Je vous dis que plusieurs viendront d'Orient et d'Occident et seront assis à table au royaume des cieux, avec Abraham, lsaac et Jacob ; et les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors ; il y aura là des pleurs et des grincements de dents (Mathieu 8 :11,12)
(...) La seconde partie de mon texte est navrante.
Autant il m'a été doux de parler sur la première, autant mon coeur se serre devant la pénible tâche qui se présente maintenant à moi.
Mais, comme je vous l'ai dit en commençant, les vérités de la Bible doivent être annoncées, qu'elles soient sombres ou lumineuses.
Dieu me garde de n’imiter jamais ce lâche ministre de la Parole, qui disait un jour à son auditoire :
« Ceux qui n'aiment pas le Seigneur Jésus-Christ iront dans ce lieu que la politesse me défend de nommer. »
Que, penseriez-vous de moi, mes amis; si, voyant une maison en flammes, je disais avec affectation :
« J'estime que l'opération de la combustion s'accomplit ici près? »
Ne devrais-je pas bien plutôt crier de toutes mes forces :
« Au feu ! Au feu ! » de manière à être compris par tout le monde ?
De même, lorsque la Bible parle des ténèbres du dehors, de la perdition éternelle, moi, prédicateur de l'Evangile, dois-je jeter un voile sur cette effrayante vérité, dois-je chercher à l'adoucir par des formes de langage ?
A Dieu ne plaise ! Serviteur de Christ, je dois vous exposer clairement tout le conseil de mon Maître.
Encore une fois, je le reconnais, la déclaration qui va nous occuper est terrible au plus haut point :
Les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors ; il y aura là des pleurs et des grincements de dents.
Et d'abord, qui sont ces enfants du royaume ?
Je vais vous le dire.
Ce sont ces gens qui possèdent toutes les apparences de la piété, mais qui n'ont rien de ce qui constitue sa force ; ces gens, que vous pouvez voir tous les dimanches, leurs Bibles et leurs Psaumes à la main, se rendant à leur lieu de culte, posément, gravement, dévotement ; ces gens enfin qui se persuadent que leur salut est une chose hors de doute, ne considérant pas que leur piété n'est qu'un pur formalisme, où le coeur n'entre pour rien.
Voilà quels sont les enfants du royaume.
Ils ne possèdent ni grâce ni vie ; Christ n'habite point en eux ; aussi seront-ils jetés dans ténèbres de dehors.
En second lieu, ces mots : enfants du royaume, peuvent s'appliquer à ceux qui ont joui de grands privilèges spirituels, et plus particulièrement aux enfants de parents chrétiens.
Vous êtes des enfants du royaume, vous, à qui Dieu accorda l'inestimable bienfait d'avoir une pieuse mère.
Ne vous souvient-il pas du temps où, vous prenant sur ses genoux, elle vous enseignait à bégayer le Saint Nom de Dieu, où elle vous conjurait de marcher dans les voies de la piété ?
Et cependant, vous êtes encore, pour la plupart, sans grâce dans le coeur, sans espérance pour l'éternité !
Vous descendez, tête baissée, vers l'enfer !
Peut-être même tel d'entre vous a-t-il brisé le coeur de celle qui lui donna le jour.
Oh ! Qui pourrait dire ce qu'elle a souffert, cette tendre mère, pendant les nuits de débauche du fils de ses prières !...
Comprenez-vous, enfants du royaume, combien votre culpabilité sera aggravée, si vous périssez malgré les larmes et les supplications d'une mère chrétienne ?
Pour ma part, je crois que s'il y a un damné parmi les damnés, ce sera le fils rebelle qui descendra dans l'abîme, poursuivi par le souvenir des prières de son père et le front encore humide des larmes de sa mère.
Jeunes gens et jeunes filles qui me lisez, il en est très probablement parmi vous (ô désolante pensée !) dont le sort sera tel ; il en est qui, des ténèbres du dehors où ils seront précipités, apercevront leurs parents dans la Gloire.
Comment êtes-vous tombés si bas ?
Enfants du royaume !
Vous que Dieu a véritablement traités comme des fils privilégiés; puisqu'Il vous a entourés dès votre berceau de moyens de Grâce et de Salut, ne vous flattez pas d'être sauvés par cela seul que vous avez reçu une éducation chrétienne, contracté certaines habitudes religieuses, respiré dans votre famille une atmosphère de piété.
Ne vous flattez pas que la ferveur d'une mère, que la sainteté d'un père vous soient imputées.
Ne vous flattez pas même que les requêtes qu'ils ont adressée à Dieu en votre faveur, vous servent de laissez-passer à la porte du paradis.
Non, le salut ne s'obtient que par des efforts personnels.
Il ne vous sera pas demandé au dernier jour :
« A-t-on prié pour toi ? »
Mais bien :
As-tu prié pour toi-même ?
Les supplications amoncelées de vos parents, jusqu'à la troisième et quatrième génération, atteignissent-elles les nues, qu'il ne vous serait pas possible d'en faire usage comme d'un marchepied pour escalader le ciel.
Si vous ne possédez une piété vivante et expérimentale, vous serez perdus, tous vos amis fussent-ils mille fois sauvés.
Bien solennel est le songe qu'eut une fois une pieuse mère et qu'elle raconta à ses enfants.
Elle rêva que le jour du jugement était venu.
Les grands livres sont ouverts.
Toute l'humanité est devant Dieu.
Elle-même, entourée de ses enfants, se tient debout au milieu de la grande assemblée.
Tout à coup, la voix du Seigneur Jésus se fait entendre :
« Séparez la balle du froment, s'écrie-t-Il. Placez les brebis à ma droite et les boucs à ma gauche. »
Aussitôt, un ange s'avance en disant :
« La mère est une brebis : elle doit aller à la droite ; les enfants sont des boucs : leur place est à la gauche. »
Alors il semble à cette mère que ses enfants cherchent à la retenir.
« Mère, mère, ne nous quitte pas ! » s'écrient-ils avec angoisse.
Et elle, les enlaçant de ses bras, leur répond avec larmes :
« Mes enfants, que ne puis-je vous prendre avec moi ?... »
Mais à cet instant, l'ange la touche ; et soudain ses larmes se sèchent.
Une force surnaturelle lui est donnée ; les liens du sang perdent leur empire, et n'ayant plus d'autre volonté que celle de Dieu :
« Mes enfants, dit-elle, je vous ai élevés chrétiennement ; je vous ai pressés de marcher dans les sentiers du Seigneur ; vous ne l'avez pas voulu : maintenant que puis-je faire, si ce n'est de dire AMEN à votre condamnation ?... »
Jeune homme, jeune fille, qui vivez loin de Dieu, qu'éprouverez-vous, je vous le demande, si ce songe devient jamais pour vous une affreuse réalité ?
Qu'éprouverez-vous si au dernier jour vous entendez des voix bien connues, la voix de votre père, la voix de votre mère, prononcer un solennel « Amen ! » à cette terrible sentence portée contre vous :
Allez, maudit au feu éternel, préparé au diable et à ses anges ?
En vérité, en vérité, je vous le dis, enfant du royaume, les mangeurs et les buveurs, les péagers et les gens de mauvaise vie vous devancent au royaume de Dieu !
De grands criminel qui auront pleuré sur leurs péchés au pied de la croix de Jésus, seront sauvés ; des impies, des blasphémateurs, des pécheurs scandaleux convertis par la grâce de Dieu, seront sauvés tandis que plusieurs d'entre vous seront jetés dehors, simplement parce qu'ils n'auront pas voulu donner leur coeur au Seigneur Jésus-Christ, ni accepter franchement son Evangile.
Et ne sera-ce pas pour vous la douleur des douleurs, le supplice des supplices, l'enfer de l'enfer, que de voir le premier des pécheur couché dans le sein d'Abraham, tandis que vous enfants du royaume, fils aînés de la maison, que Dieu avait fait naître, pour ainsi dire, au seuil même du ciel, serez au nombre des réprouvés ?...
Le Ciel et l’enfer par Charles Spurgeon (Suite 6ème Partie)