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Vie Protestante Réformée

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Jean Calvin

"Puisque Dieu, par conséquent, nous justifie par la Médiation du Christ, Il nous Acquitte, non pas par l'aveu de notre innocence personnelle, mais par une imputation de la justice ; de sorte que nous, qui sommes injustes en nous-mêmes, sommes considérés comme Justes en Jésus Christ."

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7 juillet 2019 7 07 /07 /juillet /2019 07:10
Le Bonheur par Ernest Dhombres

Croix huguenote

Le Bonheur

(Par Ernest Dhombres)

 

 

Je ne connais plus le bonheur (Lamentations 3.17)

Heureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez, parce que vous serez dans la joie. Vous serez heureux lorsque les hommes vous haïront et vous diront des outrages. (Luc 6.20-23)


 


 

Ce n'est pas sans surprise que j'ai constaté que le mot bonheur se trouve rarement dans la Bible.

Je ne l'ai rencontré, au moins dans son sens général, qu'au livre le plus poignant des Ecritures, les Lamentations de Jérémie ; encore n'y est-il que d'une manière négative :

« Je ne connais plus le bonheur. »

Serait-ce parce que cette réalité, trop belle pour notre pauvre terre, n'appartient qu'à un paradis retrouvé ?

D'autre part, si ce mot n'est pas dans nos pages sacrées, la chose s'y trouve ; mais elle n'exprime guère ce que nous décorons du nom de bonheur.

Que dirions-nous d'un ascète, d'un cénobite, ou d'un nouveau Jean-Baptiste qui viendrait nous proclamer cette doctrine étrange : Heureux les pauvres, heureux les affligés ; heureux ceux qui sont outragés et haïs ?...

On le prendrait pour un illuminé, pour un pauvre fou, auquel il faudrait conseiller de retourner à ses jeûnes et à ses prières au désert...

C'est là pourtant ce que Jésus est venu enseigner au monde, il y a dix-neuf siècles.

Or, par ce paradoxe -- si c'est vraiment un paradoxe -- il a marqué que le bonheur n'est nullement dans les choses extérieures de la vie, mais dans tel état d'âme qui domine les vicissitudes de la vie.

Eh bien, emparons-nous de la pensée de Jésus-Christ pour déterminer le vrai sens du mot bonheur, diamétralement opposé à celui que lui donne le monde.

Je crois qu'il nous sera facile de constater que le bonheur des mondains aboutit à une faillite, tandis que celui des chrétiens est une admirable réalité, au sein même de l'infortune.

Vous l'avouerai-je ? En étudiant le sujet du bonheur, je me suis senti gagné par une invincible mélancolie.

Et tout d'abord, ma pensée s'est portée vers ces millions d'êtres humains qui ne connaissent que la souffrance et les privations.

Dominés par les rudes nécessités de l'existence, ce ne sont pas eux qui ont le loisir de s'abandonner à des dissertations sur ce sujet.

Ils livrent l'inexorable combat pour la vie, du matin au soir, et ce combat devient chaque jour plus âpre et plus violent.

D'autre part, j'ai constaté que l'idée du bonheur s'est singulièrement abaissée en cette fin de siècle.

Elle pourrait tenir, au moins pour le grand nombre, dans cette formule brutale : être riche ou le devenir.

La passion de l'argent s'affirme de plus en plus avec cynisme.

La fortune -- la seule royauté aujourd'hui debout -- confère tous les privilèges et reçoit tous les hommages.

On est un homme riche, on est quelqu'un, on n'a que pauvreté ou fortune médiocre, on ne compte pas...

De là, les ambitions effrénées qui s'éveillent et qui, plus d'une fois, conduisent au crime.

Le métal tant convoité qui s'appelle l'or, miroite devant toutes les imaginations et leur donne le vertige.

C'est la sirène moderne qui attire et ensevelit dans ses abîmes toutes les nobles aspirations, tous les généreux sentiments.

Vous savez bien que je n'invente pas...

La spéculation, le cours de la rente, les fluctuations de la Bourse, constituent aujourd'hui les ressorts de la vie moderne.

Là se concentrent les combinaisons habiles des gens d'affaires ; là se trouvent les grandes émotions des jours de crise : joie ou stupeur, et quelquefois, les suicides...

Pourquoi cet affolement, cette fièvre de devenir riche, non par un labeur consciencieux, mais tout de suite ?

Oh, c'est bien simple ! Autrefois, nos ancêtres avaient la passion d'amasser ; aujourd'hui, nos contemporains ont celle de jouir.

Et pour jouir, il faut être les esclaves de cet adversaire moderne de nos âmes, le roi de l'or qui, plus cruel que les tyrans de l'antiquité, imprime au front de ses victimes ces deux flétrissures : l'égoïsme et le matérialisme.

Certes, nous ne faisons pas ici un procès à la richesse en général, ni aux riches chrétiens, fidèles dispensateurs des biens que Dieu leur prête ; mais nous marquons quelques-uns des traits de notre société moderne.

Eh bien, n'est-il pas vrai que jouirest en ce moment l'idéal de vie du grand nombre ?

Epicuriens, matérialistes pratiques, hommes, femmes, jeunes gens mondains, tous sont affolés de plaisirs jusqu'à la démence.

Ils se poursuivent, se heurtent, se bousculent pour avoir le premier rang sur cette arène, où le triomphe est fascinateur.

Et pour obtenir ce rang si envié, ne faut-il pas se livrer aux hasards de la spéculation, c'est à dire, s'exposer aux pires catastrophes ?

Ces bonheurs-là me causent autant de pitié que de stupeur...

Encore, n'en voyons-nous que le côté extérieur, que le décor brillant.

Mais les dessous ?

Avons-nous pensé à ce qui se dissimule de convoitises dans ces âmes vouées au culte du plaisir, du succès, de la vanité et des sens ?

Pour les satisfaire, ces convoitises, avons-nous pensé aux infamies, petites ou grandes, qu'il faut commettre ?

Savons-nous les basses envies, les noires jalousies que recèlent ces cœurs de mondains et de mondaines ?

Que de perfidies secrètes, de calomnies insidieuses contre des rivaux qu'il faut perdre !

Que de pactes indignes, tolérés peut-être par la morale des affaires, mais hautement désavoués par l'honneur !

Que de moyens délictueux, de trahisons, de menées ténébreuses, pour s'emparer de toutes les aises, de tout le luxe, de tout le pouvoir que confère la grande fortune, sans nul souci des victimes qu'on fait et des ruines qu'on amasse sur son chemin...

Oh ! je vous en prie, ne profanons pas le nom de bonheur en le donnant à ces satisfactions mauvaises, à ces réussites fatales, à ces triomphes insolents dont pourraient se glorifier non des hommes, mais des démons...

Poursuivons cette analyse et voyons si le bonheur ne se trouve pas dans une sphère plus haute.

C'est une belle chose que la contemplation de la nature.

Dieu a mis à profusion sur la terre les spectacles les plus magnifiques pour le plaisir de nos yeux et la joie de nos cœurs.

Il y a aussi de nobles jouissances, bien au-dessus des satisfactions vulgaires, dans l'étude des questions littéraires et scientifiques, dans la culture de l'art et de la poésie, dans les travaux de la pensée, dans la vue d'un tableau où le génie de l'artiste a fixé le reflet d'une beauté supérieure, comme aussi dans l'audition d'un poème symphonique tout pénétré de larmes et de suaves harmonies.

Notre âme vibre alors comme sous un souffle venu d'en haut, et ce frémissement est l'une de nos plus pures jouissances.

Toutefois nous ne pouvons prêter à ces satisfactions passagères, qui ne sont que l'agrément de la vie, le sens élevé du mot : bonheur.

C'est aussi une belle chose que la famille et ses tendres relations.

Vous qui les possédez, vous savez qu'elles sont bien près de réaliser le paradis sur la terre, et je ne m'arrête pas à vous les décrire.

Que de joies intimes dont vous gardez le souvenir dans vos cœurs comme on garde de saintes reliques !

Des joies, des bonheurs, ai-je dit !

Moments délicieux, heures bénies, jours ineffables !

Mais enfin, des moments, des heures, des jours, qui ne sont ni toute la vie, ni tout le bonheur !

En effet, vous savez bien que, le plus souvent, un ver caché gâte nos meilleures satisfactions : nous avons un aimable cercle de famille, et notre santé altérée nous empêche d'en jouir ; nous possédons tel bien auquel nous attachons peu de prix, et nous en désirons avec ardeur tel autre qui nous est obstinément refusé.

Toujours quelque chose d'incomplet, d'inachevé, de décevant, dans la destinée humaine et qui ne va pas sans mélancolie...

Puis, les points noirs à l'horizon, les mille soucis dont la vie est faite ; puis, l'imprévu, peut-être la gêne, une intelligence obscure, une infirmité menaçante, une carrière brisée ?...

Qui peut dire la variété des blessures que nous fait la vie ?

Elle serait inépuisable, la nomenclature de nos peines connues ou secrètes.

D'ailleurs, ce bonheur domestique qui nous est si cher même traversé par des épreuves, il en est beaucoup qui ne l'ont jamais goûté et qui se contenteraient, pour rassasier leur faim, des miettes tombées de notre table.

Que d'unions conjugales d'où sont bannies la confiance et l'affection !

Que de promesses de bonheur ont échoué sur la lande stérile de l'indifférence, et même de la répulsion !...

Et pour ceux qui aiment véritablement, leur félicité n'est-elle pas toujours menacée par l'instabilité des choses humaines ?

Ils vivent au sein des plus pures jouissances ; on les envie !

Attendez...Un lendemain mystérieux, tragique, les guette ; il va tout emporter au fond de l'abîme, comme ce cyclone qui engloutit une île dans les profondeurs de l'océan...

Oui, toujours et pour tous, l'inéluctable réalité de la mort et du sépulcre.

Pessimisme navrant ! S'écrieront peut être quelques-uns : 

« Vous assombrissez le tableau comme à plaisir. Vous oubliez qu'après tout, dans la vie, la somme des biens l'emporte sur celle des maux. »

Soit ! Je n'ai aucun goût pour une mélancolie de convention ni pour un dénigrement systématique de la destinée humaine ; je ne suis touché ni par les plaintives élégies des Werther et des René, ni par les désenchantements plus modernes de notre littérature dont le pessimisme marche de pair avec le sensualisme et la luxure...

Oh ! Pourquoi, sans le voir et comprendre, éteignez vous toutes les belles lumières du passé de notre France : foi, vertus domestiques, amour chevaleresque, généreux patriotisme, jeune enthousiasme pour tout ce qui est noble et grand !

Mais si je suis un ennemi déclaré du pessimisme, je n'ai aucun goût pour cet optimisme frivole et raffiné qui regarde avec un inexplicable désintéressement la vie comme un spectacle où la douleur et le crime ont leur place et leur rôle pour relever la monotonie de la scène.

Non, ne jouons ni au rire ni aux larmes.

Point de fiction, point de roman, mais le vrai dans la chaire chrétienne.

Eh bien, le vrai, c'est qu'il y a un fardeau de douleur qui pèse sur l'existence humaine.

Si vous me reprocheriez d'être pessimiste, n'en avez-vous jamais senti le poids ? Etes-vous satisfaits ?

Vous n'avez donc ni souffert, ni vu souffrir ?

Votre cœur est-il si bien fermé que le cri des misères humaines ne soit point parvenu à troubler sa quiétude ?

Il est vrai, qu’il plus rassurant de voir que l'on s'amuse et que, dans les rues, sur les places publiques, les visages sont épanouis et joyeux.

Mais si c’est cela qui vous rassure, alors c’est précisément ce qui m'effraie.

Est-ce que la joie vulgaire et la gaieté banale n'augmentent pas à mesure qu'on descend les degrés de la vie de l'âme ?

Est-ce que ce n'est pas une vérité démontrée qu'on souffre moins dans la proportion où l'on s'abaisse davantage, et que mettre son cœur au niveau de la vie est la sagesse de ceux qui suicident leur être moral, en sorte qu'on en vient à ne plus souffrir du tout, comme ces Romains de la décadence qui ne demandaient à leurs maîtres que du pain et des jeux...

Mais nous n'en sommes pas encore à cette chute irrémédiable.

Si la joie est sur les visages, c'est souvent un masque ; tout est tragique au fond des cœurs !

Comme je le disais, jamais le combat pour la vie ne fut plus meurtrier.

Sur notre planète, devenue trop étroite, se déploie un vaste champ de bataille où il y a des vainqueurs qui triomphent insolemment, et des vaincus qui jonchent le sol...

Toujours l'alternative de devenir oppresseur si l'on ne veut être victime.

Oh ! Dites, est-ce là le bonheur ?

Serions nous assez superficiels pour ne voir, pour n'entendre que les éclats de joie bruyante de nos grandes villes ?

Eh bien, écartons les murs de ces milliers de maisons de nos faubourgs, et nous verrons...

Ici, des mansardes où suinte la fièvre, un air fétide, des haillons, des êtres qui maudissent, qui blasphèment, qui montrent le poing à la destinée : là, des enfants pâles qui ont froid et faim ; des ouvrières livrées à la déchéance ou qui meurent de consomption pour rester honnêtes ; des femmes qui attendent avec terreur, le soir, leurs maris portant au foyer l'horrible férocité de l'alcool...

Dites, ces drames de tous les jours, de tous les instants, n'ont-ils pas le pouvoir de faire cesser votre tranquille optimisme ?

Et les hommes du monde gorgés d'or et de plaisirs, oh ! Ceux-là, vous les croyez heureux !

Eh bien, détrompez-vous.

Oui, s'ils n'avaient pas une âme immortelle qui les distinguât de la brute et s'ils n'avaient qu'à dire à leurs sens : mangez, buvez, rassasiez-vous !

Oui, s'ils pouvaient être toujours jeunes, toujours dominateurs, s'ils n'avaient pas à compter avec les rides du visage, les maladies, les infirmités, la vieillesse, la mort...

Voilà, pour beaucoup, ils ont commis cette forfaiture de vivre pour eux-mêmes, et ils se sont détachés sans le connaître, de Dieu et de leurs frères.

Pensées, affections, énergies du corps et de l'âme, ils ont tout placé à la banque désastreuse d'un monde qui passe.

Comme ils se sont affreusement trompés !

Eux qui n'aspiraient qu'à jouir, ils ne se sont préparés que la souffrance !

Eux qui n'estimaient que la richesse, ils n'ont en perspective que la pauvreté !

Ayons pitié d'eux : ils sont seuls avec leurs remords, et leur dernière heure est affreuse.

Tout leur échappe sur la terre et au ciel ; la mort les exproprie de tous les biens d'ici-bas, et ils n'ont rien là-haut.

Leur égoïsme fut un faux calcul, car l'égoïsme est une puissance de mort et un suicide...

Comprenez-vous maintenant la mélancolie dont je vous parlais en commençant ce discours ?

Nous avions voulu faire la revue de nos bonheurs, et voici, il se trouve que nous n'avons fait que celle de nos misères.

Ecoutez, mille ans avant notre ère, un désabusé, un grand roi :

« Quel avantage revient-il à l'homme de tout son travail ? J'ai appliqué mon cœur à rechercher par la sagesse tout ce qui se fait sous le soleil, et voilà, tout est vanité et rongement d'esprit. J'ai dit à mon cœur : Voyons, que je t'éprouve maintenant par la joie, et prends du bon temps. Et voici, même en riant, le cœur est triste et la joie finit par l'ennui. Je me suis bâti des maisons, j'ai planté des vignes et fait des réservoirs ; j'ai amassé de l'argent, de l'or, des pierreries... »

Et toujours le refrain sinistre :

« Vanité des vanités, tout est vanité. »

Et trois mille ans après, un poète de notre siècle a fait écho au désabusé du livre de l'Ecclésiaste : même recherche fiévreuse de tous les biens terrestres, mêmes passions, mêmes dégoûts mêlés de sanglots, enfin, même jugement sur le bonheur :

Qui tout à coup se brise, et, perdus dans l'espace,
Nous laisse épouvantés d'avoir cru vivre heureux.
Et cependant, le besoin du bonheur est impérissable autant qu'universel.
Le cœur de l'homme, si fragile et si vaste, a des aspirations infinies ; il lui faut la plénitude de l'être.
Or, le christianisme n'a pu méconnaître ce besoin primordial de l'âme humaine.
L'homme transformé par la grâce sera nécessairement heureux.
C'est son droit, et c'est aussi son devoir.
Eh bien, pourquoi ne sommes-nous pas heureux ?
Je vais vous le dire : c'est que nous demandons le bonheur à ce qui ne peut nous le donner.
Cette soif qui est en nous, nous la dirigeons non vers les fontaines du ciel mais vers les sources inférieures de la terre qui ne font que l'irriter.
Il en doit être ainsi, car nous avons méconnu notre nature, étouffé ses nobles instincts, elle se venge en nous livrant au désenchantement, à la tristesse, à la souffrance incurable.
En effet, ce n'est pas avec ce qui est imparfait, borné, terrestre, qu'on satisfait des besoins infinis ; ce n'est pas avec les biens d'ici-bas qu'on peut remplir des cœurs faits pour les choses éternelles.
O vous qui vous plaignez de la vie, apprenez à souffrir de la misère des misères, le péché, votre péché !
O vous qui dissertez avec éloquence sur les déceptions, les contradictions et les désordres de ce monde, affligez-vous d'abord du désordre central qui est dans vos cœurs.
Il faut que vous en veniez à vous reconnaître non seulement malheureux, mais encore coupables ; alors, vous éprouverez une soif plus ardente que toutes vos autres soifs, celle du pardon et de la sainteté.
Vous ne pourrez plus vous en distraire, vous ne voudrez plus en chercher l'apaisement dans les joies terrestres ; vous irez, à deux genoux, les mains suppliantes, le demander à votre Dieu.

« Heureux l'homme dont l'iniquité est pardonnée et le péché couvert. »

Voilà le motif élevé du vrai bonheur, et voici sa source : le pardon de Dieu par Jésus-Christ.

« Le bonheur, a dit le grand Pascal, est en Dieu et en nous »,

Ce qui signifie : dans la communion rétablie entre Dieu et nous.

Si je ne vois plus Dieu entouré des éclairs du Sinaï qui épouvantent ma conscience, mais tout enveloppé de la miséricordieuse clémence du Calvaire, alors s'établit entre lui et moi une relation paternelle et filiale qui fait cesser la cause première de ma tristesse.

Je puis aimer le Dieu manifesté en Jésus-Christ, et dès lors, il devient celui qui remplit la capacité de mon cœur.

Il fallait à ce cœur inquiet, déçu par la vie, un objet plus grand que lui-même et que tout ce qui est terrestre, plus grand que mon attente et que tout ce qui passe.

Je l'ai trouvé !

 

 

Le bonheur (suite et fin)

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Croix Huguenote

 

 

 

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7 juillet 2019 7 07 /07 /juillet /2019 07:08
Le Bonheur par Ernest Dhombres (Suite et Fin)

Le Bonheur

(Par Ernest Dhombres)

 

 

Je ne connais plus le bonheur (Lamentations 3.17)

 

Heureux, vous qui êtes pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez, parce que vous serez dans la joie. Vous serez heureux lorsque les hommes vous haïront et vous diront des outrages. (Luc 6.20-23)


 


 

Je puis aimer le Dieu manifesté en Jésus-Christ, et dès lors, il devient celui qui remplit la capacité de mon cœur.

Il fallait à ce cœur inquiet, déçu par la vie, un objet plus grand que lui-même et que tout ce qui est terrestre, plus grand que mon attente et que tout ce qui passe.

Je l'ai trouvé !

 

Alors, je peux m'écrier avec Adolphe Monod :

Heureux, toujours heureux, j'ai le Dieu fort pour Père,
Pour frère, Jésus-Christ, pour guide l'Esprit-Saint ;
Que peut ôter l'enfer, que peut donner la terre,
A qui jouit du ciel et du Dieu trois fois saint ?

Dès lors, les circonstances de ma vie n'ont pas changé : la terre est toujours la terre, mais mon cœur, par lequel je perçois la vie, est changé.

Je vois les événements, les hommes et les choses à travers la lumière divine qui les transfigure.

Je ne suis plus seul, perdu dans la mêlée des existences humaines, faible jouet d'une série de hasards heureux ou malheureux qui déconcertent ma pauvre raison ; je suis, sans métaphore, entre les mains d'un Père qui mesure dans sa sagesse ma part de biens et de maux, et qui, par les uns comme par les autres, travaille à l'éducation de mon âme et à mon bien moral.

L'axe de mon bonheur est déplacé ; il reposait sur ce qui est terrestre et périssable, il repose désormais sur un être miséricordieux et saint qui m'a aimé d'un amour éternel.

O magnificence de la foi au Dieu rédempteur !

Voulez-vous maintenant connaître quelques-uns des caractères de ce bonheur ?

Il a pour lui la durée.

Ne dépendant plus des circonstances extérieures de la vie, il ne participe pas aux instabilités des choses humaines : résidant au fond de notre âme, il est à l'abri des tempêtes, de même que les vagues soulevées à la surface de l'océan ne parviennent pas à en altérer les tranquilles profondeurs.

Le bonheur chrétien est accompagné de sainteté.

Venu de Dieu, il ne peut contracter un pacte avec le péché.

Il se fortifie par nos luttes morales, par nos efforts vers le bien, par nos victoires sur le mal.

Il supprime les mauvais chagrins qui viennent de l'égoïsme, de l'envie, de la vanité, de la susceptibilité, comme aussi, il s'enrichit de toutes les belles joies de l'intelligence et de l'âme.

Ce bonheur est généreux, puisqu'il s'inspire de celui de Dieu qui s'est donné à nous par son Fils.

Arrière la vie de la chair et des sens, le temps perdu, les plaisirs mondains !

Les heures sont trop courtes pour les abréger.

Il faut nous jeter dans le gouffre de la misère humaine pour en retirer quelques naufragés.

Il faut chercher à connaître l'âme populaire pour distiller à sa souffrance quelques gouttes du breuvage divin.

Il faut descendre jusque dans les marais de boue de notre société contemporaine pour en rapporter quelques perles de grand prix, toutes souillées, et les remettre entre les mains du divin Purificateur.

Aimer, aimer encore, aimer toujours, jusqu'au sacrifice de notre repos, de notre bien-être, de notre fortune, de notre vie elle-même, voilà les conditions du vrai bonheur...

Ce bonheur, vous le pensez bien, sera souvent trempé de larmes.

Ah ! Ne redoutez pas les larmes, elles sont permises, elles sont bonnes ; il faudrait plaindre le chrétien qui ne pleurerait pas...

Coulez donc, larmes humaines, sur les maux de notre temps, où l'orgueil et le sensualisme des riches préparent la révolte des pauvres, où la misère conduit presque fatalement à l'abjection, et l'abjection aux pires catastrophes du corps et de l'âme.

Coulez sur nos épreuves personnelles, sur nos douleurs intimes, sur nos cercueils et sur nos sépulcres...

Coulez en flots de sympathie pour le péché, la souffrance et la mort...

Mais vous qui les répandez, soyez pourtant joyeux en vous souvenant qu'une immense espérance a traversé la terre et que le Christ, Roi de l'humanité, veut réparer tous les désordres et essuyer toutes les larmes...

Le bonheur ainsi défini, vous ne pouvez douter qu'il ne soit destiné à tous les âges et à toutes les classes sociales.

Jeune homme, crois au bonheur de toute ton âme, et mets-le dans ta vie en t'unissant à Jésus-Christ.

Laisse aux enfants du siècle le scepticisme frondeur ou morose qui raille et flétrit toutes les fleurs de l'existence humaine, toi, souviens-toi de les cueillir, ces fleurs qui s'appellent le beau, le bien, le devoir, l'amour pur, le patriotisme, les fières ambitions des âmes bien nées.

Déclare-toi pour toute cause où il faut un peu d'héroïsme, fidèle en cela aux belles et vraies traditions, toutes de générosité et de courage.

En même temps, reste pur au milieu des souillures du monde ; soutiens vaillamment la lutte morale ; combats tes passions, les yeux fixés sur ton Sauveur.

En revêtant l'armure des forts, garde aussi le charme attractif et la grâce virile de ta jeunesse : conserve à ton front la candeur des fronts qui n'ont jamais menti...

Alors, j'attendrai ta réponse avec une sereine confiance : Oui, me diras-tu, la vie est bonne, la vie est belle et mon choix est fait : Dieu, famille, patrie ! *

*Il faut prendre en compte la période auquel fut donné ce sermon. Le « patriotisme » d’antan était tout autre que celui d’aujourd’hui d’une part, mais également, la connotation pouvant être prise n’est pas dans l’approbation de combat, ou quelconque politique centré pour la terre uniquement comme on pourrait l’entendre aujourd’hui. En effet, Dieu premier, la famille se trouve être mis dans l’ordre qu’aspire Dieu dans l’harmonie, l’amour et la marche avec Lui. La patrie se trouve également aimée, respectée, mis en avant dans nos prières, quel que soit le bord politique. Nous pouvons comprendre cette affirmation comme étant une aide dans la prière, l’amour, le respect, la soumission devant être due à nos autorités, et ce, allant à celui de l’Ordre (Police, juges, tribunaux), que celui de nos directeurs, responsables, et autorités au dessus de nous tant que ceci ne nous enjoigneraient pas à enfreindre ce que Dieu nous exhorte et commande.

Toi, chrétien, parvenu à l'âge mûr, te plaindrais-tu des travaux et des responsabilités de la vie publique ?

Mais tu sais bien qu'à cette école se forment les vaillants et se trempent les caractères.

C'est à l'invasion de Dieu dans ton cœur que tu dois le secret de la vie la plus riche, la plus heureuse, et la plus humaine aussi, qui soit ici-bas.

Courage, tu peux livrer la bataille, car tu as en mains les armes de Dieu, et, comme un bon soldat a foi en son général, tu es assuré de la victoire, au soir de ta vie terrestre.

Quelle belle destinée ! Ah ! Tu pourrais nous dire que le christianisme, loin de rétrécir la vie, l'élargit sans mesure, et que l'âme du chrétien contient une joie qui triomphe de toutes les épreuves : joie austère, grave, digne d'un être libre et immortel !

Et toi, vieillard fatigué, toi qui as le bonheur de connaître « Celui qui est dès le commencement », toi qui sens tous les objets terrestres décroître en valeur, en importance, en beauté, mis en regard de l'objet suprême.

Oh ! Comme nous aimons ta noble sérénité dans la vieillesse toute blanche !

Harmonie entre la gravité de l'âge et la maturité des convictions chrétiennes, entre la connaissance des hommes et celle toujours plus profonde de Dieu ; harmonie entre les forces qui déclinent et les sentiments qui se détachent, entre les approches de la tombe et la proximité de l'éternelle lumière qui, pour le chrétien, se lève derrière la tombe.

Nous en avons connu de ces vieillards qui, loin de médire de la vie, la bénissaient !

Quand sonna l'heure du délogement, leur départ fut si facile et si doux que la nuit du sépulcre disparut entre les derniers rayons du couchant et l'aurore de l'éternité.

Nous avons dit aussi que le bonheur du chrétien est destiné à toutes les zones de la vie sociale.

Ici, point d'aristocratie. Et si elle pouvait exister, elle serait toute en faveur des pauvres, des petits, des déshérités, qui ne peuvent connaître ni les diversions ni les tentations des bonheurs terrestres.

Sublimes paradoxes de Jésus-Christ, comme ils nous émeuvent !

Comme ils deviennent, sous le pouvoir de son amour, de sublimes réalités !

Car enfin, ce sont presque toujours ces humbles, ces oubliés qui sont dignes d'occuper les premières places dans son royaume : ici, l'humilité marque les degrés de la gloire.

Combien nous en avons connu, de ces affligés, consolés par lui, qui essuyaient nos larmes, de ces simples dont la foi triomphante humiliait notre foi hésitante ; de ces pauvres dont l'admirable confiance faisait honte à nos inquiètes préoccupations du lendemain.

C'étaient parfois des ouvriers naïfs et bons qui voyaient resplendir au-dessus de leur pauvre réduit la face du Père céleste.

Ils ne lui demandaient que de la santé et du travail pour élever leur joyeuse nichée d'enfants.

Il fallait voir le père s'égayer au sourire du dernier venu dans son berceau, et à la belle humeur de la mère, cette vaillante qui ne savait que travailler, aimer, prier !

Il est vrai, ceux-là ne buvaient pas de l'alcool ; ils ne connaissaient pas les mauvais plaisirs de la barrière ; ils ne fréquentaient pas les clubs où certains orateurs font de beaux discours sur les revendications sociales nécessaires et le droit légal au bonheur !

Ils faisaient mieux, ils pratiquaient en famille le bonheur...

O vous, nos frères pauvres, qui élevez vos enfants au prix de beaucoup de privations, vous qui savez rester pieux et résignés et remercier Dieu pour votre morceau de pain noir, nous vous bénissons, car vous nous apprenez que le secret de votre force et de votre joie est en Lui !

Mais venez aussi châtier nos injustices, nos mécontentements et nos révoltes, en revendiquant le titre que Jésus vous confère, et qu'il nous refuse, à nous les ingrats :

Bienheureux, oui, bienheureux, vous, les pauvres !

Et vous, les affligés, les isolés, vous qui restez déconcertés mais soumis devant le mystère de vos épreuves, vous qui n'avez ni parents ni amis, dans ces grandes villes où vous êtes comme des épaves sur la grève immense, vous, pauvre servante qui me disiez votre joie de considérer l'infini du monde des étoiles, le soir, à votre sixième étage, et d'y chercher les âmes de vos bien-aimés.

Oh ! Dites-nous que vous refuseriez tous les biens de ce monde pour le privilège d'aimer Jésus et de recevoir de lui ce beau titre :

Bienheureux, oui, bienheureux les isolés, les affligés !

Enfin, vous les haïs, les outragés, les persécutés de tous les siècles, aussi nombreux que les grains de sable de la mer, et vous, martyrs modernes qui avez succombé sous le glaive des hommes, ou sous le glaive invisible des fléaux qui vous ont moissonnés aux champs lointains de nos missions, venez parler à notre génération anémiée, qui ne cherche que les joies faciles, les succès faciles, qui est impuissante à souffrir parce qu'elle a perdu le sens élevé de la lutte et de la douleur.

Venez châtier sa lâcheté morale, son dégoût de la vie, en lui montrant vos vaillances comme votre joie ineffable et glorieuse d'avoir vécu et d'être morts pour Jésus-Christ.

Alors, sévèrement repris dans nos consciences pour notre funeste notion du bonheur, malgré les larmes que nous répandrons toujours sur vos cercueils de martyrs, nous vous saluerons dans la gloire en vous décernant ce beau titre :

Bienheureux, oui, bienheureux les persécutés !

Et si vous méconnaissiez, ces hautes conditions du bonheur, si cette génération voulait rester dans sa quiétude, son amour du luxe et de l’argent. il faudrait prononcer sur elle, au nom du Maître qu'elle s'obstinerait à repousser, les anathèmes de l'Evangile :

« Malheur-à vous, riches, car vous avez reçu votre condamnation ! Malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim ! Malheur à vous qui riez maintenant, car vous vous lamenterez et vous pleurerez ! »

O mon Dieu, ne permets pas que nous commettions cette forfaiture !

Fais fleurir ou refleurir parmi nous le bonheur chrétien.

Et qu'en voyant nos vies transformées par cette sainte joie, les plus légers, les plus sceptiques soient pressés de dire :

Oui, il y a un bonheur, même sur la terre, et ce bonheur est en Dieu et en nous !


 

Amen.

 

ernest dhombres

Ernest Dhombres,

Pasteur Protestant Réformé

 Bible 2010
 
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Source : SERMONS ET HOMÉLIES d’Ernest  Dhombres
 
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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 10:19
La prière secrète et sa récompense publique d'Ernest Dhombres(1ère partie)

(Par Ernest Dhombres)

 

Toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, ta chambre et ayant fermé la porte, prie ton Père qui est dans ce lieu secret, et Ton Père, qui te voit dans le secret, te récompensera, publiquement. (Matthieu 6.6) 

 

 

Dans les paroles de notre texte, Jésus-Christ, préoccupé des erreurs du légalisme froid,  répandues comme des miasmes impures dans l'atmosphère de son temps, a voulu, avant tout, flétrir cette piété tout extérieure, cette dévotion formaliste qui s'affiche, s'étale, avide du regard des hommes plus que du regard de Dieu et qui n'est que le pompeux déploiement du néant.

 

Mais les paroles de Notre Sauveur ont aussi une portée positive : Il prescrit le recueillement, la prière secrète ; Il institue le culte individuel ; Il nous invite à dresser en l'honneur de Dieu, au-delà de l'autel des adorations publiques, au-delà de l'autel du foyer domestique, un autel solitaire dans le fond même du cœur et de la vie.

 

C'est dans ce sens que nous entendrons et développerons la parole de Jésus-Christ montrant d'abord la nécessité du recueillement et de l'adoration individuelle, ensuite la récompense publique que le Seigneur réserve à la prière secrète.
 

Tout tend, de nos jours surtout, à nous répandre au dehors.

 

A d'autres époques, il y avait place pour les longues méditations, pour l'étude de soi-même et pour la recherche des choses d'en haut.

 

Mais aujourd'hui, il y a comme une universelle conspiration contre la vie intérieure.

 

Le mouvement de la vie est si rapide et si intense, la sphère de chacun de nous, depuis le plus grand jusqu'au plus petit, s'est tellement agrandie et compliquée, qu'en vérité, tout nous distrait, tout nous dissipe, tout nous disperse, tout travaille à nous faire sortir de nous-mêmes, comme cette force du monde matériel qui tend à projeter les corps hors de leur centre ; et lorsque, dans de trop rares instants, nous rentrons dans notre for intérieur, le retentissement du dehors nous poursuit jusque dans la solitude, et notre repos lui-même n'est que le reflet de nos agitations.

 

Il y a là un sérieux péril.

 

Et s'il ne se produisait pas une réaction énergique et continue contre cette tendance, comme dans le monde physique une autre force que celle qui nous éloigne de nous-mêmes ne venait pas nous y ramener, -- en vérité, il y aurait de quoi regretter tout le mouvement de la civilisation contemporaine ; car nous l'aurions payé bien cher, nous l'aurions payé au prix de la véritable dignité, de la véritable valeur de la vie humaine.

 

En effet du sein de cette agitation permanente, on touche à tout et l'on n'embrasse rien.

 

On jette et on épargne, pour ainsi dire, son être moral en mille directions, au lieu de se concentrer en un courant unique et puissant.

 

L'individualité, ce secret de la force, ce ressort des caractères, va s'usant et s'affaiblissant ; on ne pense plus par soi-même, on n'est plus que le servile copiste de ce qui se dit ou se fait autour de nous, et l'on ressemble, comme on l'a justement observé, à ces monnaies banales dont l'empreinte s'efface dans une circulation incessante.

 

En un mot, on est emporté dans le tourbillon, on s'agite, on se travaille, mais on ne vit pas.

 

Quels sont les hommes qui ont vécu ?

 

Ce sont ceux qui ont eu une pensée, une volonté, un but déterminés.

 

Ceux-là se sont repliés sur eux-mêmes, comme dans une forteresse bien armée et bien approvisionnée.

 

De là ils se sont jetés dans la mêlée humaine avec un dessein arrêté, avec une idée, un sentiment, une passion qui les possédait, exerçant l'influence au lieu de la subir, dominant les circonstances au lieu de se laisser dominer par elles.

 

Ces hommes-là seuls ont vécu.

 

Ainsi donc, même à un point de vue purement humain, il faut que la réflexion précède et prépare l'action, il faut que la vie intérieure soit la source féconde de la vie extérieure.

 

A combien plus forte raison pour la vie chrétienne, pour la vie spirituelle, qui, si elle doit se déployer au dehors en activité, en fruits, en œuvres, doit, avant tout, naître et se former au dedans ;

 

-- pour la vie spirituelle, que le monde non seulement ne crée point, mais tend sans cesse à affaiblir et à détruire

 

-- pour la vie spirituelle, plante céleste et délicate que l'Esprit seul peut faire germer et fleurir en nous !

 

Ce n'est que dans le recueillement et la prière solitaire, que nous pouvons rentrer en nous-mêmes, et arriver à cette sincérité absolue, à cette situation vraie vis-à-vis de nous-même et vis-à-vis de Dieu, qui est le premier pas vers le royaume des cieux.

 

Là seulement, loin de la fascination du monde visible, le monde invisible et Dieu descendent vers nous et nous montons vers eux.

 

Là seulement s'éprouvent les saintes douleurs de la repentance, et les saintes joies du pardon.

 

Là seulement, tout intermédiaire, tout obstacle étant supprimé entre nous et Dieu, nous pouvons goûter le don céleste et les puissances du siècle à venir.

 

Si nous voulons vivre de la vie cachée avec Christ en Dieu, sachons nous ménager, au milieu même de la vie la plus occupée, des heures de recueillement et de retraite.

 

Ma Soeur, mon Frère, entre dans ton cabinet, ta chambre, fermes-en la porte à toute distraction du dehors, et là, prie ton Père : prie ton Père !

 

Voilà la différence entre l'homme simplement sérieux et le chrétien.

 

Le premier réfléchit, médite et se recueille.

 

Le second réfléchit, médite, se recueille...mais il prie !

 

Après s'être recueilli, il se tourne vers Dieu, il Le cherche, il s'appuie sur Lui, il implore Sa Lumière et Sa force.

 

Sa solitude est une auguste société avec le Père des esprits : son monologue est un dialogue entre l'enfant de la poudre et le Dieu des cieux !

 

Et quelle ressource religieuse, pourrait remplacer cet ineffable commerce entre l'âme et son Dieu ?

 

Ce malade, dont les jours sont sans repos et les nuits sans sommeil, à qui confiera-t-il ses douleurs, ses faiblesses, ses découragements, ses longs ennuis ?

 

A qui portera-t-il sa plainte monotone -- si ce n'est à ce Pasteur d'Israël qui ne sommeille jamais, qui ne sera jamais fatigué de l'entendre et auquel il peut dire comme David :

 

Tu enverras ta gratuité durant le jour et ton cantique sera avec moi durant la nuit ? 

 

Cet homme en perplexité, appelé à prendre une décision qui engage son avenir, celui des siens et la gloire de Dieu elle-même, et qui n'aperçoit pas sa route...à qui demanderait-il la lumière et la force, si ce n'est à Celui pour qui l'inconnu est connu, les ténèbres lumière, l'avenir présent, et qui le soutient par ces paroles consolantes :

 

Le cœur de l'homme délibère de sa voie, mais Dieu conduit ses pas. Je te rendrai avisé, je t'enseignerai le chemin que tes pas doivent tenir ?

 

Et cette âme froissée, n'ayant personne à qui s'ouvrir ici-bas, enlevez-lui ces confidences qu'elle peut faire à ce Souverain Sacrificateur, qui a été tenté comme nous en toutes choses, et vous lui aurez enlevé ce qui lui donne encore la force de vivre !

 

Mais ce sont là ce qu'on pourrait appeler, les solennités du culte individuel, car il a ses grands jours comme le culte public et le culte domestique...

 

Mais quoi ! ô mon âme, te faudra-t-il la pression de circonstances exceptionnelles pour te rapprocher de Dieu et t'amener à ses pieds ?

 

Quoi ! Ne pourras-tu, sans occasion impérieuse, te tourner vers Lui, comme la fleur cherche le soleil, ou l'enfant le sein de sa mère ?

 

Et, s'il faut absolument des dons pour te révéler le Donateur suprême, n'en tombe-t-il pas sur ton sentier, chaque jour, une rosée assez abondante, pour que, comme la rosée des campagnes, descendue du ciel, elle remonte au ciel, et qu'elle entretienne  au fond de ton cœur une adoration permanente ?

 

Aussi les saints hommes de Dieu de tous les temps, ont-ils uni aux prières avec leurs frères, aux prières de circonstance, la prière habituelle et personnelle.

 

Si un Abraham intercède en des jours solennels pour Sodome et Gomorrhe, si partout où il dresse sa tente, il dresse avec les siens un autel au Seigneur, il cherche, seul, la présence de Dieu sous les chênes de Mamré.

 

Si un David invoque son Dieu avec une ferveur redoublée aux jours de son crime et de son repentir auprès de la couche où meurt son jeune enfant, à la veille d'une bataille...que sont la plupart de ses psaumes, si ce n'est l'expression, et comme l'épanchement de ses prières solitaires et permanentes ?

 

Si un Daniel, aux approches de la délivrance de son peuple, cherche à faire requête avec le jeûne, le sac et la cendre, nous le voyons à Babylone prier régulièrement trois fois par jour en ouvrant ses fenêtres du côté de Jérusalem.

 

Parlerai-je de saint Paul, nous laissant voir dans ses Épîtres la trace si marquée de ces prières presqu'incessantes, dans lesquelles il fait continuellement mention de ses frères de Rome, de Corinthe, de Philippes, d'Éphèse -- ou de saint Pierre, rendant à Dieu son culte matinal sur la terrasse de Joppe, entre l'infini de la mer et l'infini des cieux ?

 

(Suite 2ème partie ) La prière secrète et sa récompense publique par Ernest Dhombres

 

Bible

Croix Huguenote

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 10:17
La prière secrète et sa récompense publique d'Ernest Dhombres (2ème partie)

Toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, ta chambre et ayant fermé la porte, prie Ton Père qui est dans ce lieu secret, et Ton Père, qui te voit dans le secret, te récompensera, publiquement. (Matthieu 6.6)  (Suite 1ère Partie)


 

Après les serviteurs, parlerai-je du Maître Lui-même ?

 

Voyez, le soir est venu, les ombres de la nuit enveloppent les plaines et les monts de Galilée.

 

Jésus s'est dépensé, de l'aube du jour à son déclin, dans le soulagement de toutes les misères.

 

Va-t-Il chercher un lieu où reposer sa tête fatiguée ?

 

Non, mes frères, Il monte sur la montagne et Il prie ! Il prie !

 

O profondeur, ô mystère de la prière du Fils !

 

Mais, si cette prière Lui est nécessaire, que sera-ce donc pour nous ?...

 

Et cependant, qu'ils sont rares ceux qui se recueillent et qui prient  réellement !

 

Dès les premiers moments du jour, l'activité terrestre nous saisit comme une proie : affaires ou plaisirs, soucis de toute sorte, courses, visites, lectures, conversations, s'emparent de nous et dévorent toutes nos heures, jusqu'au moment où l'esprit et le corps épuisés se laissent tomber dans un lourd sommeil.

 

Et l'on recommence le lendemain cette vie haletante, sans recueillement et sans prière.

 

Dans l'Église, même prédominance, croissante et abusive, de la vie, extérieure sur la vie intérieure !

 

On s'empresse aux prédications, plus désireux d'entendre une parole éloquente que d'édifier son âme, on court de réunion en réunion, de comité en comité, on s'occupe avec un intérêt souvent superficiel d'une foule d'œuvres chrétiennes, on prend une part légitime sans doute mais périlleuse aux grandes luttes actuelles...

 

Mais où sont les âmes qui cherchent et cultivent la présence de Dieu ?

 

Où sont les Marie assises aux pieds de Jésus-Christ, écoutant sa parole ?

 

Où sont les Moïse, les Aaron et les Hur, priant sur la montagne, tandis que Josué croise le fer dans la plaine ?

 

Et ne sont-ce pas ceux qui sont le plus engagés dans la mêlée brûlante qui doivent le plus prier, pour qu'il leur soit donné de combattre avec les seules armes de Dieu : la vérité et la charité ?

 

Hélas ! Le Seigneur ne pourrait-Il pas dire aux chrétiens de nos jours :

 

Est-il possible que vous n'ayez pu veiller une heure avec moi ?...

 

Il faut reprendre au monde et rendre au Seigneur cette heure sainte !

 

Il faut comprendre enfin que rien ici-bas ne peut remplacer ce tête-à-tête de l'âme avec son Dieu : ni prédication, ni réunion intime, ni visite chrétienne, ni lecture édifiante !

 

Entre dans ton cabinet, ta chambre,  et, ayant fermé fa porte, prie ton Père qui est dans ce lieu secret.

 

Et le Seigneur ajoute :

 

Ton Père qui te voit dans le secret te récompensera publiquement.

 

C'est là, mes chers frères, ce qui me reste à vous dire.


Au flanc des Alpes, sous la voûte bleuâtre d'un glacier, dont les couches profondes résistent depuis des siècles à l'action des rayons du soleil, une source coule goutte à goutte.

 

L'onde obscure qu'elle épanche se précipite du haut de la montagne à travers les rochers et les précipices.

 

Elle parcourt une longue vallée, fleuve étroit et fangeux encore.

 

Elle rencontre un lac où elle se purifie et semble s'endormir.

 

Elle en ressort, fleuve majestueux et d'un limpide azur, baignant sur son passage de vastes cités ou d'humbles hameaux.

 

Et tandis qu'une faible portion de ses eaux fertilise mille jardins, alimente mille industries, le fleuve porte entre ses larges rives des barques légères ou de pesants navires, jusqu'à ce qu'enfin il se perde par mille bras dans la vaste mer, après avoir été sur tout son parcours un agent puissant de circulation, de fécondité et de vie.
 

Mais d'où vient le fleuve aux nappes abondantes ?

 

N'est-ce pas de la source cachée dans les cavernes du glacier ?

 

Que la source vienne à tarir et le fleuve s'arrête entre ses rives désolées.

 

Nous l’avons compris, la source, c'est la prière secrète, alimentée sans cesse par les eaux du ciel.

 

-- Le fleuve, ce sont les bénédictions visibles et publiques, attirées par cette prière et manifestées dans la vie du chrétien.

 

N'avons nous jamais admiré, chez cette femme chrétienne, le calme supérieur avec lequel elle traverse les difficultés, les peines, les tentations, les écueils de chaque journée ?

 

Forte et sereine, elle sait se garder de toute domination, de toute violence et faire régner dans son intérieur, en même temps que l'ordre et le travail, je ne sais quelle atmosphère de paix solide et bien fondée.

 

Elle fait du bien à son mari tous les jours de sa vie et jamais du mal.

 

Elle élève ses enfants dans la crainte de Dieu, dans la soumission et le respect envers leur père et leur mère.

 

Elle se livre au dehors et au dedans à une activité prodigieuse, mais sans agitation et sans fièvre.

 

On vient vers elle, et à la vue de cet intérieur si bien ordonné, de ces devoirs si bien remplis, on se fait du bien à l'âme, et on se demande avec envie,le secret de tant d'énergie et de sérénité.

 

-- Celle-ci est bien faible peut-être, délicate, maladive, et on dirait à la vue de son fardeau : il est plus grand qu'elle ne peut le porter.

 

Mais elle le porte cependant ; peu à peu les difficultés se dénouent, les montagnes s'aplanissent ; elle fait dans l'infirmité ce que tant d'autres ne font pas dans la force.

 

Dans sa maison, elle surveille, dirige et charme son intérieur ; au dehors même, elle s'occupe avec une sympathie ingénieuse et efficace du pauvre, du malade, de l'affligé.

 

Quel est donc son secret, dites-vous ?

 

Son secret, comme celui de sa compagne, plus forte mais non plus fidèle, c'est la prière solitaire.

 

L'une et l'autre, dès le matin, se sont approchées du Seigneur, elles ont cherché sa face, elles lui ont présenté leurs devoirs et leurs tentations, et c'est avec Lui qu'elles sont entrées dans la tâche et dans les périls de la journée.

 

-- Voilà leur secret, il n'y en a pas d'autre :

 

Prie ton Père qui voit dans le secret. Et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra publiquement !

 

Regardons cet homme, ouvrier ou magistrat, se livrant à l'humble travail de l'atelier ou aux nobles occupations de la vie publique.

 

Que de difficultés, petites ou grande vont se rencontrer sur ses pas !

 

Que de tentations vont surgir !

 

Que d'occasions s'offriront à lui de s'enfler ou de s'abattre, de s'irriter contre les hommes et les choses !

 

Mais il reste calme, ferme, toujours fidèle à Dieu et à sa conscience.

 

Le succès ne l'éblouit point, l'épreuve ne le trouble point.

 

Dans les heures critiques et obscures, il voit son chemin et le suit sans hésiter.

 

Au foyer domestique comme dans la société de ses frères, il est pour ceux qui l'entourent un homme de bon conseil, une force et une lumière...

 

D'où lui vient donc cet esprit de sagesse et d'intelligence, de conseil et de force qui conduit tous ses pas, cette paix qu'il éprouve et qu'il communique, et ce secours qui ne lui manque jamais dans le temps convenable ?

 

-- D'en haut, par la prière.

 

Si nous pouvions suivre cet homme dans le secret, nous le verrions, dès le matin, cherchant dans la solitude la présence de Dieu, et s'entretenant avec lui face-à-face, nouveau Moïse, comme un ami avec son ami.

 

C'est là qu'il se prépare aux éventualités de chaque jour.

 

C'est là qu'il reçoit chaque jour de son Dieu ce mot consolateur :

 

Ma grâce te suffit !

 

Et il recueillera à toute heure les fruits de sa prière secrète :

 

Prie ton Père qui est dans ce lieu secret, et ton Père qui te voit dans le secret te le rendra publiquement !

 

Parfois, c'est sur un théâtre plus vaste qu'apparaissent les bénédictions de la prière solitaire ; et la publicité de la récompense est plus manifeste et plus éclatante.

 

Aux jours les plus difficiles de la guerre de l'Indépendance américaine, Washington, général improvisé, montrait un sang-froid et une supériorité militaire qui commandaient l'admiration.

 

Un observateur superficiel aurait pu attribuer ses succès à la seule prudence humaine, à l'intuition du génie, à cette exaltation patriotique qui fait sortir du sol des héros et des légions, ou au hasard des batailles.

 

Mais l'histoire raconte que, campé en un lieu qu'on appelait la Forge de la Vallée, Washington se dirigeait seul tous les matins vers un bouquet d'arbres à une certaine distance du camp.

 

Des officers eurent un jour la curiosité de le suivre.

 

O surprise le libérateur de l'Amérique fléchissait le genou devant l'Eternel des armées !

 

La prière, telle était donc l'inspiration de ce grand général, de ce grand citoyen !

 

(...) -- Et puis, souvenons nous des prières de Washington, souvenons nous des prières antérieures de ces Puritains qui ont fondé la république du Nouveau-Monde au cri de Dieu et liberté !

 

-- Et posons nous la questions si nous ne voyions pas là dans toute son étendue la réalisation de la promesse du Sauveur :

 

Prie ton Père qui est dans le lieu secret, et ton Père qui est dans le secret te le rendra publiquement !

 

Dans toute son étendue, ai-je dit ? Non.

 

Ici-bas nous n'apercevons que quelques-uns des effets de la prière.

 

Que sera-ce dans l'éternité ?

 

C'est là, quand tous les voiles seront levés, et quand tous les secrets seront découverts, quand les pleines clartés de la vue auront remplacé les obscures lueurs de la foi, c'est là qu'apparaîtront toutes les bénédictions de la prière solitaire.

 

Pauvre frère, malade ou infirme, condamné à une inaction douloureuse, qui ne peux plus travailler pour ce qui t'est le plus cher, l'avancement du règne de Dieu, tu crois peut-être que tu fatigues la terre d'un poids inutile et tu te demandes pourquoi le Seigneur te laisse encore ici-bas ?

 

Pourquoi, mon frère ?

 

Pour prier ! Pour te livrer au travail à genoux, comme l'appelait une femme chrétienne.

 

Prie pour ton âme, afin qu'il te soit donné de rendre jusqu'à la fin un bon témoignage.

 

Prie pour l'âme de ceux qui te sont chers. Prie pour ce cœur que la grâce de Dieu presse et qui ne se rend pas.

 

Prie pour cette intelligence égarée, qui en égare tant d'autres !

 

Prie, dans ces temps difficiles, pour l'Église et pour ses conducteurs ! Prie et ne te lasse point... et là-haut tu contempleras des fruits inattendus, merveilleux de tes prières !

 

Pasteur obscur d'une obscure paroisse, tu dis peut-être avec découragement : à d'autres les succès et les bénédictions, pour moi ma force est perdue, j'ai travaillé sans fruit...

 

Mais ton cabinet est un cabinet de prière.

 

C'est là que tu présentes sans cesse au Dieu de Jésus-Christ ton œuvre qui te semble stérile, et ton champ où ne blanchit aucune moisson.

 

Prie, mon frère, avec confiance ! Prie pour toi-même et pour ton troupeau !

 

Prie pour les serviteurs auxquels le Maître a confié des postes plus apparents, mais plus dangereux pour leur âme ! Prie avec persévérance et avec foi !

 

...Et le dernier jour dira peut-être que tu as plus fait par tes humbles prières pour le règne de Dieu, que le docteur plein de savoir, et que le prédicateur le plus distingué par son éloquence !

 

Chrétiens, ne serons-nous pas humiliés d'abord, et puis relevés par ces merveilleuses promesses ?

 

Ne voudrons-nous pas attirer par nos prières, sur nous, sur notre famille, sur l’Église, sur notre patrie, ces grâces sans nombre que Dieu nous cachera peut-être dans le temps, mais qu'il nous révélera dans l'Éternité ?

 

Ne voulons-nous pas, dès aujourd'hui et chaque jour, dérober à la tyrannie des affaires, au tourbillon de la vie extérieure, à l'inertie ou à la frivolité, une heure régulière pour le recueillement et l'adoration ?



Il se fit dans le ciel un silence d'environ une demi-heure, lisons-nous dans le livre de l'Apocalypse (1).

 

Ce silence est bien rare, a dit un chrétien dans le ciel des âmes.

 

Qu'il ne soit pas rare pour nous, mes bien-aimés frères !

 

Sachons faire silence pour écouter Dieu.

 

Et dans ce silence sacré, parle-nous, Seigneur ; fais plus, descends toi-même vers nous !

 

Et donne-nous de recueillir de cette communion assidue, pour nous, l’Eglise, l’entourage, grâce sur grâce pour le temps et pour l'éternité !



Amen.

Ernest Dhombres

Ernest Dhombres,

Pasteur Protestant Réformé

 

 



(1)
Apocalypse 8.1

 

Bible (134)

Croix Huguenote

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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 22:10
L'oeuvre de l'esprit (Dernière partie)

Croix Huguenote

 

Le vent souffle où il veut et tu en entends le son, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.

(Jean 3.8)

 

 

 

Qui pourra dire l'infinie variété des opérations de Dieu dans les âmes !

 

L'Écriture nous offre d'innombrables exemples des moules divers dans lesquels Dieu jette les éléments glorieux de la nouvelle création.

 

Autre est la conversion des trois mille, qui, au jour de la Pentecôte, se précipitent comme un torrent à  Jésus-Christ ; autre celle des apôtres comprenant enfin la réalité et l’oeuvre du Christ.

 

Autre est la conversion de Saul de Tarse, violente et fortement accentuée ; autre celle de l'officier Ethiopien et du centenier Corneille, âmes exemptes de préjugés, marchant de vérité en vérité, de lumière en lumière.

 

Autre encore celle du geôlier de Philippe, au sein d'une nuit agitée ; autre celle de Lydie paisiblement assise sur le bord du fleuve, et sentant son cœur s'ouvrir pendant que Paul parlait.

 

De tout temps les diversités de nature, d'éducation, d'antécédents, de tempérament même, varient à l'infini l'œuvre essentiellement une de la régénération des pécheurs.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des caractères.

 

Les natures ardentes ou paisibles, expansives ou concentrées, les Marthe et les Marie, les saint Jean et les saint Pierre, les Luther et les Calvin, sont diversement transformés par l'action de l'Évangile.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des âges.

 

J'ai vu l'enfant arriver dans une même période à la raison et à la foi, le jeune homme consacrer à Dieu le printemps de sa vie, et le vieillard « appelé à la onzième heure, » n'ouvrir les yeux à la lumière d'en haut que lorsqu'ils allaient se fermer à la lumière d'ici-bas.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des époques.

 

Autre est le Christianisme, si ardent et si pur de l'Église primitive ; autre celui qui brille çà et là dans la nuit du moyen-âge, autre le Christianisme réfléchi des temps modernes.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des nationalités.

 

Le génie anglais grave, exact et pratique, le génie germanique plus vague et plus profond, le génie français plus lumineux, plus vif, plus résolu, marquent chacun la piété de leur empreinte.*

 

L'Esprit souffle enfin à travers la diversité des Églises. *

 

Il nous plairait peut-être de l'enfermer dans la nôtre, mais il plane, dans sa liberté souveraine, au-dessus de tous les compartiments de la vaste « maison de Dieu. » *

 

Ne le sentez-vous pas dans les écrits de nos Réformateurs, pleins d'une piété mâle, vigoureuse, qui ne fuit pas le monde, mais qui y demeure tout armée pour le combattre et pour le vaincre ? 

 

O voies merveilleuses de la sagesse de Dieu, « infiniment diverses » selon la parole de l'Apôtre !

 

O ressources sans nombre de la grâce de Jésus-Christ !

 

O puissance de l'Esprit qui déborde toutes nos conceptions !

 

Mais, à travers ces différences multipliées éclate une unité profonde.

 

Il y a diversité d'opérations, mais il n'y a qu'un seul Esprit.

 

Toutes ces âmes, à quelque Église, à quelque siècle, à quelque nation qu'elles appartiennent, nous offrent le même prodige spirituel :

 

elles sont nées de l'Esprit.

 

Toutes pourraient chanter, sur des modes divers, cette belle strophe d'un poète chrétien :

 

Dans l'abîme de misères,
Où j'expirais loin de toi,
Ta bonté, Dieu de mes pères,
Descendit jusqu'à moi !
Tu parlas, mes yeux s'ouvrirent !
A mes regards éperdus
Tes secrets se découvrirent !
J'étais mort et je vécus.

 

« J'étais mort et je vécus ! »

 

Tout est là.

 

Voilà l'expérience décisive, voilà l'unité des chrétiens !

 

Voilà le « témoignage du Saint-Esprit. ».

 

Aussi, posons nous la question avec notre texte :

 

Sommes nous nés de l'Esprit ?

 

Avons nous senti le souffle céleste passer sur notre âme et renouveler notre vie ?

 

Est-ce qu'un principe divin a pénétré en nous pour nous unir à Dieu et nous séparer du monde ?

 

Est-ce que Dieu, Christ, le pardon, le salut, le ciel, le service du divin Maître, sont pour nous des réalités ?

 

Est-ce vers ces réalités que se portent de plus en plus nos pensées, nos affections, nos efforts, ou tout au moins nos soupirs ?

 

En un mot, sommes nous nés de l'Esprit !

 

Que jamais il ne soit dit peut-être, en s’autorisant des propres paroles de Jésus-Christ pour se soustraire à son appel :

 

Si l'Esprit peut seul nous faire naître et si l'Esprit souffle où il veut, qu'avons-nous à faire que d'attendre le jour où il plaira à Dieu de nous l'envoyer ?

 

Ah ! Quelle y soit répondue avec fermeté :

 

Oui ! Attendez ce jour, mais attendez-le avec une sainte impatience :

 

Attendez-le en priant, en désirant avec sincérité, en recherchant avec énergie le don céleste : être né de Dieu.

 

Si nous avons relevé, dans ce discours, la liberté et la souveraineté de Dieu, nous n'avons pas un instant oublié la liberté et la responsabilité humaines.

 

Dieu est l'Ouvrier suprême, mais vous êtes « ouvriers avec Lui ! 

 

"Je vous donnerai un cœur nouveau et un esprit nouveau", nous dit l'Éternel par la voix du prophète.

 

Mais il nous dit aussi, par la voix du même prophète :

 

Faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. (Ezéchiel 36.26 et 18.31)

 

Ces déclarations, en apparence opposées, se concilient dans l'expérience de toute âme sincère.

 

D'ailleurs, ne vous représentez pas le don du Saint-Esprit sous la forme d'une vision, d'une extase, ou de quelque phénomène extraordinaire.

 

L'Esprit s'approche de nos cœurs par les voies les plus simples et les plus habituelles.

 

Il est dans cette page de la Bible qui nous émeut, dans cette prédication chrétienne qui nous édifie, dans cette vérité qui nous saisit avec force, dans cette impulsion généreuse que reçoit un jour notre volonté ;

 

Il est dans ce trouble de notre conscience, dans ce vide qu'éprouve notre cœur, dans cette larme qui s'échappe involontairement de nos yeux....

 

Vous disiez : je l'attends.

 

Et il était près de vous, cet Esprit de grâce, entourant et pressant votre âme de ses divines influences !

 

Que de fois il vous a déjà parlé, que de fois il a excité de saints désirs dans votre cœur !

 

mais vous l'avez repoussé peut-être....

 

Il vous parle encore à cette heure même, dans le silence d’un temple, d’une chambre, où que vous soyez,

 

Ah ! Ne l'éteignez pas ! Ne le contristez pas !

 

Et que, comme aux jours de la création première, un monde nouveau puisse éclore au-dedans de vous, sous le souffle de Dieu !

 

 

Ernest Dhombres,

Pasteur Protestant Réformé

 

Bible

Croix Huguenote

 

 

* Nota : rassurons nous de savoir également que l’Esprit souffle tout autant à travers les génies des nationalités diverses auxquels chacune ou chacun appartient, et que, si l'Esprit à travers les diversités des églises composant la vaste et réelle maison de Dieu souffle également, ceci sous entend de la part de l'auteur l'attachement de tout Chrétien authentique à la Parole de Dieu. D'évidence, afin d'éviter toute confusion, il n'y a de sa part aucune caution, soutien ou appui à certaines théories existante dans le pentecôtisme et charismatisme (Glossolalie, arminianisme, etc...).

 

 

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Charles Spurgeon

" J'avoue que je donnerais à peine un penny pour tout salut que je pourrais perdre. La vie éternelle est la chose dont nous avons besoin, la Vie de Dieu, qui ne peut jamais changer ou être enlevée de nous, et c'est ce qui est donné à toutes celles et ceux qui croient en Jésus Christ."

Car, lorsque que nous étions
encore sans force,
Christ, au temps marqué,
est mort pour des impies
 (Romains 5-6)

Croix Huguenote

  Une femme oublie-t-elle

l'enfant qu'elle allaite ?

... Quand elle l'oublierait,

Moi je ne t'oublierai point.

Voici, je t'ai gravée sur mes mains

Esaïe 49.16

Croix Huguenote 

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