Le vent souffle où il veut et tu en entends le son, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.
(Jean 3.8)
Qui pourra dire l'infinie variété des opérations de Dieu dans les âmes !
L'Écriture nous offre d'innombrables exemples des moules divers dans lesquels Dieu jette les éléments glorieux de la nouvelle création.
Autre est la conversion des trois mille, qui, au jour de la Pentecôte, se précipitent comme un torrent à Jésus-Christ ; autre celle des apôtres comprenant enfin la réalité et l’oeuvre du Christ.
Autre est la conversion de Saul de Tarse, violente et fortement accentuée ; autre celle de l'officier Ethiopien et du centenier Corneille, âmes exemptes de préjugés, marchant de vérité en vérité, de lumière en lumière.
Autre encore celle du geôlier de Philippe, au sein d'une nuit agitée ; autre celle de Lydie paisiblement assise sur le bord du fleuve, et sentant son cœur s'ouvrir pendant que Paul parlait.
De tout temps les diversités de nature, d'éducation, d'antécédents, de tempérament même, varient à l'infini l'œuvre essentiellement une de la régénération des pécheurs.
L'Esprit souffle à travers la diversité des caractères.
Les natures ardentes ou paisibles, expansives ou concentrées, les Marthe et les Marie, les saint Jean et les saint Pierre, les Luther et les Calvin, sont diversement transformés par l'action de l'Évangile.
L'Esprit souffle à travers la diversité des âges.
J'ai vu l'enfant arriver dans une même période à la raison et à la foi, le jeune homme consacrer à Dieu le printemps de sa vie, et le vieillard « appelé à la onzième heure, » n'ouvrir les yeux à la lumière d'en haut que lorsqu'ils allaient se fermer à la lumière d'ici-bas.
L'Esprit souffle à travers la diversité des époques.
Autre est le Christianisme, si ardent et si pur de l'Église primitive ; autre celui qui brille çà et là dans la nuit du moyen-âge, autre le Christianisme réfléchi des temps modernes.
L'Esprit souffle à travers la diversité des nationalités.
Le génie anglais grave, exact et pratique, le génie germanique plus vague et plus profond, le génie français plus lumineux, plus vif, plus résolu, marquent chacun la piété de leur empreinte.*
L'Esprit souffle enfin à travers la diversité des Églises. *
Il nous plairait peut-être de l'enfermer dans la nôtre, mais il plane, dans sa liberté souveraine, au-dessus de tous les compartiments de la vaste « maison de Dieu. » *
Ne le sentez-vous pas dans les écrits de nos Réformateurs, pleins d'une piété mâle, vigoureuse, qui ne fuit pas le monde, mais qui y demeure tout armée pour le combattre et pour le vaincre ?
O voies merveilleuses de la sagesse de Dieu, « infiniment diverses » selon la parole de l'Apôtre !
O ressources sans nombre de la grâce de Jésus-Christ !
O puissance de l'Esprit qui déborde toutes nos conceptions !
Mais, à travers ces différences multipliées éclate une unité profonde.
Il y a diversité d'opérations, mais il n'y a qu'un seul Esprit.
Toutes ces âmes, à quelque Église, à quelque siècle, à quelque nation qu'elles appartiennent, nous offrent le même prodige spirituel :
elles sont nées de l'Esprit.
Toutes pourraient chanter, sur des modes divers, cette belle strophe d'un poète chrétien :
Dans l'abîme de misères,
Où j'expirais loin de toi,
Ta bonté, Dieu de mes pères,
Descendit jusqu'à moi !
Tu parlas, mes yeux s'ouvrirent !
A mes regards éperdus
Tes secrets se découvrirent !
J'étais mort et je vécus.
« J'étais mort et je vécus ! »
Tout est là.
Voilà l'expérience décisive, voilà l'unité des chrétiens !
Voilà le « témoignage du Saint-Esprit. ».
Aussi, posons nous la question avec notre texte :
Sommes nous nés de l'Esprit ?
Avons nous senti le souffle céleste passer sur notre âme et renouveler notre vie ?
Est-ce qu'un principe divin a pénétré en nous pour nous unir à Dieu et nous séparer du monde ?
Est-ce que Dieu, Christ, le pardon, le salut, le ciel, le service du divin Maître, sont pour nous des réalités ?
Est-ce vers ces réalités que se portent de plus en plus nos pensées, nos affections, nos efforts, ou tout au moins nos soupirs ?
En un mot, sommes nous nés de l'Esprit !
Que jamais il ne soit dit peut-être, en s’autorisant des propres paroles de Jésus-Christ pour se soustraire à son appel :
Si l'Esprit peut seul nous faire naître et si l'Esprit souffle où il veut, qu'avons-nous à faire que d'attendre le jour où il plaira à Dieu de nous l'envoyer ?
Ah ! Quelle y soit répondue avec fermeté :
Oui ! Attendez ce jour, mais attendez-le avec une sainte impatience :
Attendez-le en priant, en désirant avec sincérité, en recherchant avec énergie le don céleste : être né de Dieu.
Si nous avons relevé, dans ce discours, la liberté et la souveraineté de Dieu, nous n'avons pas un instant oublié la liberté et la responsabilité humaines.
Dieu est l'Ouvrier suprême, mais vous êtes « ouvriers avec Lui !
"Je vous donnerai un cœur nouveau et un esprit nouveau", nous dit l'Éternel par la voix du prophète.
Mais il nous dit aussi, par la voix du même prophète :
Faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. (Ezéchiel 36.26 et 18.31)
Ces déclarations, en apparence opposées, se concilient dans l'expérience de toute âme sincère.
D'ailleurs, ne vous représentez pas le don du Saint-Esprit sous la forme d'une vision, d'une extase, ou de quelque phénomène extraordinaire.
L'Esprit s'approche de nos cœurs par les voies les plus simples et les plus habituelles.
Il est dans cette page de la Bible qui nous émeut, dans cette prédication chrétienne qui nous édifie, dans cette vérité qui nous saisit avec force, dans cette impulsion généreuse que reçoit un jour notre volonté ;
Il est dans ce trouble de notre conscience, dans ce vide qu'éprouve notre cœur, dans cette larme qui s'échappe involontairement de nos yeux....
Vous disiez : je l'attends.
Et il était près de vous, cet Esprit de grâce, entourant et pressant votre âme de ses divines influences !
Que de fois il vous a déjà parlé, que de fois il a excité de saints désirs dans votre cœur !
mais vous l'avez repoussé peut-être....
Il vous parle encore à cette heure même, dans le silence d’un temple, d’une chambre, où que vous soyez,
Ah ! Ne l'éteignez pas ! Ne le contristez pas !
Et que, comme aux jours de la création première, un monde nouveau puisse éclore au-dedans de vous, sous le souffle de Dieu !
Ernest Dhombres,
Pasteur Protestant Réformé
* Nota : rassurons nous de savoir également que l’Esprit souffle tout autant à travers les génies des nationalités diverses auxquels chacune ou chacun appartient, et que, si l'Esprit à travers les diversités des églises composant la vaste et réelle maison de Dieu souffle également, ceci sous entend de la part de l'auteur l'attachement de tout Chrétien authentique à la Parole de Dieu. D'évidence, afin d'éviter toute confusion, il n'y a de sa part aucune caution, soutien ou appui à certaines théories existante dans le pentecôtisme et charismatisme (Glossolalie, arminianisme, etc...).
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