
Le vent souffle où il veut et tu en entends le son, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.
(Jean 3.8)
Il est deux aspects sous lesquels on peut considérer le Saint-Esprit : sa nature et son œuvre, ce qu'il est en lui-même et ce qu'il produit dans les âmes.
La nature du Saint-Esprit !
Grande et haute question !
Relever toutes les déclarations des Ecritures sur ce point important, soit dans la première, soit dans la deuxième partie de la Bible, particulièrement dans saint Jean et dans saint Paul, les deux apôtres théologiens ; puis de ces données scripturaires, s'élever par l'effort de la pensée et par l'intuition du cœur à la conception de la personnalité du Saint-Esprit et marquer sa place dans l'essence divine ; saisir dans l'unité suprême de Dieu une pluralité mystérieuse, dans l'égalité parfaite une distinction parfaite ; voir ainsi l'idée du Dieu rationnel, plus ou moins abstraite, immobile et froide, faire place à la notion riche, vivante, animée du Dieu révélé ; -- voilà un noble labeur de l'esprit et nous comprenons qu'il ait tenté cet évêque de la cité des Ptolémées qui, dans un magnifique essai de spéculation, a concentré sur ces profondeurs tout l'effort du génie humain.
Mais, nos auditoires supporteraient-ils ces fortes méditations que ne redoutaient pas nos pères, et l'esprit positif du siècle ne viendrait-il pas se joindre à je ne sais quelle paresse intellectuelle pour bannir des sujets aussi abrupts de la chaire Chrétienne ?
Convenons-en d'ailleurs, traiter de telles matières avec tous les développements qu'elles comportent, ce serait faire de la théologie plutôt que de la religion.
Or, dans cette heure rapide, conquise non sans peine sur notre vie agitée, c'est de la religion plutôt que de la théologie que l’on attend de nous.
Occupons-nous donc de l'œuvre de l'Esprit, des divines opérations de cet Agent mystérieux dont l'Ecriture nous parle en tant de passages et sur lequel la solennité de ce moment dirige notre attention.
La parole de notre texte, empruntée à l'entretien de Jésus avec Nicodème, nous décrit cette œuvre du Saint-Esprit dans une comparaison saisissante :
« L'Esprit souffle où il veut et tu en entends le son, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va ; il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit. »
En hébreu, comme dans le grec de la seconde partie de la Bible, empreint d'hébraïsme, le même mot désigne le vent et l'esprit.
De là une analogie instructive, sur ce point comme sur beaucoup d'autres, entre la sphère de la nature et la sphère de la grâce ; analogie qui nous fournira sur l'action du Saint-Esprit de précieuses lumières et nous montrera successivement le mystère de cette action, son absolue nécessité pour toute âme d'homme, et la souveraine liberté de ses modes d'opération dans les cœurs.
J'ai parlé d'abord du mystère de l'action du Saint-Esprit.
Ne nous figurons pas avoir échappé au mystère parce qu'au lieu d'envisager la nature du Saint-Esprit, nous envisageons son œuvre.
Là aussi, dans les rapports de l'infini avec le fini comme dans la contemplation de l'infini en lui-même nous touchons au merveilleux, à l'incompréhensible.
Le mystère est partout, au ciel et sur la terre ; il nous enveloppe, il nous presse de toutes parts et que sommes-nous nous-mêmes si ce n'est « un mystère jeté au sein du mystère universel ? »
Il faut le reconnaître et en prendre son parti, ou bien se résoudre à nier, parce qu'on ne les comprend pas, une foule de faits et de phénomènes indéniables.
Comment l'Esprit infini peut-il agir sur notre esprit borné ?
Comment cette personnalité mystérieuse peut-elle s'unir à la nôtre ?
Comment le divin peut-il toucher et pénétrer l'humain ?
Comment, au sein de notre liberté, la liberté et la souveraineté divine peuvent-elles se déployer en nous ?
Questions insolubles et éternellement insolubles.
Et cependant cette action, ces communications merveilleuses, ces triomphes de l'Esprit sur notre nature sont des faits incontestables.
La comparaison de notre texte nous rend sensible cette réalité de l'œuvre de l'Esprit dans l'obscurité de son mode d'action.
Le vent souffle où il veut et tu en entends le son, mais tu ne sais d'où il vient ni où il va.
Nous ne voyons pas le vent, mais nous voyons ses effets.
Nous ne connaissons ni son point de départ ni son point d'arrivée, mais nous saisissons les traces certaines de son passage.
Qu'il souffle doux ou véhément à travers nos campagnes, et un suave murmure, une plainte mélancolique ou un sourd mugissement parviennent à nos oreilles, tandis qu'un spectacle plein d'animation frappe nos yeux.
Le feuillage frissonne doucement, les moissons ondulent avec grâce : ou bien les forêts s'agitent, les branches des arbres se tordent sous l'effort de la tempête, des tourbillons de poussière s'élèvent et de sombres nuages traversent les airs comme des armées qui se poursuivent et parfois se heurtent en faisant jaillir la foudre.
Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit.
Cet agent divin demeure invisible, mais ses effets sont visibles.
Un souffle d'en haut a passé sur les âmes : nous le reconnaissons à cette agitation féconde, à ces mouvements célestes, à ces glorieux résultats qui s'offrent à nos regards.
Quels exemples nous en sont donné lorsque nous lisons les merveilleux effets de la parole des apôtres à travers les épitres, nous pourrions nous dire qu’il vient de l’éloquence et de son étonnant prestige.
Non.
Saint pierre n'était pas un orateur.
Pas plus que saint Paul, ils n'annonçaient l'Evangile avec les discours pathétiques qu'enseigne la sagesse humaine.
D'ailleurs l'éloquence humaine ne produit que des effets humains.
Elle peut exciter l'admiration, l'enthousiasme, exalter les courages, soulever dans un sens ou dans un autre les passions populaires ; mais pour produire les effets spirituels, pour renverser les préjugés et l'orgueil, pour déterminer la repentance, pour amener les pensées « captives à l'obéissance de la croix », il faut autre chose que l'éloquence humaine.
Il fallait l'action du Saint-Esprit.
C'est, dirions nous encore, la puissance de la vérité, la proclamation de la résurrection de Jésus-Christ...
Sans doute...
Mais que de fois la vérité n'a-t-elle pas été présentée avec la même clarté et la même force, sans produire des effets semblables ?
Reconnaissons ici le travail du Saint-Esprit accompagnant la prédication de la vérité.
Le souffle d'en haut dans les faits relevés d’avec les apôtres, a passé sur les âmes et les a remuées jusqu'au fond.
Comment ?
C'est le secret de Dieu.
Mais le ciel s'est abaissé sur la terre, et une création divine s'est opérée dans les cœurs.
« Le vent souffle où il veut et tu en entends le son, mais tu ne sais ni d'où il vient, ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l'Esprit. »







/image%2F1498835%2F20250422%2Fob_0fcf05_youtube5.jpg)













