« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu,
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de toute ta pensée et de toute ta force…
C’est le premier et le plus grand commandement ».
(Marc 12-30 / Matthieu 22-38)
Constatons que les premiers mots de mon texte nous imposent un devoir, le devoir d’aimer Dieu :
« Tu aimeras le Seigneur Ton Dieu. »
Il y a bien des manières de manquer à ce devoir.
Il est un classe d’hommes qui le méprisent sciemment et audacieusement, car ils haïssent Dieu.
Ici, c’est l’incrédule sans pudeur qui grince des dents contre le Très haut ; là, c’est le sceptique plus raffiné qui lance le venin de ses blasphèmes contre la personne de son Créateur.
Il ne manque pas de gens dans le monde qui se posent ouvertement en athées, et quoique, au fond de leurs consciences, beaucoup savent très bien qu’il y a un Dieu, néanmoins, de leurs lèvres, ils nient effrontément son existence.
De tels hommes nient qu’il y ait un Dieu, parce qu’ils donneraient tout au monde pour qu’il n’y en eût point.
La pensée est fille du désir ; mais il faut que le cœur soit parvenu à la dernière phase de l’endurcissement et de la corruption pour que cette pensée ose se traduire par des paroles, et que le malheureux qui prononce une impiété aussi monstrueuse, puisse le faire sans un certain sentiment de honte et de remords.
Ai je besoin de le dire ?
Mon texte concerne en première ligne tous ceux qui haïssent, qui méprisent, qui insultent l’Eternel, leur Dieu, qui mettent en doute son existence ou qui dénaturent son caractère.
Oh ! Incrédule ! Dieu t’ordonne de l’aimer de tout ton cœur ; puisque tu le hais, tu te places toi même volontairement sous le coup de la condamnation qui fondra, au dernier jour, sur les transgresseurs de cette loi.
D’autres hommes savent qu’il y a un Dieu, mais ils le négligent.
Ils traversent la vie avec indifférence, sans se mettre en peine de l’éternité.
« Après tout », disent-ils (si ce n’est pas leurs paroles, du moins par leur conduite), « après tout, peu nous importe qu’il y ait un Dieu ou qu’il n’y en ait point ».
Ils ne se soucient nullement de connaître leur créateur, et ses commandements ne leur inspirent pas la dixième partie du respect qu’ils éprouveraient pour une proclamation de leur gouvernement.
Ils sont tout prêts à se soumettre aux puissances établies (Romains 13-1), mais, quant à Celui par qui ces puissances subsistent, ils le mettent de côté et ils l’oublient.
Trop prudents ou trop timides pour oser déclarer ouvertement qu’ils ne croient pas en Dieu, ces hommes vivent comme s’il n’y en avait pas.
S’ils ne sont point athées en théorie, ils le sont en pratique.
Aucune place dans leurs pensées n’est réservée au Seigneur.
Ils se lèvent, le matin, sans songer à fléchir le genou devant Lui ; ils se couchent, le soir, sans murmurer une prière.
Jour après jour, semaine après semaine, ils s’occupent des affaires de la vie sans jamais avoir l’idée d’élever leur âme vers Dieu.
Quelquefois, vous les entendrez parler de « chance », de « hasard », de « bonne ou de mauvaise fortune », étranges divinités conçues dans leur cerveau ; mais Dieu, le Dieu Tout Puissant, le Dieu Vivant et Vrai, jamais ils ne parlent de Lui, si ce n’est quand ils prononcent son nom avec légèreté et inconvenance, ajoutant ainsi un péché de plus à la masse de leurs iniquités.
O vous, pécheurs, qui vivez ainsi dans l’oubli de Dieu, qui n’avez pour Lui qu’une froide et dédaigneuse indifférence, sachez que ce commandement s’adresse aussi à vous :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme. »
Mais ici, j’entends quelqu’un me dire :
« Il est vrai, ministre de l’Evangile, que je n’ai aucune prétention à la piété, mais, à mon sens, je n’en vaux pas moins pour cela. Je suis tout aussi intègre, tout aussi moral, tout aussi charitable que les soi-disants dévots. Rarement, j’en conviens, je franchis le seuil d’un lieu de culte ; je ne pense pas que ce soit là un devoir de la première importance ; mais, à tout prendre, je le répète, je vaux autant que mes voisins. Je suis un honnête homme ou une honnête femme ; personne n’a rien à me reprocher. D’ailleurs, s’il faut le dire, parmi vos gens d’Eglise, il y a tant et tant d’hypocrites, que franchement je n’ai aucune envie de devenir un des leurs. »
Arrête toi en là et permets moi de te faire une simple observation.
La religion est une affaire toute personnelle, qui ne regarde que Dieu et toi.
Or, ton Créateur t’a dit, à toi, individuellement :
« Tu m’aimeras de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. »
Là, sur ce point, ton Créateur te donne un ordre, Il entend que tu te fasses l’application personnelle entre toi et Lui malgré que tel pasteur a une conduite qui n’honore pas sa profession, ou tel membre de l’Eglise qui se conduit mal, ou telle autre personne ayant l’apparence de la piété, mais dont la vie est en contradiction avec les principes mêmes.
Si tu lui objectais :
« Seigneur, je ne veux pas t’aimer, parce qu’il y a des hypocrites », est ce que ta propre conscience, si faussée qu’elle soit par le péché, ne protesterait pas contre l’absurdité de ce raisonnement ?
Est-ce que ton bon sens lui-même ne te dirait pas :
« O homme, puisqu’il y a tant d’hypocrites, prends garde de ne pas en être un ; et puisqu’il y a tant de prétendus chrétiens qui déshonorent la cause de leur Seigneur par leur conduite, efforce toi, à plus forte raison, d’être vrai, sincère et loyal dans l’Eglise ? »
Mais hélas ! Où sont ils, les hommes qui se donnent la peine de réfléchir à ces vérités ?....
L’oubli du Seigneur est général.
Je ne pense pas que la masse du peuple soit incrédule : je crois au contraire que les athées sont plus rares qu’on ne pense.
La grande plaie de notre époque, c’est l’indifférence.
On ne se soucie point de savoir si la religion est vraie ou fausse.
On est satisfait de rester dans le vague à cet égard.
On n’a pas le temps de s’occuper des intérêts de son âme, on ne prend pas la peine de chercher la vérité, et on ne songe même pas à cet Etre puissant et bon par qui l’on subsiste.
Quand au premier et grand commandement, on n’en tient absolument aucun compte, et ainsi on frustre le Seigneur de ce qui Lui appartient.
Mais il y a une classe d’hommes qu’il serait injuste de confondre avec la multitude des indifférents.
Oui, je me plais à le reconnaître :
Il y a des femmes et des hommes aux instincts plus nobles, aux aspirations plus élevées.
Ceux là du moins n’oublient pas qu’il y a un Dieu.
Oh ! Non, loin de là.
Peut être sont ils versés dans la merveilleuse science de l’astronomie, et, quand ils élèvent leurs regards vers la voûte des cieux, ils admirent la majesté du Créateur.
Ils sont frappés d’étonnement en voyant la magnificence des œuvres de Dieu.
Ils rendent hommage à sa Suprême Sagesse.
Chaque fois qu’ils pensent à Dieu, ces hommes sont pénétrés d’une solennelle admiration, d’une crainte respectueuse.
Jamais vous ne les entendrez blasphémer ou prononcer le nom du Seigneur à la légère, leur âme est animée d’une profonde vénération pour le Créateur de l’univers.
C’est beaucoup, sans doute, mais est ce assez ?....
Non, mes cher(e)s ami(e)s, non, ce n’est point assez !
Le premier et le plus grand commandement demande autre chose.
Dieu ne dit point ô homme :
« Tu admireras Ma Puissance, tu vénéreras Ma Grandeur. »
Il exige plus que cela.
Il dit :
« Tu m’aimeras ! »
O toi, qui suis du regard les astres parcourant l’immensité de l’espace, c’est beau, assurément, de dire, dans un transport d’enthousiasme :
« Oh ! Que tes cieux sont grands ! Et que l’esprit de l’homme plie et tombe de haut, mon Dieu, quand il te nomme !... Oh ! Que suis-je, Seigneur, devant Tes cieux et Toi ? De Ton Immensité le poids pèse sur moi ; il m’égale au néant, il m’efface, il m’accable, et je m’estime moins qu’un de ces grains de sable ! » (Lamartine)
Oui, c’est quelque chose, ô mon frère, ô ma sœur, d’adorer ainsi le Puissant Créateur, mais cela ne suffit point.
Oh ! Plût à Dieu que tu puisses ajouter :
« Celui qui a créé l’armée des cieux, Celui qui appelle les étoiles par leur nom, Celui là est Mon Père, et mon cœur est plein d’affection pour Lui ! ».
Alors, mais alors seulement, tu auras obéi au commandement de mon texte, car ce que Dieu demande de toi, ce n’est pas ton admiration, mais ton amour :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur. »
Enfin, il y a des hommes et des femmes qui vont encore plus loin.
Non contents d’admirer Dieu dans ses œuvres, ils prennent plaisir à s’élever vers Lui par la contemplation.
Ils croient au Père, au Fils et au Saint Esprit.
Ils croient qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et que ces trois personnes ne sont qu’un.
Ils aiment à parcourir les pages de la Révélation, tout comme ils parcourent les pages de l’histoire.
La divinité est pour eux un sujet de curieuse étude, d’intéressantes recherches.
Ils prennent plaisir à méditer sur son essence, sur ses attributs, sur ses perfections.
Souvent même, ces hommes sont d’une orthodoxie irréprochable ; personne n’a un credo plus pur que le leur, et, en fait de doctrine chrétienne, nul ne pourrait leur en apprendre.
Aussi bien que qui que ce soit, ils défendraient au besoin telle vérité de l’Evangile, et entreraient avec feu dans les discussions les plus approfondies sur les choses divines.
Mais, hélas ! Leur religion a un défaut :
Elle ressemble à un poisson mort ; elle est froide et raide comme lui, et, pour peu que vous veniez en contact avec elle, vous sentez qu’elle n’a pas de vie.
Jamais les croyances de ces hommes ne les ont remués jusqu’au fond de l’âme ; leurs cœurs y sont restés complètement étrangers.
Leur esprit peut contempler Dieu, mais ils sont incapables de l’aimer ; ils peuvent méditer, mais non sentir ; penser à Dieu, mais non se jeter dans le sein de Sa Miséricorde !
Ah ! Froids penseurs, savants théoriciens à la vaste intelligence, mais au cœur de glace, qui discourez si bien sur Votre Créateur, mais qui ne savez pas l’aimer, puissiez vous recevoir en ce jour l’instruction de mon texte :
« Tu aimeras le Seigneur, Ton Dieu ! ». (...)
Le premier et le plus grand commandement : tu aimeras le Seigneur ton Dieu (Suite III )