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Vie Protestante Réformée

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Jean Calvin

"Puisque Dieu, par conséquent, nous justifie par la Médiation du Christ, Il nous Acquitte, non pas par l'aveu de notre innocence personnelle, mais par une imputation de la justice ; de sorte que nous, qui sommes injustes en nous-mêmes, sommes considérés comme Justes en Jésus Christ."

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  Ouvrez votre maison

à l'homme sans asile.

Soyez heureux de partager ;

ne maltraitez pas l'étranger qui,

rongé de chagrin, sur vos terres s'exile...

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 17:15
Non une simple croyance de doctrine, mais une foi simple qui dépend de Christ, et de Lui Seul.

Faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la connaissance...

2 Pierre 1-5;6

Si nous voulons jouir de l'éminente Grâce d'une pleine assurance de foi, par l'assistance et l'influence bénies de l'Esprit, faisons ce que nous dit l'Ecriture :

"Faites tous vos efforts".

Prenons garde à ce que notre foi soit véritablement de la bonne sorte.

Non pas une simple croyance de doctrine, mais une foi simple qui dépend vraiment de Christ, et de Lui Seul.

Faisons tous nos efforts pour veiller à notre courage.

Implorons Dieu de nous donner la force du lion, afin de pouvoir avancer avec hardiesse, empli d'une conscience de ce qui est juste.

Etudions attentivement les Ecritures, et acquérons de la connaissance, car connaître sainement la doctrine tendra pour une bonne part à affermir notre foi.

Cherchons à comprendre la Parole de Dieu et à ce qu'elle demeure richement en notre coeur.

Lorsque nous faisons cela, "joignons à la connaissance la maîtrise de soi".

Veillons sur notre corps et agissons avec tempérance, tant dans la vie que le coeur, en paroles qu'en pensées.

Par le Saint Esprit Divin, joignons à cela la patience.

Demandons à Dieu de nous donner cette sorte de patience endurant l'affliction et qui, une fois éprouvée, brille comme l'or.

Revêtons nous de patience afin de ne pas murmurer au sein de nos afflictions diverses.

Lorsque nous avons gagné cette Grâce, cherchons la piété. (Nota : ce qui n'a strictement rien à voir avec l'ultra piétisme et ses pièges ravageurs)

Elle s'étend au delà de la religion.

Faisons de la Gloire de Dieu le but toujours premier de notre vie.

Vivons dans Son Regard et demeurons proches de Lui.

Cherchons la communion paisible et saine avec Lui, et nous obtiendrons la sainte piété.

Puis joignons y la douce amitié fraternelle.

Aimons tous les croyants.

Joignons à cela l'amour vrai et non frelaté, aimant l'âme des hommes en ouvrant ses bras.

Nous parviendrons à affermir notre vocation et notre élection par les preuves les plus claires lorsque tous ces joyaux orneront notre caractère, et dans l'exacte proportion où nous mettrons en pratique ces vertus célestes.

"Faites tous vos efforts" car la tiédeur et les doutes se donnent très naturellement la main.

Amen,

Charles Spurgeon,

Pasteur Baptiste Réformé

La source même des endroits vidéos n'engagent pas sur certains domaines Refuge Protestant du point de vue doctrinal ou autres, ces sources trouvées pour la connaissance de chants communs restent libres & responsables pour eux-mêmes de leur contenu et direction.

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 14:35
La propriation ou l'oeuvre du Fils d'Adolphe Monod (Dernière partie)

LA  PROPITIATION
ou l'oeuvre du Fils (Suite)

(Adolphe Monod)

(3ème et dernière  partie)

 

 

« Car c'est lui qui est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais a aussi pour ceux de tout le monde.  »
(1Jean 2.2)


 

 

(...) Supprimer le sacrifice de Jésus-Christ, son sacrifice de propitiation, c'est plus que de supprimer une doctrine clairement révélée de Dieu ; c'est supprimer le Dieu vivant et vrai ; le Dieu vivant, en supprimant le rapport du Père au Fils dans la Trinité ; le vrai Dieu, en supprimant le combat et l'harmonie de la sainteté et de l'amour dans le Dieu de l'Évangile ; c'est nier à la fois la nature divine et le caractère divin ; c'est substituer le Dieu du déiste au Dieu de Jésus-Christ !

 

L'Écriture nous a été donnée pour nous sauver, mais pour nous sauver tout en nous sanctifiant.

 

Faut-il montrer, après ce que nous venons de voir, que tel est le caractère de la rédemption qui est par le sang de Jésus-Christ, pour quiconque s'y associe par la foi ?

 

Si la vie éternelle est de connaître le vrai Dieu, la sainteté est de l'imiter : or, quoi de plus propre à faire du croyant « un imitateur de Dieu, » que le spectacle que nous venons de contempler ?

 

La sainteté et l'amour, qui sont les deux traits essentiels du caractère divin, sont également, et sont pour cela même, les deux traits essentiels du caractère chrétien.

 

Donnez-moi un homme en qui se trouve une sainte horreur du péché, tempérée par un tendre amour pour Dieu :

 

je serai en paix sur son développement spirituel, parce que je trouve dans ces deux dispositions qui se relèvent et s'achèvent mutuellement, le germe de tout bien à faire et de tout mal à éviter.

 

Eh bien ! cet homme, comment le formera-t-on ?

 

Vous avez répondu vous-mêmes.

 

On le formera en le plaçant devant la croix de Jésus-Christ.

 

Ce qu'elle lui montrera en Dieu, elle le fera pénétrer dans son coeur, par le Saint-Esprit, par la foi.

 

Cette sainteté terrible, inflexible, résolue de ne pactiser avec aucun péché, et prête à sacrifier le Fils unique et bien-aimé plutôt que de se prêter à aucune apparence de mal, comment la contempler si vivement dépeinte sur cette croix, sans s'associer à elle de tout son coeur, et sans ressentir pour le péché cette horreur instinctive, que Zinzendorf exprimait en disant :

 

« Quand je trouve le péché sur mon chemin, je marche dessus comme sur un serpent ? »

 

Cet amour infini, ineffable, prêt à tout donner pour nous jusqu'au Fils unique et bien-aimé, comment le contempler aussi sans se sentir pressé d'y répondre, et sans s'écrier avec le pieux Cellérier :

 

« Quand j'aurais mille vies et mille coeurs je les lui donnerais tous, en ne regrettant que d'avoir si peu à lui offrir ? »

 

Connaissez-vous un homme livré à des ressentiments ou à des convoitises qu'il déplore, qu'il condamne, mais dont rien au monde ne l'a pu encore affranchir, et faisant l'amère expérience de cette parole de l'Apôtre :

 

« Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas ? »

 

Hâtez-vous de le conduire devant la croix de Jésus-Christ : qu'il connaisse, qu'il apprenne, qu'il croie, que le Fils de Dieu est venu sur la terre souffrir et mourir en sacrifice de propitiation pour nos péchés : il trouvera dans ce spectacle, s'il croit, la force qu'il n'a trouvée nulle part ailleurs pour soumettre sa chair rebelle à la sainte loi de Dieu.

 

Vous lui avez parlé de la beauté de la loi, des droits de Dieu sur lui, des exemples des saints, de l'injustice du péché, des suites terribles qu'il traîne à sa suite, pour le temps et pour l'éternité : il ne s'est point rendu.

 

Mais pourra-t-il ne pas se rendre, s'il contemple avec foi Jésus mourant à sa place et en Jésus mourant son péché déjà tout puni, et tout ensemble tout pardonné ?

 

N'y a-t-il pas dans ce spectacle un argument également persuasif pour son intelligence, pour son coeur, pour sa conscience, pour sa volonté, pour tout son être ?

 

Un argument, ai-je dit ?

 

Dites plutôt un cri, un appel, une puissance irrésistible (irrésistible...qu'il le soit ou non, il doit l'être) !

 

Car enfin le mot d'argument serait par trop froid pour peindre ce que trouverait une mère dans la vue de son fils arraché à la mort par un ami qui s'y est livré à sa place !

 

« Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier ; vous avez été rachetés par prix, glorifiez donc Dieu en votre corps et en votre esprit qui appartiennent à Dieu ; vous n'êtes plus à vous-mêmes ; Christ a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu'étant morts au péché nous vivions à la justice : »

 

Voilà de ces raisons, également acceptables pour un philosophe et un enfant, qui prennent un homme tout entier, et qui ne lui laissent ni le moyen ni la volonté d'échapper. Jésus-Christ crucifié, qui ramène l'ordre et la paix dans le monde moral bouleversé par le péché, les ramène également dans l'âme du croyant, et une vie nouvelle commence pour lui sous la croix.

 

Mais que cela est froid ! Que tout se glace et se dessèche en passant par la bouche de l'homme !

 

O désespoir de la théologie et de la prédication ! ô impuissance de l'esprit et du langage humain pour saisir une matière si étendue, pour pénétrer une matière si profonde ! j'en appelle à l'Évangile et à votre coeur -- et je me tais.

Ici, ici seulement, est la vertu de la régénération !

 

Ici, ici seulement, se sont formés tous les saints dignes de ce nom.

 

Ici, ici seulement, est la force et la grâce commune d'un Paul et d'un Jean, d'un Augustin, d'un Luther et d'un Calvin, d'un Pascal et d'un Coligny, de tous ceux qui sous quelque nom que ce soit ont surmonté la chair et marché selon l'Esprit !

 

Tout cela est si vrai que la croix de Jésus-Christ trouve au fond de notre coeur un secret besoin auquel elle répond et qui peut aller jusqu'à la pressentir, car il y a des vérités divines pressenties.

 

Tout tombé qu'il est, notre homme intérieur garde pourtant de sa première gloire je ne sais quelles ruines où se reconnaît encore le plan primitif, quand la lumière du ciel les vient éclairer.

 

De là, la vérité divine nous apparaît parfois comme connue, non comme étrangère.

 

Bien qu'élevée au-dessus de toutes nos conceptions et de toutes nos prévisions, bien qu'impossible à trouver, que pour celui qui s'écrie dans Job :

 

« J'ai trouvé la propitiation ! » (33.24) comme s'il admirait qu'il l'eût pu découvrir, -- la rédemption a son témoin silencieux dans votre coeur et dans le mien, pour ne rien dire du consentement de l'humanité tout entière, attesté par l'usage constant et universel des sacrifices.

 

Pour moi, je puis parler ici d'expérience.

 

Non seulement j'ai reconnu que la rédemption une fois connue s'adaptait à mon sentiment intérieur, mais je l'ai pressentie, avant de l'avoir connue, comme l'unique moyen de mettre ce sentiment intérieur d'accord avec lui-même.

 

Avec le besoin de pardon, que le sentiment sérieux du péché ne peut manquer d'exciter en nous, j'en éprouve un autre : le besoin d'expiation.

 

Je souhaite que Dieu me pardonne, sans doute ; mais je ne trouve ni possible, ni désirable même qu'il me pardonne sans mettre à l'abri la sainteté de sa loi.

 

L'indulgence est bonne d'homme à homme et convient à l'homme pécheur ; la miséricorde seule peut s'exercer de Dieu à l'homme, parce qu'elle convient seule au Dieu saint.

 

J'appelle indulgence un pardon donné sans qu'il en coûte rien ; j'appelle miséricorde le pardon achetant par le sacrifice le droit de se donner.

 

Affamé de grâce, mais jaloux pour la loi de Dieu, je trouve au pied de cette croix le seul pardon qui réponde, je ne dis pas seulement aux exigences de la loi divine, mais à celles mêmes de ma conscience, parce qu'ici seulement je retrouve un moyen de glorifier la loi de Dieu dans mon pardon, tout aussi bien que je l'aurais pu faire en y obéissant, oserai-je dire mieux encore ?

 

En obéissant, je rendais à cette loi un hommage tacite, indirect, inconscient de lui-même ; mais en ne rentrant en grâce que par voie d'expiation, je rends à cette loi un hommage distinct, direct, réfléchi, douloureux.

 

Je le dis avec une conviction arrêtée : ce pardon-là est le seul qu'il soit digne de Dieu de m'offrir ; je m'enhardirai jusqu'à dire que c'est le seul qu'il soit digne de moi d'accepter.

 

Tout autre pardon inquiéterait mon âme comme un désordre.

 

Je ne puis, je ne veux pas être heureux aux dépens de la sainteté divine.

 

Loin de moi un salut où la gloire de Dieu perdrait !

 

Commencez par sauver sa loi sainte ; et vous me sauverez après, si vous pouvez !

 

Ô croix ! Ô sang du Saint des saints versé pour mes péchés !

 

Ô sacrifice trois fois amer d'une victime trois fois sainte !

 

Ô croix, qui justifies tout ensemble et le pécheur perdu devant la loi de Dieu, et le Dieu qui pardonne, devant la conscience du pécheur !

 

Ô croix, croix trois fois bénie, mon âme tout entière vole au-devant de toi !

 

Elle t'appelait avant de te connaître : de quel coeur ne te saisira-t-elle pas, connue ?

 

Elle ne te doit pas moins que de pouvoir glorifier la loi de Dieu, autrement que par sa damnation, autre part que dans l'enfer !

 

Ô croix, croix trois fois sainte et trois fois miséricordieuse ! Solution du problème des problèmes !

 

Que d'autres tournent autour de toi pour chercher ; que peut-on chercher quand on t'a trouvée ?

 

Tu m'as révélé Dieu ; tu m'as révélé moi-même à moi-même ; en te trouvant, je l'ai trouvé, et je me suis retrouvé !

 

Et je ne veux employer ce qui me reste de vie qu'à te montrer à qui t'ignore.

 

Oui, ô mon Dieu ! Je m'associe intérieurement à ta rédemption.

 

Je cherchais sur la terre un coin où je pusse, tel que je suis, misérable pécheur, te donner gloire encore : je l'ai découvert, et ce coin, c'est celui qu'ombrage la croix de Jésus.

 

Sauve-moi donc ici, ô mon Dieu, puisqu'ici tu as trouvé le moyen de me sauver, je ne dis pas en abaissant ta loi et tes perfections, mais en les élevant plus haut que jamais !

 

Venez donc, venez, qui que vous soyez qui m'écoutez.

 

Ce frère, cette soeur, avec qui je veux partager cette grâce, c'est vous ; et c'est pour cela que j'ai parlé.

 

J'ai voulu, sans doute, affermir dans la foi au sang de l'Agneau de Dieu ceux qui ont commencé d'en connaître la douceur salutaire ; mais j'ai voulu surtout vous la révéler à vous qui y avez été jusqu'à ce jour étrangers.

 

Je l'ai dit : je ne monte pas ici en théologien, mais en apôtre ; je n'expose pas la doctrine, j'annonce l'Évangile, je proclame le salut.

 

Eh ! qui sait si Dieu ne m'a pas suscité tout exprès pour faire tomber le voile étendu jusqu'ici sur vos yeux.

 

Qui sait si Jésus-Christ n'est pas présent au milieu de nous, vous cherchant par ma voix et vous disant :

 

« Mon fils, donne-moi ton coeur ! »

 

Qui sait si un jour nouveau ne va pas se lever sur votre âme, une joie nouvelle se répandre dans votre coeur, une lumière nouvelle illuminer votre sentier !

 

Qui le sait ? C'est à vous de le savoir.

 

Tout cela est pour vous, si vous le voulez ; pour vous, aujourd'hui même.

 

Dieu ne demande qu'à vous sauver :

 

« il attend pour vous faire grâce »

 

Jésus-Christ, Jésus-Christ crucifié se tient humblement à votre porte, en vous disant (ne l'entendez-vous pas ?) :

 

« Je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui avec moi. »

 

Quelqu'un ? C'est votre nom, votre propre nom qu'il nommerait, n'en doutez pas, s'il ne voulait que ce tendre appel pût servir en même temps pour tous les autres, c'est-à-dire si sa charité n'était aussi étendue qu'elle est profonde.

 

Jusqu'ici, Jésus n'était mort que pour le monde : il ne l'était pas pour vous, qui n'y songiez pas.

 

Voici venir le moment où ce sacrifice devient vôtre.

 

Quand Jésus-Christ meurt sur la croix, la terre tremble, les rochers se fendent, le voile du temple se déchire, le soleil se couvre, les morts sortent de leur tombeau.

 

Donnez donc aux anges le même spectacle que leur donne la terre en voyant expirer son Sauveur.

 

Sol qui portes ce pauvre pécheur, tremble sous ses pieds !

 

Fendez-vous, rochers de son coeur !

 

Déchire-toi, voile qui lui interceptes la vue de Dieu !

 

Couvre-toi, soleil trompeur du monde et de sa philosophie ! Et que le mort sorte de son tombeau !




Adolphe Monod,

Bible

Croix Huguenote

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 14:34
La propitiation ou l'oeuvre du Fils d'Adolphe Monod (2ème partie)
LA  PROPITIATION
ou l'oeuvre du Fils (Suite)

(Adolphe Monod)

(2ème partie)

 

 

« Car c'est lui qui est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde.  »
(1Jean 2.2)


 

 

(...) Gardez-vous de réduire ce grand sacrifice aux proportions mesquines d'une figure ou d'une déclaration ; c'est « une rédemption éternelle, » le sacrificateur, qui est en même temps la victime, « ayant fait par soi-même la purification de nos péchés » (Hébreux 1.3 ; 9.12).

 

L'Écriture s'en exprime en termes qui n'ont rien d'équivoque ; vous n'avez qu'à comparer entre eux le témoignage qu'elle rend des sacrifices initiaux et celui qu'elle rend de Christ.

 

D'une part, « il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés » (Hébreux 10.4), et les sacrifices où ce sang était répandu « ne pouvaient sanctifier la conscience de ceux qui les présentaient » (Hébreux 9.9 ; 10.1-2), de l'autre, « le sang de Jésus-Christ purifie de tout péché » (1Jean 1.7), et « le sang de Christ, qui par l'Esprit éternel s'est offert lui-même à Dieu sans nulle tache, purifiera votre conscience des oeuvres mortes, pour servir le Dieu vivant » (Hébreux 9.14).

 

Pauvres pécheurs qui m'écoutez, je vous le dis :

 

Il y a une seule chose au monde qui soit capable d'effacer vos péchés : ce ne sont pas vos pénitences, ni vos oeuvres, ni votre repentance, ni même vos prières, c'est le sang du Fils de Dieu.

 

Soyez lavés dans ce sang précieux, et « quand vos péchés seraient comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige, et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils seront blanchis comme la laine » (Esaïe 1.18) ; mais hors de là, rien ne pourrait effacer la moindre trace du moindre de vos péchés !

 

Mais c'est peu que je vous le dise ; l'Église universelle vous le dit avec moi : elle n'a jamais su entendre l'Évangile autrement.

 

C'est une grande chose que la tradition de l'Église, quand cette tradition est générale.

 

Nul n'a raison contre tous ; et comme l'accord de tous, en matière philosophique, démontre l'existence d'un sentiment gravé, ineffaçablement dans le fond du coeur de l'homme, ainsi l'accord de tous, en matière religieuse, démontre la clarté irrésistible de l'enseignement divin, sur un point que tous y trouvent également.

 

Eh bien ! Nommez une doctrine plus universellement acceptée dans l'Église, sur la foi des Écritures, que l'est la rédemption.

 

Je n'irai pas, comme je l'ai fait pour d'autres doctrines, notamment pour la Trinité, en chercher la preuve dans les confessions de foi, anciennes ou modernes : ici, les choses sont si évidentes que nous pouvons procéder plus simplement.

 

Il n'y a qu'à jeter un coup d'oeil autour de soi : la croix est partout où est Jésus-Christ.

 

Quelle est l'âme de la doctrine de l'Église primitive ? La croix ;

 

Selon l'Église elle-même, qui s'en explique par l'organe des saints apôtres ? la croix (1Corinthiens 2.1)

 

Selon la synagogue, qui se scandalise ? la croix (1Corinthiens 1.23)

 

Selon la Grèce, qui se raille ? la croix (id.)

 

Selon Rome, qui s'inquiète et qui persécute ? la croix.

 

Quel est le symbole de la foi chrétienne ? la croix

 

Pour la tradition, qui en fait le signe qui détermine la conversion de Constantin ? la croix.

 

Pour l'art, qui en fait le caractère architectural des Églises chrétiennes ? la croix.

 

Pour la superstition, qui en fait l'emblème et le témoignage visible de la piété chrétienne ? la croix.

 

Quel est dans l'Évangile le point de mire qui attire toutes les attaques de l'incrédulité ? la croix .

 

Le fond commun de la foi des apôtres, des Pères, des Réformateurs, des confesseurs de tous les temps ? la croix.

 

Le terrain commun de toutes les grandes communions entre lesquelles l'Église chrétienne s'est divisée (romaine, grecque, protestante) ; ou subdivisée (anglicane, luthérienne, réformée) ? la croix.

 

Quel est enfin le résumé du culte chrétien, des sacrements chrétiens, des convictions chrétiennes, des missions chrétiennes ? la croix, toujours la croix.

 

Et quand l'Apôtre s'écrie :

 

« Loin de moi de me glorifier en autre chose qu'en la croix de Christ, par laquelle je suis crucifié, au monde, et le monde à moi » (Galates 6.14),

 

c'est l'Église entière qui jette par son organe ce cri significatif où elle se réunit comme un seul homme, témoin ses cantiques, ses prières, ses docteurs, ses martyrs, ses combats, ses revers, ses victoires, toute son histoire du commencement à la fin.

 

Après cela, si nous pouvions jamais rougir de la croix de Jésus-Christ, l'Église universelle rougirait à son tour de nous !

 

Notre christianisme n'aurait plus de sel, ni notre ministère de sens ! et nous serions les partisans d'un crucifié, au lieu d'être les serviteurs du Dieu vivant !

 

Ce n'est pas assez d'avoir recueilli la doctrine révélée par l'Écriture et reçue par l'Église sur la mort de Jésus-Christ : il faut en pénétrer l'esprit.

 

Les doctrines du salut ont deux faces : l'une, divine, absolue, par où elles sont vraies en soi en dehors de nous et au-dessus de nous ; l'autre, humaine, spirituelle, par où elles deviennent nôtres ayant pénétré au dedans de nous par la porte de la foi, et par la main du Saint-Esprit.

 

Nous venons de contempler la rédemption de Jésus-Christ comme objet de révélation, contemplons-la maintenant comme objet d'expérience, et apprenons comment ce moyen de salut si étrange, éclaire, nourrit, sanctifie l'âme qui s'ouvre pour le recevoir.

 

« C'est ici la vie éternelle, dit Jésus-Christ, de te connaître, toi le seul vrai Dieu, »

 

à quoi il ajoute :

 

« et Jésus-Christ que tu as envoyé » (Jean 17.3),

 

parce qu'on ne connaît le vrai Dieu qu'en Jésus-Christ :

 

« nul ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils l'aura voulu révéler » (Matthieu 11.27).

 

Or, Jésus-Christ ne nous révèle nulle part aussi bien le vrai Dieu que lorsqu'il meurt en sacrifice de propitiation pour nos péchés.

 

Quiconque se place devant sa croix et la contemple avec foi, trouve dans cette contemplation un cours sommaire de théologie, mais de la théologie la plus haute et la plus populaire tout ensemble.

 

Je pourrais, si une matière si profonde n'alarmait ma faiblesse, aller jusqu'à dire que la croix de Jésus-Christ jette une lumière obscure sur l'essence même de Dieu, cachée au sein de la Trinité.

 

J'entrevois, dans Jésus-Christ crucifié, cette unité distincte, cette opposition harmonique qui est le propre de la Trinité prise sur le fait dans le sacrifice du Fils de Dieu (1Jean 1.7 ; 3.8).

 

Car ici, à la différence de tous les autres sacrifices qui sont offerts par la main de l'homme, c'est Dieu qui offre le sacrifice, mais qui l'offre à lui-même.

 

Qu'y a-t-il de plus harmonique que le sacrifice ?

 

Et quoi de plus un que le Père ; livrant son Fils bien-aimé ; et le Fils bien-aimé se livrant lui-même pour sauver l'homme perdu ?

 

Mais qu'y a-t-il aussi de plus personnel que le sacrifice, et quoi de plus distinct que celui qui l'offre et celui à qui il est offert ?

 

Je l'entrevois -- oui, mais comme au travers d'un nuage, et ce nuage, je veux le respecter, car il vient aussi de Dieu à sa manière.

 

Aussi bien, une fois engagé dans ce conseil redoutable du Père, du Fils et du Saint-Esprit, où s'arrêteraient nos questions ?

 

Est-ce le sacrifice prévu du Fils qui a déterminé le pardon du Père ?

 

Ou bien est-ce la volonté de pardonner chez le Père qui a déterminé le sacrifice du Fils ?

 

Ou bien se sont-ils déterminés l'un l'autre à la fois, dans le même temps, je veux dire dans la même éternité ?

 

Comment se représenter le Père désarmé par le sacrifice du Fils, quand c'est le Père lui-même qui à envoyé son Fils au monde, et qui l'a livré pour nos offenses ?

 

Mais aussi comment se représenter lé Fils obligé par le Père à se sacrifier pour les pécheurs, quand ce sacrifice est ce qu'il y à de plus libre et de plus spontané :

 

« Je donne ma vie ; je la donne de moi-même ?... » (Jean 10.18.)

 

Non, non, arrêtons-nous devant cet abîme ; et venant à des considérations plus à notre portée, contentons-nous de recueillir les leçons que nous donne Jésus-Christ crucifié sur le caractère de Dieu, et plus spécialement sur ses dispositions à l'égard de l'homme pécheur.

 

C'est là le premier point de toute révélation, mais ce point est obscur et en apparence contradictoire, par ce que l'Écriture nous révèle à la fois de la sainteté de Dieu et de sa miséricorde, l'une qui l'oblige à punir, l'autre qui l'invite à pardonner.

 

Cette contradiction se déclare sans détour, sans effort de conciliation, dans cette définition étrange que Dieu fait de lui-même au jour qu'il fait passer sa gloire devant Moïse caché dans un rocher :

 

« L'Éternel, l'Éternel ! le Dieu fort, compatissant, miséricordieux, tardif à colère, abondant en gratuité et en vérité ; gardant la gratuité jusqu'en mille générations, ôtant l'iniquité, le crime et le péché qui ne tient point le coupable pour innocent ; et qui punit l'iniquité des pères sur les enfants, et sur les enfants des enfants, jusqu'à la troisième et à la quatrième génération » (Exode 34.6-7).

 

Remarquez-vous ce contraste impossible à démêler :

 

« ôtant le péché, » et « ne tenant point le coupable pour innocent ; » « gardant la gratuité ; » et « punissant l'iniquité ? »

 

Dans l’Alliance Renouvelée, chacun de ces deux traits du caractère de Dieu, l'amour qui épargne et la sainteté qui frappe, est relevé par une définition à part, que nous empruntons à notre apôtre :

 

« Dieu est amour » (1Jean 4.8, 16), il est l'amour même, voilà de quoi rassurer le pécheur ; « Dieu est lumière » (1Jean 1.5), il est la lumière, c'est-à-dire la sainteté même, voila de quoi effrayer le pécheur.

 

Qui donc se chargera de mettre d'accord cet amour et cette sainteté, qui, demandant des choses toutes contraires, semblent condamnées à une guerre interminable ?

 

La croix de Jésus-Christ l'a fait, et c'est pour résoudre ce redoutable, dirai-je cet insoluble problème, qu'elle a été dressée.

 

Sur cette croix, le pardon, sollicité par l'amour de Dieu, est hautement proclamé ; mais ce pardon est au prix d'une souffrance dans laquelle est non moins hautement proclamée la peine réclamée par la sainteté de Dieu.

 

En deux mots, le pardon est un sacrifice, qui, séparant le péché d'avec le pécheur, tout inséparables qu'ils sont, frappe l'un pour épargner l'autre, et met dans une égale lumière l'amour de Dieu et la sainteté de Dieu, en les associant l'un à l'autre, que dis-je ?

 

En les mesurant l'un par l'autre, puisqu'ils se relèvent mutuellement.

 

Cherchez par toute la terre la marque la plus grande que vous puissiez trouver de l'amour de Dieu pour le pécheur : vous la trouverez sur la croix de Jésus-Christ, puisque cette croix vous apprend, non seulement que Dieu pardonne au pécheur, mais qu'il est si bien résolu de lui pardonner que, plutôt que de le laisser périr, il frappe en sa place son Fils unique et bien-aimé.

 

Mais aussi, cherchez par toute la terre la marque la plus grande que vous puissiez trouver de l'horreur de Dieu pour le péché : vous la trouverez encore sur la croix de Jésus-Christ, puisque cette croix vous apprend, non seulement que Dieu punit le péché, mais qu'il est si bien résolu de le punir, que, plutôt que de le laisser impuni, il le recherche dans la personne de son Fils unique et bien-aimé.

 

Ni la création, ni la providence, ni la terre, ni le ciel, n'ont rien de comparable à la croix de Jésus-Christ pour proclamer que « Dieu est amour ; » ni Éden fermé, ni le Déluge, ni Sodome et Gomorrhe en feu, ni Jérusalem détruite et son temple brûlé, n'ont rien de comparable à la croix de Jésus-Christ pour proclamer que « Dieu est lumière. »

 

Et, pour surcroît, tout cela est rassemblé dans la même scène, vu du même coup d'oeil, senti dans le même battement de coeur ; -- ô merveille, ô mystère, « ô profondeur ! »

 

Reconnaissez-le donc : le sacrifice de Jésus-Christ renferme en soi le fond de tout l'Évangile.

 

La Propitiation ou l’oeuvre du Fils (Suite et Fin)

 

Bible

Croix Huguenote

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 14:33
La propitiation ou l'oeuvre du Fils d'Adolphe Monod,(Première partie)
La propitiation ou l'oeuvre du Fils

D’Adolphe Monod,

(1ère partie)

 

« Car c'est lui qui est la propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde.  »
(1Jean 2.2)



Si nous lisions l'Évangile pour la première fois, et sans que l'habitude eût émoussé nos impressions, nous serions vivement frappés de la place qui y est donnée à Jésus-Christ mourant.

 

Demandez soit à un enfant chrétien, soit à un disciple d'un âge mûr, ce que Jésus-Christ est venu faire sur la terre: 

mourir pour nous,

 

telle sera la réponse de l'un et de l'autre ; réponse que le premier a prise à la surface des Écritures, tandis que le second l'a trouvée dans ces mêmes Écritures étudiées jusqu'au fond.

 

L'un a remarqué partout cette mort, prédite par Jésus-Christ Lui-même, mise au premier plan par les quatre évangiles, rappelée sans cesse dans les épîtres des apôtres, servant de texte à tous leurs discours, figurée par l'un et l'autre sacrement (Romains 6 ; 1Corinthiens 11).

 

L'autre a vu cette mort, servant de centre et d'âme à tous les autres actes du grand ouvrage de notre rédemption, qui semblent, soit qu'ils la précèdent ou qu'ils la suivent, n'être là que pour elle : l'incarnation n'ayant pour objet que de la préparer (Jean 12.24 ; Hébreux 2.14), la résurrection d'en attester le sens et le prix (Romains 4.25), l'ascension d'en assurer les fruits précieux (Hébreux 9.12).

 

Si la résurrection de Jésus-Christ résume tout l'Évangile comme témoignage (Actes 1.22), Sa mort le résume comme doctrine, Dieu se révélant tout entier en Jésus-Christ, et Jésus-Christ tout entier dans Sa mort :

 

« Je n'ai voulu savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié » (1Corinthiens 2.2).

 

Chose étrange, que la mort tienne le premier rang dans un livre qui a pour objet « la vie éternelle ! » que « le Prince de la vie » ne puisse nous être nommé que nous ne le cherchions expirant sur une croix !

 

Qui nous éclaircira ce mystère ? quelle est la signification et la portée d'une mort que Dieu a mise en un rang si glorieux ?

 

C'est à l'Écriture elle-même que nous l'allons demander, mais à l'Écriture prise, si Dieu nous en fait la grâce, dans cette simplicité humble et pratique dont Jésus-Christ et les apôtres ont partout donné l'exemple.

 

Je traiterai cette matière dans le même esprit que j'ai fait la Trinité : la rédemption que nous étudierons ensemble, ce n'est pas la rédemption du théologien, c'est la rédemption du petit enfant.

 

Écoutons d'abord saint Jean dans mon texte :

 

« Jésus-Christ est la propitiatin pour nos péchés »

 

Propitiation vient d'un vieux verbe propitier, qui n'est pas demeuré dans notre langue : Jésus-Christ est Celui qui nous rend Dieu propice, d'opposé qu'Il nous était à cause de nos péchés.

 

Mais à cette acception primitive du mot propitiation, l'usage des langues tant anciennes que modernes en a substitué une plus précise, qui implique le moyen par lequel Dieu est apaisé :

 

Ce moyen, c'est la mort d'une victime innocente mise à la place du coupable.

 

Aussi bien, saint Jean fait connaître dans l'un des versets qui touchent à mon texte que la vertu de propitiation qu'il attribue à Jésus-Christ réside en effet dans sa mort :

 

« Le sang de Jésus-Christ son Fils purifie de tout péché. »

 

En deux mots, Jésus-Christ est une victime offerte pour nos péchés ; Sa mort est un sacrifice expiatoire.

 

Si ce texte n'en disait pas assez par lui-même, il n'en manquerait pas d'autres pour y suppléer.

 

« Le Fils de l'homme est venu mettre Sa vie en rançon pour plusieurs » (Matthieu 20.23).

 

Il est « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29).

 

« Nous sommes justifiés par la rédemption qui est en Jésus-Christ, lequel Dieu a établi pour propitiation par la foi en Son sang » (Romains 3.24).

 

« En Lui nous avons la rédemption par Son sang, la rémission des péchés » (Éphésiens 1.7).

 

 « Il a porté nos péchés en Son corps sur le bois » (1Pierre 2.24) ; « par Sa meurtrissure nous avons été guéris. »

 

Cette dernière parole est empruntée à ce chapitre d'Ésaïe que saint Augustin appelait le cinquième évangile, et qui a révélé la vertu propitiatoire de la mort de Jésus-Christ avec une clarté que l’Alliance Renouvelée lui-même n'a pas surpassée :

 

« Il a porté nos maladies, et Il s'est chargé de nos douleurs. Nous l'avons cru puni, frappé de Dieu et humilié ; mais Il était navré pour nos forfaits, froissé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous apporte la paix a été sur Lui, et par Sa meurtrissure nous avons été guéris. Nous avons tous été errants comme des brebis, suivant chacun son propre chemin ; mais l'Éternel a fait venir sur Lui l'iniquité de nous tous...Après qu'Il aura donné sa vie en propitiation,...mon serviteur juste en justifiera plusieurs...et lui-même portera leurs iniquités » (Ésaïe 53).

 

Si je faisais un cours de théologie, il me faudrait reprendre chacun de ces passages, et en discuter un à un les termes.

 

Mais il me suffit ici d'en recueillir la pensée commune, sur laquelle on ne saurait balancer, surtout ayant affaire à l'Écriture, le plus simple et le plus populaire des livres.

 

Une rançon à payer, nos péchés à porter, la colère de Dieu à apaiser, un sacrifice offert, une victime immolée : toutes ces images diverses renferment une même idée, Jésus-Christ nous affranchissant de la peine que nous avons méritée par nos péchés, en la souffrant pour nous, « Le salaire du péché c'est la mort » (Romains 6.23), la mort physique (Romains 5.12), et la mort spirituelle (Éphésiens 2.1 et suivants).

 

Nous voici donc, « morts par nos fautes et par nos péchés, » réservés à « la colère de Dieu » (Jean 3.36) et à « la malédiction de sa loi » (Galates 3.10).

 

C'est alors que Jésus-Christ « meurt pour nos péchés » (1Corinthiens 15.3) ; le coup qui nous était destiné, Il le détourne sur lui ; Il reçoit la mort pour l'amour de nous, Lui qui a mérité la vie, pour que nous, qui avons mérité la mort, recevions la vie pour l'amour de Lui.

 

« Dieu frappe son Fils Innocent en faveur des hommes coupables, et pardonne aux hommes coupables en faveur de son Fils innocent » (Bossuet).

 

Donnez ces textes à lire à un chrétien simple : je le défie d'y trouver autre chose.

 

Que l'on se scandalise de cet échange de justice et de péché, de vie et de mort, fait entre Jésus-Christ et nous : qui pourrait s'exprimer plus nettement là-dessus que le fait saint Paul :

 

« Celui qui n'a point connu de péché, Il l'a fait être péché ce pour nous, afin que nous devinssions justes devant Dieu par Lui ? » (2Corinthiens 5.21)

 

Que l'on s'indigne à la pensée que l'innocent puisse souffrir à la place du coupable ; quelle réponse plus précise trouver à cela que celle de saint Pierre :

 

« Il a souffert, lui juste, pour nous injustes ? » (1Pierre 3.18.)

 

Que l'on tourmente tour à tour les prépositions, les substantifs, les verbes, et tous les mots du langage : on n'échappera jamais à cette alternative redoutable : ou bien forcer et fausser le langage des Écritures, ou bien reconnaître que, selon ces Écritures, la mort de Jésus-Christ est un sacrifice de propitiation qu'Il offre à Dieu pour les péchés du genre humain.

 

Mais ce n'est pas rendre justice à la mort expiatoire de Jésus-Christ que de l'appuyer sur des passages détachés, quels qu'en soient le nombre et la force.

 

Prenez les Écritures dans leur ensemble, et d'un coup d'oeil, L’Alliance Renouvelée de son côté, la Première Alliance du sien, et chacun des deux dans son rapport à l'autre.

 

Vous reconnaîtrez de la sorte que la doctrine du sacrifice, telle que nous venons de la trouver dans les Écritures, n'est pas seulement attestée par elles, mais qu'elle en fait l'âme et l'unité.

 

Le sacrifice que Jésus-Christ offre de Lui-même sous l’Alliance Renouvelée, ce n'est pas seulement un sacrifice, c'est Le sacrifice, le Vrai sacrifiée, offert « une seule fois dans la consommation des siècles » (Hébreux, chapitres 9 et 10), et auquel aboutissent, comme à leur terme commun, et répondent, comme la figure à la réalité, tous les sacrifices de la Première Alliance, dont la chaîne remonte aux premiers jours du monde.

 

Le sacrifice de Jésus-Christ dans l’Alliance Renouvelée, voilà la fin, la clef, le sens et le prix de tous les sacrifices expiatoires de la première.

 

Or, comme ces sacrifices, introduits par la première famille, continués par les patriarches, organisés par Moïse, invoqués, par les prophètes et célébrés par tout Israël, constituent le fond même du culte lévitique et de l'économie préparatoire (Psaume 50.5), il faut avouer que dépouiller la mort de Jésus-Christ de son caractère propitiatoire, c'est, tout en niant l’Alliance Renouvelée, renverser la Première, de fond en comble, en rejeter l'esprit avec la lettre et dénaturer l'histoire et la prophétie tout ensemble.

 

Que ferez-vous désormais de la victime de Pâques (Exode 12.3, etc.), si Christ n'est pas « la Pâque qui a été immolée pour nous ? » (1Corinthiens 5.7.)

 

Que ferez-vous de l'holocauste perpétuel (Nombres 28), si Christ n'est pas « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29.)

 

Que ferez-vous des sacrifices privés de valeur intrinsèque devant Dieu, tout prescrits qu'ils sont de lui, s'ils ne trouvent pas leur signification dans « l'oblation une fois faite du corps de Jésus-Christ ? » (Hébreux 10.10.)

 

De deux choses l'une, ou soutenez contre saint Paul que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés (Hébreux 10.4), ou reconnaissez que tout ce sang coulant par ruisseaux sous l’Alliance Première, appelait de génération en génération cet autre sang « qui dit de meilleures choses que n'en dit Abel 1 » par son sacrifice, d'autant que la réalité vaut mieux que la figure, et le corps que l'ombre.

 

En même temps que le rapprochement que l'Écriture établit entre les victimes immolées sous l’Alliance  et Jésus-Christ mourant achève de montrer que Sa mort est un sacrifice, Il donne aussi à connaître que ce sacrifice a une vertu réelle, à la différence de ceux de la Première qui n'avaient qu'une vertu typique.

 

Cette différence est grande.

 

Ce que les autres sacrifices représentent, la croix seule l'opère ; le pardon qu'ils proclament, elle seule le procure ; s'ils rassurent l'homme pécheur, elle seule le rachète et le sauve.

 

Aussi bien, si le sacrifice du Fils de Dieu était moins que cela, il n'eût jamais été offert, on peut l'affirmer hardiment.

 

On conçoit que, dans l'intérêt du salut de l'homme, des créatures inférieures à l'homme et formées pour son usage aient pu être livrées innocentes à la mort, pour lui mieux garantir son pardon par un spectacle qui parle à ses yeux.

 

Mais que le Fils de Dieu eût été livré à la mort sans un rapport plus profond et plus nécessaire entre Sa mort et notre pardon ; que les amertumes ineffables de la croix ne fussent que les scènes terribles d'une sorte de drame qui se jouait entre le Père et le Fils, pour rendre la proclamation de ce pardon plus vivante et plus sympathique ; en un mot, que le sacrifice de Jésus-Christ n'eût qu'une vertu déclarative au lieu d'une vertu essentielle : non, ni l'amour du Père, ni la dignité même du Fils n'autorisent une supposition si étrange, pour ne pas dire si cruelle.

 

Et quel avantage aurait alors la croix sur les sacrifices de l’Alliance donnée par Dieu à Israël ?

 

Après avoir cherché la réalité du sacrifice d'Abel dans celui de Jésus-Christ, la réalité du sacrifice de Jésus-Christ, où la chercherez-vous ?

 

Ne la cherchez nulle part, car on ne saurait remonter plus haut.

 

 

La Propitiation ou l’Oeuvre du Fils (Suite)

 

 

 

1

Hébreux 12.24. Non pas, suivant une traduction défectueuse : « de meilleures choses que n'en dit le sang d'Abel ; » mais « de meilleures choses que n'en dit Abel » par le sacrifice qu'il offre à Dieu (Genèse 4.4 ; voyez aussi Hébreux 11.4). Abel rend témoignage en figure, par son sacrifice, mais Jésus rend un témoignage meilleur, en réalité, par le grand sacrifice de lui-même.

Bible

Croix Huguenote

 

 

 

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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 07:53

 

Bible (133)

Croix Huguenote

 

5 solas logo

 

31 ¶ Alors Jésus dit aux Juifs qui avaient mis leur foi en lui :

–– Si vous vous attachez à la Parole que je vous ai annoncée,

vous êtes vraiment mes disciples.
32 Vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres.
33 –Nous, lui répondirent–ils, nous sommes la postérité d’Abraham,

nous n’avons jamais été esclaves de personne.

Comment peux–tu dire : « Vous serez des hommes libres ? »
34 –Vraiment, je vous l’assure, leur répondit Jésus,

tout homme qui commet le péché est esclave du péché.
35 Or, un esclave ne fait pas partie de la famille,

un fils, lui, en fait partie pour toujours.
36 Si donc c’est le Fils qui vous donne la liberté,

alors vous serez vraiment des hommes libres.

JEAN 8.31-36

 

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, amen.

 

Le 31 octobre 1517, un moine allemand, Martin Luther, cloua une feuille contenant 95 Thèses sur la porte de l'église de Wittenberg.

Luther en avait assez du commerce des indulgences, des feuilles de papier que le Pape vendait en faisant croire aux gens qu'ils pouvaient ainsi acheter leur salut ou celui de leurs parents décédés.

Non, disait Luther, ça ne peut plus durer.

Le salut que Dieu donne est gratuit, il ne vient pas en faisant de bonnes œuvres ou en achetant un bout de papier au Pape : pour être sauvé, il suffit de croire que Jésus-Christ est mort pour nous !

Seulement, voilà, aujourd'hui, la Réforme n'est plus très populaire.

Nous sommes à l'heure de l'œcuménisme, on est devenus "super-copains" avec l'église catholique romaine, et ils sont nombreux, y compris parmi les "protestants" (qui ne le sont souvent que de nom, nota refuge Protestant : tout comme beaucoup de ce que l'on pourrait appeler aujourd'hui de neo evangélique  comme on le voit tristement au sein du dit cnef ) qui regrettent bien que la belle unité de l'Eglise médiévale ait été rompue.

Bien sûr, on oublie que l'unité de l'Eglise n'existait déjà plus depuis longtemps, puisque les Orthodoxes vivaient séparés de Rome depuis 5 siècles, mais on préfère oublier ce détail !


Je crois, je suis persuadé en fait, que cette façon de voir les choses obscurcit totalement ce qui a été et qui demeure le sens de la Réforme.  

La Réforme, ce n'est pas Martin Luther ou qui que ce soit d'autre.

A l'extrême limite, Martin Luther même nous importe peu sinon Christ Seul.

Il y a un tableau qui résume tout ceci dans la peinture de Cranach l'Ancien qui se trouve dans l'église de Wittenberg.

 

cranach luther

Titre de l'image :

Lucas Cranach l'Ancien -

Martin Luther Predella prêchant à l'autel de Cranach

dans l'église urbaine Wittenberg

 

 

Tout à fait à gauche du tableau, on voit un groupe de femmes, d'hommes et d'enfants.

Tout à fait à droite, on voit Luther dans sa chaire, Bible ouverte, qui montre du doigt quelque chose.

Ce quelque chose, qui occupe tout le centre du tableau, c'est Christ crucifié.

Voilà ce qu'a été la Réforme, remettre Christ au cœur de la vie de l'Eglise et des croyants !

Depuis trop de siècles, l'Eglise avait été contaminée par la corruption, l'immoralité et les superstitions.

Depuis trop de siècles, le message fondamental de notre foi, le pardon complet offert à ceux qui croient en Jésus avait été obscurci ou déformé au profit d'une religion des œuvres !

Mais Dieu a permis que sa Parole droitement prêchée retrouve toute sa place et que la Vérité soit à nouveau annoncée pour le grand réconfort des âmes troublées.

La Réforme, n'a jamais voulu être une rupture, et encore moins une révolution !

La Réforme ressemblerait à une sorte de vieux chapeau aplati, il faut lui redonner sa forme !

C'est ce que Luther a voulu faire pour l'Eglise : la ramener à la source biblique, éliminer les déformations et reprendre une droite ligne.

C'est ce que ne comprend pas un certain protestantisme où sous prétexte que "l'église de la Réforme doit toujours se réformer" a depuis longtemps abandonné la foi véritable pour tomber dans le relativisme doctrinal et moral, quand ce n'est pas dans l'apostasie pure et simple !

"l'église de la Réforme doit toujours se réformer", c'est vrai, mais cette réforme doit se faire selon la Bible, reconnue comme source suprême d'autorité et non pas selon les diktats d'un rationalisme et d'un humanisme laïc destructeurs !

Jésus nous dit en Matthieu 10.34 "je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, mais le glaive".

Paroles en apparence choquante quel que peu, mais Christ a toujours été clair :

Son Message, que l'on ne se méprenne jamais à ce sujet, provoque et provequera la division entre ceux qui l'acceptent et ceux qui le rejettent.

Voilà pourquoi, lorsque l'Evangile est fidèlement prêché, il y a conflit.

Conflit entre Luther et le Pape. Conflit entre Calvin et les Libertins. Conflit entre les croyants et les autres. Conflit entre la vie et la mort. Conflit entre la vérité de l'Evangile et l'erreur.

L'état de l'Eglise en Occident, le faible nombre de chrétiens authentiques peut parfois nous décourager.

Quand c'est le cas, repentons-nous, car alors nous avons jugé le Royaume de Dieu selon les critères des hommes.

Le Royaume de Dieu se trouve dans la petitesse et l'humilité, pas dans les bâtiments somptueux et les budgets de plusieurs millions !


Repentons-nous mais réjouissons-nous aussi.  

Car la Réforme, en remettant la Bible au centre, nous a permis d'entendre la merveilleuse Nouvelle de l'Amour de Dieu pour nous.

Dans cette vie souvent si impitoyable, vous savez que vous pouvez vous approcher d'un Dieu Plein de Grâce, qui n'exige rien de vous.

Dans le Royaume de Dieu, il y de la place pour tous ceux qui croient !

Voilà la Bonne Nouvelle que la Réforme a retrouvé dans les pages de la Bible qu'elle a rendue au peuple !

Voilà la Bonne Nouvelle qui est le cœur de la foi de l'Eglise fidèle !

Voilà la Bonne Nouvelle que le Seigneur nous demande d'aller annoncer à tous ceux qui, aujourd'hui, chez nous, se retrouvent dans des ténèbres spirituelles encore plus grandes que celles du Moyen-Age !

Alors armons-nous, sachons utiliser l'épée de l'Esprit, la Sainte Bible, venons souvent à la Table Sainte nous nourrir du corps et du sang du Sauveur.

C'est Lui qui mène son Eglise et nous assure de Son Aide et Soutien.

 

 

 

Eglise Protestante & Luthérienne du Poitou

Bible (56)

Eglise Luthérienne Poitou

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source :  Blog Luthérien du PoitouEglise Luthérienne Poitou

 

 

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 10:19
La prière secrète et sa récompense publique d'Ernest Dhombres(1ère partie)

(Par Ernest Dhombres)

 

Toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, ta chambre et ayant fermé la porte, prie ton Père qui est dans ce lieu secret, et Ton Père, qui te voit dans le secret, te récompensera, publiquement. (Matthieu 6.6) 

 

 

Dans les paroles de notre texte, Jésus-Christ, préoccupé des erreurs du légalisme froid,  répandues comme des miasmes impures dans l'atmosphère de son temps, a voulu, avant tout, flétrir cette piété tout extérieure, cette dévotion formaliste qui s'affiche, s'étale, avide du regard des hommes plus que du regard de Dieu et qui n'est que le pompeux déploiement du néant.

 

Mais les paroles de Notre Sauveur ont aussi une portée positive : Il prescrit le recueillement, la prière secrète ; Il institue le culte individuel ; Il nous invite à dresser en l'honneur de Dieu, au-delà de l'autel des adorations publiques, au-delà de l'autel du foyer domestique, un autel solitaire dans le fond même du cœur et de la vie.

 

C'est dans ce sens que nous entendrons et développerons la parole de Jésus-Christ montrant d'abord la nécessité du recueillement et de l'adoration individuelle, ensuite la récompense publique que le Seigneur réserve à la prière secrète.
 

Tout tend, de nos jours surtout, à nous répandre au dehors.

 

A d'autres époques, il y avait place pour les longues méditations, pour l'étude de soi-même et pour la recherche des choses d'en haut.

 

Mais aujourd'hui, il y a comme une universelle conspiration contre la vie intérieure.

 

Le mouvement de la vie est si rapide et si intense, la sphère de chacun de nous, depuis le plus grand jusqu'au plus petit, s'est tellement agrandie et compliquée, qu'en vérité, tout nous distrait, tout nous dissipe, tout nous disperse, tout travaille à nous faire sortir de nous-mêmes, comme cette force du monde matériel qui tend à projeter les corps hors de leur centre ; et lorsque, dans de trop rares instants, nous rentrons dans notre for intérieur, le retentissement du dehors nous poursuit jusque dans la solitude, et notre repos lui-même n'est que le reflet de nos agitations.

 

Il y a là un sérieux péril.

 

Et s'il ne se produisait pas une réaction énergique et continue contre cette tendance, comme dans le monde physique une autre force que celle qui nous éloigne de nous-mêmes ne venait pas nous y ramener, -- en vérité, il y aurait de quoi regretter tout le mouvement de la civilisation contemporaine ; car nous l'aurions payé bien cher, nous l'aurions payé au prix de la véritable dignité, de la véritable valeur de la vie humaine.

 

En effet du sein de cette agitation permanente, on touche à tout et l'on n'embrasse rien.

 

On jette et on épargne, pour ainsi dire, son être moral en mille directions, au lieu de se concentrer en un courant unique et puissant.

 

L'individualité, ce secret de la force, ce ressort des caractères, va s'usant et s'affaiblissant ; on ne pense plus par soi-même, on n'est plus que le servile copiste de ce qui se dit ou se fait autour de nous, et l'on ressemble, comme on l'a justement observé, à ces monnaies banales dont l'empreinte s'efface dans une circulation incessante.

 

En un mot, on est emporté dans le tourbillon, on s'agite, on se travaille, mais on ne vit pas.

 

Quels sont les hommes qui ont vécu ?

 

Ce sont ceux qui ont eu une pensée, une volonté, un but déterminés.

 

Ceux-là se sont repliés sur eux-mêmes, comme dans une forteresse bien armée et bien approvisionnée.

 

De là ils se sont jetés dans la mêlée humaine avec un dessein arrêté, avec une idée, un sentiment, une passion qui les possédait, exerçant l'influence au lieu de la subir, dominant les circonstances au lieu de se laisser dominer par elles.

 

Ces hommes-là seuls ont vécu.

 

Ainsi donc, même à un point de vue purement humain, il faut que la réflexion précède et prépare l'action, il faut que la vie intérieure soit la source féconde de la vie extérieure.

 

A combien plus forte raison pour la vie chrétienne, pour la vie spirituelle, qui, si elle doit se déployer au dehors en activité, en fruits, en œuvres, doit, avant tout, naître et se former au dedans ;

 

-- pour la vie spirituelle, que le monde non seulement ne crée point, mais tend sans cesse à affaiblir et à détruire

 

-- pour la vie spirituelle, plante céleste et délicate que l'Esprit seul peut faire germer et fleurir en nous !

 

Ce n'est que dans le recueillement et la prière solitaire, que nous pouvons rentrer en nous-mêmes, et arriver à cette sincérité absolue, à cette situation vraie vis-à-vis de nous-même et vis-à-vis de Dieu, qui est le premier pas vers le royaume des cieux.

 

Là seulement, loin de la fascination du monde visible, le monde invisible et Dieu descendent vers nous et nous montons vers eux.

 

Là seulement s'éprouvent les saintes douleurs de la repentance, et les saintes joies du pardon.

 

Là seulement, tout intermédiaire, tout obstacle étant supprimé entre nous et Dieu, nous pouvons goûter le don céleste et les puissances du siècle à venir.

 

Si nous voulons vivre de la vie cachée avec Christ en Dieu, sachons nous ménager, au milieu même de la vie la plus occupée, des heures de recueillement et de retraite.

 

Ma Soeur, mon Frère, entre dans ton cabinet, ta chambre, fermes-en la porte à toute distraction du dehors, et là, prie ton Père : prie ton Père !

 

Voilà la différence entre l'homme simplement sérieux et le chrétien.

 

Le premier réfléchit, médite et se recueille.

 

Le second réfléchit, médite, se recueille...mais il prie !

 

Après s'être recueilli, il se tourne vers Dieu, il Le cherche, il s'appuie sur Lui, il implore Sa Lumière et Sa force.

 

Sa solitude est une auguste société avec le Père des esprits : son monologue est un dialogue entre l'enfant de la poudre et le Dieu des cieux !

 

Et quelle ressource religieuse, pourrait remplacer cet ineffable commerce entre l'âme et son Dieu ?

 

Ce malade, dont les jours sont sans repos et les nuits sans sommeil, à qui confiera-t-il ses douleurs, ses faiblesses, ses découragements, ses longs ennuis ?

 

A qui portera-t-il sa plainte monotone -- si ce n'est à ce Pasteur d'Israël qui ne sommeille jamais, qui ne sera jamais fatigué de l'entendre et auquel il peut dire comme David :

 

Tu enverras ta gratuité durant le jour et ton cantique sera avec moi durant la nuit ? 

 

Cet homme en perplexité, appelé à prendre une décision qui engage son avenir, celui des siens et la gloire de Dieu elle-même, et qui n'aperçoit pas sa route...à qui demanderait-il la lumière et la force, si ce n'est à Celui pour qui l'inconnu est connu, les ténèbres lumière, l'avenir présent, et qui le soutient par ces paroles consolantes :

 

Le cœur de l'homme délibère de sa voie, mais Dieu conduit ses pas. Je te rendrai avisé, je t'enseignerai le chemin que tes pas doivent tenir ?

 

Et cette âme froissée, n'ayant personne à qui s'ouvrir ici-bas, enlevez-lui ces confidences qu'elle peut faire à ce Souverain Sacrificateur, qui a été tenté comme nous en toutes choses, et vous lui aurez enlevé ce qui lui donne encore la force de vivre !

 

Mais ce sont là ce qu'on pourrait appeler, les solennités du culte individuel, car il a ses grands jours comme le culte public et le culte domestique...

 

Mais quoi ! ô mon âme, te faudra-t-il la pression de circonstances exceptionnelles pour te rapprocher de Dieu et t'amener à ses pieds ?

 

Quoi ! Ne pourras-tu, sans occasion impérieuse, te tourner vers Lui, comme la fleur cherche le soleil, ou l'enfant le sein de sa mère ?

 

Et, s'il faut absolument des dons pour te révéler le Donateur suprême, n'en tombe-t-il pas sur ton sentier, chaque jour, une rosée assez abondante, pour que, comme la rosée des campagnes, descendue du ciel, elle remonte au ciel, et qu'elle entretienne  au fond de ton cœur une adoration permanente ?

 

Aussi les saints hommes de Dieu de tous les temps, ont-ils uni aux prières avec leurs frères, aux prières de circonstance, la prière habituelle et personnelle.

 

Si un Abraham intercède en des jours solennels pour Sodome et Gomorrhe, si partout où il dresse sa tente, il dresse avec les siens un autel au Seigneur, il cherche, seul, la présence de Dieu sous les chênes de Mamré.

 

Si un David invoque son Dieu avec une ferveur redoublée aux jours de son crime et de son repentir auprès de la couche où meurt son jeune enfant, à la veille d'une bataille...que sont la plupart de ses psaumes, si ce n'est l'expression, et comme l'épanchement de ses prières solitaires et permanentes ?

 

Si un Daniel, aux approches de la délivrance de son peuple, cherche à faire requête avec le jeûne, le sac et la cendre, nous le voyons à Babylone prier régulièrement trois fois par jour en ouvrant ses fenêtres du côté de Jérusalem.

 

Parlerai-je de saint Paul, nous laissant voir dans ses Épîtres la trace si marquée de ces prières presqu'incessantes, dans lesquelles il fait continuellement mention de ses frères de Rome, de Corinthe, de Philippes, d'Éphèse -- ou de saint Pierre, rendant à Dieu son culte matinal sur la terrasse de Joppe, entre l'infini de la mer et l'infini des cieux ?

 

(Suite 2ème partie ) La prière secrète et sa récompense publique par Ernest Dhombres

 

Bible

Croix Huguenote

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 10:17
La prière secrète et sa récompense publique d'Ernest Dhombres (2ème partie)

Toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, ta chambre et ayant fermé la porte, prie Ton Père qui est dans ce lieu secret, et Ton Père, qui te voit dans le secret, te récompensera, publiquement. (Matthieu 6.6)  (Suite 1ère Partie)


 

Après les serviteurs, parlerai-je du Maître Lui-même ?

 

Voyez, le soir est venu, les ombres de la nuit enveloppent les plaines et les monts de Galilée.

 

Jésus s'est dépensé, de l'aube du jour à son déclin, dans le soulagement de toutes les misères.

 

Va-t-Il chercher un lieu où reposer sa tête fatiguée ?

 

Non, mes frères, Il monte sur la montagne et Il prie ! Il prie !

 

O profondeur, ô mystère de la prière du Fils !

 

Mais, si cette prière Lui est nécessaire, que sera-ce donc pour nous ?...

 

Et cependant, qu'ils sont rares ceux qui se recueillent et qui prient  réellement !

 

Dès les premiers moments du jour, l'activité terrestre nous saisit comme une proie : affaires ou plaisirs, soucis de toute sorte, courses, visites, lectures, conversations, s'emparent de nous et dévorent toutes nos heures, jusqu'au moment où l'esprit et le corps épuisés se laissent tomber dans un lourd sommeil.

 

Et l'on recommence le lendemain cette vie haletante, sans recueillement et sans prière.

 

Dans l'Église, même prédominance, croissante et abusive, de la vie, extérieure sur la vie intérieure !

 

On s'empresse aux prédications, plus désireux d'entendre une parole éloquente que d'édifier son âme, on court de réunion en réunion, de comité en comité, on s'occupe avec un intérêt souvent superficiel d'une foule d'œuvres chrétiennes, on prend une part légitime sans doute mais périlleuse aux grandes luttes actuelles...

 

Mais où sont les âmes qui cherchent et cultivent la présence de Dieu ?

 

Où sont les Marie assises aux pieds de Jésus-Christ, écoutant sa parole ?

 

Où sont les Moïse, les Aaron et les Hur, priant sur la montagne, tandis que Josué croise le fer dans la plaine ?

 

Et ne sont-ce pas ceux qui sont le plus engagés dans la mêlée brûlante qui doivent le plus prier, pour qu'il leur soit donné de combattre avec les seules armes de Dieu : la vérité et la charité ?

 

Hélas ! Le Seigneur ne pourrait-Il pas dire aux chrétiens de nos jours :

 

Est-il possible que vous n'ayez pu veiller une heure avec moi ?...

 

Il faut reprendre au monde et rendre au Seigneur cette heure sainte !

 

Il faut comprendre enfin que rien ici-bas ne peut remplacer ce tête-à-tête de l'âme avec son Dieu : ni prédication, ni réunion intime, ni visite chrétienne, ni lecture édifiante !

 

Entre dans ton cabinet, ta chambre,  et, ayant fermé fa porte, prie ton Père qui est dans ce lieu secret.

 

Et le Seigneur ajoute :

 

Ton Père qui te voit dans le secret te récompensera publiquement.

 

C'est là, mes chers frères, ce qui me reste à vous dire.


Au flanc des Alpes, sous la voûte bleuâtre d'un glacier, dont les couches profondes résistent depuis des siècles à l'action des rayons du soleil, une source coule goutte à goutte.

 

L'onde obscure qu'elle épanche se précipite du haut de la montagne à travers les rochers et les précipices.

 

Elle parcourt une longue vallée, fleuve étroit et fangeux encore.

 

Elle rencontre un lac où elle se purifie et semble s'endormir.

 

Elle en ressort, fleuve majestueux et d'un limpide azur, baignant sur son passage de vastes cités ou d'humbles hameaux.

 

Et tandis qu'une faible portion de ses eaux fertilise mille jardins, alimente mille industries, le fleuve porte entre ses larges rives des barques légères ou de pesants navires, jusqu'à ce qu'enfin il se perde par mille bras dans la vaste mer, après avoir été sur tout son parcours un agent puissant de circulation, de fécondité et de vie.
 

Mais d'où vient le fleuve aux nappes abondantes ?

 

N'est-ce pas de la source cachée dans les cavernes du glacier ?

 

Que la source vienne à tarir et le fleuve s'arrête entre ses rives désolées.

 

Nous l’avons compris, la source, c'est la prière secrète, alimentée sans cesse par les eaux du ciel.

 

-- Le fleuve, ce sont les bénédictions visibles et publiques, attirées par cette prière et manifestées dans la vie du chrétien.

 

N'avons nous jamais admiré, chez cette femme chrétienne, le calme supérieur avec lequel elle traverse les difficultés, les peines, les tentations, les écueils de chaque journée ?

 

Forte et sereine, elle sait se garder de toute domination, de toute violence et faire régner dans son intérieur, en même temps que l'ordre et le travail, je ne sais quelle atmosphère de paix solide et bien fondée.

 

Elle fait du bien à son mari tous les jours de sa vie et jamais du mal.

 

Elle élève ses enfants dans la crainte de Dieu, dans la soumission et le respect envers leur père et leur mère.

 

Elle se livre au dehors et au dedans à une activité prodigieuse, mais sans agitation et sans fièvre.

 

On vient vers elle, et à la vue de cet intérieur si bien ordonné, de ces devoirs si bien remplis, on se fait du bien à l'âme, et on se demande avec envie,le secret de tant d'énergie et de sérénité.

 

-- Celle-ci est bien faible peut-être, délicate, maladive, et on dirait à la vue de son fardeau : il est plus grand qu'elle ne peut le porter.

 

Mais elle le porte cependant ; peu à peu les difficultés se dénouent, les montagnes s'aplanissent ; elle fait dans l'infirmité ce que tant d'autres ne font pas dans la force.

 

Dans sa maison, elle surveille, dirige et charme son intérieur ; au dehors même, elle s'occupe avec une sympathie ingénieuse et efficace du pauvre, du malade, de l'affligé.

 

Quel est donc son secret, dites-vous ?

 

Son secret, comme celui de sa compagne, plus forte mais non plus fidèle, c'est la prière solitaire.

 

L'une et l'autre, dès le matin, se sont approchées du Seigneur, elles ont cherché sa face, elles lui ont présenté leurs devoirs et leurs tentations, et c'est avec Lui qu'elles sont entrées dans la tâche et dans les périls de la journée.

 

-- Voilà leur secret, il n'y en a pas d'autre :

 

Prie ton Père qui voit dans le secret. Et ton Père qui voit dans le secret, te le rendra publiquement !

 

Regardons cet homme, ouvrier ou magistrat, se livrant à l'humble travail de l'atelier ou aux nobles occupations de la vie publique.

 

Que de difficultés, petites ou grande vont se rencontrer sur ses pas !

 

Que de tentations vont surgir !

 

Que d'occasions s'offriront à lui de s'enfler ou de s'abattre, de s'irriter contre les hommes et les choses !

 

Mais il reste calme, ferme, toujours fidèle à Dieu et à sa conscience.

 

Le succès ne l'éblouit point, l'épreuve ne le trouble point.

 

Dans les heures critiques et obscures, il voit son chemin et le suit sans hésiter.

 

Au foyer domestique comme dans la société de ses frères, il est pour ceux qui l'entourent un homme de bon conseil, une force et une lumière...

 

D'où lui vient donc cet esprit de sagesse et d'intelligence, de conseil et de force qui conduit tous ses pas, cette paix qu'il éprouve et qu'il communique, et ce secours qui ne lui manque jamais dans le temps convenable ?

 

-- D'en haut, par la prière.

 

Si nous pouvions suivre cet homme dans le secret, nous le verrions, dès le matin, cherchant dans la solitude la présence de Dieu, et s'entretenant avec lui face-à-face, nouveau Moïse, comme un ami avec son ami.

 

C'est là qu'il se prépare aux éventualités de chaque jour.

 

C'est là qu'il reçoit chaque jour de son Dieu ce mot consolateur :

 

Ma grâce te suffit !

 

Et il recueillera à toute heure les fruits de sa prière secrète :

 

Prie ton Père qui est dans ce lieu secret, et ton Père qui te voit dans le secret te le rendra publiquement !

 

Parfois, c'est sur un théâtre plus vaste qu'apparaissent les bénédictions de la prière solitaire ; et la publicité de la récompense est plus manifeste et plus éclatante.

 

Aux jours les plus difficiles de la guerre de l'Indépendance américaine, Washington, général improvisé, montrait un sang-froid et une supériorité militaire qui commandaient l'admiration.

 

Un observateur superficiel aurait pu attribuer ses succès à la seule prudence humaine, à l'intuition du génie, à cette exaltation patriotique qui fait sortir du sol des héros et des légions, ou au hasard des batailles.

 

Mais l'histoire raconte que, campé en un lieu qu'on appelait la Forge de la Vallée, Washington se dirigeait seul tous les matins vers un bouquet d'arbres à une certaine distance du camp.

 

Des officers eurent un jour la curiosité de le suivre.

 

O surprise le libérateur de l'Amérique fléchissait le genou devant l'Eternel des armées !

 

La prière, telle était donc l'inspiration de ce grand général, de ce grand citoyen !

 

(...) -- Et puis, souvenons nous des prières de Washington, souvenons nous des prières antérieures de ces Puritains qui ont fondé la république du Nouveau-Monde au cri de Dieu et liberté !

 

-- Et posons nous la questions si nous ne voyions pas là dans toute son étendue la réalisation de la promesse du Sauveur :

 

Prie ton Père qui est dans le lieu secret, et ton Père qui est dans le secret te le rendra publiquement !

 

Dans toute son étendue, ai-je dit ? Non.

 

Ici-bas nous n'apercevons que quelques-uns des effets de la prière.

 

Que sera-ce dans l'éternité ?

 

C'est là, quand tous les voiles seront levés, et quand tous les secrets seront découverts, quand les pleines clartés de la vue auront remplacé les obscures lueurs de la foi, c'est là qu'apparaîtront toutes les bénédictions de la prière solitaire.

 

Pauvre frère, malade ou infirme, condamné à une inaction douloureuse, qui ne peux plus travailler pour ce qui t'est le plus cher, l'avancement du règne de Dieu, tu crois peut-être que tu fatigues la terre d'un poids inutile et tu te demandes pourquoi le Seigneur te laisse encore ici-bas ?

 

Pourquoi, mon frère ?

 

Pour prier ! Pour te livrer au travail à genoux, comme l'appelait une femme chrétienne.

 

Prie pour ton âme, afin qu'il te soit donné de rendre jusqu'à la fin un bon témoignage.

 

Prie pour l'âme de ceux qui te sont chers. Prie pour ce cœur que la grâce de Dieu presse et qui ne se rend pas.

 

Prie pour cette intelligence égarée, qui en égare tant d'autres !

 

Prie, dans ces temps difficiles, pour l'Église et pour ses conducteurs ! Prie et ne te lasse point... et là-haut tu contempleras des fruits inattendus, merveilleux de tes prières !

 

Pasteur obscur d'une obscure paroisse, tu dis peut-être avec découragement : à d'autres les succès et les bénédictions, pour moi ma force est perdue, j'ai travaillé sans fruit...

 

Mais ton cabinet est un cabinet de prière.

 

C'est là que tu présentes sans cesse au Dieu de Jésus-Christ ton œuvre qui te semble stérile, et ton champ où ne blanchit aucune moisson.

 

Prie, mon frère, avec confiance ! Prie pour toi-même et pour ton troupeau !

 

Prie pour les serviteurs auxquels le Maître a confié des postes plus apparents, mais plus dangereux pour leur âme ! Prie avec persévérance et avec foi !

 

...Et le dernier jour dira peut-être que tu as plus fait par tes humbles prières pour le règne de Dieu, que le docteur plein de savoir, et que le prédicateur le plus distingué par son éloquence !

 

Chrétiens, ne serons-nous pas humiliés d'abord, et puis relevés par ces merveilleuses promesses ?

 

Ne voudrons-nous pas attirer par nos prières, sur nous, sur notre famille, sur l’Église, sur notre patrie, ces grâces sans nombre que Dieu nous cachera peut-être dans le temps, mais qu'il nous révélera dans l'Éternité ?

 

Ne voulons-nous pas, dès aujourd'hui et chaque jour, dérober à la tyrannie des affaires, au tourbillon de la vie extérieure, à l'inertie ou à la frivolité, une heure régulière pour le recueillement et l'adoration ?



Il se fit dans le ciel un silence d'environ une demi-heure, lisons-nous dans le livre de l'Apocalypse (1).

 

Ce silence est bien rare, a dit un chrétien dans le ciel des âmes.

 

Qu'il ne soit pas rare pour nous, mes bien-aimés frères !

 

Sachons faire silence pour écouter Dieu.

 

Et dans ce silence sacré, parle-nous, Seigneur ; fais plus, descends toi-même vers nous !

 

Et donne-nous de recueillir de cette communion assidue, pour nous, l’Eglise, l’entourage, grâce sur grâce pour le temps et pour l'éternité !



Amen.

Ernest Dhombres

Ernest Dhombres,

Pasteur Protestant Réformé

 

 



(1)
Apocalypse 8.1

 

Bible (134)

Croix Huguenote

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2 novembre 2013 6 02 /11 /novembre /2013 16:22
Pierre Courthial par Paul Wells (La Revue Réformée)

La Foi Réformée, c’est la foi qui veut rendre à Dieu la gloire qui lui est due. La Foi Réformée selon la Parole de Dieu, c’est la foi qui veut tout rendre à Dieu, tout rendre à Jésus-Christ; qui veut que tous les aspects de l’existence et de la pensée humaines soient soumis à celui qui doit tout emmener derrière son char triomphant[1].

 

 

C’est la bonne providence de Dieu qui m’a accordé le privilège de travailler avec Pierre Courthial dès l’origine de la Faculté d’Aix, d’être son interlocuteur quotidien pendant son décanat et de rester son ami proche lorsqu’il a pris sa retraite[2].

 

Comment brosser un tableau juste et satisfaisant de Pierre Courthial ?

 

Plusieurs ont essayé de le faire en ces pages.

 

En lisant ces témoignages riches, certes, ainsi que le récit passionnant de la vie mouvementée et complexe de Pierre Courthial, on a vraiment l’impression d’être devant un phénomène impossible à cerner.

 

Pierre Courthial avait une personnalité débordante de vie, qui impressionnait par sa chaleur, l’acuité de son intelligence, la force de ses convictions, sa spontanéité, son intégrité et par la fidélité sans faille qui, sa vie durant, lui a fait tenir ses engagements.

 

Tout ce que l’on peut dire de lui n’est que l’ombre de la réalité.

 

Balzac, en dix pages, aurait à peine réussi à effleurer la richesse de cette personnalité.

 

Pierre Courthial avait une autorité naturelle dont le sérieux impressionnait.

 

Dans n’importe quel milieu autre que l’Eglise protestante, où les qualités personnelles sont souvent peu appréciées et même inquiètent lorsqu’elles correspondent à des convictions fortes, il aurait appartenu à l’élite.

 

Un intellect scintillant, un langage vif et fluide, une vraie générosité envers les autres, un amour de la vérité et un désir de la défendre sans s’écarter du cadre biblique jamais perçu comme un carcan, telles sont quelques-unes des caractéristiques de ce frère.

 

A cela, il faut joindre un humour qui me plaisait bien; personne plus que lui n’aimait une bonne blague, surtout si c’était autour d’un repas « lyonnais ».

 

C’est ainsi qu’il m’a recommandé non seulement les labyrinthes de la pensée de Serge Boulgakov, mais aussi Le dîner de c... et, en parlant des affaires ecclésiastiques ou des « apparatchiks » du protestantisme, il faisait référence, avec un clin d’œil, au film Le temps ne fait rien à l’affaire.

 

Pierre Courthial s’intéressait aux êtres humains dont il était proche, malgré une apparente réserve ; il observait leurs grandeurs, leurs misères et leurs folies.

 

Il lisait beaucoup, son insatiable curiosité encyclopédique le conduisant dans de nombreux domaines, y compris celui des mathématiques !

 

« Je suis un glaneur impénitent », disait-il.

 

C’est sans doute la raison pour laquelle il a été poussé à adopter des idées peu communes, pour un théologien français, sur la théonomie ou le textus receptus.

 

Il considérait que tout (sauf la vulgarité) appartenait aux richesses de la création et relevait de la grâce commune de Dieu.

 

Quelques mois avant sa mort, comme je lui rendais une de mes visites régulières, rue Varet, il était toujours capable d’évoquer ce qu’il avait lu dans Etienne Gilson durant les années 1930.

 

Sa mémoire était étonnante.

 

Mais derrière cette personnalité tellement attachante, il était impossible de ne pas discerner une tristesse poignante due à l’incompréhension de ses contemporains dans le protestantisme qui ou n’ont pas su le comprendre, ou ont fait la sourde oreille à ses interpellations.

 

Courthial a suivi la ligne d’Auguste Lecerf, de Pierre Marcel et a partagé le mépris ou/et le rejet qui a été le sort de ses collègues.

 

Il rappelait que Marcel qui avait été nommé professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris a, ensuite, été récusé par le Synode, qui lui a préféré Georges Casalis[3].

 

Un jour où notre doyen respecté est allé faire, exceptionnellement, un cours à la Faculté de théologie de Montpellier, on s’est moqué de lui !

 

A-t-il cherché cela ?

 

En partie peut-être, car Courthial n’était pas tendre envers les institutions.

 

Pour lui, plus grand était l’appareil, plus grands étaient l’ambition, la fuite dans de fausses sécurités institutionnelles, le recours à la langue de bois et les possibilités de mal agir.

 

Il a aimé son Eglise – son plaisir n’a duré qu’un instant en 1938 et son chagrin toute sa vie – mais il se méfiait de son institutionnalisme excessif, de ses prétentions pseudo-intellectuelles, dont il parlait parfois librement et sévèrement.

 

L’unité qu’il affectionnait était plus large, plus spirituelle et correspondait à une vision du Royaume où tout est à Christ partout[4].

 

Mais que fait-on d’un prophète ?

 

Car Courthial en était un ; ses avertissements et ses analyses sur le déclin des Eglise réformées se sont confirmés malheureusement d’année en année face à la surprenante politique de l’autruche de ses « grands prêtres ».

 

On peut mettre un prophète à mort, c’est biblique mais d’un autre temps ; on peut obtenir le même résultat par l’exclusion et la mise à l’index.

 

Courthial disait parfois, en plaisantant, qu’il était préférable qu’on parle de vous en mal plutôt que de n’en rien dire.

 

Comment ne pas regretter que les capacités d’un Courthial aient été « mises au placard » dans son Eglise !

 

Sait-on assez qu’après avoir été le plus jeune délégué au Synode constituant en 1938, il n’a jamais plus été délégué à un synode national de l’Eglise réformée de France ?

 

Quel dommage ! Il est vrai que Courthial a fini par devenir un ennemi du fameux préambule à la confession de foi votée en 1938, et a reconnu que son adhésion initiale avait été une erreur de jeunesse.

 

Je l’ai entendu débattre de ce sujet avec Jean Cadier avec lequel il avait beaucoup de points d’accord – tout Calvin ! – mais ce point essentiel les séparait.

 

Dans une France qui s’est sécularisée à vive allure à partir de 1968 (au revoir les curés !), les convictions de Pierre Courthial rendaient impossibles la reconnaissance et l’utilisation de ses dons ou de ses capacités.

 

S’il avait vécu au XIXe siècle, Courthial aurait figuré aux côtés des Spurgeon, au XVIIIe des Whitefield, au XVIe, des Calvin, Luther et Bucer, ou au IVe des Athanase.

 

Au XXe, le christianisme en Europe a connu non pas un réveil, mais un déclin progressif.

 

Qui voudrait prendre au sérieux un pasteur-théologien qui souhaitait que l’Eglise « se réforme selon la Parole de Dieu » ?

 

Le plus navrant est que les Eglises réformées en France, dont la sécularisation s’effectuait à un rythme voisin de celui de la société, mais toujours à sa remorque, comme le remarquait Jean Brun, l’ami de Courthial, (ne fallait-il pas sacraliser le monde et séculariser l’Eglise dans l’idéologie du moment ? – et maintenant, c’est fait), n’ont pas été capables de reconnaître, comme cela aurait été souhaitable pour le témoignage des Eglises, le ministère et l’engagement d’un Pierre Courthial.

 

La théologie de Courthial a pris progressivement ses distances avec les modes du moment, y compris avec la pensée de Karl Barth, qui lui apparaissait comme un crypto-libéral.

 

Pierre Courthial a donc recherché la communion spirituelle avec le mouvement évangélique naissant en France, avec John Stott et James I. Packer, dont il appréciait la lutte dans l’Eglise d’Angleterre, avec le Mouvement de Lausanne.

 

Il a largement contribué à l’essor de la revue Ichthus avec Henri Blocher et Marie de Védrines, à la Fête de l’Evangile dans les Arènes de Nîmes…

 

Lorsqu’il a répondu à l’appel de la Faculté d’Aix en 1973, Courthial a scellé son sort en choisissant de se marginaliser par rapport à son Eglise, tout en restant inscrit sur son rôle.

 

Avait-il bien mesuré que cela lui mériterait le rejet ou, au moins, une chape de silence sur la nouvelle institution, la politique officielle envers la Faculté dès le début ?

 

Il a toujours espéré que son geste prophétique serait une interpellation pour son Eglise; c’était là son rêve permanent, qui ne s’est jamais réalisé.

 

Courthial était lucide en ce qui concerne le pluralisme théologique et les ravages qu’il ferait dans l’Eglise.

 

En effet, dès lors qu’on accepte que la vérité soit relative, plus aucune limite n’existe dans le domaine doctrinal ou éthique.

 

Une connaissance objective de la vérité fondée sur l’Ecriture sainte est jugée impossible.

 

Le pluralisme peut accueillir toutes les conceptions à l’exclusion de celle qui soutient une théologie fondée sur l’enseignement inspiré et objectif de l’Ecriture Sainte, Parole de Dieu.

 

Pierre Courthial a également été attristé en constatant, dernièrement, que les évangéliques se laissaient trop souvent prendre au même piège.

 

Il aimait citer la phrase de Benjamin B. Warfield sur la division de l’Eglise :

 

« Il est impossible de diviser le bois pourri. »

 

Autrement dit, dans une Eglise atteinte par le relativisme, un schisme a déjà eu lieu par rapport à la vérité.

 

Courthial pensait que « Le pluralisme tend toujours à détruire la vraie unité plurielle parce qu’il veut mêler en une pseudo-unité non pas des complémentaires divers, cohérents et homogènes, mais des contradictoires, incohérents et hétérogènes.[5] »

 

En 1974, au moment de la fondation de la Faculté d’Aix, les pluralistes se montraient parfois plus ouverts qu’à présent en nous accueillant, Courthial et moi-même, dans les pages d’Etudes Théologiques et Religieuses, dans un dialogue avec Daniel Lys et Michel Bouttier[6].

 

Courthial les estimaient fair play ainsi qu’André Gounelle.

 

Il vaut la peine de relire, aujourd’hui, ces textes car, malgré l’évolution enregistrée par le protestantisme français en quarante ans et les nouvelles fraternisations, le débat – pluralisme ou non ? – reste toujours, en principe, le même.

 

Ce débat a illustré ce qui est invariable dans les discours des adeptes du pluralisme.

 

Le pluralisme n’a pas d’arguments probants pour le justifier en dehors de ses « tartes à la crème » qui auraient dépassé la date limite de péremption – la Bible n’est pas la Parole de Dieu car elle est humaine, l’erreur est nécessairement humaine, le relativisme est démontré comme nécessaire car personne ne peut « posséder » la vérité, une foi assurée détruit la tolérance, la foi qui unit l’Eglise est subjective non objective, il faut être pluraliste parce que le salut est universel et patati patata. Que les évangéliques aujourd’hui sachent qu’il n’y a qu’une façon de faire avec le pluralisme doctrinal et ecclésiastique, celle que recommande l’apôtre: « Résistez au diable et il fuira loin de vous. » (Jc 4.7)

 

Pierre Courthial a bien mis en évidence la démarche des pluralistes qui changent le sens normal des mots bibliques et théologiques.

 

On pense dire la même chose, alors qu’il n’en est pas ainsi.

 

A Daniel Lys, il écrivit :

 

« Vous connaissez sûrement, cher Monsieur et frère, le dialogue entre Gros-Coco et Alice dans Ce qu’Alice trouva de l’autre côté du miroir de Lewis Carroll : ‘Quand moi, j’emploie un mot, déclara Gros-Coco d’un ton assez dédaigneux, il veut dire exactement ce qu’il me plaît qu’il veuille dire… ni plus ni moins… La question est de savoir qui sera le maître, un point c’est tout.’ »

 

Faisant preuve de son humour habituel, Courthial avait raison.

 

Dans l’Eglise aujourd’hui, tout le monde prétend énoncer la même chose, mais tel n’est pas le cas, car personne n’ose définir de quoi il est question[7].

 

Le faire reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore.

 

Les textes comme La Concorde de Leuenberg dissimulent que la « foi » de l’Eglise du début du XXIe siècle n’a plus que des liens très relâchés avec la foi de l’Eglise de toujours et avec l’Ecriture.

 

Avec sa perspicacité, Courthial le voyait.

 

Pourtant, Pierre Courthial faisait preuve d’un optimisme indéfectible.

 

Il guettait, comme la sentinelle de garde sur la tour, des signes de lumière dans la nuit.

 

Il se passionnait toujours en apprenant la publication d’un livre de théologie confessante, et se réjouissait des bonnes nouvelles du ministère de tel ancien étudiant.

 

Il était, il est vrai, de conviction postmillénariste[8]. 

 

Dans un certain sens, il avait tort, car je crois qu’il n’y avait rien à espérer là où il attendait, avec tant d’ardeur, le renouveau.

 

Il espérait toujours contre vents et marées, car il aimait son Eglise qu’il ne cessait pas de considérer, malgré ses infidélités, comme l’Eglise de Christ.

 

Cette situation se traduisait chez lui par une réelle frustration et par des exhortations en termes acérés :

 

« Lorsque des Eglises ne sont plus vraiment UNE Eglise dans une confession unanime de ‹la Foi transmise une fois pour toutes›, elles risquent de n’être plus UNE Eglise que par une administration qui ne pourra manquer de s’auto-recruter et d’être centraliste et bureaucratique. Etant alors de moins en moins ‹dispensatrices des mystères de Dieu›, elles seront de plus en plus imprégnées par les modes de penser et d’agir de leur temps. Elles ne pourront manquer d’être de plus en plus intolérantes à l’égard de ceux et de celles qui entendent témoigner, œuvrer et progresser dans la fidélité aux Confessions de foi de l’Eglise des premiers siècles et à celles de la Réformation, toutes soumises à la Parole de Dieu. La liberté de conscience et de confession de la Foi de ces derniers sera bridée, les synodes ne donnant la parole et leurs votes qu’à leurs adversaires. Exclusivement[9]. »

 

A moins d’être un partisan de l’unité à tout prix, qui pourrait dire aujourd’hui, vingt ans plus tard et soixante-dix après 1938, que Courthial avait tort ?

 

« Si l’Eglise reprend foi en son Seigneur et en sa Parole, elle est sûre de ne pas être battue. Il pourra y avoir des combats difficiles, des moments redoutables, la mort de certains d’entre nous, des persécutions, des lâchetés comme en commettent trop de chrétiens dans les pays dits libres… malgré cela, Jésus n’abandonne pas son Eglise. Il a toujours un reste fidèle qu’il maintient, et c’est à partir de ce reste fidèle que tout demeure possible[10]. »

 

Dans ces citations, on remarquera que, pour Courthial, il y a dans l’Eglise visible deux Eglises, une spirituelle qui a droit de cité et l’autre charnelle qui n’est pas de l’Eglise.

 

On peut ne pas aimer cette réalité, mais il en était ainsi en Israël, dans l’Eglise primitive (Galates 1!) et il en sera de même jusqu’à la fin du monde.

 

Pierre Courthial nous a rappelé quelles armes utiliser pour le combat.

 

P.C. n’était pas PC : voilà pourquoi son témoignage n’a pas fini de rayonner.

 

Paul Wells,

paul wells

Professeur de théologie systématique,

Doyen de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence,

Editeur de La Revue réformée.

 

Bible

Croix Huguenote

 


 

« Allocution prononcée par le doyen Pierre Courthial pour le 10e anniversaire de la Faculté » (1984), [1]La Revue réformée, 46 (1995 : 2-3), 28.

[2] Courthial raconte les débuts de la Faculté libre de théologie réformée d’Aix-en-Provence dans sa brochure La Foi réformée en France (Aix-en-Provence, Kerygma, 1995), 19-24, dont la lecture permet de redresser certaines erreurs à ce sujet.

[3] La Foi réformée en France, 8.

[4] Voir « L’Eglise instituée et l’Eglise Corps de Christ », in Fondements pour l’avenir (Aix-en-Provence : Kerygma, 1981), en particulier 194.

[5] La Foi réformée en France, 10.

[6] Etudes Théologiques et Religieuses, 49 (1974 : 4), 499-522.

[7] Exemples : l’utilisation des mots « hospitalité », « témoignage commun », « Evangile » ou « évangélisation » constituent des exemples parfaits de ceci dans les discours actuels.

[8] Il croyait à la conversion des juifs et du monde avant le retour de Christ.

[9] « Brève réflexion sur un cinquantenaire », La Revue réformée, 40 (1989 : 1), 52.

[10] « Allocution », La Revue réformée, 46 (1995 : 2-3), 29.

 

 

 

 

Source : La Revue Réformée

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14 septembre 2013 6 14 /09 /septembre /2013 22:10
L'oeuvre de l'esprit (Dernière partie)

Croix Huguenote

 

Le vent souffle où il veut et tu en entends le son, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.

(Jean 3.8)

 

 

 

Qui pourra dire l'infinie variété des opérations de Dieu dans les âmes !

 

L'Écriture nous offre d'innombrables exemples des moules divers dans lesquels Dieu jette les éléments glorieux de la nouvelle création.

 

Autre est la conversion des trois mille, qui, au jour de la Pentecôte, se précipitent comme un torrent à  Jésus-Christ ; autre celle des apôtres comprenant enfin la réalité et l’oeuvre du Christ.

 

Autre est la conversion de Saul de Tarse, violente et fortement accentuée ; autre celle de l'officier Ethiopien et du centenier Corneille, âmes exemptes de préjugés, marchant de vérité en vérité, de lumière en lumière.

 

Autre encore celle du geôlier de Philippe, au sein d'une nuit agitée ; autre celle de Lydie paisiblement assise sur le bord du fleuve, et sentant son cœur s'ouvrir pendant que Paul parlait.

 

De tout temps les diversités de nature, d'éducation, d'antécédents, de tempérament même, varient à l'infini l'œuvre essentiellement une de la régénération des pécheurs.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des caractères.

 

Les natures ardentes ou paisibles, expansives ou concentrées, les Marthe et les Marie, les saint Jean et les saint Pierre, les Luther et les Calvin, sont diversement transformés par l'action de l'Évangile.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des âges.

 

J'ai vu l'enfant arriver dans une même période à la raison et à la foi, le jeune homme consacrer à Dieu le printemps de sa vie, et le vieillard « appelé à la onzième heure, » n'ouvrir les yeux à la lumière d'en haut que lorsqu'ils allaient se fermer à la lumière d'ici-bas.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des époques.

 

Autre est le Christianisme, si ardent et si pur de l'Église primitive ; autre celui qui brille çà et là dans la nuit du moyen-âge, autre le Christianisme réfléchi des temps modernes.

 

L'Esprit souffle à travers la diversité des nationalités.

 

Le génie anglais grave, exact et pratique, le génie germanique plus vague et plus profond, le génie français plus lumineux, plus vif, plus résolu, marquent chacun la piété de leur empreinte.*

 

L'Esprit souffle enfin à travers la diversité des Églises. *

 

Il nous plairait peut-être de l'enfermer dans la nôtre, mais il plane, dans sa liberté souveraine, au-dessus de tous les compartiments de la vaste « maison de Dieu. » *

 

Ne le sentez-vous pas dans les écrits de nos Réformateurs, pleins d'une piété mâle, vigoureuse, qui ne fuit pas le monde, mais qui y demeure tout armée pour le combattre et pour le vaincre ? 

 

O voies merveilleuses de la sagesse de Dieu, « infiniment diverses » selon la parole de l'Apôtre !

 

O ressources sans nombre de la grâce de Jésus-Christ !

 

O puissance de l'Esprit qui déborde toutes nos conceptions !

 

Mais, à travers ces différences multipliées éclate une unité profonde.

 

Il y a diversité d'opérations, mais il n'y a qu'un seul Esprit.

 

Toutes ces âmes, à quelque Église, à quelque siècle, à quelque nation qu'elles appartiennent, nous offrent le même prodige spirituel :

 

elles sont nées de l'Esprit.

 

Toutes pourraient chanter, sur des modes divers, cette belle strophe d'un poète chrétien :

 

Dans l'abîme de misères,
Où j'expirais loin de toi,
Ta bonté, Dieu de mes pères,
Descendit jusqu'à moi !
Tu parlas, mes yeux s'ouvrirent !
A mes regards éperdus
Tes secrets se découvrirent !
J'étais mort et je vécus.

 

« J'étais mort et je vécus ! »

 

Tout est là.

 

Voilà l'expérience décisive, voilà l'unité des chrétiens !

 

Voilà le « témoignage du Saint-Esprit. ».

 

Aussi, posons nous la question avec notre texte :

 

Sommes nous nés de l'Esprit ?

 

Avons nous senti le souffle céleste passer sur notre âme et renouveler notre vie ?

 

Est-ce qu'un principe divin a pénétré en nous pour nous unir à Dieu et nous séparer du monde ?

 

Est-ce que Dieu, Christ, le pardon, le salut, le ciel, le service du divin Maître, sont pour nous des réalités ?

 

Est-ce vers ces réalités que se portent de plus en plus nos pensées, nos affections, nos efforts, ou tout au moins nos soupirs ?

 

En un mot, sommes nous nés de l'Esprit !

 

Que jamais il ne soit dit peut-être, en s’autorisant des propres paroles de Jésus-Christ pour se soustraire à son appel :

 

Si l'Esprit peut seul nous faire naître et si l'Esprit souffle où il veut, qu'avons-nous à faire que d'attendre le jour où il plaira à Dieu de nous l'envoyer ?

 

Ah ! Quelle y soit répondue avec fermeté :

 

Oui ! Attendez ce jour, mais attendez-le avec une sainte impatience :

 

Attendez-le en priant, en désirant avec sincérité, en recherchant avec énergie le don céleste : être né de Dieu.

 

Si nous avons relevé, dans ce discours, la liberté et la souveraineté de Dieu, nous n'avons pas un instant oublié la liberté et la responsabilité humaines.

 

Dieu est l'Ouvrier suprême, mais vous êtes « ouvriers avec Lui ! 

 

"Je vous donnerai un cœur nouveau et un esprit nouveau", nous dit l'Éternel par la voix du prophète.

 

Mais il nous dit aussi, par la voix du même prophète :

 

Faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. (Ezéchiel 36.26 et 18.31)

 

Ces déclarations, en apparence opposées, se concilient dans l'expérience de toute âme sincère.

 

D'ailleurs, ne vous représentez pas le don du Saint-Esprit sous la forme d'une vision, d'une extase, ou de quelque phénomène extraordinaire.

 

L'Esprit s'approche de nos cœurs par les voies les plus simples et les plus habituelles.

 

Il est dans cette page de la Bible qui nous émeut, dans cette prédication chrétienne qui nous édifie, dans cette vérité qui nous saisit avec force, dans cette impulsion généreuse que reçoit un jour notre volonté ;

 

Il est dans ce trouble de notre conscience, dans ce vide qu'éprouve notre cœur, dans cette larme qui s'échappe involontairement de nos yeux....

 

Vous disiez : je l'attends.

 

Et il était près de vous, cet Esprit de grâce, entourant et pressant votre âme de ses divines influences !

 

Que de fois il vous a déjà parlé, que de fois il a excité de saints désirs dans votre cœur !

 

mais vous l'avez repoussé peut-être....

 

Il vous parle encore à cette heure même, dans le silence d’un temple, d’une chambre, où que vous soyez,

 

Ah ! Ne l'éteignez pas ! Ne le contristez pas !

 

Et que, comme aux jours de la création première, un monde nouveau puisse éclore au-dedans de vous, sous le souffle de Dieu !

 

 

Ernest Dhombres,

Pasteur Protestant Réformé

 

Bible

Croix Huguenote

 

 

* Nota : rassurons nous de savoir également que l’Esprit souffle tout autant à travers les génies des nationalités diverses auxquels chacune ou chacun appartient, et que, si l'Esprit à travers les diversités des églises composant la vaste et réelle maison de Dieu souffle également, ceci sous entend de la part de l'auteur l'attachement de tout Chrétien authentique à la Parole de Dieu. D'évidence, afin d'éviter toute confusion, il n'y a de sa part aucune caution, soutien ou appui à certaines théories existante dans le pentecôtisme et charismatisme (Glossolalie, arminianisme, etc...).

 

 

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Charles Spurgeon

" J'avoue que je donnerais à peine un penny pour tout salut que je pourrais perdre. La vie éternelle est la chose dont nous avons besoin, la Vie de Dieu, qui ne peut jamais changer ou être enlevée de nous, et c'est ce qui est donné à toutes celles et ceux qui croient en Jésus Christ."

Car, lorsque que nous étions
encore sans force,
Christ, au temps marqué,
est mort pour des impies
 (Romains 5-6)

Croix Huguenote

  Une femme oublie-t-elle

l'enfant qu'elle allaite ?

... Quand elle l'oublierait,

Moi je ne t'oublierai point.

Voici, je t'ai gravée sur mes mains

Esaïe 49.16

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