
« Le vent souffle où il veut et tu en entends le son, mais tu ne sais ni d'où il vient, ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit. »
(Jean 3.8)
Oui, il en est de même, à travers les siècles, non seulement dans les réveils généraux renouvelées que Dieu envoie de temps à autre à son Église, mais dans les conversions individuelles qui s'opèrent encore sous nos yeux.
Vous avez vu des âmes transformées, des pécheurs ramenés de leurs égarements, des vies arrachées au monde et rendues à Jésus-Christ.
Fruits célestes, que la terre est incapable de produire !
Effets divins que la nature n'explique pas, que les vicissitudes de la vie n'expliquent pas, que les influences humaines n'expliquent pas, et qui dénotent une cause divine :
Le vent céleste a soufflé.
Comment ?
c'est le secret de Dieu.
Mais nous en entendons le son, nous en constatons le glorieux passage.
Mystère, mais réalité !
Au reste, quand nous pourrions moins encore la comprendre, l'œuvre du Saint-Esprit n'en serait pas moins absolument nécessaire pour convertir les cœurs.
Rien ne peut la remplacer, ni la suppléer.
La comparaison de notre texte vient encore nous l'apprendre.
Que le vent se taise, tout est immobile et silencieux dans la nature.
Aucun souffle humain ne peut au loin balancer les rameaux des arbres, incliner les moissons, ou enfler la voile du navire.
Que le vent se lève et les couches d'air se déplacent, les feuilles s'agitent, l'air frémit, et l'aile du vaisseau l'emporte à travers les ondes.
Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.
Sans l'action du Saint-Esprit les âmes demeurent dans l'immobilité et dans la mort.
Ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l'esprit est esprit.
Le péché s'est étendu sur l'âme humaine et ne lui a plus laissé qu'une vie charnelle qui est une véritable mort.
Oubli de Dieu, oubli du ciel, oubli de la loi de Dieu, obscurcissement de la conscience, domination de la chair sur l'esprit, voilà l'état naturel de l'homme depuis que « le péché est entré dans le monde et par le péché la mort. »
C'est cet état que Dieu vient faire cesser par la proclamation de l'Évangile, par le don de son Fils.
Mais nous ne pouvons recevoir l'Évangile, nous ne pouvons recevoir Jésus-Christ que par le Saint-Esprit.
Le Saint-Esprit peut seul mettre notre âme en rapport vivant avec l'Évangile, en rapport vivant avec Jésus-Christ.
Sans l'action du Saint-Esprit, l'Évangile, Jésus-Christ, restent hors de nous, ils sont pour nous comme s'ils n'étaient pas.
Recueillons à cet égard le témoignage de tous les Chrétiens, ils nous diront :
Nous lisions la parole de Dieu dans nos demeures, et nous l'entendions dans nos temples, mais cette parole de Dieu ne pénétrait pas au-dedans de nous.
Nous l'entendions de nos oreilles, nous l'admettions par l'intelligence, mais elle ne faisait pas tressaillir nos âmes.
Plus d'une fois ses grandes doctrines nous froissaient, ses saints mystères nous repoussaient, cette révélation de Dieu était enveloppée pour nous d'obscurité et de contradictions :
car « l'homme animal ne comprend pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, elles lui paraissent une folie parce que c'est spirituellement qu'on en juge. »
Mais un jour nous avons dit à Dieu avec David :
Dessille mes yeux afin que je regarde aux merveilles de la loi, et ces merveilles nous sont apparues, ces ténèbres nous sont devenues lumière, ces contradictions harmonie, cette folie sagesse, la vérité chrétienne a répondu aux plus profonds besoins de notre cœur.
C'est l'esprit de Dieu qui a illuminé les yeux de notre entendement, qui nous a fait connaître les choses qui nous ont été données de Dieu et qui a rendu sa parole vivante et efficace dans nos âmes.
Cette parole rendue vivante, les grandes vérités qu'elle enseigne sont devenues vivantes pour nous.
Elle nous parlait à chaque page de notre péché.
Nous y entendions les accents poignants d'un David, l'humble prière du péager, les douloureuses expériences d'un saint Paul :
« Quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi »
et la déclaration solennelle d'un saint Jean :
« le monde est plongé dans le mal. »
Et nous avions une conscience confuse de ce mal, nous nous reconnaissions pécheurs avec l'humanité tout entière, mais sans douleur, sans trouble, sans larmes, sans un besoin personnel et irrésistible de sortir de notre corruption, lorsqu'un jour l'Esprit est venu nous convaincre de péché ; il nous a dit au fond même de notre conscience :
tu es cet homme-là ;
tu es ce pauvre pécheur, souillé, condamné, perdu...
Oh ! alors, quel trouble ! Quelle inquiétude ! Quelle repentance !
Et la prière du péager s'est pour la première fois échappée de notre âme :
« O Dieu ! sois apaisé envers moi qui suis pécheur. »
O Dieu, pardonne-moi, sauve-moi au nom de Jésus-Christ.
Jésus-Christ !
Nous avions entendu depuis notre enfance son nom sacré, nous avions lu dans sa Parole l'histoire de sa vie, de ses souffrances, de sa mort, de sa résurrection, et il était resté pour nous un être absent, éloigné, homme du passé, sans rapport direct avec notre âme qui l'appelait vaguement le Sauveur de l'humanité.
Mais, convaincus de péché par le Saint-Esprit, comme il nous est devenu nécessaire, comme nous avons soupiré après sa délivrance !
Ainsi que la statue dont les voiles tombent, il nous est tout à coup apparu dans son ineffable réalité, dans son infinie douceur...
Mais il n'est pas resté immobile, il s'est avancé vers nous, et il nous a dit à nous-mêmes :
« Ne crains point, crois seulement. Va en paix, tes péchés te sont pardonnés. »
Alors nous avons compris cette parole :
Nul ne peut dire que Jésus-Christ est le Seigneur, si ce n'est par le Saint-Esprit.
Le dire des lèvres, c'est facile !
Le dire de l'intelligence, c'est facile !
Mais le dire du cœur et de l'âme, nul ne le peut si ce n'est par le Saint-Esprit, qui seul persuade, qui seul ouvre le cœur, qui seul lui donne Jésus-Christ, et le donne à Jésus-Christ !
Et quand nous avons connu, quand nous avons possédé Jésus-Christ, nous avons senti qu'une vie nouvelle était éclose dans notre âme.
Jusques-là nous étions préoccupés sans doute de devoir et de moralité, mais nous ne vivions pas de la vie de Dieu.
Convaincus de péché, ayant obtenu grâce, c'est ce Dieu Sauveur qui est devenu l'objet suprême de notre vie.
L'aimer, le servir, lui immoler nos convoitises, lui consacrer tout notre être, voilà pour nous ce que c'est que vivre.
Et si nous étions plus fidèles, si nous laissions l'Esprit poursuivre, consommer en nous son œuvre glorieuse, quelle horreur du mal !
Quel accomplissement du bien !
Quels triomphes sur la chair et le sang !
Quelle humilité ! Quelle charité ! Quelle sainteté !
Alors nous pourrions dire avec saint Paul :
« La loi de l'Esprit de vie qui est en Jésus-Christ m'a affranchi de la loi du péché et de la mort...Si quelqu'un est en Christ il est une nouvelle créature. Les choses vieilles sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles. »
Œuvre magnifique, mais œuvre surhumaine !
Oeuvre « non de l'homme ni de la volonté de l'homme, » mais de l'Esprit de Dieu.
Sans le Saint-Esprit, nous pouvons avoir l'apparence, la copie extérieure du christianisme :
nous n'en avons pas la réalité.
Sans le Saint-Esprit :
- la repentance n'est qu'un regret stérile,
- la foi n'est qu'une adhésion intellectuelle,
- la charité n'est que de la philanthropie,
- la prière elle-même n'est qu'un mouvement des lèvres ou une vague et stérile élévation de l'âme.
Par le Saint-Esprit :
- le repentir est une sainte douleur,
- la foi est une conviction qui saisit tout notre être,
- la charité une double flamme qui nous porte vers Dieu et vers nos frères,
- la prière un soupir de l'Esprit qui descend du ciel et qui y remonte en nous emportant avec lui.
O vous qui soupirez après la vie de Dieu, n'avez-vous pas douloureusement senti combien l'Esprit vous est nécessaire pour soulever votre âme attachée à la poudre !
Représentez-vous vivement, d'une part l'état naturel de l'homme, l'éloignement de Dieu, l'égoïsme, les inclinations mondaines, le poids honteux de la chair ;
Et d'autre part l'état glorieux du chrétien, la communion avec Dieu, l'amour, la sainteté ;
et pour passer de l'un de ces états à l'autre, votre inertie, vos vaines résolutions, votre inconstance, votre impuissance...
Ah ! Ne vous écrierez-vous pas avec le prophète en présence de ce désert moral où règnent l'immobilité et la mort :
« Esprit, souffle des quatre vents, souffle sur ces morts, afin qu'ils revivent ! »
L'œuvre de l'Esprit est nécessaire.
L'Esprit est le saint agitateur de l'âme humaine, le Créateur unique de la vie d'en haut.
Mais il agit avec une souveraine liberté : je veux dire que riche en conseil et abondant en moyens, il travaille dans les âmes avec une suprême indépendance, et que ce n'est point à nous à régler sa marche, à déterminer ses modes d'action.
Dans le domaine de la nature, le vent souffle où il veut et comme il veut :
- aujourd'hui sur les hautes cimes, demain plus près de terre à travers les vallées profondes ;
- aujourd'hui, porté, sur les ailes de l'aurore, demain sur les ailes de la nuit.
Il souffle « de l'Orient ou de l'Occident, du septentrion ou du midi. »
Ici c'est un vent de tempête qui déracine les arbres et ébranle les rochers ; là c'est un vent doux et subtil comme celui qu'entendit le prophète sur les hauteurs du Carmel.
Il est agent à la fois un et divers de mouvement et de vie, souffle de Dieu se promenant librement dans le vaste domaine de la création.
Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.






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