Je vous dis que plusieurs viendront d'Orient et d'Occident et seront assis à table au royaume des cieux, avec Abraham, lsaac et Jacob ; et les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors ; il y aura là des pleurs et des grincements de dents (Mathieu 8 :11,12)
(...) Prêtez-moi quelques instants votre attention, car je dois entreprendre la lamentable tâche de vous décrire le sort affreux réservé à ceux qui vivent et meurent loin de Dieu après avoir parlé du Ciel.
Jésus-Christ nous dit qu'ils seront jetés dans les ténèbres du dehors ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Remarquez, en premier lieu, qu'il n'est pas dit :
Ils iront,
Mais :
Ils seront jetés.
Je me représente un enfant du royaume, un hypocrite, un formaliste, arrivant à la porte du ciel.
La Souveraine Justice, le reconnaissant à l'instant, ordonne à un ange de le saisir et de l'envoyer en son lieu.
Aussitôt l'ange obéit, il le lie pieds et mains, et le tient suspendu au-dessus de l'abîme.
Le malheureux frémit, son coeur défaille, ses os se fondent comme de la cire.
Il cherche à mesurer du regard le gouffre béant, le gouffre sans fond qui va l'engloutir.
Il entend des soupirs, des gémissements, des cris de désespoir qui s'échappent de ce gouffre...
Où est maintenant ta force tant vantée, ô pécheur ?
Où est ton audace, ton orgueilleuse assurance ?
Tu trembles, tu pleures, tu demandes grâce, mais il est trop tard !
L'ange ouvre sa main, et tu tombes, tu tombes, tu tomberas éternellement, de profondeur en profondeur, d'abîme en abîme, sans jamais trouver un lieu où tu puisses asseoir la plante de ton pied !
Tu seras jeté dans les ténèbres du dehors...
Et que signifie cette expression : les ténèbres du dehors ?
Dans le langage scripturaire, le mot lumière doit se prendre, en général, dans le sens d'espérance ; d'où il s'ensuit naturellement que par ténèbres du dehors, nous devons entendre un lieu d'où l'espoir est à jamais banni.
Y a-t-il un homme vivant qui ait cessé d'espérer ?
Je ne le pense pas.
Peut-être l'un de vous a-t-il contracté des dettes ; ses créanciers le menacent de saisir tous ses biens ; mais n'importe !
Il dit :
« Je, suis dans un mauvais pas, c'est vrai ; cependant je puis en sortir, tout n'est pas perdu ; j'espère. »
Un autre est à la veille de voir son commerce ruiné.
« J'en suis profondément affligé, dit-il ; mais après tout, j'ai de bons bras, je travaillerai, la fortune peut encore me sourire ; j'espère. »
Un troisième dit à son tour :
« De pénibles soucis m'assiègent en ce moment, mais j'espère que Dieu me viendra en aide. »
« Quant à moi, reprend un quatrième, j'ai un ami gravement malade ; à vues humaines, son état
est désespéré ; toutefois, j'espère qu'une crise favorable se déclarera enfin. »
C'est ainsi que dans ce monde, chacun espère.
Mais en enfer, on n'espère plus.
Les damnés n'ont pas même l'espérance de mourir, l'espérance d'être anéantis.
Ils sont irrévocablement, éternellement perdus.
Sur chaque chaîne de l'enfer sont gravés ces mots :
POUR TOUJOURS !
Le feu de l'enfer inscrit de toutes parts en caractères flamboyants, ces mêmes mots :
POUR TOUJOURS !
Les yeux des damnés sont comme brûlés par la vue de ce fatal arrêt qui renouvelle incessamment leur désespoir :
POUR TOUJOURS !
Oh ! Si je pouvais vous annoncer aujourd'hui que l'enfer serait un jour détruit, que ceux qui y sont détenus seraient finalement sauvés, il me semble que les régions infernales tout entières tressailleraient d'allégresse !
Mais non !
Je ne le puis pas…
Je: dois vous dire, au contraire, que les enfants du royaume seront jetés pour toujours dans les ténèbres du dehors.
Mais j'ai hâte d'en finir, car quel est l'homme qui aurait le courage d'entretenir longtemps ses semblables sur de tels sujets ?...
Cependant, il faut que je poursuive ma tâche jusqu'au bout.
Que fait-on en enfer ?
Mon texte nous l'apprend : Il y a des pleurs et des grincements de dents.
On ne grince les dents, vous le savez, que lorsqu'on est en proie à une vive souffrance, ou sous l'impression d'une grande colère.
Eh bien ! En enfer, il y a des grincements de dents perpétuels.
Savez-vous pourquoi ?
Un damné grince des dents contre un autre damné, et murmure :
« C'est toi, misérable, qui m'as conduit ici ! C'est toi qui m'entraînas dans la voie du vice ! »
Et l'autre lui répond, en grinçant des dents à son tour :
« Qu'as-tu à me reprocher ? N'est-ce pas ton exemple qui par la suite m'incita à m'enfoncer toujours plus dans l'iniquité ? »
Une fille grince des dents contre sa mère, en lui disant :
« Tu m'as perdue corps et âme ! »
Et la mère, grinçant des dents contre sa fille; répond :
« Je n'ai point de pitié pour toi, car tu m'as surpassée en débauche. »
Des pères grincent des dents contre leurs fils, et des fils contre leurs pères.
Et s'il y a des damnés qui grincent des dents avec plus d'amertume que tous les autres, il me semble que ce doit être les lâches séducteurs qui entendent la voix de celles qu'ils détournèrent jadis du sentier de la vertu, leur criant sans cesse avec une horrible ironie :
« Ah combien nous sommes heureuses de vous voir souffrir autant que nous !... »
Mais en voilà assez.
Détournons nos yeux de cet épouvantable spectacle.
Qui voudrait le contempler plus longtemps ?...
Je vous ai avertis solennellement.
Je vous ai parlé de la Colère à venir. (...)
Le Ciel et l’enfer par Charles Spurgeon (Suite & fin 7ème Partie)