
Peut-on légitimement se séparer de sa dénomination ? par Jean Marc Berthoud

Peut-on légitimement se séparer de sa dénomination ?

Non si notre dénomination reste fidèle à la Parole de Dieu.

Oui si ce n'est pas le cas.

Lorsque cette tristesse se présente, c'est la dénomination toute entière et en particulier ceux qui la dirigent qui sont en rupture ou en schisme par rapport à l'Eglise fidèle à la Parole de Dieu et à la communion des saints.

Quitter une dénomination devenue infidèle en ouvrant ses portes à l'agnosticisme exégétique du néo-libéralisme évangélique n'est autre que rester fidèle à la Parole de Dieu qui seule fonde l'Eglise véritable.

 

Ne devons-nous pas rester unis à nos frères dans notre dénomination plutôt que de nous séparer d'eux en formant une Eglise entièrement indépendante de tout groupement d'Eglises ?

 

Nous restons unis à tous nos frères, dans notre dénomination ou en dehors d'elle, qui demeurent fidèlement attachés aux enseignements précis de la Parole de Dieu.

Notre dénomination bénéficie du crédit d'une ancienne fidélité à la Parole de Dieu mais nous ne pouvons que constater douloureusement lorsqu'existente la désagrégation de sa fidélité à la règle de Foi donnée une fois pour toutes à l'Eglise.

La foi étant la source de l'unité de l'Eglise nous ne nous séparons pas de l'Eglise de Dieu en quittant notre dénomination.

 

Ne devons-nous pas manifester notre humilité en nous soumettant à nos frères qui ont la responsabilité de diriger notre dénomination et ainsi d'en préserver l'unité ?

 

Il ne s'agit pas ici d'humilité face aux hommes, mais de la vraie humilité qui est de nous soumettre à la volonté de Dieu révélée dans Sa Parole.

 

Ce qui est en cause ce· n'est pas d'abord nous-mêmes, notre Eglise ou notre dénomination, mais l'avenir de la Vérité, la perpétuation de la vraie Foi.

 

Nous ne pouvons rester en communion avec une dénomination qui tolère un néo-libéralisme évangélique destructeur de la Foi de l'Eglise de Dieu.

 

Notre devoir en tant que chrétiens est de continuer à maintenir la vraie Foi.

 

La direction de notre dénomination n'a jamais réussi, ou même essayé de prouver que nous nous trompions quant à l'enseignement véritable de la Parole de Dieu.

 

Elle se contente de nous exhorter à l'amour et à l'unité.

 

Comme nous le montre l'Ecriture à maintes reprises quand il s'agit de la vraie Foi nous devons savoir résister publiquement aux autorités ecclésiastiques en place et. si les circonstances nous obligent à prendre ce pas douloureux, nous en séparer.

 

Si nous nous retirons de notre dénomination ce n'est aucunement pour des raisons de sensibilité, de goût pour une interprétation de l'Ecriture qui nous serait chère, mais pour garder la Foi et ainsi rester soumis à Jésus-Christ.

 

Ce sont ceux qui veulent changer la Foi en adoptant des notions qui accommodent des erreurs modernes pernicieuses qui sont véritablement orgueilleux.

 

Car en agissant ainsi pour plaire à certains courants à la mode ils refusent la Révélation dans sa plénitude.

 

Nous voulons constamment nous soumettre dans notre intelligence et dans notre volonté à la Foi qui nous a été enseignée telle qu'elle est contenue dans la Parole de Dieu.

 

Nous devons refuser d'être associés à ceux qui veulent changer la Foi transmise une fois pour toutes aux saints.

 

On doit garder la Foi quitte à être martyre, à donner notre sang pour la vérité.

 

Il y aurait orgueil de notre part si nous pensions pouvoir transformer la Foi et l'exprimer de manière plus acceptable par l'esprit de nos contemporains.

 

La Foi est humilité puisqu'elle est un acte de soumission à Dieu.

 

Plutôt que de nous prétendre fidèles à l'Eglise immuable du Christ ne devrions-nous pas, bien au contraire, renoncer à diviser les chrétiens par la défense obstinée de nos positions ?

 

Nous adhérons sans réserve à la vérité du Christianisme tel qu'il est contenu dans le trésor de l'Ecriture toute entière, Ancien et Nouveau Testament.

 

En nous unissant ainsi à tous ceux qui nous ont précédés dans cette même Foi nous ne divisons aucunement l'Eglise.

 

L'unité de l'Eglise n'est pas seulement dans l'espace, mais dans le temps.

 

Nous demeurons et voulons demeurer en communion avec l'Eglise fidèle à notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, Créateur et Soutien de l'univers, Sauveur et Juge de tous les hommes.

 

Ce sont ceux qui, par souci de plaire aux hommes et au monde ne demeurent pas dans cette Foi qui divisent l'Eglise.

 

Ils rompent avec la tradition des apôtres pour suivre les vaines traditions des hommes.

 

En ce faisant ils résistent à l'action du Saint-Esprit qui ne change pas, qui ne peut changer, car Sa tâche est de nous donner ce qui est à Christ, de nous conduire dans toute la Vérité.

 

Avec les patriarches et les prophètes, avec les apôtres et les pères, avec les réformateurs et les fondateurs, et avec tous ceux qui aiment Jésus-Christ par-dessus toutes choses, nous voulons demeurer dans cette unique Foi, dans la Vérité de Dieu sans laquelle nul ne peut être sauvé.

 

Que Dieu nous vienne en aide.

 

Amen,

 

 

 

Jean Marc Berthoud,

Théologien Réformé Baptiste

 

 

 

Source : Résister & Construire

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25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 17:47
Christ, une expiation Parfaite par Charles Spurgeon,(Suite&fin)

Croix Huguenote

  Christ, une expiation Parfaite

(Suite 3ème Partie & fin)

 

Elle se mesure par l’étendue de Son Dessein

 

 

Il donna Sa Vie « comme la rançon de beaucoup ».

 

L’on reproche aux calvinistes de limiter l’expiation de Christ car, pour eux, Jésus n’a pas satisfait à la Justice de Dieu pour tous les hommes.

 

En fait, leurs opposants imposent des limites à l’expiation car, que veulent ils dire par :

 

« Christ est mort pour tous les hommes ? »

 

Mourut Il pour assurer le salut de tous les hommes ?

 

« Non, répondent ils, sinon tous seraient sauvés. »

 

Mourut Il alors pour garantir le salut ne serait ce que d’un seul homme ?

 

Une fois encore, il leur faut répondre par la négative s’ils veulent être conséquent.

 

« Non, mais Christ est mort afin que n’importe qui puisse être sauvé si…. », puis suivent certaines conditions.

 

Le salut dépend donc de quelque chose subséquent à la mort de Christ.

 

Evidemment, ces gens affirment bien souvent qu’un homme peut perdre son salut, même après avoir reçu le pardon de ses péchés.

 

Dites moi qui limite la Mort de Christ ?

 

En revanche, j’affirme que Christ mourut de façon à assurer avec une absolue certitude le salut d’une multitude d’hommes que nul ne peut compter.

 

Par Sa Mort, cette multitude n’a pas seulement une possibilité de parvenir au salut, mais elle est réellement sauvée et doit l’être infailliblement !

 

Je n’échangerai jamais cette conception de l’expiation pour l’autre.

 

Je sais qu’il en a plus d’un riant et se moquant en lisant ce que j’affirme, mais voici à quoi ressemble l’expiation universelle hypothétique.

 

Il s’agit d’un pont, large comme la planète qui s’arrête à mi-chemin du fleuve.

 

Cette expiation générale ne garantit le salut de personne.

 

Quant à moi, je préfère poser le pied sur la plus étroite des passerelles, pourvu qu’elle atteigne l’autre rive !

 

Il de mon devoir, paraît il, de dire que tous les hommes ont été rachetés car l’Ecriture l’affirme :

 

« Jésus Christ… s’est donné Lui-même en rançon pour tous. »

 

Voici, à première vue, un argument de taille, même en faveur de l’expiation universelle.

 

Cependant, je lis également :

 

« Le monde est allé après Lui. » 

 

Le monde entier suivit il Christ ?

 

« Tout le pays de Judée (nota Refuge Protestant : et non « palestine») et tous les habitant de Jérusalem se rendaient auprès de Lui ».

 

Tous sans exception se faisaient ils baptiser dans le Jourdain ?

 

« Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin. »

 

S’agit il ici de chaque individu ?

 

Si oui, pourquoi certains sont ils « de Dieu » ?

 

L’Ecriture utilise ces mots « monde » et « tous » de sept ou huit  sens différents mais très rarement pour signifier chaque individu sans exception.

 

Ils veulent plutôt dire que Christ racheta des personnes dans le monde entier sans distinction : Juifs et païens, grecs et barbares, riches et pauvres.

 

La rédemption ne se limite nullement à une seule catégorie.

 

Mais, laissons la controverse car peut être vous posez vous la question :

 

Christ est Il mort pour moi ?

 

Ami(e), avez-vous besoin d’un Sauveur ?

 

Avez-vous en ce moment conscience de votre péché ?

 

Le Saint Esprit vous A-t-il enseigné que vous étiez perdu(e) ?

 

Oui ?

 

Alors, Christ est mort pour vous et vous serez sauvé(e).

 

Etes vous vraiment conscient(e) de ne disposer d’aucun espoir en dehors de Christ ?

 

Comprenez vous que vous ne pouvez satisfaire à la Justice de Dieu ?

 

Avez-vous abandonné(e) toute confiance en vous-même ?

 

Pouvez vous dire du fond de votre cœur :

 

« Seigneur, sauve moi, sinon je péris » ?

 

Alors Christ est mort pour vous.

 

Mais vous qui dites :

 

« Je vais au ciel car j’ai fais tout ce que j’ai pu », rappelez vous ces paroles de Jésus :

 

« Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »

 

Tant que vous demeurerez dans cet état, je n’ai aucune expiation à vous proclamer.

 

Mais, si vous vous sentez coupable, malheureu(se)x, conscient(e) de votre culpabilité, si vous voyez Christ comme le Seul Sauveur, non seulement pouvez vous être sauvé mais vous le serez !

 

Venez vous, dépouillé(e) de tout sauf de l’espérance en Christ ?

 

Acceptez vous de venir à Lui les mains vides et de n’être rien pour qu’Il soit tout ?

 

Levez alors les yeux et dites Lui :

 

« Agneau de Dieu Béni ! Tu souffris pour moi, Tes Meurtrissures me guérissent et Tes Souffrances m’apportent le Pardon. »

 

Voyez donc quelle paix votre esprit reçoit !

 

Dieu ne punira jamais deux fois le même péché ; Il l’a fait en Christ, Il ne le fera jamais sur vous.

 

Si vous croyez en Christ, approchez vous aujourd’hui du Trône de Dieu.

 

« Es tu coupable ? », vous demande t Il.

 

« Oui, répondez vous, mais Ta Justice et Ton Amour me protègent du châtiment de mon péché car Tu as déjà puni Christ. Comment pourrait Tu être Juste, comment serais Tu Dieu, si Tu punissais et le coupable et le substitut ? »

 

Christ est mort pour vous ?

 

Je peux seulement vous répondre :

 

« C’est une Parole Certaine et entièrement Digne d’être reçue, que Jésus Christ est venu dans le monde pour sauver des pécheurs. »

 

Je vous invite à croire que Jésus Christ est mort pour vous comme Il est mort pour moi parce que vous êtes un pécheur.

 

Je ne parle pas du « pécheur de complaisance » mais de celle ou celui qui ressent ses péchés, s’en affligeant et aspire au Pardon.

 

Je vous exhorte de vous en remettre à ce Rocher Inébranlable et à trouver votre sécurité éternelle dans le Seigneur Jésus Christ.

 

Amen,

 

spurgeon rdc8

Charles Haddon Spurgeon,

Pasteur Baptiste Réformé

 

 

Bible (56)

Croix Huguenote

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 16:22
Pierre Courthial par Paul Wells (La Revue Réformée)

La Foi Réformée, c’est la foi qui veut rendre à Dieu la gloire qui lui est due. La Foi Réformée selon la Parole de Dieu, c’est la foi qui veut tout rendre à Dieu, tout rendre à Jésus-Christ; qui veut que tous les aspects de l’existence et de la pensée humaines soient soumis à celui qui doit tout emmener derrière son char triomphant[1].

 

 

C’est la bonne providence de Dieu qui m’a accordé le privilège de travailler avec Pierre Courthial dès l’origine de la Faculté d’Aix, d’être son interlocuteur quotidien pendant son décanat et de rester son ami proche lorsqu’il a pris sa retraite[2].

 

Comment brosser un tableau juste et satisfaisant de Pierre Courthial ?

 

Plusieurs ont essayé de le faire en ces pages.

 

En lisant ces témoignages riches, certes, ainsi que le récit passionnant de la vie mouvementée et complexe de Pierre Courthial, on a vraiment l’impression d’être devant un phénomène impossible à cerner.

 

Pierre Courthial avait une personnalité débordante de vie, qui impressionnait par sa chaleur, l’acuité de son intelligence, la force de ses convictions, sa spontanéité, son intégrité et par la fidélité sans faille qui, sa vie durant, lui a fait tenir ses engagements.

 

Tout ce que l’on peut dire de lui n’est que l’ombre de la réalité.

 

Balzac, en dix pages, aurait à peine réussi à effleurer la richesse de cette personnalité.

 

Pierre Courthial avait une autorité naturelle dont le sérieux impressionnait.

 

Dans n’importe quel milieu autre que l’Eglise protestante, où les qualités personnelles sont souvent peu appréciées et même inquiètent lorsqu’elles correspondent à des convictions fortes, il aurait appartenu à l’élite.

 

Un intellect scintillant, un langage vif et fluide, une vraie générosité envers les autres, un amour de la vérité et un désir de la défendre sans s’écarter du cadre biblique jamais perçu comme un carcan, telles sont quelques-unes des caractéristiques de ce frère.

 

A cela, il faut joindre un humour qui me plaisait bien; personne plus que lui n’aimait une bonne blague, surtout si c’était autour d’un repas « lyonnais ».

 

C’est ainsi qu’il m’a recommandé non seulement les labyrinthes de la pensée de Serge Boulgakov, mais aussi Le dîner de c... et, en parlant des affaires ecclésiastiques ou des « apparatchiks » du protestantisme, il faisait référence, avec un clin d’œil, au film Le temps ne fait rien à l’affaire.

 

Pierre Courthial s’intéressait aux êtres humains dont il était proche, malgré une apparente réserve ; il observait leurs grandeurs, leurs misères et leurs folies.

 

Il lisait beaucoup, son insatiable curiosité encyclopédique le conduisant dans de nombreux domaines, y compris celui des mathématiques !

 

« Je suis un glaneur impénitent », disait-il.

 

C’est sans doute la raison pour laquelle il a été poussé à adopter des idées peu communes, pour un théologien français, sur la théonomie ou le textus receptus.

 

Il considérait que tout (sauf la vulgarité) appartenait aux richesses de la création et relevait de la grâce commune de Dieu.

 

Quelques mois avant sa mort, comme je lui rendais une de mes visites régulières, rue Varet, il était toujours capable d’évoquer ce qu’il avait lu dans Etienne Gilson durant les années 1930.

 

Sa mémoire était étonnante.

 

Mais derrière cette personnalité tellement attachante, il était impossible de ne pas discerner une tristesse poignante due à l’incompréhension de ses contemporains dans le protestantisme qui ou n’ont pas su le comprendre, ou ont fait la sourde oreille à ses interpellations.

 

Courthial a suivi la ligne d’Auguste Lecerf, de Pierre Marcel et a partagé le mépris ou/et le rejet qui a été le sort de ses collègues.

 

Il rappelait que Marcel qui avait été nommé professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris a, ensuite, été récusé par le Synode, qui lui a préféré Georges Casalis[3].

 

Un jour où notre doyen respecté est allé faire, exceptionnellement, un cours à la Faculté de théologie de Montpellier, on s’est moqué de lui !

 

A-t-il cherché cela ?

 

En partie peut-être, car Courthial n’était pas tendre envers les institutions.

 

Pour lui, plus grand était l’appareil, plus grands étaient l’ambition, la fuite dans de fausses sécurités institutionnelles, le recours à la langue de bois et les possibilités de mal agir.

 

Il a aimé son Eglise – son plaisir n’a duré qu’un instant en 1938 et son chagrin toute sa vie – mais il se méfiait de son institutionnalisme excessif, de ses prétentions pseudo-intellectuelles, dont il parlait parfois librement et sévèrement.

 

L’unité qu’il affectionnait était plus large, plus spirituelle et correspondait à une vision du Royaume où tout est à Christ partout[4].

 

Mais que fait-on d’un prophète ?

 

Car Courthial en était un ; ses avertissements et ses analyses sur le déclin des Eglise réformées se sont confirmés malheureusement d’année en année face à la surprenante politique de l’autruche de ses « grands prêtres ».

 

On peut mettre un prophète à mort, c’est biblique mais d’un autre temps ; on peut obtenir le même résultat par l’exclusion et la mise à l’index.

 

Courthial disait parfois, en plaisantant, qu’il était préférable qu’on parle de vous en mal plutôt que de n’en rien dire.

 

Comment ne pas regretter que les capacités d’un Courthial aient été « mises au placard » dans son Eglise !

 

Sait-on assez qu’après avoir été le plus jeune délégué au Synode constituant en 1938, il n’a jamais plus été délégué à un synode national de l’Eglise réformée de France ?

 

Quel dommage ! Il est vrai que Courthial a fini par devenir un ennemi du fameux préambule à la confession de foi votée en 1938, et a reconnu que son adhésion initiale avait été une erreur de jeunesse.

 

Je l’ai entendu débattre de ce sujet avec Jean Cadier avec lequel il avait beaucoup de points d’accord – tout Calvin ! – mais ce point essentiel les séparait.

 

Dans une France qui s’est sécularisée à vive allure à partir de 1968 (au revoir les curés !), les convictions de Pierre Courthial rendaient impossibles la reconnaissance et l’utilisation de ses dons ou de ses capacités.

 

S’il avait vécu au XIXe siècle, Courthial aurait figuré aux côtés des Spurgeon, au XVIIIe des Whitefield, au XVIe, des Calvin, Luther et Bucer, ou au IVe des Athanase.

 

Au XXe, le christianisme en Europe a connu non pas un réveil, mais un déclin progressif.

 

Qui voudrait prendre au sérieux un pasteur-théologien qui souhaitait que l’Eglise « se réforme selon la Parole de Dieu » ?

 

Le plus navrant est que les Eglises réformées en France, dont la sécularisation s’effectuait à un rythme voisin de celui de la société, mais toujours à sa remorque, comme le remarquait Jean Brun, l’ami de Courthial, (ne fallait-il pas sacraliser le monde et séculariser l’Eglise dans l’idéologie du moment ? – et maintenant, c’est fait), n’ont pas été capables de reconnaître, comme cela aurait été souhaitable pour le témoignage des Eglises, le ministère et l’engagement d’un Pierre Courthial.

 

La théologie de Courthial a pris progressivement ses distances avec les modes du moment, y compris avec la pensée de Karl Barth, qui lui apparaissait comme un crypto-libéral.

 

Pierre Courthial a donc recherché la communion spirituelle avec le mouvement évangélique naissant en France, avec John Stott et James I. Packer, dont il appréciait la lutte dans l’Eglise d’Angleterre, avec le Mouvement de Lausanne.

 

Il a largement contribué à l’essor de la revue Ichthus avec Henri Blocher et Marie de Védrines, à la Fête de l’Evangile dans les Arènes de Nîmes…

 

Lorsqu’il a répondu à l’appel de la Faculté d’Aix en 1973, Courthial a scellé son sort en choisissant de se marginaliser par rapport à son Eglise, tout en restant inscrit sur son rôle.

 

Avait-il bien mesuré que cela lui mériterait le rejet ou, au moins, une chape de silence sur la nouvelle institution, la politique officielle envers la Faculté dès le début ?

 

Il a toujours espéré que son geste prophétique serait une interpellation pour son Eglise; c’était là son rêve permanent, qui ne s’est jamais réalisé.

 

Courthial était lucide en ce qui concerne le pluralisme théologique et les ravages qu’il ferait dans l’Eglise.

 

En effet, dès lors qu’on accepte que la vérité soit relative, plus aucune limite n’existe dans le domaine doctrinal ou éthique.

 

Une connaissance objective de la vérité fondée sur l’Ecriture sainte est jugée impossible.

 

Le pluralisme peut accueillir toutes les conceptions à l’exclusion de celle qui soutient une théologie fondée sur l’enseignement inspiré et objectif de l’Ecriture Sainte, Parole de Dieu.

 

Pierre Courthial a également été attristé en constatant, dernièrement, que les évangéliques se laissaient trop souvent prendre au même piège.

 

Il aimait citer la phrase de Benjamin B. Warfield sur la division de l’Eglise :

 

« Il est impossible de diviser le bois pourri. »

 

Autrement dit, dans une Eglise atteinte par le relativisme, un schisme a déjà eu lieu par rapport à la vérité.

 

Courthial pensait que « Le pluralisme tend toujours à détruire la vraie unité plurielle parce qu’il veut mêler en une pseudo-unité non pas des complémentaires divers, cohérents et homogènes, mais des contradictoires, incohérents et hétérogènes.[5] »

 

En 1974, au moment de la fondation de la Faculté d’Aix, les pluralistes se montraient parfois plus ouverts qu’à présent en nous accueillant, Courthial et moi-même, dans les pages d’Etudes Théologiques et Religieuses, dans un dialogue avec Daniel Lys et Michel Bouttier[6].

 

Courthial les estimaient fair play ainsi qu’André Gounelle.

 

Il vaut la peine de relire, aujourd’hui, ces textes car, malgré l’évolution enregistrée par le protestantisme français en quarante ans et les nouvelles fraternisations, le débat – pluralisme ou non ? – reste toujours, en principe, le même.

 

Ce débat a illustré ce qui est invariable dans les discours des adeptes du pluralisme.

 

Le pluralisme n’a pas d’arguments probants pour le justifier en dehors de ses « tartes à la crème » qui auraient dépassé la date limite de péremption – la Bible n’est pas la Parole de Dieu car elle est humaine, l’erreur est nécessairement humaine, le relativisme est démontré comme nécessaire car personne ne peut « posséder » la vérité, une foi assurée détruit la tolérance, la foi qui unit l’Eglise est subjective non objective, il faut être pluraliste parce que le salut est universel et patati patata. Que les évangéliques aujourd’hui sachent qu’il n’y a qu’une façon de faire avec le pluralisme doctrinal et ecclésiastique, celle que recommande l’apôtre: « Résistez au diable et il fuira loin de vous. » (Jc 4.7)

 

Pierre Courthial a bien mis en évidence la démarche des pluralistes qui changent le sens normal des mots bibliques et théologiques.

 

On pense dire la même chose, alors qu’il n’en est pas ainsi.

 

A Daniel Lys, il écrivit :

 

« Vous connaissez sûrement, cher Monsieur et frère, le dialogue entre Gros-Coco et Alice dans Ce qu’Alice trouva de l’autre côté du miroir de Lewis Carroll : ‘Quand moi, j’emploie un mot, déclara Gros-Coco d’un ton assez dédaigneux, il veut dire exactement ce qu’il me plaît qu’il veuille dire… ni plus ni moins… La question est de savoir qui sera le maître, un point c’est tout.’ »

 

Faisant preuve de son humour habituel, Courthial avait raison.

 

Dans l’Eglise aujourd’hui, tout le monde prétend énoncer la même chose, mais tel n’est pas le cas, car personne n’ose définir de quoi il est question[7].

 

Le faire reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore.

 

Les textes comme La Concorde de Leuenberg dissimulent que la « foi » de l’Eglise du début du XXIe siècle n’a plus que des liens très relâchés avec la foi de l’Eglise de toujours et avec l’Ecriture.

 

Avec sa perspicacité, Courthial le voyait.

 

Pourtant, Pierre Courthial faisait preuve d’un optimisme indéfectible.

 

Il guettait, comme la sentinelle de garde sur la tour, des signes de lumière dans la nuit.

 

Il se passionnait toujours en apprenant la publication d’un livre de théologie confessante, et se réjouissait des bonnes nouvelles du ministère de tel ancien étudiant.

 

Il était, il est vrai, de conviction postmillénariste[8]. 

 

Dans un certain sens, il avait tort, car je crois qu’il n’y avait rien à espérer là où il attendait, avec tant d’ardeur, le renouveau.

 

Il espérait toujours contre vents et marées, car il aimait son Eglise qu’il ne cessait pas de considérer, malgré ses infidélités, comme l’Eglise de Christ.

 

Cette situation se traduisait chez lui par une réelle frustration et par des exhortations en termes acérés :

 

« Lorsque des Eglises ne sont plus vraiment UNE Eglise dans une confession unanime de ‹la Foi transmise une fois pour toutes›, elles risquent de n’être plus UNE Eglise que par une administration qui ne pourra manquer de s’auto-recruter et d’être centraliste et bureaucratique. Etant alors de moins en moins ‹dispensatrices des mystères de Dieu›, elles seront de plus en plus imprégnées par les modes de penser et d’agir de leur temps. Elles ne pourront manquer d’être de plus en plus intolérantes à l’égard de ceux et de celles qui entendent témoigner, œuvrer et progresser dans la fidélité aux Confessions de foi de l’Eglise des premiers siècles et à celles de la Réformation, toutes soumises à la Parole de Dieu. La liberté de conscience et de confession de la Foi de ces derniers sera bridée, les synodes ne donnant la parole et leurs votes qu’à leurs adversaires. Exclusivement[9]. »

 

A moins d’être un partisan de l’unité à tout prix, qui pourrait dire aujourd’hui, vingt ans plus tard et soixante-dix après 1938, que Courthial avait tort ?

 

« Si l’Eglise reprend foi en son Seigneur et en sa Parole, elle est sûre de ne pas être battue. Il pourra y avoir des combats difficiles, des moments redoutables, la mort de certains d’entre nous, des persécutions, des lâchetés comme en commettent trop de chrétiens dans les pays dits libres… malgré cela, Jésus n’abandonne pas son Eglise. Il a toujours un reste fidèle qu’il maintient, et c’est à partir de ce reste fidèle que tout demeure possible[10]. »

 

Dans ces citations, on remarquera que, pour Courthial, il y a dans l’Eglise visible deux Eglises, une spirituelle qui a droit de cité et l’autre charnelle qui n’est pas de l’Eglise.

 

On peut ne pas aimer cette réalité, mais il en était ainsi en Israël, dans l’Eglise primitive (Galates 1!) et il en sera de même jusqu’à la fin du monde.

 

Pierre Courthial nous a rappelé quelles armes utiliser pour le combat.

 

P.C. n’était pas PC : voilà pourquoi son témoignage n’a pas fini de rayonner.

 

Paul Wells,

paul wells

Professeur de théologie systématique,

Doyen de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence,

Editeur de La Revue réformée.

 

Bible

Croix Huguenote

 


 

« Allocution prononcée par le doyen Pierre Courthial pour le 10e anniversaire de la Faculté » (1984), [1]La Revue réformée, 46 (1995 : 2-3), 28.

[2] Courthial raconte les débuts de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence dans sa brochure La Foi réformée en France (Aix-en-Provence, Kerygma, 1995), 19-24, dont la lecture permet de redresser certaines erreurs à ce sujet.

[3] La Foi réformée en France, 8.

[4] Voir « L’Eglise instituée et l’Eglise Corps de Christ », in Fondements pour l’avenir (Aix-en-Provence : Kerygma, 1981), en particulier 194.

[5] La Foi réformée en France, 10.

[6] Etudes Théologiques et Religieuses, 49 (1974 : 4), 499-522.

[7] Exemples : l’utilisation des mots « hospitalité », « témoignage commun », « Evangile » ou « évangélisation » constituent des exemples parfaits de ceci dans les discours actuels.

[8] Il croyait à la conversion des juifs et du monde avant le retour de Christ.

[9] « Brève réflexion sur un cinquantenaire », La Revue réformée, 40 (1989 : 1), 52.

[10] « Allocution », La Revue réformée, 46 (1995 : 2-3), 29.

 

 

 

 

Source : La Revue Réformée

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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 22:10
L'oeuvre de l'esprit (Dernière partie)

Croix Huguenote

 

Le vent souffle où il veut et tu en entends le son, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.

(Jean 3.8)

 

 

 

Qui pourra dire l'infinie variété des opérations de Dieu dans les âmes !

 

L'Écriture nous offre d'innombrables exemples des moules divers dans lesquels Dieu jette les éléments glorieux de la nouvelle création.

 

Autre est la conversion des trois mille, qui, au jour de la Pentecôte, se précipitent comme un torrent à  Jésus-Christ ; autre celle des apôtres comprenant enfin la réalité et l’oeuvre du Christ.

 

Autre est la conversion de Saul de Tarse, violente et fortement accentuée ; autre celle de l'officier Ethiopien et du centenier Corneille, âmes exemptes de préjugés, marchant de vérité en vérité, de lumière en lumière.

 

Autre encore celle du geôlier de Philippe, au sein d'une nuit agitée ; autre celle de Lydie paisiblement assise sur le bord du fleuve, et sentant son cœur s'ouvrir pendant que Paul parlait.

 

De tout temps les diversités de nature, d'éducation, d'antécédents, de tempérament même, varient à l'infini l'œuvre essentiellement une de la régénération des pécheurs.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des caractères.

 

Les natures ardentes ou paisibles, expansives ou concentrées, les Marthe et les Marie, les saint Jean et les saint Pierre, les Luther et les Calvin, sont diversement transformés par l'action de l'Évangile.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des âges.

 

J'ai vu l'enfant arriver dans une même période à la raison et à la foi, le jeune homme consacrer à Dieu le printemps de sa vie, et le vieillard « appelé à la onzième heure, » n'ouvrir les yeux à la lumière d'en haut que lorsqu'ils allaient se fermer à la lumière d'ici-bas.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des époques.

 

Autre est le Christianisme, si ardent et si pur de l'Église primitive ; autre celui qui brille çà et là dans la nuit du moyen-âge, autre le Christianisme réfléchi des temps modernes.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des nationalités.

 

Le génie anglais grave, exact et pratique, le génie germanique plus vague et plus profond, le génie français plus lumineux, plus vif, plus résolu, marquent chacun la piété de leur empreinte.*

 

L'Esprit souffle enfin à travers la diversité des Églises. *

 

Il nous plairait peut-être de l'enfermer dans la nôtre, mais il plane, dans sa liberté souveraine, au-dessus de tous les compartiments de la vaste « maison de Dieu. » *

 

Ne le sentez-vous pas dans les écrits de nos Réformateurs, pleins d'une piété mâle, vigoureuse, qui ne fuit pas le monde, mais qui y demeure tout armée pour le combattre et pour le vaincre ? 

 

O voies merveilleuses de la sagesse de Dieu, « infiniment diverses » selon la parole de l'Apôtre !

 

O ressources sans nombre de la grâce de Jésus-Christ !

 

O puissance de l'Esprit qui déborde toutes nos conceptions !

 

Mais, à travers ces différences multipliées éclate une unité profonde.

 

Il y a diversité d'opérations, mais il n'y a qu'un seul Esprit.

 

Toutes ces âmes, à quelque Église, à quelque siècle, à quelque nation qu'elles appartiennent, nous offrent le même prodige spirituel :

 

elles sont nées de l'Esprit.

 

Toutes pourraient chanter, sur des modes divers, cette belle strophe d'un poète chrétien :

 

Dans l'abîme de misères,
Où j'expirais loin de toi,
Ta bonté, Dieu de mes pères,
Descendit jusqu'à moi !
Tu parlas, mes yeux s'ouvrirent !
A mes regards éperdus
Tes secrets se découvrirent !
J'étais mort et je vécus.

 

« J'étais mort et je vécus ! »

 

Tout est là.

 

Voilà l'expérience décisive, voilà l'unité des chrétiens !

 

Voilà le « témoignage du Saint-Esprit. ».

 

Aussi, posons nous la question avec notre texte :

 

Sommes nous nés de l'Esprit ?

 

Avons nous senti le souffle céleste passer sur notre âme et renouveler notre vie ?

 

Est-ce qu'un principe divin a pénétré en nous pour nous unir à Dieu et nous séparer du monde ?

 

Est-ce que Dieu, Christ, le pardon, le salut, le ciel, le service du divin Maître, sont pour nous des réalités ?

 

Est-ce vers ces réalités que se portent de plus en plus nos pensées, nos affections, nos efforts, ou tout au moins nos soupirs ?

 

En un mot, sommes nous nés de l'Esprit !

 

Que jamais il ne soit dit peut-être, en s’autorisant des propres paroles de Jésus-Christ pour se soustraire à son appel :

 

Si l'Esprit peut seul nous faire naître et si l'Esprit souffle où il veut, qu'avons-nous à faire que d'attendre le jour où il plaira à Dieu de nous l'envoyer ?

 

Ah ! Quelle y soit répondue avec fermeté :

 

Oui ! Attendez ce jour, mais attendez-le avec une sainte impatience :

 

Attendez-le en priant, en désirant avec sincérité, en recherchant avec énergie le don céleste : être né de Dieu.

 

Si nous avons relevé, dans ce discours, la liberté et la souveraineté de Dieu, nous n'avons pas un instant oublié la liberté et la responsabilité humaines.

 

Dieu est l'Ouvrier suprême, mais vous êtes « ouvriers avec Lui ! 

 

"Je vous donnerai un cœur nouveau et un esprit nouveau", nous dit l'Éternel par la voix du prophète.

 

Mais il nous dit aussi, par la voix du même prophète :

 

Faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. (Ezéchiel 36.26 et 18.31)

 

Ces déclarations, en apparence opposées, se concilient dans l'expérience de toute âme sincère.

 

D'ailleurs, ne vous représentez pas le don du Saint-Esprit sous la forme d'une vision, d'une extase, ou de quelque phénomène extraordinaire.

 

L'Esprit s'approche de nos cœurs par les voies les plus simples et les plus habituelles.

 

Il est dans cette page de la Bible qui nous émeut, dans cette prédication chrétienne qui nous édifie, dans cette vérité qui nous saisit avec force, dans cette impulsion généreuse que reçoit un jour notre volonté ;

 

Il est dans ce trouble de notre conscience, dans ce vide qu'éprouve notre cœur, dans cette larme qui s'échappe involontairement de nos yeux....

 

Vous disiez : je l'attends.

 

Et il était près de vous, cet Esprit de grâce, entourant et pressant votre âme de ses divines influences !

 

Que de fois il vous a déjà parlé, que de fois il a excité de saints désirs dans votre cœur !

 

mais vous l'avez repoussé peut-être....

 

Il vous parle encore à cette heure même, dans le silence d’un temple, d’une chambre, où que vous soyez,

 

Ah ! Ne l'éteignez pas ! Ne le contristez pas !

 

Et que, comme aux jours de la création première, un monde nouveau puisse éclore au-dedans de vous, sous le souffle de Dieu !

 

 

Ernest Dhombres,

Pasteur Protestant Réformé

 

Bible

Croix Huguenote

 

 

* Nota : rassurons nous de savoir également que l’Esprit souffle tout autant à travers les génies des nationalités diverses auxquels chacune ou chacun appartient, et que, si l'Esprit à travers les diversités des églises composant la vaste et réelle maison de Dieu souffle également, ceci sous entend de la part de l'auteur l'attachement de tout Chrétien authentique à la Parole de Dieu. D'évidence, afin d'éviter toute confusion, il n'y a de sa part aucune caution, soutien ou appui à certaines théories existante dans le pentecôtisme et charismatisme (Glossolalie, arminianisme, etc...).

 

 

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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 07:20
Pourquoi je crois en Dieu de Jean-Marc Berthoud

Jean-Marc Berthoud est l'auteur, avec son Epouse Rose Marie de beaucoup de livres et d'articles dans la catégorie histoire, théologie, philosophie, pédagogie, éthique et  pensée politique. Entre autre Calvin et la France, mysticisme d'hier et d'aujourd'hui traitant sur les réflexions à propos des dérives du mysticisme évangélique, notamment dans le charismatisme & pentecôtisme, les principaux touchés..

 

Homme d'une grande profondeur, d'une finesse et grâce empreint d'une plume forgée dans le feu divin , il convenait de remettre en avant son témoignage poignant pour qui ont on pu connaître certaines traversées similaires.

 

Encouragement, appel à la grâce, invitation, telle est la marque de Dieu sur l'homme vaincu non par un charme mais l'amour et réalité du Christ s'offrant par son sang et la foi au don gratuit immérité.

 

Tels sont toujours depuis le commencement le voeu, le soupir et aspiration de ce doux Père Céleste  de pardonner, d'accueillir, de délivrer,  Lui qui, par un Amour incommensurable offrit Son Propre Fils pour payer à notre place tous nos péchés sans exception aucune.

 

Tels sont la grandeur, la justice et l'amour de notre Saint Dieu (Jean 3-16)

Croix Huguenote

 

 

Je ne cherchais pas Dieu.

 

Je faisais partie de cette classe d’hommes — si commune aujourd’hui — qui trouvent une justification à leur existence dans l’intensité de leurs sentiments.

 

Pourvu d’une vive sensibilité, je me situais au-dessus du commun des mortels, parmi cette élite que Stendhal appelait les happy few, ces élus cultivés et intelligents dont la vie n’est pas limitée par la banalité et la médiocrité de la plèbe.

 

Je n’ai pas choisi Dieu. En fait, il m’était indifférent.

 

Cette hypothèse n’était pas plus nécessaire au bon fonctionnement de mon psychisme qu’elle ne l’était à l’univers mécanique de Laplace.

 

D’autres pouvaient s’y intéresser. Moi pas.

 

Et lorsque mon frère me parlait d’un ami commun ayant fait une expérience remarquable de Dieu, je lui riais poliment au nez.

 

De telles choses n’existaient tout simplement pas ! Il trouva désormais plus prudent de garder le silence.

 

C’est que Dieu ne m’intéressait pas. Ce n’était pas que je m’opposais à Lui ; cela lui aurait accordé beaucoup trop d’importance ! Il ne méritait pas tant d’attention.

 

Non que j’eus été élevé dans un milieu laïque et profane. Bien au contraire.

 

Mes parents avaient quitté les aises d’une vie confortable en Suisse pour suivre en Afrique leur vocation impérieuse de missionnaires. Et n’imaginons pas là un christianisme hypocrite et de façade. Une foi vécue au travers de difficultés, de sacrifices et d’épreuves ; une foi vigoureuse et joyeuse fondée sur la Bible, constamment lue et méditée en famille… et surtout obéie coûte que coûte.

 

Une foi remplie des saveurs de la vie et de ce parfum sauvage qu’exhale la terre asséchée, soudainement abreuvée par la pluie bienfaisante des premiers orages de l’été.

 

J’admirais, je respectais, j’aimais mes parents.

 

Nulle révolte contre eux mais, à tout dire, leur religion ne m’intéressait pas.

 

Pour eux, elle était certes utile. Je n’en avais pas besoin.

 

Je me suffisais à moi-même. L’intensité de mes sentiments justifiait mon existence.

 

Je pouvais sans peine me passer de leur Dieu. Non que je n’aie été frappé d’inquiétudes.

 

Mais de telles angoisses faisaient partie de ma situation existentielle qui se suffisait à elle même.

 

En 1960, je quittais mon Afrique du Sud natale pour poursuivre des études d’histoire à la Sorbonne.

 

Je la quittais, fiché par la police, affublé du titre de communiste pour mon indignation exprimée sans prudence face aux criantes injustices du racisme de ma patrie.

 

Mais jamais je n’ai été dupe des fadaises réductrices du marxisme ! Je découvris alors un Paris qui enchanta ma soif de lumière, de clarté et d’équilibre humain.

 

Mais l’enchantement ne dura guère.

 

Rapidement, je découvris que sous le vernis de cette société qui jetait la pierre à mon pays, se cachait une concentration de corruption, d’iniquités et d’indifférence aux hommes qui, par contraste, faisaient de l’Afrique du Sud un paradis.

 

C’était l’époque où le gnome du Quartier Latin, Jean-Paul Sartre, régnait encore en maître des esprits et des mœurs.

 

Par sa doctrine et son exemple, il allumait — chez un Pol Pot par exemple — la mèche d’un nouveau génocide socialiste.

 

Avec l’exaltation de mes sentiments, de mon moi, venait aussi, immanquablement, le dégoût de cet enfer que sont les autres, l’horreur d’un monde irrémédiablement pourri, un monde où les bons sentiments n’étaient que trop souvent le masque souriant des pires turpitudes.

 

Le bien était en moi ; le mal dans le monde.

 

Ce dégoût était renforcé par mes recherches. Elles étaient consacrées à l’histoire de la colonisation du bassin du fleuve Congo avant la Première Guerre mondiale.

 

Le Congo fut alors livré par le pouvoir colonial belge et français à une liberté de commerce privée de tout frein politique.

 

Le résultat d’un tel esprit de lucre à l’état pur, ce Cœur des ténèbres dont parle si justement Joseph Conrad qui vécut cette horreur, une barbarie sans nom qui fit plus de cinq millions de morts chez les indigènes et ouvrit toute grande la porte à l’ère des génocides.

 

Mais mon indignation prenait de l’essor.

 

D’où donc pouvait venir cette abdication sans pareille du pouvoir politique face à l’agressivité sans frein dans la recherche du profit, des dividendes ?

 

D’où pouvait donc provenir une telle coupure entre éthique et commerce, entre éthique et politique ?

 

Il me fallait remonter le cours de l’histoire — mes recherches connaissaient alors un tel débordement qu’elles devenaient académiquement intraitables ! — et je découvris l’affrontement sans merci dans notre vieille Europe de deux civilisations, celle de l’être et celle du paraître ; celle des apparences — l’esprit de cour de toutes les époques (qui conquiert aujourd’hui les âmes par les charmes du petit écran) — et celle des réalités temporelles, morales et spirituelles.

 

Une civilisation paysanne, nobiliaire et artisanale opposée à la civilisation de la cour, de la finance et des fastes d’une religion de façade férocement persécutrice.

 

L’époque de la Réforme et de la Renaissance fut un des derniers grands moments de l’histoire de l’Europe où s’affrontèrent ouvertement, et presque à armes égales, ces deux mondes, ces deux modes de civilisation.

 

Je découvrais, dans mes études poussées jusqu’à l’examen du style comme expression de ces deux mondes, que la marque de cette opposition se trouvait jusque dans la poésie.

 

Car ce combat était aussi celui de deux esthétiques : celle où l’accent est mis sur la recherche formelle de la beauté — Pétrarque, Ronsard, Malherbe, et même Racine — et celle dont le style fortement travaillé est avant tout mis au service de l’expression la plus adéquate de la vérité ; c’est la tradition de Rutebeuf, d’Eustache Deschamps, de Villon, de Théodore de Bèze et d’Agrippa d’Aubigné après leur conversion, finalement de Molière, même d’un certain Céline.

 

John CalvinUne telle quête de vérité dans la littérature me conduisit à étudier les prosateurs du XVIe siècle pour découvrir ce qu’ils pouvaient eux aussi apporter à l’explication de notre commune histoire.

 

C’est ainsi que je tombai sur Jean Calvin, par le biais de son style !

 

C’est alors, un dimanche soir de printemps du milieu des années soixante, que — sur un quai de la gare de Neuchâtel où j’enseignais dans un Collège — tout bascula.

 

J’attendais le train qui devait emmener chez elle une amie avec laquelle je venais de passer une journée joyeuse et paisible.

 

D’un instant à l’autre, tout ce que j’étais, tout ce pourquoi j’avais travaillé pendant tant d’années, s’effondra.

 

Je perdis d’un coup, et il me sembla irrémédiablement, le sentiment même d’exister.

 

La sensation de la présence de mon corps m’avait quitté. Je touchais mes mains, ma tête, mes jambes… il n’y avait rien.

 

Et cette amie bouleversée me demandait : “Où es-tu ?”

 

Ainsi qu’Adam devant la même question que lui posait son Dieu après la prise du fruit défendu, je ne pouvais répondre.

 

Il me fallait faire le constat de ma propre mort, d’une fin définitive, absolue.

 

Il ne pouvait plus guère être question de suicide. La chose était faite.

 

Et cela sans angoisse, car tout sentiment m’avait quitté.

 

Il ne restait qu’une froide lucidité. “Je suis foutu, définitivement foutu !”, était ma seule réponse aux questions de l’amie qu’emportait le train.

 

Plus tard, bien plus tard, j’ai commencé à comprendre ce qui m’était arrivé ; que Dieu, dans sa miséricorde, en un clin d’œil, avait tiré le voile sur la vanité de ma vie, sur mon orgueil sans borne, en me montrant dans ma propre chair que le fruit, l’unique salaire du péché est, comme toujours, la mort ; que sans Lui j’étais effectivement, spirituellement, mort.

 

Il révélait en moi-même cette dépravation, cette privation de sens et de vie qui, jusqu’alors, m’avait fait horreur chez les autres.

 

Mais la vie continue, même pour ceux qui découvrent qu’ils sont morts.

 

Je m’en retournai, le train parti, dans la mansarde sous les combles que je louais à une famille d’Italiens au-dessus des jardins de l’Hôpital Pourtalès.

 

C’est là que m’attendait le texte de Calvin — le Traité des Scandales — que j’étudiais alors et dont m’enchantaient la vivacité, la précision, le rythme passionné et l’humour d’un style servant à porter une pensée vigoureuse et forte.

 

Le livre était ouvert sur ma table, mais ce n’était plus le style qui allait maintenant arrêter mon attention mais le message biblique lui-même.

 

Cet état d’anéantissement existentiel ne me lâchait pourtant pas.

 

Mais le sentiment du désespoir en était absent et c’est dans la froide lucidité que ma vie était finie, que je m’assis devant le texte ouvert sur ma table.

 

Et mon regard fut frappé par ces mots : “Quiconque dans l’angoisse crie à Dieu, Dieu ne le délaissera jamais.”

 

J’ignorais alors que Calvin ne citait ici que la promesse d’un Psaume, mais ce texte de la Parole de Dieu ne me lâcha plus.

 

Comment, me disais-je, Calvin avait-il pu rédiger une pareille phrase ?

 

Oui, je comprends bien l’angoisse enfin.

 

Mais un Dieu inexistant, comment donc pourrait-il garder celui qui se confierait à son non-être ?

 

Mais attends donc, me suis-je dit. Tu ne sais pas tout. Peut-être que le Dieu de Calvin existe véritablement.

 

Et suivant l’exemple que donne Pascal — et que j’ignorais alors — je fis mon propre pari.

 

S’il n’existe pas, tu n’as rien à perdre. Mais, s’il existe, tu peux encore tout gagner !

 

Et, ignorant alors également tout de Charles de Foucauld, j’ai répété la prière désespérée qu’il adressa si longtemps et sans relâche au Dieu Saint et Tout-Puissant que notre péché nous rend incapables d’atteindre par nous-mêmes.

 

Avec la prudence de celui qui n’a plus rien à perdre, je mis soigneusement les choses au net.

 

Je dis en gros ceci à Dieu : “Soyons clairs ! Je ne crois pas en toi. Mais, je ne suis pas omniscient. Si tu existes vraiment — ce que je doute fort — ce n’est pas à moi à te trouver. C’est à toi à te révéler à moi.

 

Et, même à une foi aussi lacunaire, aussi incrédule, le Dieu Tout-Puissant et miséricordieux répond.

 

Comme en témoigne Calvin en citant le psalmiste, Dieu sauve par sa grâce souveraine et efficace, l’homme le plus désespérément perdu.

 

Rien ne se produisit de tangible. Bible 2010

 

Mon état d’anéantissement persistait, et persista encore de longs mois.

 

Mais dès cet instant, je basculais du monde du péché dans le règne de la grâce, de celui où Satan gouverne les hommes, dans le royaume de Dieu et de son Christ.

 

Pendant quinze longs mois, la conviction de mon état de péché devant mon Créateur saint et juste ne fit que grandir avant que, émerveillé, j’aie commencé à découvrir, enfin, que cette colère impétueuse de Dieu que je méritais si justement, était tombée pour moi, à la croix de Gologotha, sur son Fils bien-aimé, notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ, Dieu fait homme, seul Médiateur entre le Père et les hommes.

 

C’est ainsi que le seul vrai Dieu, Créateur du ciel et de la terre, Soutien infaillible de sa création, Maître de l’histoire, Souverain Législateur et Rédempteur de son peuple — cette Église, qu’il s’est acquise par le sacrifice de son Fils à la croix — se fit connaître à moi.

 

Dans mon émerveillement, je découvris que ce Dieu-là était entièrement digne de toute ma confiance ; et que sa Parole écrite, la Bible, était vraie, totalement fiable.

 

Psy.gifC’est ce Dieu-là qui me conduisit à changer de métier et à reconstruire une vie ruinée par le péché,  non en  consultant un psychiatre, mais en travaillant cinq ans comme jardinier d’abord, puis dix années comme porteur de valises à la gare de Lausanne, et maintenant comme ouvrier postal.

 

C’est ce Dieu-là qui utilisa de tels moyens pour travailler à la patiente transformation de mes pensées pour, petit à petit, conformer mon intelligence aux normes infaillibles de sa sainte Parole.

 

C’est à la constance de sa grâce que je dois de croire en Lui, de vivre par Lui, aujourd’hui.

 

C’est ce Dieu-là qui nous conduit jour après jour, à travailler à amener toutes nos pensées et toutes nos actions à l’obéissance que nous devons à son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ.

 

C’est Lui encore, je le crois fermement, qui me gardera pour la vie éternelle.

 

Je le loue de tout mon cœur pour son œuvre de Créateur et de Rédempteur, œuvre d’une splendeur et d’une magnificence incomparables.

 

C’est à Lui seul que revient toute gloire, Père, Fils et Saint-Esprit.

 

 

 

 

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Charles Spurgeon

" J'avoue que je donnerais à peine un penny pour tout salut que je pourrais perdre. La vie éternelle est la chose dont nous avons besoin, la Vie de Dieu, qui ne peut jamais changer ou être enlevée de nous, et c'est ce qui est donné à toutes celles et ceux qui croient en Jésus Christ."

Car, lorsque que nous étions
encore sans force,
Christ, au temps marqué,
est mort pour des impies
 (Romains 5-6)

Croix Huguenote

  Une femme oublie-t-elle

l'enfant qu'elle allaite ?

... Quand elle l'oublierait,

Moi je ne t'oublierai point.

Voici, je t'ai gravée sur mes mains

Esaïe 49.16

Croix Huguenote 

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