« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu,
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de toute ta pensée et de toute ta force…
C’est le premier et le plus grand commandement ».
(Marc 12-30 / Matthieu 22-38)
« Tu aimeras le Seigneur, Ton Dieu ! »
Il me semble voir un homme qui se lève et qui me dit d’un air satisfait :
« Quant à moi, ce commandement ne m’effraie point, car je le mets en pratique. J’assiste au service divin deux fois chaque dimanche ; je fais le culte domestique avec ma famille ; j’ai soin, tous les matins en me levant, de répéter une prière ; enfin, je lis ma Bible et je donne de l’argent à beaucoup d’œuvres de bienfaisance… »
Ah ! Mon cher ami, ne t’abuse point.
Tu peux faire tout cela, tu peux faire plus encore, et pourtant ne pas aimer Dieu.
Autre chose est de servir Dieu comme un mercenaire, autre chose est de l’aimer comme un fils.
Que de personnes se rendent à un lieu de culte à peu près avec le même entrain que si elles marchaient au supplice !
C’est pour elles un pénible devoir, une tâche mortellement ennuyeuse.
Pour ce qui est de la prière, il va sans dire que ces personnes n’en font pas leurs délices.
Elles prient parce qu’elles croient ne pouvoir se dispenser de prier.
Je ne sais quel vague sentiment de devoir les contraint parfois à fléchir le genou devant Dieu, mais elles n’y prennent aucun plaisir.
Peut être parlent elles de Dieu avec révérence, mais jamais avec amour ; jamais leur cœur ne bondit en entendant son Nom ; jamais leurs yeux n’étincellent à la pensée de ses attributs ; jamais leur âme ne tressaille en méditant sur Ses Ouvrages, car la Grâce de Dieu ne l’a point touchée.
C’est pourquoi, tandis que ces gens honorent Dieu de leurs lèvres, leur cœur est bien éloigné de Lui, et ainsi, malgré le vain formalisme, ils désobéissent, tout comme les incrédules, à ce commandement :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu ».
Mes cher(e)s ami(e)s, comprenez vous maintenant toute la portée de mon texte ?
Hélas ! Je crains encore que plusieurs ne cherchent des faux fuyants pour échapper à sa condamnation.
Je crains que beaucoup d’âmes, au lieu de se reconnaître coupables, ne s’efforcent de faire une brèche à cette divine muraille, qui enserre l’humanité tout entière.
L’un(e) dira peut être :
« Mais je ne fais rien pour offenser Dieu… »
Là n’est pas la question, mon ami(e).
Il ne s’agit point de ce que tu ne fais pas ; il s’agit simplement de ceci :
« Aimes tu Dieu ? »
« Mais, peut reprendre un(e) autre, j’observe scrupuleusement tous les devoirs extérieurs de la religion… »
Soit ! Mais mon texte ne se contente pas de cela ; il dit expressément :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu ».
« Mais, peut il être encore ajouté, je fais beaucoup de choses pour le Seigneur ; je visite les pauvres, je suis monitrice ou moniteur d’une école du dimanche… »
Je t’en félicite, ma sœur, mon frère ; toutefois, j’en reviens à ma question :
« Aimes tu Dieu ? »
C’est ton cœur que Dieu demande, et, sans ton cœur, Il ne saurait être satisfait.
Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu : voilà le commandement ; et bien qu’aucun homme depuis la chute ne soit capable de l’observer, il n’en est pas moins obligatoire pour tous les enfants d’Adam.
Mais ce commandement ne nous impose pas seulement le devoir d’aimer Dieu, il nous dit encore quel doit être la mesure de cet amour.
Combien dois je aimer Dieu ?
Où fixerai je la limite de mon affection pour Lui ?
Je dois aimer mon prochain comme moi-même : dois je aimer mon Dieu plus encore ?...
Oui, les paroles de mon texte ne laissent aucun doute à cet égard :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. »
Or, il ne nous est commandé nulle part de nous aimer nous-mêmes ou d’aimer notre prochain de cette manière ; donc, la mesure de l’amour que nous devons à Dieu est infiniment supérieure à celle de tout amour humain.
Nous en déduisons cette vérité : Dieu veut que nous l’aimions par-dessus tout.
Mari, tu dois aimer ta femme ; tu ne saurais trop l’aimer, sauf dans un seul cas, celui où tu l’aimerais plus que Dieu, où tu chercherais à lui plaire plutôt qu’à Ton Créateur, où tu lui accorderais une préférence idolâtre.
Enfant, tu es tenu d’aimer tes parents ; tu ne saurais trop aimer le père qui t’engendra ou la mère qui te donna le jour ; toutefois, n’oublie point que ton affection pour eux ne doit être que secondaire.
Plus que ton père ou ta mère, tu dois aimer le Seigneur, ton Dieu. (nota : ce qui n’a rien à voir avec ce que Jésus dénonçait quant à l’hypocrisie de certains religieux prétextant aimer dans ce sens).
L’affection qu’Il réclame de toi est une affection suprême.
Sans aucun doute, il nous est permis et ordonné d’aimer tous nos proches, mais gardons nous d’aimer autant que Dieu ces chers objets de nos affections.
Vous pouvez dresser de petits trônes dans votre cœur pour les êtres chéris qui ont droit à votre tendresse, mais le trône de Dieu doit dominer tous les autres.
Vous pouvez placer vos bien aimés sur les degrés de l’autel, mais il faut que le Seigneur soit assis sur l’autel lui-même.
Il doit être le Monarque de vos affections, le Souverain de votre cœur.
Dis, dis, ô mon frère, ô ma soeur, as-tu observé(e) ce commandement ?
Pour ma part, je sais que je ne l’ai point fait ; je me reconnais coupable devant Dieu ; je ne puis que me jeter à Ses pieds et confesser mes transgressions…
Quoi qu’il en soit, le commandement subsiste dans toute son inflexible rigueur :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur », c'est-à-dire :
« Tu l’aimeras par-dessus tout. »
Une seconde déduction de mon texte, c’est que nous devons aimer Dieu tendrement.
Oui, il doit y avoir dans nos rapports avec Dieu cette chaleur, cette vie, cette puissance de sentiment qui sont les caractères de toute véritable affection.
Il faut que nous nous donnions à Lui tout entier et de tout cœur.
Oh ! De Grâce, n’aimons pas Dieu comme beaucoup de gens aiment leur prochain, de cette étrange espèce d’amour qui fait bien dire à l’occasion :
« Allez en paix, chauffez vous et soyez rassasiés », mais qui n’ajoute rien à ces froides paroles….
Non, le Seigneur ne veut pas d’un amour de ce genre.
Il faut que toutes les fibres de notre cœur palpitent d’affection pour Lui, que nous nous absorbions pour ainsi dire en Dieu, en sorte qu’Il devienne le grand objet de notre existence, le centre de notre tendresse.
Un don libre et volontaire de nous-mêmes, un joyeux élan de toutes nos facultés vers ce but suprême, voilà ce que doit être notre amour pour Dieu.
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur. »
Mais ce n’est pas tout.
Nous devons aussi aimer Dieu de toute notre âme, ou plutôt de toute notre vie, car c’est là le véritable sens de cette expression.
En d’autres termes, nous devons aimer Dieu jusqu’à la mort.
Si nous sommes appelés à verser notre sang pour la cause de notre Maître, il faut que, sans hésiter, nous lui sacrifiions notre vie.
Nous n’atteindrons jamais la plénitude de l’obéissance à ce commandement, à moins que, comme les vrais martyrs, nous ne soyons prêts à nous laisser jeter dans les bûchers ou dévorer par les bêtes féroces plutôt que de désobéir à Dieu.
Patrie, famille, liberté, fortune, bien être, joie et vie, le chrétien doit tout sacrifier au moindre appel de son Maître, sans quoi il n’accomplit point les paroles de mon texte :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de toute ton âme. »
Il y a plus encore : (…)
Le premier et le plus grand commandement : tu aimeras le Seigneur ton Dieu (Suite IV)