Me voici donc, ô mon Dieu ! Abattu au pied de ton trône, dans une sainte admiration de ce que tu as fait pour le genre humain. Non seulement tu as envoyé ton cher Fils et ton unique au monde, et tu l'as exposé à la mort pour des pécheurs indignes, mais encore tu nous as donné ton Esprit, sans lequel le don de ton Bien-aimé nous aurait été inutile.
Ce fut au jour de la Pentecôte chrétienne que tu répandis cet Esprit sur les disciples de ton Fils, et que tu les baptisas de ces flammes célestes, qui les embrasèrent d'un zèle si ardent pour ta gloire, qu'ils allèrent publier partout l’Évangile de ton Christ, et qu'ils ne firent point difficulté de le sceller de leur propre sang. Si cet Esprit n'était venu, nous aurions toujours été dans les ténèbres de l'ombre de la mort, et nous aurions été sans Dieu, sans Christ et sans espérance au monde.
Béni soit donc à jamais ton grand nom, ô notre Dieu! du don ineffable que tu nous as fait de ton Saint-Esprit, qui a dissipé les ténèbres dont tout le monde était couvert, qui a fait connaître ton Fils à toutes les nations, et qui a converti les peuples. Tu nous appelles, Seigneur! à célébrer dans quelques jours la mémoire de ce merveilleux évènement qui ravit en admiration tous les habitants de Jérusalem. Non seulement tu nous invites à venir manger la chair de ton agneau, mais encore tu veux nous communiquer ton Esprit.
Hélas ! Qui sommes-nous, que tu daignes ainsi ouvrir toutes les sources de tes grâces en notre faveur ? Qui suis-je que tu veuilles venir loger chez moi avec ton Fils et ton Esprit ? Je me reconnais indigne que tu entres sous mon toit. Comment pourrais-je recevoir l'Esprit de ta sainteté étant souillé comme je suis ? Je ne suis que ténèbres, quelle communion aurais-je avec ton Esprit de lumière ? Que ferai-je donc, ô mon Dieu ? M'éloignerai-je de la table sacrée, à laquelle tu m'appelles avec tant de bonté ? Non, Seigneur ! Je ne m'en éloignerai pas, je m'en approcherai; mais comme je suis convaincu que je ne saurais avoir part à ton Esprit, si ton Esprit ne me met lui-même en état de la recevoir.
Donne-moi cet Esprit que tu répandis si abondamment sur tes apôtres. Fais souffler ce vent céleste dans mon âme; nettoie-moi avec les eaux de ta grâce, purifie-moi avec ce divin feu, et enflamme mon coeur d'amour pour toi. Mais après m'avoir donné cet Esprit, ne me l'ôte jamais, et qu'il demeure toujours avec moi jusqu'à ce qu'il m'élève un jour dans ton ciel.
Amen.
Bénédict Pictet.
Méditation
Les chrétiens ont leur Pentecôte aussi bien que le peuple Juif ; le peuple Juif célébrait dans leur Pentecôte la mémoire de ce que Dieu leur avait donné sa loi, cinquante jours après leur sortie d’Égypte ; et les chrétiens célèbrent dans leur Pentecôte la mémoire de ce que Jésus-Christ, cinquante jours après sa mort, envoya son Esprit en forme de langues mi-partie de feu sur les apôtres, pour les mettre en état de prêcher son Évangile dans tout l’univers, et pour établir la religion chrétienne. Il ne faut pas douter que les chrétiens n’aient des obligations infinies à Dieu pour le don qu’il leur a fait de son Esprit, après leur avoir fait celui de son cher Fils.
Quelle ne doit pas être leur reconnaissance de ce qu’au lieu, qu’autrefois l’Esprit n’était répandu que sur une petite partie du monde, il est répandu aujourd’hui sur tout l’univers, et que la terre est remplie de la connaissance de Dieu ? Certainement il est juste que leur reconnaissance soit éternelle, et qu’elle paraisse dans leurs paroles et dans leurs actions.
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