"Pour moi donc, mes frères, quand je suis venu vers vous, je n'y suis point venu avec excellence de parole et de sagesse humaine, en vous annonçant le témoignage de Dieu ; parce que je ne me suis proposé de savoir autre chose parmi vous que Jésus Christ ; et Jésus Christ crucifié. Et j'ai même été parmi vous dans la faiblesse, dans la crainte et dans un grand tremblement. Et ma parole et ma prédication n'ont ponit été en paroles persuasives de la sagesse humaine, mais en évidence de l'Esprit et de puissance ; afin que votre foi ne soit point de la sagesse des hommes, mais de la puissance de Dieu. Or, nous proposons une sagesse entre les parfaits, une sagesse, dis je, qui n'est point de ce monde, ni des princes de ce siècle, qui vont être anéantis. Mais nous proposons la sagesse de Dieu, qui est un mystère, c'est à dire cachée, laquelle Dieu avait, avant les siècles, déterminée à notre gloire, et laquelle aucun des princes de ce siècle n'a connue ; car s'ils l'eussent connue, jamais ils n'eussent crucifié le Seigneur de gloire. Mais, ainsi qu'il est écrit : Ce sont des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a piont ouïes, et qui ne sont piont montées au coeur de l'homme, lesquelles Dieu a préparées à ceux qui l'aiment. Mais Dieu nous les a révélées par son Esprit ; car l'Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu." (1 Corinthiens 2 - 1/10)
Tout en Jésus christ.
On est porté quelquefois à se représenter Jésus Christ comme ayant seulement ouvert pour nous la porte du ciel, et puis nous ayant en quelques sorte abandonnés pour y marcher par nous mêmes ; mais c'est une vue bien étroite que celle là de ce que le Seigneur a fait et de ce qu'Il est pour nous ; et saint Paul avait assurément de plus hautes pensées lorsqu'il écrivait :
"Je n'ai pas voulu savoir autre chose parmi vous que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié."
Pour lui, Dieu tout entier se résume en Jésus Christ, et Jésus Christ tout entier se résume dans sa croix.
Et ailleurs :
"Il nous a été fait de la part de Dieu sagesse, justice, sanctification et rédemption", où nous voyons que Jésus Christ ne nous a pas été donné seulement pour effacer nos péchés par son sang une fois répandu, mais qu'Il nous a été donné encore, une fois réconcilés avec Dieu par ce précieux sang, pour nous conduire, pour nous sanctifier, pour nous remplir de sagesse, et pour accomplir tout en tous.
Et encore :
"Toute la plénitude de la divinité habite en Lui corporellement" ; c'est dans la chair, c'est sous une forme visible que Dieu habite en Christ, mais Il y habite tout entier, avec toute Sa Gloire et toutes Ses Perfections Eternelles.
Et ailleurs encore, dans un autre passage bien profond du même apôtre :
"Toutes choses sont à vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu", où nous voyons Dieu, par une admirable, une merveilleuse hiérarchie, à la tête de l'organisation tout entière de la Vérité Eternelle, envoyant et conduisant Son fils, et Son Fils à son tour nous appelant et nous adoptant à Lui, afin qu'au nom de ce Fils nous dominions sur toutes choses, et que nous possédions l'univers tout entier du droit de membres de Celui auquel l'univers tout entier est soumis.
"Toutes choses sont à vous", premier degré ; "et vous à Christ", seconde degré ; "et christ à Dieu", premier ou troisième degré, degré suprême auquel tout le reste se rattache et duquel tout le reste dépend.
Que nous voilà loin maintenant de la pensée de ceux qui se représentent Jésus Christ comme ayant accompli seulement un acte, l'acte principal du salut !
Jésus Christ est le Dieu de l'homme, comme l'a si bien dit Pascal dans quelques pages où il développe d'une manière profondément Chrétienne la place que Jésus Christ occupe entre Dieu et nous ; Il est le Dieu de l'homme ; Il est Dieu qui s'est donné à nous ; Il s'est donné tout Entier ; et quand nous possédons Jésus Christ par une foi véritable, nous ne possédons rien moins que Dieu Lui même, et en Lui la Vie Eternelle :
"Celui qui a le Fils a la vie... Dieu nous a donné la Vie Eternelle, et cette vie est en Son Fils".
Aussi quel que soit le besoin qu'il s'agisse de satisfaire dans nos âmes et dans notre existence tout entière, terrestre et éternelle, nous le trouvons en Jésus Christ.
S'agit il avant tout d'effacer nos péchés ?
Il les a effacés par Son sang.
Il n'y a qu'une chose au monde qui efface les péchés : ce ne sont pas nos pénitences, ce n'est pas notre repentir, ce ne sont pas nos aumônes et nos bonnes oeuvres, ce ne sont pas même nos prières, --- c'est le sang de Jésus Christ --- !!!
"Le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché".
Tout péché que le sang de Jésus christ a couvert est à jamais anéanti devant Dieu.
Dieu Lui même ne le voit plus : je pourrais employer des expressions plus fortes encore sans m'écarter de l'Ecriture.
"Dieu Lui même les cherche, dit un prophète, et ne les trouve plus... Il a jeté nos péchés derrière Son Dos" pour ne plus les contempler.
"Il les a précipités au fond de la mer" ; et nous contemplant en Christ, Il nous contemple sans péché comme Christ Lui même qui "a été fait péché pour nous afin que nous fussions justice de Dieu en Lui".
S'agit il d'être consolés dans nos peines ?
Nous allons à Jésus Christ ; Il a souffert comme nous, plus que nous, infiniment plus que nous ne pouvons souffrir, infiniment plus que nous ne pouvons concevoir qu'on puisse souffrir.
Toutes nos douleurs ne sont qu'un petit ruisseau détaché du fleuve de Sa douleur infinie, comme c'est aussi de Sa croix que coule Toute Consolation et Toute Miséricorde ; et c'est vers l'homme de douleurs que nous allons chercher la consolation et la paix, sachant qu'Il sait ce que c'est que la langueur, sachant qu'en nous approchant de Lui nous trouverons non seulement le soulagement de nos douleurs, mais que nous y verrons des bénédictions véritables, et que nos afflictions les plus amères seront trouvées à la fin Ses Grâces les plus signalées.
S'agit il de la lumière et de la sagesse, de la force et de la résistance au péché ; s'agit il de ce monde ou s'agit il de l'autre, tout est en Christ : ayant Christ nous avons toutes choses, mais privés de Lui nous n'avons absolument rien.
C'est pour cela que l'apôtre Paul, dans ce passage si merveilleux que je vous citais tantôt, dit :
"Toutes choses sont à vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu".
Toutes choses sont à vous si vous êtes à Christ, qui est à Dieu.
Ce n'est pas le rapport de Dieu à Christ qui sera cnotesté par personne ; ce n'est pas le rapport de Christ à nous, si nous sommes de Vrais Chrétiens, qui pourra être contesté.
Eh bien, qu'en résulte-t-il ?
Que toutes choses sont à nous.
Je suis pauvre ?
Toutes les fortunes de ce monde sont à moi ; car elles sont à Christ, qui est à Dieu, et qui saurait bien me donner avec Lui et par dessus Lui toutes les fortunes de la terre si elles m'étaient utiles.
Si au lieu des richesses Il me donne la pauvreté, c'est qu'elle est ce qu'il y a de meilleur pour moi, et le résultat du choix de Dieu.
Tout le monde entier avec toutes ses gloires et sa puissance m'appartient, car ils appartiennent à Mon Père, qui me les donnera demain, et qui pourrait me les donner aujourd'hui ou jamais, si cela m'était bon, car Il en dispose à Son Gré.
Je suis malade ?
La santé est à moi, la force est à moi, le bien être est à moi, une jouissance parfaite de tous les biens de la vie est à moi ; car tout cela est à Christ, qui est à Dieu, et qui en dispose à Son Gré.
Pour qui en disposerait Il, si ce n'est pour moi, Son Enfant ?
Que si donc Il me les refuse aujourd'hui, pour un moment fugitif qui passe comme une navette de tisserand, c'est qu'Il a Ses Raisons pour cela.
C'est qu'il y a dans ces douleurs et dans cette amertume des bénédictions cachées qui valent mieux pour moi que cette santé si précieuse et ce bien être si doux.
Il ne me prive jamais d'aucun bien que pour m'en accorder quelque autre meilleur : c'est là ma consolation, est est toute dans Son Amour.
S'agit il de la sagesse et des lumières ?
Eh bien, quand même je serais ignorant toute ma vie, que je n'aurais pas eu l'occasion de cultiver mes facultés dans le monde, je suis savant en Christ.
Connaissant Christ, je suis plus éclairé et plus illuminé des choses de Dieu que l'homme de ce monde qui a pâli une vie entière sur ses livres ; car je connais Cette lumière incréée, éternelle, qu'il ne connaît pas, qui est La Lumière dans laquelle se réjouit Dieu Lui même, et par laquelle je suis conduit infailliblement à travers toutes les obscurités de la vie.
Je vous défie de trouver quelque chose dont je ne puisse pas dire :
Cela est à Mon Père, donc cela est à moi ; s'Il me le refuse aujourd'hui, Il me le donnera demain : je me fie à Son Amour. Tout est à moi, si je suis à Christ.
Aussi remarquons que saint Paul dit dans le chapitre :
"Je n'ai voulu savoir autre chose parmi vous que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié".
O mes ami(e)s, ne soyons pas assez ingrats por oublier que c'est sous la croix et par la croix que Jésus Christ nous a acquis et mérité cette immense félicité que j'essaie de décrire, et que je ne réussis pas même à entrevoir ou à concevoir.
C'est par Son sang versé, c'est par Ses souffrances inimaginables qu'Il a tout accompli pour nous.
Son Amour est le principe de Notre délivrance et de Notre rédemption tout entière : Voilà Le Sauveur.
C'est par là que nous avons commencé, et c'est par là qu'il faut finir.
Nous venons à Sa croix, nous nous asseyons sous Sa croix, nous ne voulons pas que rien au monde nous arrache de cette place, nous y voulons vivre et nous y voulons mourir.
Cher(e)s ami(e)s, bientôt toutes les scènes de ce monde auront passé.
Nous avons de l'angoisse au monde, mais ayons bon courage : Jésus Christ a vaincu le monde ; l'homme fort a été lié par un plus fort que lui ; et maintenant nous voici en La Présence de Christ qui nous a rachetés par Son sang, et qui nous attend pour nous combler de gloire et de félicité.
Ne voulons nous pas de Sa Gloire ?
Ne voulons nous pas de Son Amour ?
Connaissons Le tel qu'Il est.
Embrassons Le tout entier par une foi sincère, afin que nous réalisions toujours ces paroles admirables de l'apôtre que nous soyons heureux dans la vie et plus heureux dans la mort, et que cette vie si triste pour l'homme soit pour nous une existence dont la lumière et la paix ira toujours croissant jusqu'au jour de christ, auquel soit rendu la louange, l'honneur et la goire, et par dessus tout l'hommage de nos coeurs, et d'un amour répondant, s'il se peut, au sien !
Amen,
Adolphe Monod,
Pasteur Protestant Réformé