Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c'est par grâce que vous êtes sauvés ) Ephésiens 2 : 5
On s'attendrait sans doute, à ce que j'appelle l'attention à Pâques sur le glorieux évènement dont l'Eglise chrétienne célèbre la mémoire.
Telle n'est pourtant pas mon intention.
Mais, si le sujet que j'ai à coeur de méditer n'est point la Résurrection de Christ, du moins peut-on dire qu'il s'y rapporte dans une certaine mesure.
Ce sujet le voici : La résurrection spirituelle de l'homme pécheur et perdu.
C'était aux chrétiens d'Ephèse que l'Apôtre adressait les paroles de mon texte ; mais elles s'appliquent avec non moins de vérité à tous ceux qui, à une époque ou à une autre et dans quelque lieu que ce soit de la terre habitable, ont été élus en Jésus-Christ, rachetés par Son Sang, justifiés par Sa Grâce.
D'eux aussi, il est vrai de dire que, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, ils ont été vivifiés par l'Esprit de Dieu.
Quel spectacle solennel que celui d'un cadavre !
Quand, en y pensant, j'essayai de me placer, par l'imagination, en face des réalités de la mort, mon âme, je l'avoue, recula d'épouvante.
Je fus comme anéanti !
" Quoi ? me disais-je, est-il donc vrai que ce corps, où je sens palpiter la vie, sera bientôt un festin pour les vers ! Qu'en dehors et en dedans de ces orbites, où maintenant mes yeux étincellent, ramperont d'immondes créatures, progéniture de la corruption ! Que ces membres, aujourd'hui pleins de vigueur, étendus dans la froide immobilité, dans l'abjecte impuissance de la mort, deviendront un objet d'invincible dégoût pour ceux-là mêmes qui me chérissent le plus, en sorte qu'ils s'écrieront avec Abraham : Otez mon mort de devant moi !..."
Peut-être, ne parvenons nous pas encore à réaliser, dans toute son horreur, ce lugubre tableau.
Ne semble-t-il pas étrange, ne semble-t-il pas incroyable que pour celle et celui venant dans le lieu de culte serons un jour portés dans le sépulcre ; que ces regards, qui s'étaient fixés sur le pasteur, sur nous, seront voilés d'une obscurité éternelle, que ces langues, qui faisaient entendre une sainte harmonie, bientôt ne seront plus qu'un peu de boue ; que nous enfin, dans toute la force de l'âge et de la santé, serons incapable de mouvoir un muscle, d'articuler un son, et deviendrons une masse inerte, fille de la fosse et soeur de la corruption ?...
Sans doute, nul n'ignore ces sombres vérités ; nul ne peut les révoquer en doute ; mais n'est-il pas vrai que, lorsque par la pensée l'on essaie de se les appliquer à soi-même, on est presque tenté de les déclarer impossibles ?
Ah ! C'est que la mort exerce sur notre enveloppe terrestre de si épouvantables ravages ; elle met en pièces d'une façon si hideuse cette admirable organisation, chef-d'oeuvre du Créateur, que c'est à peine si notre intelligence étonnée peut la suivre dans son oeuvre de vandalisme !
Toutefois, efforçons-nous de nous faire une idée aussi exacte que possible de ce qu'est un cadavre, et, lorsque nous y serons parvenus, je vous prie, chacun en particulier, que c'est là l'image employée dans mon texte pour représenter la condition de notre âme par nature.
Et en vérité, l'Apôtre n'aurait pu faire usage d'une métaphore plus juste ; car, de même qu'un cadavre est passif, inerte, insensible, prêt à se décomposer, ainsi est toute âme humaine si elle n'a été vivifiée par la Grâce de Dieu.
Nous sommes morts dans nos fautes et dans nos péchés ; la mort habite en nous, et ce germe de mort est susceptible de se développer graduellement, de telle sorte que, laissés à nous-mêmes, nous tous, pourrions devenir avec le temps des objets véritablement hideux.
Hideux par nos vices et notre corruption morale, tout comme le cadavre est rendu hideux par la corruption matérielle.
Voilà, ce que nous enseigne l'Ecriture, touchant l'état moral de l'homme.
Dans toutes ses pages, elle nous dit que depuis la chute l'enfant d'Adam par nature est mort ; qu'être perdu et dégradé, il est dans un sens spirituel absolument privé de vie.
Elle nous enseigne, en outre, que s'il obtient la vie, ce ne peut être que grâce à une véritable résurrection opérée dans son âme par l'Esprit de Dieu, et que cette résurrection, il la devra, non à aucun mérite qui pût être en lui, mais uniquement au Bon Paisir du Père, à un effet tout gratuit de Sa Miséricorde Infinie et Souveraine.
Voilà, je le répète, la doctrine qui ressort de la Bible tout entière ; et c'est sur cette doctrine, formulée avec une remarquable précision dans les paroles de mon texte, que je désire appeler notre attention pendant quelques instants.
Je ferai mon possible pour rendre mes développements intéressants en même temps que clairs.
Dans l'espoir d'atteindre ce double but, j'illustrerai, en quelque sorte, mon sujet d'une manière qui, au premier abord, vous paraîtra sans doute un peu étrange.
Vous vous souvenez que pendant son séjour sur la terre le Seigneur Jésus accomplit trois résurrections.
Je ne sache pas qu'Il en ait accompli d'autres.
En premier lieu, Il ressuscita une enfant de douze ans, la fille de Jaïrus, qui, étendue sans vie sur sa couche, se leva incontinent, dès que Jésus eut prononcé cette seule parole : " Talitha cumi !"
En second lieu, le Seigneur ressuscita le fils de la veuve de Naïn, qui, couché sur sa bière, était transporté au tombeau, et qu'Il réveilla de son sommeil de mort par ces mots : " Jeune homme, je te le dis, lève-toi !"
Enfin, la troisième et la plus mémorable résurrection opérée par Jésus fut celle de Lazare, lequel n'était plus ni sur son lit, ni en chemin vers la tombe, mais dont la corruption avait déjà fait sa proie, lorsque le Seigneur, par le verbe de Sa Toute-Puissance, le rappela à la vie, en criant à haute voix : " Lazare, sors dehors !"
Ces trois faits, je les transporterai, pour ainsi dire, dans le domaine spirituel, et je les emploierai comme des types ou des images pour représenter successivement d'abord :
Les différences extérieures qui existent entre les âmes inconverties, quoique leur condition soit au fond la même.
En second lieu, les différents moyens de grâce employés pour vivifier les pécheurs.
Et enfin, les différentes manifestations de cette vie, qui pourtant est une dans un sens absolu.
La Résurrection spirituelle de l'homme perdu (2ème partie)
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