Je vous dis que plusieurs viendront d'Orient et d'Occident et seront assis à table au royaume des cieux, avec Abraham, lsaac et Jacob ; et les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors ; il y aura là des pleurs et des grincements de dents (Mathieu 8 :11,12)
(...) On raconte qu'une digne chrétienne, avancée en âge, demanda à son mari, au moment de mourir :
« Mon ami, penses-tu que tu me reconnaisses quand tu viendras dans la gloire ?
Si je te reconnaîtrai ? répondit celui-ci ; ne t'ai-je pas toujours connue ici-bas ? Et crois-tu donc qu'au ciel je serai moins clairvoyant ? »
Ce raisonnement me paraît sans réplique.
De même que nous avons connu ici-bas, de même nous connaîtrons là-haut.
Pour ma part, j'ai la douce assurance que lorsque, par la grâce de Dieu, je poserai mon pied sur le seuil du ciel, les bienheureux amis qui m'y ont précédé viendront me prendre par la main et me diront :
« Salut, bien-aimé ! Te voici enfin. »
Les proches retrouveront leurs proches ; les amis leurs amis.
Tu retrouveras ta pieuse mère, ton pieux père, toi, ma chère lectrice, mon cher lecteur, qui pleures encore sur elle ou sur lui, si toutefois tu marches sur les traces de Jésus, il me semble la (le) voir venant à ta rencontre à la porte du Paradis, et quoique sans doute les liens de la nature auront perdu beaucoup de leur force, je ne puis me défendre de la pensée que son visage brillera d'une joie nouvelle lorsque, s'avançant vers le Seigneur, elle et il lui dira :
Me voici, moi et les enfants que tu m'as donnés.
Mari, tu reconnaîtras ta femme.
Femme, tu reconnaîtras ton mari.
Père, tu reconnaîtras tes enfants tant aimés.
Mère, tu reconnaîtras ces chers petits êtres dont tu suivis avec angoisse la longue agonie et sur lesquels tu entendis tomber, avec les froides mottes de terre, ces terribles paroles :
« L'argile à l'argile, la cendre à la cendre, la poudre â la poudre. »
Oui, tu les retrouveras ; tu entendras encore leurs voix chéries ; tu sauras que ceux que tu as tant aimés, Dieu les a aimés mieux encore que toi.
Ah ! Qu’il me semblerait triste et glaçant le monde à venir, si je ne devais ni connaître ni être connu !
En vérité, il n'aurait pour moi que bien peu d'attraits !
Mais quelle douceur, au contraire, dans la pensée que le ciel est la réalisation parfaite de la communion des saints, et qu'entre les croyants de tous les temps et de tous les pays, il s'établira pour l'éternité des relations étroites et personnelles !
Souvent, je me plais à anticiper sur le bonheur que j'éprouverai à connaître Esaïe ; il me semble qu'à peine arrivé à la cité céleste, je demanderai à le voir, parce qu'il a parlé de Jésus plus qu'aucun autre prophète.
Il me semble aussi que je m'empresserai de chercher au milieu de la foule Georges Whitefield, ce grand serviteur de Dieu, qui avec un zèle digne d'un esprit angélique, dépensa toute sa vie en prêchant le salut.
Oh ! Oui, nous aurons une société choisie dans le ciel.
Et cependant toute distinction humaine sera abolie : riches et pauvres, savants et ignorants, ministres et laïques, nous fraterniserons tous ensemble.
J'ai ouï raconter qu'une dame, visitée sur son lit de mort par un ministre de l'Evangile, lui posa cette étrange question :
« Ne pensez-vous pas qu'il existe dans le ciel deux lieux bien distincts pour les différentes classes de la société ? J'avoue que je ne puis endurer l'idée de vivre éternellement en compagnie de ma servante. »
A cela, le ministre répondit :
« Ne vous mettez pas en peine à ce sujet, Madame ; car aussi longtemps que ce diabolique orgueil existera dans votre coeur, vous n'avez point à craindre d'aller au ciel. »
Il disait vrai.
Non, l'orgueil n'entrera pas dans le ciel.
Il faut que nous nous abaissions nous-mêmes, que nous voyions dans tout homme un frère, que nous sentions qu'aux yeux de Dieu nous sommes tous égaux, avant de pouvoir espérer d'être admis dans la gloire.
Quant à moi, je bénis mon Dieu de ce qu'au banquet céleste il n'y aura qu'une seule table.
Le Juif et le Gentil s'assoieront côte à côte ; le grand et le petit paîtront dans le même pâturage : tous, nous serons assis avec Abraham, Isaac et Jacob.
Mais les paroles que nous méditons ont une signification plus douce et plus profonde encore.
A en croire certains esprits étroits, le ciel serait un lieu de dimensions fort restreintes, auquel ne trouveraient accès que les seuls chrétiens qui fréquentent leur lieu de culte.
J'avoue qu'un ciel aussi mesquin m'est antipathique, et j'aime au contraire à lire dans les Ecritures qu'il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père.
De ce qu'il est écrit dans l'Evangile : La porte est étroite et le chemin est étroit qui mène à la vie, et il y en a peu qui le trouvent, on a souvent conclu que le ciel sera moins peuplé que l'enfer.
Cette opinion me semble inadmissible.
Comment !
La part de Christ serait moins grande que celle du diable ?
Satan l'emporterait sur Christ ?
Non, cela ne peut pas être !
(Note du traducteur anonyme : Nous savons que l'argument employé ici par l'auteur a donné lieu à de fausses interprétations, et que quelques personnes ont cru voir dans ce passage des tendances à l'universalisme. Rien cependant ne saurait être plus contraire que ces tendances aux vues du Révérend Spurgeon, et Il suffit de lire la seconde partie de ce discours pour se convaincre qu'il n'est point de ceux qui disent : paix ! Paix ! Quand il n'y a point de paix. Afin de ne laisser aucun doute sur le véritable sens du passage en question, nous ne croyons pouvoir mieux faire que de transcrire ici quelques lignes d'un autre discours de M. Spurgeon (Heavenly worship), où il explique ses vues sur ce point de la manière la plus nette : « Je crois qu'il y aura plus d'âmes au ciel qu'en enfer..... Si vous me demandez pourquoi j'ai cette croyance, voici ma réponse : Je me réjouis à la pensée que tous les petits enfants, aussitôt qu'ils rendent le dernier soupir, prennent leur essor vers le paradis : représentez-vous quelle immense multitude de ces jeunes esprits il doit y avoir devant le trône de
Dieu !... Puis, de meilleurs jours approchent, quand la religion de Christ sera universelle, quand, d'un pôle à l'autre pôle, Jésus règnera en souverain, quand les royaumes se prosterneront devant
Lui, et les nations entières naîtront en un jour à une vie nouvelle. Dans la seule période millénaire, j'estime qu'il y aura assez d'âmes de sauvées pour combler tous les déficits des siècles précédents. »
Rien ne sera ajouté à cette citation, si ce n'est que le Révérend Spurgeon expose simplement ses idées personnelles : libre à chacun de les discuter et de les juger...)
D'ailleurs, Dieu nous déclare expressément qu'une grande multitude, QUE PERSONNE NE POURRA
COMPTER, sera sauvée.
Combien cette pensée est réjouissante, mes chers amis !
Quelle bonne nouvelle pour vous et pour moi !
Si le salut n'était le privilège que de quelques-uns, nous pourrions craindre, et non sans raison, de ne pas y avoir part ; mais puisque le Seigneur affirme qu'une multitude innombrable sera sauvée, pourquoi vous et moi, pourquoi tous, tant que nous sommes ici, ne le serions nous pas ?
Courage donc, pauvre pécheur, qui que tu sois ; courage, âme craintive et timorée ; ouvre ton coeur à l'espérance !
(...)
Suite 3ème partie Le Ciel et l'enfer par Charles Spurgeon