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Vie Protestante Réformée

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Jean Calvin

"Puisque Dieu, par conséquent, nous justifie par la Médiation du Christ, Il nous Acquitte, non pas par l'aveu de notre innocence personnelle, mais par une imputation de la justice ; de sorte que nous, qui sommes injustes en nous-mêmes, sommes considérés comme Justes en Jésus Christ."

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30 mai 2021 7 30 /05 /mai /2021 19:06
Conférence de Foi et Vie Réformées -- Église invisible, Églises visibles : quel lien, pour quelle unité

Conférence de Foi et Vie Réformées

&

Ressources Chrétiennes

----

Eglise invisible, Eglises visibles :

Quel lien, pour quelle unité

 

 

 

Quels sont les différents sens du mot église dans le Nouveau Testament ?

 

Quels liens unissent l'église invisible à l'église visible, l'Eglise universelle à l'Eglise particulière, les Eglises particulières entres Elles ?

 

Ce webinaire, poursuivant la réflexion entamée lors d'un précédent webinaire sur le thème de l'Eglise, cherchera à apporter des réponses bibliques à ces nécessaires questions qui concernent l'ensemble du corps du Christ, et doivent être adressées sur un solide fondement en vue de la croissance des Eglises vers leur unique Chef.

 

.

Foi et Vie Réformées
Ressources Chrétiennes

.

 

 

 

 

 

.

 

 

 

Bible Refuge Protestant
Croix huguenote
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2 mai 2021 7 02 /05 /mai /2021 12:45
29 mai 2021 Conférence Zoom Foi Et Vie Réformées en partenariat avec Ressources Chrétiennes : Église invisible, Églises visibles, quel lien, pour quelle unité ?
A partager !
 
E-Conférence gratuite :
 
Église invisible, Églises visibles :
quel lien, pour quelle unité ?
 
29 mai 14h00 (Paris) / 08h00(Montréal)
 
avec
 
Paul Wells, Éric Kayayan,
 
Fabio Genovez & Charles Nicolas.
 

Conférence

Foi Et Vie Réformées 

en partenariat avec

Ressources Chrétiennes

Conférence zoom Foi et Vie Réformées 29 mai 2021

Église invisible, Églises visibles :

quel lien, pour quelle unité ?

 

La conférence aura pour orateurs Paul Wells, Éric Kayayan, Fabio Genovez et Charles Nicolas

et sera diffusée le 29 mai 2021 sur Zoom.

Elle sera également accessible en rediffusion sur la chaîne YouTube de Foi et Vie Réformées

 

Programme

14h - 14h15 : Accueil et ouverture

14h15 - 15h15 : Paul Wells : Église visible et Église invisible

15h15 - 16h15 : Éric Kayayan Quels liens d’unité entre les églises ?

16h15 - 16h30 : Pause.

16h30 - 17h15 : Fabio Genovez l'Église Presbytérienne du Brésil, présentation et questions

17h15 - 17h35 : Paul Wells Synthèse

17h35 - 18h10 : Charles Nicolas - Prédication

18h10 - 18h15 : conclusion

 

Orateurs

Paul Wells

Paul Wells s’intéresse depuis des années aux problèmes des églises en France, ayant été engagé dans l’organisation et l’implantation de communautés chrétiennes. Il a été professeur de théologie systématique à la Faculté Jean Calvin à Aix-en-Provence. Il est rédacteur en chef de la revue théologique Unio cum Christo.

 

Éric Kayayan

Éric Kayayan est un pasteur consacré dans les Église Réformées en Afrique du Sud, où il a vécu 26 ans. Depuis 2014 il anime en France le ministère de Foi et Vie Réformées (www.foietviereformees.org). Chercheur associé à la faculté de théologie de l’Université Libre de Bloemfontein, il a publié plusieurs articles sur les écrits de Calvin. Il est régulièrement invité à prêcher ou à s’exprimer dans les églises, en France ou à l’étranger.

 

Fabio Genovez

Fabio Genovez est pasteur de l’Église Presbytérienne du Brésil – missionnaire en France – pasteur de l’UNEPREF en poste à l’Église Réformée Évangélique d'Aix-en-Provence. Il est très engagé auprès de la jeunesse et des étudiants. Il est aussi professeur de « cours de Bible » à l’Ecole Chrétienne de La Nouvelle Alliance.

 

Charles Nicolas

Charles Nicolas a effectué ses études à Aix-en-Provence (1975-1981). Il est pasteur de l'Union des églises réformées évangéliques. Il a alterné des temps de ministère classiques et des temps de ministère en aumônerie : aumônerie aux Armées et, actuellement, aumônerie hospitalière à Alès, dans le Gard. Depuis 4 ans, il exerce un ministère d'enseignant itinérant.

 

Déroulement de la conférence

La conférence se déroulera en ligne sur Zoom et en simultané sur la chaîne YouTube de Foi et Vie Réformées le 29 mai 2021 à 14.00 (Paris), et 8.00 am (Montréal). 

Les liens de connexion pour celles et ceux s'étant inscrit(e)s seront envoyés par mail au plus tard une heure avant pour l'accès sur Zoom.

Tout ce dont vous avez besoin pour suivre cette conférence c'est d'un ordinateur ou éventuellement smartphone avec une connexion internet. Nous vous recommandons d'avoir une Bible à disposition et tout ce qui est nécessaire pour rédiger des notes si vous le souhaitez.

 

Pourrais-je poser des questions pendant la conférence ?

Oui par l'intermédiaire du "tchat" ou par les commentaires. Plus d'informations vous seront communiquées sur ce point après l'inscription. 

 

Partenaire

Ressources Chrétiennes

 

Ressources chrétiennes a pour but de fournir gratuitement par le moyen de l’Internet du matériel de qualité basé sur la Bible. Ce ministère offre une bibliothèque chrétienne francophone en ligne pour tous, couvrant le plus grand nombre possible de sujets bibliques, théologiques et pastoraux.


Ressources chrétiennes est un service offert par l’Église chrétienne réformée de Beauce, au Québec, Canada, en collaboration avec le Centre d’études réformées (Reformational Study Centre), situé à Pretoria, en Afrique du Sud.

 

Eglise Réformée de Beauce (Québec)

 

 

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2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 19:03
Apostasie, vous avez dit apostasie ?

« Des choses horribles, abominables se passent dans le pays ; les prophètes prophétisent le mensonge, les prêtres font du profit. Et mon peuple aime cela ! Mais que ferez-vous quand viendra la fin ? » (Jérémie 5:30-31)

 

Par Paul Wells*

 

Il est une chose assez étonnante aujourd’hui: alors que l’Eglise, en Occident, est malade ou au moins souffrante d’asthénie, les chrétiens ne se préoccupent guère de savoir comment elle a pu en arriver là.

 

Ils n’arrivent même pas à en faire la diagnose ou à nommer le mal.

 

Bien au contraire, il semble que tout se passe dans le meilleur des mondes ecclésiastiques possibles, avec un baromètre au beau fixe et un climat établi par l’air du temps.

 

La chute, en bien des milieux, du nombre des pratiquants, des conversions, des vocations au ministère et des revenus… n’inquiète pas vraiment.

 

Et même, une certaine suspicion existe à l’encontre des Eglises en développement  :  n’useraient-elles pas de manipulation où la « dureté » maintiendrait la ligne?

 

Dans les Eglises francophones "main-line", issues de la tradition de la Réforme, on « fait » dans le sociologique ou le social et, pour se donner bonne conscience, on disserte, parfois, « en intello » sur les questions de société.

 

Comment imaginer qu’une Eglise puisse devenir une anti-Eglise, alors que le mot, difficile certes, d’apostasie semble impossible à prononcer?1

 

La modernité avancée relativise et subjectivise toute vérité.

 

Le summum n’est peut-être pas de ce monde, mais, chacun à sa manière – la communauté chrétienne ou le chrétien lambda pluraliste ou « évangélique » – se réclame légitimement du Christ.

 

Il serait incorrect de mettre en question la bonne foi du prochain ! On est chrétiens tous ensemble.

 

Ainsi, un certain mois de novembre par le passé, Gene Robinson, premier évêque ouvertement déclaré gay de la communauté anglicane, a invité ses détracteurs, sur la chaîne CNN, à rendre visite à sa « famille », qui est très morale.

 

Le langage même assume son sens contraire dans les milieux « chrétiens ».

 

La moindre remarque ou la plus petite objection constitue une violation du principe absolu de l’amour, le signe d’un sentiment de supériorité spirituelle et d’une mauvaise foi indignes d’un chrétien.

 

« Ne jugez pas » est pris dans le sens « n’ayez pas la moindre idée négative à propos des autres », comme si la Seconde Partie de la Bible ne recommandait pas d’exercer le discernement théologique.

 

Pourtant, nos prédécesseurs, A. Monod, dans l’Eglise réformée de France, et C.H. Spurgeon, au moment de la « régression » (downgrade) de l’Union baptiste en Angleterre au XIXe siècle, ou J.G. Machen, le fondateur du Westminster Seminary, qui s’est opposé aux modernistes dans l’Eglise presbytérienne des Etats-Unis, nous ont avertis.

 

Dans son livre Christianisme et libéralisme (1923), où il montre magistralement que le christianisme et le libéralisme sont deux religions différentes, Machen écrit :

 

« L’Eglise aujourd’hui a été infidèle à son Seigneur en admettant en son sein des compagnies de non-chrétiens, non seulement pour en être membres, mais aussi pour y être enseignants. Ils dominent les conseils et fixent l’enseignement de l’Eglise… Une séparation des partis est le grand besoin de l’époque. »

 

Cet ouvrage n’a rien perdu de son actualité près d’un siècle plus tard, car le libéralisme moderne reste étonnamment fidèle à lui-même, même si les dérapages éthiques d’aujourd’hui, qui touchent les évangéliques, tout comme le Protestantisme, appartiennent à un autre monde que celui des « vieux » libéraux.

 

Combien, dans le Protestantisme, oseraient s’exprimer en 2004 avec la même rigueur que Machen sur l’état de l’Eglise, la théologie ou les problèmes éthiques?

 

I. Une définition

 

« A parler simplement et rigoureusement, la véritable apostasie est celle par laquelle on renonce à la foi. »2

 

L’apostasie est donc le fait de se situer en dehors de la foi chrétienne confessée jusque-là3.

 

« La bonne conscience, certains l’ont abandonnée et ont ainsi fait naufrage en ce qui concerne la foi. » (1 Tm 1:19)

 

Elle se situe au bout d’un chemin en pente descendante le long duquel une simple erreur se transforme en hérésie et se cristallise en désaffection généralisée vis-à-vis de la foi.

 

L’hérésie porte le plus souvent sur une doctrine particulière – le statut de l’Ecriture, la christologie ou la Trinité, par exemple -, alors que l’apostasie est un reniement global de la doctrine apostolique.

 

La blessure spirituelle qu’est l’hérésie se transforme en gangrène.

 

Selon J. Owen, dans son tract La nature et les causes de l’apostasie de l’Evangile (1676), l’apostasie suscite le plus souvent des habitudes ou des attitudes dues au péché ou à l’erreur4.

 

Elle infecte non seulement la pensée, mais toute la vie, au point qu’on ne peut plus parler du salut qu’avec une extrême prudence.

 

Dans le dictionnaire des antonymes chrétiens, « apostasie » est l’opposé de « pureté ».

 

L’Eglise, on le sait, a pour signe et pour vocation de manifester la sainteté :

 

« Soyez saints, car moi, l’Eternel, je suis saint », telle est l’exhortation qui jalonne toute l’histoire de la rédemption.

 

Pensons, par exemple, aux prophéties bouleversantes de Jérémie !

 

Les individualistes que nous sommes, s’ils conçoivent assez aisément la sanctification au plan personnel, l’imaginent bien moins à propos de la collectivité.

 

D. Bonhoeffer en a, cependant, donné une belle illustration dans son livre De la vie communautaire, et il a eu le courage de mettre son modèle en pratique.

 

Par analogie, on admet que « le monde » et « la chair » sont les ennemis de l’Eglise ou du chrétien ; l’hérésie est ce qui se produit lorsque ces ennemis entrent et s’installent dans le camp, et l’apostasie ce qui arrive lorsqu’un rebelle aide l’ennemi.

 

Pour Augustin, les premiers « apostats » sont Adam et Eve et la race humaine est devenue apostate par nature, à cause de leur faute5.

 

Dans l’Apocalypse, l’expression « synagogue de Satan » (Ap 2:9 et 3:9) est utilisée pour décrire une communion dont les pratiques et les doctrines sont contraires à la vérité.

 

II. Des individus et pas des Eglises?

 

Il est aisé de parler d’apostasie à propos d’un individu; chacun connaît, en effet, l’histoire d’Esaü, celle de Judas, ou les noms d’Hyménée et Alexandre (1 Tm 1:20)6.

 

Il en va tout autrement s’il s’agit d’une Eglise.

 

Peu de textes ont été écrits à ce sujet7.

 

Pourquoi ?

 

Les Eglises en seraient-elles à l’abri ? Ou bien, pour diverses raisons – pudeur, souci de tolérance, crainte du sensationnalisme, etc. -, préférerait-on se taire ?

 

Le formalisme est un piège pour toutes les religions, ainsi que la tendance à défendre l’institution, qui sécurise de plusieurs manières.

 

Dans l’Ecriture, l’apostasie du peuple de Dieu est un thème permanent: de l’incident du veau d’or jusqu’à la parole de Jésus « ainsi avez-vous fait des prophètes… » et à la description, faite par Paul en Romains 9-11, de la situation du peuple juif.

 

L’histoire de l’Alliance est celle des désertions et des trahisons, non pas d’individus isolés, mais du peuple entier.

 

Christ n’a-t-il pas eu à souffrir de l’abandon des siens dans l’isolement progressif qui a été le sien entre Gethsémané et Golgotha ?

 

Après la Pentecôte, l’Eglise chrétienne s’est-elle améliorée grâce à l’effusion de l’Esprit ?

 

Apparemment non, car les croyants restent des pécheurs et sont toujours susceptibles d’orgueil et de ressentiments humains.

 

Des sept Eglises de l’Apocalypse, deux seulement ont un bilan de santé positif8.

 

Notre lumière serait-elle plus brillante au XXIe siècle que celle des chandeliers du Ier siècle ?

 

Ne serait-ce pas, pour avoir négligé les avertissements de l’Ecriture quant au risque d’apostasie, que le christianisme est si affadi en Occident ?

 

III. Les étapes de l’apostasie

 

Irénée dit, quelque part, que l’erreur se pare toujours d’habits magnifiques pour avoir l’air plus vraie que la vérité.

 

Comme le péché, elle a une apparence agréable et semble désirable.

 

La relativisation de la gravité de l’erreur est la première étape vers l’apostasie.

 

Un arbre d’Inde, le taxus, produit du fruit la première année de sa maturité, des feuilles la deuxième et du poison la troisième.

 

De même, le péché, après avoir pris racine chez un individu ou dans un groupe, n’a que trop tendance à s’aggraver.

 

Des « bilans globalement positifs », l’autojustification personnelle ou institutionnelle, s’accordent peu avec la vision biblique de la communion chrétienne.

 

La Seconde Partie de la Bible donne quelques indices du comment de la progression de l’apostasie au sein du peuple de Dieu.

 

J. Owen considère cet enseignement comme prophétique, les développements de l’histoire de l’Eglise le confirmant.

 

Voici, selon lui, les étapes de l’apostasie :

  1. des faux prophètes s’élèveront (Mt 24:9; 2 P 2:1);

  2. des loups pénètrent dans l’Eglise pour dévorer le troupeau (Ac 20:28);

  3. les chrétiens deviendront froids et ne supporteront plus la saine doctrine (2 Tm 3:1-9; 1 Tm 4:1-3).

A noter l’ordre suivi dans l’éclosion des « fleurs du mal » de l’apostasie: les erreurs, les faux prophètes, les « loups » et une froideur spirituelle généralisée.

 

IV. L’analogie personnes/Eglises

 

Tout comme il est possible de distinguer un chrétien fidèle d’un chrétien dont la foi dévie et d’une personne qui renie sa foi, serait-il possible de discerner les différentes sortes d’Eglises ?

 

Les lettres aux sept Eglises de l’Apocalypse (chapitres 2 et 3) sont d’une grande aide.

 

On y voit décrits trois types de communautés, que l’on pourrait classer respectivement en Eglises de résistance, de compromis et de dérapage:

 

1. Résistance

2. Compromis

3. Dérapage

Smyrne
Philadelphie

Pergame
Thyatire
Ephèse

Sardes
Laodicée

 

I) Fidèle:
refus des erreurs

Oui, mais tolérance
de la fausse doctrine
(juifs, nicolaïtes)

Tu es mort
(oubli de la Parole)

     

II) Pauvreté:
acceptation de la
souffrance/
des sacrifices

Oui, mais adaptation
au monde (Balaam)

Des œuvres qui
renient la foi

     

III) Victoire par le
témoignage

Des Oeuvres bonnes,
mais inconduite
(Jézabel)

Confiance en la
richesse, vitalité
apparente, mais morte

     

IV) Gardez la Parole…

 

Danger! (3:3, 16)

 

La tendance à l’apostasie va, dans le tableau, de la gauche vers la droite.

 

Elle est d’abord partielle, porte sur un point apparemment de peu d’importance, un « oui, mais… » avant de se généraliser.

 

Les Laodiciens et les habitants de Sardes sont tièdes ou morts et appelés à la conversion et au repentir.

 

De nos jours, existe-t-il une Eglise, locale ou dénominationnelle, qui échapperait à ce danger ?

 

Ce serait tellement beau !

 

L’Eglise est le peuple de l’alliance.

 

Christ s’adresse à chaque Eglise en se donnant le titre de Seigneur.

 

Selon l’état réel de cette communauté, il formule un avertissement ou une exhortation, il lance un appel et fait une promesse.

 

Eglise

Titre du
Seigneur

Nature de
l’Eglise

Exhortation/
Correction

   

Smyrne
2:8-11

Le premier,
le dernier

Pauvreté,
persécution

Ne crains pas!

 

 

Philadelphie
3:7-13

Le Saint, le
Véritable
David

Porte ouverte,
garder la Parole

Je te garderai

 

 

Pergame
2:12-17

Epée à deux
tranchants

Là où est
Satan

Idolâtrie…
fausse doctrine

 

 

Thyatire
2:18-28

Fils de Dieu,
yeux de flamme

Œuvres
nombreuses

J’ai contre toi
Jézabel

   

Ephèse
2:1-7

Les sept étoiles

Persévère

Abandon du
premier amour

 

 

Sardes
3:1-6

Sept étoiles et
Esprits de Dieu

Tu es mort

Je te connais
tu es mort

 

 

Laodicée
3:14-22

L’Amen

Tu es tiède

Je te vomirai
Je corrige

 

 

 

Appel pour  

 

- Smyrne :

Soit fidèle, découlant si obéissance sur la Promesse de la Couronne 2:7 > 22:2

 

- Philadelphie :

Tiens ferme ! découlant sur la Promesse de la Nouvelle Jérusalem au Ciel 3:12 > 22:4

 

- Pergame :

Repens-toi…autrement!… découlant sur la Promesse d'un Nom nouveau  2:17 > 21:24

 

- Thyatire :

Tenez ferme ce que vous avez  découlant sur la Promesse de l' Autorité  2:26 > 21:24

 

- Ephèse

Souviens-toi,  repens-toi ! Découlant sur la Promesse de l' Arbre de vie  2:7 > 22:2

 

- Sardes :

Garde la Parole !  Découlant sur la Promesse  Je confesserai  3:5 > 22:19

 

- Laodicée :

Je me tiens à la porte découlant sur la Promesse du Trône 3.21 > 21:11

La diversité des Eglises de l’Apocalypse est grande, les exhortations qu’elles reçoivent variées.

 

N’y aurait-il pas une sorte de typologie biblique des communautés religieuses ?

 

Même si elle n’intéresse pas les sociologues, elle aurait de la valeur aux yeux de ceux qui appartiennent au Royaume.

 

Elle permettrait de dresser un bilan théologique et spirituel de nos communautés et de leurs physionomies et, éventuellement, d’apporter une réponse à leurs besoins.

 

V. Les causes de l’apostasie

 

Les personnes régénérées croissent en sainteté, de façon positive, en vivant selon la grâce et, de façon négative, en supprimant le péché et en éliminant ce qui relève de la chair.

 

De même, les Eglises croissent par la pratique de l’amour et en luttant contre l’erreur grâce aux fonctions complémentaires: l’enseignement et la discipline.

 

N’aurait-on pas un peu oublié, aujourd’hui, que la vie chrétienne est un combat ?

 

Sait-on assez que l’Eglise est appelée à être militante et à lutter pour se maintenir ?

 

Chez l’individu, l’apostasie – à savoir une atteinte à la fidélité au Christ, comme O. Winslow l’a dit9- prend racine dans le cœur.

 

Dans l’Eglise, elle surgit également au cœur de ce qui constitue sa raison d’être : le Christ ressuscité.

 

Une Eglise vivante établit un équilibre harmonieux entre la doctrine et la pratique, la foi et la vie sous l’autorité de la Parole de Christ, de la façon suivante :

 

 

I) L’Eglise de Smyrne, à l’image de Polycarpe, son célèbre martyr, et celle de Philadelphie respectent cet équilibre, car elles gardent la Parole, sont fidèles et tiennent ferme, en supportant la persécution et en consentant des sacrifices, même jusqu’à la mort.

 

II) Dans les Eglises de Pergame et de Thyatire s’établissent des situations de compromis. Pour s’adapter au monde, de fausses doctrines et l’inconduite à l’image de Jézabel commencent à être tolérées. L’équilibre entre la Parole, la vie et la foi est ébranlé.

 

III) Ephèse, Sardes. Dans le cas de ces deux communautés, cet équilibre est également rompu. La situation s’aggrave, car la Parole est oubliée: les œuvres sont en opposition avec la foi; c’est « l’embourgeoisement ».

 

Le schéma ci-après illustre la nature de l’apostasie d’Ephèse et de Sardes:

 

IV) A Laodicée, en situation de tiédeur,il n’est plus question d’appeler au repentir, aussi le Seigneur affirme-t-il que son action sera celle d’une correction.

 

 

En résumé, l’apostasie atteint l’Eglise en son centre et a les causes suivantes :

 

) Une reconnaissance atténuée du caractère normatif de l’Ecriture en tant que Parole de Christ et de son autorité suprême.

 

2°) Une ignorance de la doctrine biblique, de sa profondeur, de ses mystères et une indifférence vis-à-vis des choses spirituelles, de la doctrine chrétienne.

 

3°) Un amour du monde: conformité avec ses pratiques, fascination pour ce qu’il prise et adoption de ses valeurs.

 

4°) Une autosatisfaction (« tu es riche »), la conviction erronée que l’Eglise est, ne varietur, sur le bon chemin, une sorte de vanité intellectuelle.

 

 

Les caractères ci-dessus sont-ils tout à fait absents de nos communautés locales comme de nos dénominations ?

 

Les Eglises qui se veulent « évangéliques » ne sont-elles pas tentées par des pratiques « mondaines » sur le plan éthique, lorsqu’elles obscurcissent la grâce de l’Evangile ?

 

Un inventaire, avec évaluation sans complaisance, ne mériterait-il pas d’être fait?

 

Il ne suffit pas d’organiser commémoration sur commémoration et de rendre hommage à nos pères; ne conviendrait-il pas aussi de vérifier quel est, aujourd’hui, le prix de la fidélité au Seigneur ?

 

Ce prix est, probablement, d’une nature différente qu’autrefois, mais est-il moins élevé ?

 

VI. Le développement de l’apostasie

 

Comment discerner la présence et le développement de l’apostasie sur le plan institutionnel ?

 

Comme on l’a vu, l’apostasie est par nature une perte, dans l’Eglise, de la présence et de la puissance de Jésus-Christ, le chef de l’Eglise, cette absence se traduisant dans le domaine de l’affirmation doctrinale et dans celui de la pratique.

 

I) En ce qui concerne la vérité

 

L’apostasie se développe en même temps qu’apparaissent un manque d’appétit pour la Parole de Christ et une prise de conscience que des doctrines bibliques deviennent des « problèmes ».

 

Certaines de celles-ci semblent même inacceptables, comme l’inspiration plénière de l’Ecriture, la prédestination, la mort sacrificielle de Christ, le jugement et l’enfer.

 

L’Evangile fait insensiblement place à un autre évangile, humaniste et sentimental ou, dans le meilleur des cas, ambigu.

 

Conséquence: puisqu’une distance est établie entre ce que dit l’Ecriture et ce qu’enseigne l’Eglise, la Parole est de moins en moins familière et la prédication manque de puissance, car la conviction est absente.

 

Dans les synodes, l’étude biblique préalable à la prise de toute décision importante – principe à laquelle on reste très attaché – permet bien souvent de justifier ce qui a déjà été décidé par les meneurs de jeu.

 

Combien de délégués aux divers synodes, faute d’une véritable culture biblique, en sont-ils conscients ?

 

La fidélité à l’Eglise-institution prend le pas sur la fidélité à Jésus-Christ.

 

La vérité se trouve subordonnée à l’agencement de consensus ecclésiastiques.

 

L’unité de l’institution prime; « je reste pour le bien de l’Eglise », « je partirai, si et quand tel seuil sera dépassé ». Et ces seuils s’élèvent de plus en plus !

 

La résistance au mal devient presque impossible.

 

Comme l’a dit C.H. Spurgeon, dans une union d’Eglises pluralistes, les marques bibliques de l’Eglise sont plus ou moins estompées.

 

B.B. Warfield a prononcé une parole frappante à ce sujet: « Il est impossible de couper le bois pourri. »

 

L’Eglise d’Ephèse, dont la situation est ambiguë, risque de se voir enlever son « chandelier », si elle ne se repent pas (Ap 2:5).

 

Sans repentir, les illusions foisonnent et un succédané est substitué à l’Evangile.

 

Il suffit pour s’en convaincre de considérer, d’une part, les mouvements du nouvel âge, sorte d’amalgame avec la foi chrétienne, « l’évangile de la prospérité » ou le culte clappy-happy, imitation du show-biz, et, d’autre part, les théologies modernes qui réduisent, plus ou moins, l’Evangile à des mythes, par abandon des grandes vérités de la christologie et de la sotériologie, comme on le voit, aujourd’hui, dans bien des Eglises, tant néo-évangéliques que pluralistes consensuelles.

 

 

II) En ce qui concerne la pratique

 

L’apostasie élimine la sainteté dans la mise en pratique de l’Evangile.

 

Comme Spurgeon l’a également dit, si l’unité que l’on préserve n’implique pas l’exercice d’une discipline de vie, elle n’a rien à voir avec l’unité selon l’Evangile.

 

Celle-ci, comme l’a souligné Owen, est rompue par l’erreur et elle devient schismatique par rapport au dépôt apostolique.

 

Un principe :

 

Toute communauté ou union d’Eglises qui s’écarte de l’Evangile et de la pratique biblique est dans une situation de schisme par rapport à l’Eglise catholique universelle, la vraie communauté des croyants en Christ.

 

La question de l’homosexualité, par exemple, qui se pose à l’Eglise en Europe aujourd’hui, n’est pas de l’ordre des adiaphora.

 

Ainsi, en refusant de se démarquer d’une Eglise visible renégate, on risque d’être en rupture avec Jésus-Christ lui-même et avec son corps, l’Eglise invisible qui réunit tous les croyants dans le ciel et sur la terre !

 

Reste la douloureuse question : à quel moment faut-il envisager de se séparer ?

 

Après avoir procédé – avec d’autres frères, pas tout seul – à une honnête, lucide et charitable évaluation de la situation.

 

On l’a vu, l’hérésie correspond à une distanciation par rapport à l’Evangile cru et vécu.

 

L’apostasie, elle, va plus loin et ne distingue plus entre la vérité et l’erreur.

 

Pour être éclairé, à cet égard, sur une Eglise, il convient de faire les quatre vérifications suivantes :

 

1°) La pratique de la doctrine biblique est remplacée par des idées humaines, relevant du politiquement correct.

 

2°) Le légalisme se manifeste. Des pratiques hyperspirituelles deviennent plus importantes que les commandements bibliques; ou, par contre, l’intégrisme du consensus devient obligatoire.

 

3°) Le perfectionnisme s’installe, ou le relativisme tolérant, qui proposent, l’un et l’autre, l’illusion que le combat contre le péché n’est plus actuel. Résultat dans les deux cas: des attitudes insidieuses d’hypocrisie, d’orgueil et de jugement d’autrui.

 

4°) Le culte, privé d’une prédication où la puissance de la présence de Christ se manifeste, se caractérise par un formalisme sec ou, à l’inverse, relève du divertissement.

VII. Un remède?

 

 

Est-il possible pour une Eglise devenue apostate, ou en ballottage, de redécouvrir la vérité, de retrouver son premier amour ?

 

Peu d’exemples d’un retour de ce genre existent dans l’histoire de l’Eglise.

 

Pourquoi?

 

Sans doute parce que l’endurcissement causé par le péché et l’erreur ne s’amenuise pas avec le temps.

 

Le seule remède à la gangrène, c’est l’amputation…

 

Pourtant, l’Eglise de Sardes, qui est « morte » à cause de ses œuvres dépourvues de fruits, est appelée à la vigilance, au repentir et à entendre à nouveau la Parole de vie.

 

Il y a même en son sein un « reste » qui ne doit pas mourir, « quelques hommes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ».

 

Ces vainqueurs recevront la robe blanche, leurs noms ne seront pas effacés du livre de vie et Christ leur fera la grâce de les confesser devant le Père.

 

Au sein de la « chrétienté » de notre époque, n’est-ce pas là également notre vocation ?

 

Etre vigilants, nous repentir et confesser la Parole de vérité avec toutes ses exigences.

 

Sommes-nous fidèles à cette vocation ?

 

Soyons attentifs à la parole adressée à Jérémie; elle est peut-être pour nous…

 

« Si tu reviens à moi, je te ferai revenir à ton poste devant moi ; si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche. C’est à eux de revenir à toi, mais ce n’est pas à toi de revenir à eux. Je ferai de toi pour ce peuple un mur de bronze fortifié ; ils te feront la guerre mais ils ne l’emporteront pas sur toi ; car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer. Je te délivrerai de la main des hommes mauvais, je te libérerai de la main des tyrans. »

(Jérémie 15:19-21)


 

Bible

Croix Huguenote

 

* P. Wells est professeur de théologie systématique à la faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence et éditeur de la revue.

 

1 Le mot a presque disparu du discours théologique. Le fait que la tradition protestante ne parle pas souvent de l’apostasie s’explique par des références fréquentes à l’« antichrist ». Calvin, dans l‘Institution chrétienne, en parle à plusieurs reprises – III.iii.21; IV.vii.24, 28; Turretin, dans son Institutio Theologiae Elencticae, II, 606-7 et I. 365-372 de l’édition anglaise, alors que Karl Barth n’est fait pas mention dans sa monumentale Dogmatique.

 

2 Saint Thomas, Sum. Theol., IIa, q.xii, a.1.

 

3* P. Wells est professeur de théologie systématique à la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence et éditeur de la Revue.

Apostasia, apo istamai, abandon, désertion, rébellion, cf. Actes 2:21, 2 Th 2:3, Hé 3:12.

 

4 J. Owen, Works, VII (Edimbourg: Banner of Truth, 1965).

 

5 Pour Calvin, dans l’Institution chrétienne, la faute est plus que l’apostasie, II.i.4.

 

6 La tradition de parler des individus et non des Eglises date de saint Cyprien de Carthage, qui aborde la question dans son De lapsis et étend la question à celle de l’Eglise dans le De unitate (251), l’apostasie individuelle conduisant au schisme et au problème de l’unité.

 

7 L’article d’A. Beugnet, dans le Dictionnaire de théologie catholique, I, n’aborde que la question des individus et des problèmes moraux et n’envisage pas celle de l’apostasie de l’Eglise.

 

8 Autres exemples: cf. Ga 1:6, 3:1 et Col 2:8, 18-19. Dans l’AT, les passages concernant l’apostasie sont plus pointus, et font le lien entre l’abandon de l’alliance et l’infidélité conjugale. Dans ce contexte, l’adultère est synonyme de l’apostasie. Cf. Es 1:2-4, Jé 2:1-9 ou le fameux chapitre d’Ezéchiel 16.

 

9 O. Winslow, Le déclin spirituel et son réveil (Chalon-sur-Saône: Europresse, 1997).

 

Source :

La Revue réformée La revue de théologie de la Faculté Jean Calvin
 
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20 mars 2021 6 20 /03 /mars /2021 16:48
Vidéos de la conférence de Foi et Vie Réformées du 20 mars 2021 : Pour quelle Église ? Biblique, servante et disciple du Christ,
Biblique, servante et disciple du Christ,
pour quelle Église ?
Orateurs :
- Paul Wells,
- Éric Kayayan,
- Fabio Genovez,

 

Orateurs :

 
Paul Wells

 Paul Wells s’intéresse depuis des années aux problèmes des églises en France, ayant été engagé dans l’organisation et l’implantation de communautés évangéliques. Il a été professeur de théologie systématique à la Faculté Jean Calvin à Aix-en-Provence, il est rédacteur en chef de la revue théologique Unio cum Christo.

 

 

Eric Kayayan Foi et Vie Réformées

 

Rev. Éric Kayayan est pasteur consacré dans les Église Réformées en Afrique du Sud, où il a vécu 26 ans. Depuis 2014 il anime en France le ministère de Foi et Vie Réformées (www.foietviereformees.org). Chercheur associé à la faculté de théologie de l’Université Libre de Bloemfontein, il a publié plusieurs articles sur les écrits de Calvin. Il est régulièrement invité à prêcher ou à s’exprimer dans les églises, en France ou à l’étranger.

 

 

Fabio Genovez

 

Rev. Fabio Genovez est pasteur de l’Église Presbytérienne du Brésil – missionnaire en France – pasteur de l’UNEPREF en poste à l’Église Réformée Évangélique d'Aix-en-Provence. Il est très engagé auprès de la jeunesse et des étudiants. Il est également professeur de « cours de Bible » à l’Ecole Chrétienne de La Nouvelle Alliance.

 

 

 

 

Bible

 

Croix Huguenote

 

 

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 16:22
Pierre Courthial par Paul Wells (La Revue Réformée)

La Foi Réformée, c’est la foi qui veut rendre à Dieu la gloire qui lui est due. La Foi Réformée selon la Parole de Dieu, c’est la foi qui veut tout rendre à Dieu, tout rendre à Jésus-Christ; qui veut que tous les aspects de l’existence et de la pensée humaines soient soumis à celui qui doit tout emmener derrière son char triomphant[1].

 

 

C’est la bonne providence de Dieu qui m’a accordé le privilège de travailler avec Pierre Courthial dès l’origine de la Faculté d’Aix, d’être son interlocuteur quotidien pendant son décanat et de rester son ami proche lorsqu’il a pris sa retraite[2].

 

Comment brosser un tableau juste et satisfaisant de Pierre Courthial ?

 

Plusieurs ont essayé de le faire en ces pages.

 

En lisant ces témoignages riches, certes, ainsi que le récit passionnant de la vie mouvementée et complexe de Pierre Courthial, on a vraiment l’impression d’être devant un phénomène impossible à cerner.

 

Pierre Courthial avait une personnalité débordante de vie, qui impressionnait par sa chaleur, l’acuité de son intelligence, la force de ses convictions, sa spontanéité, son intégrité et par la fidélité sans faille qui, sa vie durant, lui a fait tenir ses engagements.

 

Tout ce que l’on peut dire de lui n’est que l’ombre de la réalité.

 

Balzac, en dix pages, aurait à peine réussi à effleurer la richesse de cette personnalité.

 

Pierre Courthial avait une autorité naturelle dont le sérieux impressionnait.

 

Dans n’importe quel milieu autre que l’Eglise protestante, où les qualités personnelles sont souvent peu appréciées et même inquiètent lorsqu’elles correspondent à des convictions fortes, il aurait appartenu à l’élite.

 

Un intellect scintillant, un langage vif et fluide, une vraie générosité envers les autres, un amour de la vérité et un désir de la défendre sans s’écarter du cadre biblique jamais perçu comme un carcan, telles sont quelques-unes des caractéristiques de ce frère.

 

A cela, il faut joindre un humour qui me plaisait bien; personne plus que lui n’aimait une bonne blague, surtout si c’était autour d’un repas « lyonnais ».

 

C’est ainsi qu’il m’a recommandé non seulement les labyrinthes de la pensée de Serge Boulgakov, mais aussi Le dîner de c... et, en parlant des affaires ecclésiastiques ou des « apparatchiks » du protestantisme, il faisait référence, avec un clin d’œil, au film Le temps ne fait rien à l’affaire.

 

Pierre Courthial s’intéressait aux êtres humains dont il était proche, malgré une apparente réserve ; il observait leurs grandeurs, leurs misères et leurs folies.

 

Il lisait beaucoup, son insatiable curiosité encyclopédique le conduisant dans de nombreux domaines, y compris celui des mathématiques !

 

« Je suis un glaneur impénitent », disait-il.

 

C’est sans doute la raison pour laquelle il a été poussé à adopter des idées peu communes, pour un théologien français, sur la théonomie ou le textus receptus.

 

Il considérait que tout (sauf la vulgarité) appartenait aux richesses de la création et relevait de la grâce commune de Dieu.

 

Quelques mois avant sa mort, comme je lui rendais une de mes visites régulières, rue Varet, il était toujours capable d’évoquer ce qu’il avait lu dans Etienne Gilson durant les années 1930.

 

Sa mémoire était étonnante.

 

Mais derrière cette personnalité tellement attachante, il était impossible de ne pas discerner une tristesse poignante due à l’incompréhension de ses contemporains dans le protestantisme qui ou n’ont pas su le comprendre, ou ont fait la sourde oreille à ses interpellations.

 

Courthial a suivi la ligne d’Auguste Lecerf, de Pierre Marcel et a partagé le mépris ou/et le rejet qui a été le sort de ses collègues.

 

Il rappelait que Marcel qui avait été nommé professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris a, ensuite, été récusé par le Synode, qui lui a préféré Georges Casalis[3].

 

Un jour où notre doyen respecté est allé faire, exceptionnellement, un cours à la Faculté de théologie de Montpellier, on s’est moqué de lui !

 

A-t-il cherché cela ?

 

En partie peut-être, car Courthial n’était pas tendre envers les institutions.

 

Pour lui, plus grand était l’appareil, plus grands étaient l’ambition, la fuite dans de fausses sécurités institutionnelles, le recours à la langue de bois et les possibilités de mal agir.

 

Il a aimé son Eglise – son plaisir n’a duré qu’un instant en 1938 et son chagrin toute sa vie – mais il se méfiait de son institutionnalisme excessif, de ses prétentions pseudo-intellectuelles, dont il parlait parfois librement et sévèrement.

 

L’unité qu’il affectionnait était plus large, plus spirituelle et correspondait à une vision du Royaume où tout est à Christ partout[4].

 

Mais que fait-on d’un prophète ?

 

Car Courthial en était un ; ses avertissements et ses analyses sur le déclin des Eglise réformées se sont confirmés malheureusement d’année en année face à la surprenante politique de l’autruche de ses « grands prêtres ».

 

On peut mettre un prophète à mort, c’est biblique mais d’un autre temps ; on peut obtenir le même résultat par l’exclusion et la mise à l’index.

 

Courthial disait parfois, en plaisantant, qu’il était préférable qu’on parle de vous en mal plutôt que de n’en rien dire.

 

Comment ne pas regretter que les capacités d’un Courthial aient été « mises au placard » dans son Eglise !

 

Sait-on assez qu’après avoir été le plus jeune délégué au Synode constituant en 1938, il n’a jamais plus été délégué à un synode national de l’Eglise réformée de France ?

 

Quel dommage ! Il est vrai que Courthial a fini par devenir un ennemi du fameux préambule à la confession de foi votée en 1938, et a reconnu que son adhésion initiale avait été une erreur de jeunesse.

 

Je l’ai entendu débattre de ce sujet avec Jean Cadier avec lequel il avait beaucoup de points d’accord – tout Calvin ! – mais ce point essentiel les séparait.

 

Dans une France qui s’est sécularisée à vive allure à partir de 1968 (au revoir les curés !), les convictions de Pierre Courthial rendaient impossibles la reconnaissance et l’utilisation de ses dons ou de ses capacités.

 

S’il avait vécu au XIXe siècle, Courthial aurait figuré aux côtés des Spurgeon, au XVIIIe des Whitefield, au XVIe, des Calvin, Luther et Bucer, ou au IVe des Athanase.

 

Au XXe, le christianisme en Europe a connu non pas un réveil, mais un déclin progressif.

 

Qui voudrait prendre au sérieux un pasteur-théologien qui souhaitait que l’Eglise « se réforme selon la Parole de Dieu » ?

 

Le plus navrant est que les Eglises réformées en France, dont la sécularisation s’effectuait à un rythme voisin de celui de la société, mais toujours à sa remorque, comme le remarquait Jean Brun, l’ami de Courthial, (ne fallait-il pas sacraliser le monde et séculariser l’Eglise dans l’idéologie du moment ? – et maintenant, c’est fait), n’ont pas été capables de reconnaître, comme cela aurait été souhaitable pour le témoignage des Eglises, le ministère et l’engagement d’un Pierre Courthial.

 

La théologie de Courthial a pris progressivement ses distances avec les modes du moment, y compris avec la pensée de Karl Barth, qui lui apparaissait comme un crypto-libéral.

 

Pierre Courthial a donc recherché la communion spirituelle avec le mouvement évangélique naissant en France, avec John Stott et James I. Packer, dont il appréciait la lutte dans l’Eglise d’Angleterre, avec le Mouvement de Lausanne.

 

Il a largement contribué à l’essor de la revue Ichthus avec Henri Blocher et Marie de Védrines, à la Fête de l’Evangile dans les Arènes de Nîmes…

 

Lorsqu’il a répondu à l’appel de la Faculté d’Aix en 1973, Courthial a scellé son sort en choisissant de se marginaliser par rapport à son Eglise, tout en restant inscrit sur son rôle.

 

Avait-il bien mesuré que cela lui mériterait le rejet ou, au moins, une chape de silence sur la nouvelle institution, la politique officielle envers la Faculté dès le début ?

 

Il a toujours espéré que son geste prophétique serait une interpellation pour son Eglise; c’était là son rêve permanent, qui ne s’est jamais réalisé.

 

Courthial était lucide en ce qui concerne le pluralisme théologique et les ravages qu’il ferait dans l’Eglise.

 

En effet, dès lors qu’on accepte que la vérité soit relative, plus aucune limite n’existe dans le domaine doctrinal ou éthique.

 

Une connaissance objective de la vérité fondée sur l’Ecriture sainte est jugée impossible.

 

Le pluralisme peut accueillir toutes les conceptions à l’exclusion de celle qui soutient une théologie fondée sur l’enseignement inspiré et objectif de l’Ecriture Sainte, Parole de Dieu.

 

Pierre Courthial a également été attristé en constatant, dernièrement, que les évangéliques se laissaient trop souvent prendre au même piège.

 

Il aimait citer la phrase de Benjamin B. Warfield sur la division de l’Eglise :

 

« Il est impossible de diviser le bois pourri. »

 

Autrement dit, dans une Eglise atteinte par le relativisme, un schisme a déjà eu lieu par rapport à la vérité.

 

Courthial pensait que « Le pluralisme tend toujours à détruire la vraie unité plurielle parce qu’il veut mêler en une pseudo-unité non pas des complémentaires divers, cohérents et homogènes, mais des contradictoires, incohérents et hétérogènes.[5] »

 

En 1974, au moment de la fondation de la Faculté d’Aix, les pluralistes se montraient parfois plus ouverts qu’à présent en nous accueillant, Courthial et moi-même, dans les pages d’Etudes Théologiques et Religieuses, dans un dialogue avec Daniel Lys et Michel Bouttier[6].

 

Courthial les estimaient fair play ainsi qu’André Gounelle.

 

Il vaut la peine de relire, aujourd’hui, ces textes car, malgré l’évolution enregistrée par le protestantisme français en quarante ans et les nouvelles fraternisations, le débat – pluralisme ou non ? – reste toujours, en principe, le même.

 

Ce débat a illustré ce qui est invariable dans les discours des adeptes du pluralisme.

 

Le pluralisme n’a pas d’arguments probants pour le justifier en dehors de ses « tartes à la crème » qui auraient dépassé la date limite de péremption – la Bible n’est pas la Parole de Dieu car elle est humaine, l’erreur est nécessairement humaine, le relativisme est démontré comme nécessaire car personne ne peut « posséder » la vérité, une foi assurée détruit la tolérance, la foi qui unit l’Eglise est subjective non objective, il faut être pluraliste parce que le salut est universel et patati patata. Que les évangéliques aujourd’hui sachent qu’il n’y a qu’une façon de faire avec le pluralisme doctrinal et ecclésiastique, celle que recommande l’apôtre: « Résistez au diable et il fuira loin de vous. » (Jc 4.7)

 

Pierre Courthial a bien mis en évidence la démarche des pluralistes qui changent le sens normal des mots bibliques et théologiques.

 

On pense dire la même chose, alors qu’il n’en est pas ainsi.

 

A Daniel Lys, il écrivit :

 

« Vous connaissez sûrement, cher Monsieur et frère, le dialogue entre Gros-Coco et Alice dans Ce qu’Alice trouva de l’autre côté du miroir de Lewis Carroll : ‘Quand moi, j’emploie un mot, déclara Gros-Coco d’un ton assez dédaigneux, il veut dire exactement ce qu’il me plaît qu’il veuille dire… ni plus ni moins… La question est de savoir qui sera le maître, un point c’est tout.’ »

 

Faisant preuve de son humour habituel, Courthial avait raison.

 

Dans l’Eglise aujourd’hui, tout le monde prétend énoncer la même chose, mais tel n’est pas le cas, car personne n’ose définir de quoi il est question[7].

 

Le faire reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore.

 

Les textes comme La Concorde de Leuenberg dissimulent que la « foi » de l’Eglise du début du XXIe siècle n’a plus que des liens très relâchés avec la foi de l’Eglise de toujours et avec l’Ecriture.

 

Avec sa perspicacité, Courthial le voyait.

 

Pourtant, Pierre Courthial faisait preuve d’un optimisme indéfectible.

 

Il guettait, comme la sentinelle de garde sur la tour, des signes de lumière dans la nuit.

 

Il se passionnait toujours en apprenant la publication d’un livre de théologie confessante, et se réjouissait des bonnes nouvelles du ministère de tel ancien étudiant.

 

Il était, il est vrai, de conviction postmillénariste[8]. 

 

Dans un certain sens, il avait tort, car je crois qu’il n’y avait rien à espérer là où il attendait, avec tant d’ardeur, le renouveau.

 

Il espérait toujours contre vents et marées, car il aimait son Eglise qu’il ne cessait pas de considérer, malgré ses infidélités, comme l’Eglise de Christ.

 

Cette situation se traduisait chez lui par une réelle frustration et par des exhortations en termes acérés :

 

« Lorsque des Eglises ne sont plus vraiment UNE Eglise dans une confession unanime de ‹la Foi transmise une fois pour toutes›, elles risquent de n’être plus UNE Eglise que par une administration qui ne pourra manquer de s’auto-recruter et d’être centraliste et bureaucratique. Etant alors de moins en moins ‹dispensatrices des mystères de Dieu›, elles seront de plus en plus imprégnées par les modes de penser et d’agir de leur temps. Elles ne pourront manquer d’être de plus en plus intolérantes à l’égard de ceux et de celles qui entendent témoigner, œuvrer et progresser dans la fidélité aux Confessions de foi de l’Eglise des premiers siècles et à celles de la Réformation, toutes soumises à la Parole de Dieu. La liberté de conscience et de confession de la Foi de ces derniers sera bridée, les synodes ne donnant la parole et leurs votes qu’à leurs adversaires. Exclusivement[9]. »

 

A moins d’être un partisan de l’unité à tout prix, qui pourrait dire aujourd’hui, vingt ans plus tard et soixante-dix après 1938, que Courthial avait tort ?

 

« Si l’Eglise reprend foi en son Seigneur et en sa Parole, elle est sûre de ne pas être battue. Il pourra y avoir des combats difficiles, des moments redoutables, la mort de certains d’entre nous, des persécutions, des lâchetés comme en commettent trop de chrétiens dans les pays dits libres… malgré cela, Jésus n’abandonne pas son Eglise. Il a toujours un reste fidèle qu’il maintient, et c’est à partir de ce reste fidèle que tout demeure possible[10]. »

 

Dans ces citations, on remarquera que, pour Courthial, il y a dans l’Eglise visible deux Eglises, une spirituelle qui a droit de cité et l’autre charnelle qui n’est pas de l’Eglise.

 

On peut ne pas aimer cette réalité, mais il en était ainsi en Israël, dans l’Eglise primitive (Galates 1!) et il en sera de même jusqu’à la fin du monde.

 

Pierre Courthial nous a rappelé quelles armes utiliser pour le combat.

 

P.C. n’était pas PC : voilà pourquoi son témoignage n’a pas fini de rayonner.

 

Paul Wells,

paul wells

Professeur de théologie systématique,

Doyen de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence,

Editeur de La Revue réformée.

 

Bible

Croix Huguenote

 


 

« Allocution prononcée par le doyen Pierre Courthial pour le 10e anniversaire de la Faculté » (1984), [1]La Revue réformée, 46 (1995 : 2-3), 28.

[2] Courthial raconte les débuts de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence dans sa brochure La Foi réformée en France (Aix-en-Provence, Kerygma, 1995), 19-24, dont la lecture permet de redresser certaines erreurs à ce sujet.

[3] La Foi réformée en France, 8.

[4] Voir « L’Eglise instituée et l’Eglise Corps de Christ », in Fondements pour l’avenir (Aix-en-Provence : Kerygma, 1981), en particulier 194.

[5] La Foi réformée en France, 10.

[6] Etudes Théologiques et Religieuses, 49 (1974 : 4), 499-522.

[7] Exemples : l’utilisation des mots « hospitalité », « témoignage commun », « Evangile » ou « évangélisation » constituent des exemples parfaits de ceci dans les discours actuels.

[8] Il croyait à la conversion des juifs et du monde avant le retour de Christ.

[9] « Brève réflexion sur un cinquantenaire », La Revue réformée, 40 (1989 : 1), 52.

[10] « Allocution », La Revue réformée, 46 (1995 : 2-3), 29.

 

 

 

 

Source : La Revue Réformée

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Charles Spurgeon

" J'avoue que je donnerais à peine un penny pour tout salut que je pourrais perdre. La vie éternelle est la chose dont nous avons besoin, la Vie de Dieu, qui ne peut jamais changer ou être enlevée de nous, et c'est ce qui est donné à toutes celles et ceux qui croient en Jésus Christ."

Car, lorsque que nous étions
encore sans force,
Christ, au temps marqué,
est mort pour des impies
 (Romains 5-6)

Croix Huguenote

  Une femme oublie-t-elle

l'enfant qu'elle allaite ?

... Quand elle l'oublierait,

Moi je ne t'oublierai point.

Voici, je t'ai gravée sur mes mains

Esaïe 49.16

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