Conseils aux âmes abattues...
(Suite et Fin)
En premier lieu, mes chers amis, je me sens pressé de vous exhorter à prendre courage.
L'un de vous se dit peut-être en ce moment même :
« Oh ! c'en est fait ; jamais je ne recouvrerai le bonheur que j'ai perdu ; le Seigneur m'a caché la clarté de sa face. J'ai contristé son Esprit, et il s'est éloigné ; je me suis joué de ses avertissements, et il m'a abandonné ; j'ai délaissé les sentiers de la justice, et maintenant je suis comme emprisonné dans une cage de fer dont il m'est impossible de sortir. »
Il est vrai, pauvre âme, tu ne saurais par toi-même recouvrer la liberté ; tes faibles forces ne parviendront jamais à briser ou à limer les barreaux derrière lesquels tu languis.
Toutefois, je le répète, prends courage.
D'autres sont sortis avant toi de la sombre prison du découragement et du désespoir.
Sais-tu ce que tu dois faire, mon bien-aimé ?
Crie à ton bon Maître demande-lui de venir te délivrer ; et quand même il semblerait pendant longtemps fermer l'oreille à tes cris de détresse, il t'entendra à la fin, n'en doute pas; en sorte qu'avec Jonas tu pourras bientôt entonner ce chant de délivrance :
J'ai crié à l'Éternel à cause de ma détresse, et il m'a exaucé ; je me suis écrié du ventre du sépulcre, et tu m'as entendu ! (Jonas 2:3).
Reviens, reviens, ô pécheur égaré !
Entends la voix du Seigneur qui t'appelle ;
Vers lui déjà n'es-tu pas attiré ? Par les cordeaux de son amour fidèle ?
En second lieu, mes amis, je désire vous exhorter à faire tous vos efforts pour progresser continuellement dans la vie spirituelle.
O chrétiens, mes frères et mes soeurs en Jésus-Christ !
combien en est-il parmi vous dont toute l'ambition consiste à se soustraire à la colère à venir !
Combien en est-il qui disent :
« Pourvu que je sois sauvé, peu m'importe que ce soit comme, au travers du feu ; pourvu que l'entrée du ciel ne me soit pas refusée, peu m'importe si je suis à la dernière place ! »
Et ceux qui parlent ainsi se conduisent en conséquence, c'est-à-dire qu'ils sont aussi peu chrétiens que possible.
De la piété, ils en veulent bien ; mais avec modération.
Or, qu'est-ce que la modération en matière de piété ?
C'est un mensonge, c'est une dérision, et rien de plus ! Une femme demande-t-elle à son mari de l'aimer avec modération ?
Un père se contente-t-il que son fils soit modérément obéissant ?
Une probité modérée vous satisferait-elle chez vos serviteurs, vos employés ou autres ? Evidemment non.
Que parlez-vous donc d'une piété modérée?
Etre modérément religieux, ce n'est autre chose qu'être irréligieux.
Posséder une religion qui ne pénètre pas jusqu'au fond du coeur et qui n'exerce point d'influence sur la vie, c'est, par le fait, n'avoir aucune religion.
Ah! mes chers lecteurs, vous le dirai-je ?
je tremble souvent à la pensée que parmi vous il en est un grand nombre qui n'ont que l'apparence de la piété.
Malheur à vous, sépulcres blanchis, qui vous contentez de paraître beaux au dehors sans considérer qu'au dedans vous n'êtes que souillure et corruption !
Malheur à vous, Pharisiens formalistes, qui nettoyez le dehors de la coupe et du plat et qui vous persuadez avoir assez fait, parce que ni l'Eglise ni le monde ne peuvent élever contre vous aucune accusation grave !
Prenez garde ! prenez garde ! le jour viendra où le Juge suprême examinera l'intérieur du plat et de la coupe, et s'il les trouve pleins d'injustice et de méchanceté, il les mettra en pièces et en jettera les débris dans l'abîme du tourment.
Pauvres formalistes ! votre prétendue piété ressemble aux ailes de cire d'un personnage de la fable : elle peut fort bien vous suffire pour voler ici-bas, mais lorsqu'il vous faudra prendre votre essor vers les régions supérieures, le puissant, soleil de Jésus la fondra en un instant, et vous tomberez pour jamais dans le gouffre de la perdition !
Oh ! soi-disant chrétiens, si habilement dorés, ornés et vernissés, que ferez-vous lorsque au dernier jour vous serez reconnus pour être du vil métal ?
Quand la paille, le foin et le chaume auront été consumés, que deviendrez-vous, je vous le demande, si votre christianisme est de mauvais aloi, s'il n'a pas été frappé au coin du Très-Haut ?
Comment pourrez-vous passer par le creuset au grand et illustre jour du Seigneur, si vous n'êtes pas de l'or fin ?.....
Mais, j'en ai la confiance, il est des âmes qui lisent qui n'ont rien à craindre de cette solennelle épreuve ; elles sont nées de Dieu, par conséquent le feu ne saurait les consumer.
Toutefois, mes bien-aimés - (et ici je ne parle qu'aux véritables croyants), - jugez vous-mêmes si je suis injuste à l'égard des chrétiens de nos jours, en disant qu'en général nous nous contentons trop aisément de savoir que nous sommes enfants de Dieu, et que nous n'aspirons point assez à croître en stature et en force.
Nous ressemblons à des nains, à de pauvres enfants rachitiques et souffreteux.
Au lieu de marcher courageusement en avant, nous sommes toujours à gémir et à répéter sur tous les tons : Qui nous ferait être comme nous étions autrefois ?
C'est là un symptôme de rachitisme.
Si nous voulons faire de grandes choses dans le monde, nous ne devons pas souvent pousser ce cri.
Il faut bien plutôt que nous soyons toujours prêts à chanter:
Ma langue, égaie-toi ; réjouis-toi, mon coeur ; Entonne un chant d'amour, Jésus est ton Sauveur.
Et que, pleins de joie, nous puissions dire avec saint Paul : Je sais en qui j'ai cru.
Chrétiens, voulez-vous être utiles ? voulez-vous honorer votre Maître ?
Désirez-vous obtenir dans le ciel une brillante couronne, afin d'en faire hommage à votre Sauveur ?
S'il en est ainsi (et peut-il ne pas en être ainsi ?) veillez avec le plus grand soin à la santé de votre âme ; ne la laissez pas végéter et languir.
Que l'homme intérieur qui est en vous n'ait pas simplement le souffle de la vie, mais qu'il se développe de jour en jour et devienne semblable à un arbre planté prés des eaux courantes, qui porte son fruit en sa saison et dont le feuillage ne se flétrit point.
Quoi ! mes bien-aimés, vous vous contenteriez d'une couronne sans ornement quand vous savez que si vous amenez des âmes à Christ vous luirez comme des étoiles dans la splendeur de l'étendue (Daniel 12:3) ?
Vous voudriez vous asseoir au banquet des noces, revêtu, il est vrai, de la robe de Christ, mais sans que Dieu vous ait donné un seul joyau comme récompense de vos services ici-bas ?
Ah ! non, j'en suis certain.
Vous désirez, au contraire, n'est-il pas vrai ? que l'entrée du royaume éternel vous soit abondamment, accordée ; vous voulez jouir de la plénitude des grâces du Seigneur.
A l'oeuvre donc, mes bien-aimés ; à l'œuvre avec ardeur et courage !
A celui qui aura fait valoir cinq talents, cinq villes seront données; et que personne ne se contente de posséder un seul talent, mais qu'il le place à intérêt ; car on donnera à quiconque a déjà, et il aura encore davantage ; mais pour celui qui n'a pas, on lui ôtera même ce qu'il a.
Mais ; je le sais, pour pour quelques uns de ceux qui me lisent en ce moment, ce que je viens de dire est dépourvu de tout intérêt.
Peut-être pensent-ils eux aussi :
« Qui nous ferait être comme. nous étions autrefois ? »
mais dans leur bouche cette plainte a un sens tout autre que dans la bouche du chrétien.
« Hélas ! dit le pécheur avec amertume, que ne suis-je encore ce que j'étais il y a quelques années ! car alors j'étais plein d'entrain et d'insouciance ; je menais joyeuse vie. Nul mieux que moi ne savait vider la coupe des festins ; nul ne se laissait emporter plus gaiement par le tourbillon des plaisirs et de la folie. Mais ce que je faisais alors; je ne puis plus le faire. J'ai usé ma santé, j'ai dépensé mon énergie, j'ai perdu ma fortune. Je suis malade de corps et faible d'esprit. Qui me ferait être comme j'étais autrefois ? »
Ah ! pauvre pécheur, tu as lieu, en effet, de regretter le passé ; mais attends seulement quelques mois, et le présent, qui maintenant te semble si sombre, sera à son tour l'objet de tes amers regrets.
Et plus tu avanceras dans la vie, sache-le, plus tu souhaiteras de retourner en arrière ; car le chemin de l'enfer descend, - descend, - descend toujours, - et le malheureux engagé sur cette pente, fatale se consume continuellement en impuissants désirs de revenir sur ses pas.
Oh ! oui, tu auras encore à t'écrier : « Qui me ferait être comme j'étais autrefois ? »
Tu penseras aux jours heureux où la prière de ta mère te bénissait, où la voix de ton père t'avertissait, où tu allais prendre place sur les bancs d'une école du dimanche, où, assis sur les genoux de ta mère, tu l'écoutais te parlant du Sauveur.
Et ces réminiscences d'un heureux passé seront d'autant plus poignantes que ce passé sera plus éloigné de toi.
Ah ! mes chers lecteurs, il y en a beaucoup parmi vous qui ont bien besoin de rebrousser chemin.
Pensez au nombre de vos égarements ; voyez jusqu'où vous êtes tombés.
Mais qu'ai-je dit ?
Non, pécheur, tu n'as que faire de rebrousser chemin !
Au lieu de regarder aux choses qui sont derrière toi, regarde à celles qui sont devant; et au lieu de t'écrier : Qui me ferait être comme j'étais autrefois ? dis en sincérité de coeur :
« Que ne suis-je un nouvel homme en Jésus-Christ »
Il ne te servirait de rien, crois-le, de recommencer la vie tel que tu es : tu serais bientôt aussi mauvais que tu l'es en ce moment.
Mais si Dieu daignait faire de toi un homme nouveau, oh ! alors ; pauvre mortel, qui que tu sois, quelque bas que tu sois tombé, tu vivrais véritablement en nouveauté de vie.
Un chrétien est tout aussi réellement un nouvel homme que s'il n'avait pas vécu avant sa conversion.
La vieille créature est détrônée ; il est une nouvelle créature, née de nouveau et entrant dans une nouvelle existence.
Pauvre âme ! Dieu peut accomplir en toi cette merveilleuse transformation.
Dieu le Saint-Esprit peut faire de toi un nouvel édifice, et cela sans employer une seule des pierres qui entraient dans la structure de l'ancien.
Il peut te donner un nouveau coeur, un nouvel esprit, de nouveaux plaisirs, un nouveau bonheur, de nouvelles perspectives, et enfin un ciel nouveau.
« Ah ! me dis-tu peut-être; je sens que j'ai besoin de toutes ces choses, mais est-il bien vrai que je puisse les obtenir ? »
Juge toi-même, mon frère, si tu le peux, par cette simple déclaration de l'Evangile :
C'est une chose certaine et digne d'être reçue avec une entière confiance que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs.
Il n'est pas dit, remarque-le, que ce soit là une chose digne seulement de quelque confiance, mais d'une entière confiance, de toute la confiance dont tu es capable.
Si donc tu dis en cet instant même :
« Jésus est venu pour sauver les pécheurs; je le crois, je le sais ».
tu n'as rien à craindre ; le salut est à toi.
Mais Jésus voudra-t-il bien me recevoir; moi, si vil et si indigne ? » demandes-tu peut-être.
Je te répondrai par une parole de mon Sauveur lui-même :
Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi.
- « Mais je n'ose aller à lui ! » objectes-tu encore.
Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive, est-il écrit.
As-tu soif ? soupires-tu après le pardon ? sens-tu le besoin que tu as d'un Sauveur ? as-tu soif, te dis-je ?
S'il en est ainsi, ô mon frère, voici ce que te dit Dieu. le Saint-Esprit :
Que celui qui voudras de l'eau vive en prenne gratuitement.
Ecoutez tous une bonne nouvelle !
C'est pour sauver que Jésus-Christ est mort ;
Qui croit au Fils a la vie éternelle ;
Notre salut est un don du Dieu fort !
Que Dieu vous accorde à tous la grâce d'accepter ce salut pour l'amour de son nom !
Charles Spurgeon,
Pasteur Baptiste Réformé