« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu,
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de toute ta pensée et de toute ta force…
C’est le premier et le plus grand commandement ».
(Marc 12-30 / Matthieu 22-38)
Le Sauveur a dit en parlant de mon texte :
« C’est le premier et le plus grand commandement. »
Il est, en effet, « le premier ».
Le premier tout d’abord par rang d’ancienneté, car il est antérieur aux dix commandements de la loi écrite.
Avant que l’Eternel eût dit :
« Tu ne commettras point d’adultère, tu ne déroberas point », les paroles de mon texte étaient une des lois qui régissaient l’univers.
Les intelligences célestes s’inclinaient déjà devant elle, alors que l’homme n’avait pas encore été créé.
Il n’était pas nécessaire que Dieu dît aux anges :
« Vous ne tuerez point, vous ne déroberez point », car le meurtre et le vol étaient probablement impossibles pour eux ; mais assurément, Il dut leur dire :
« Vous aimerez le Seigneur, Votre Dieu. »
Dès que Gabriel fut enfanté par le souffle du Très Haut, le grand principe de l’Amour de Dieu lui fut sans nul doute inculqué.
Ce commandement est donc « le premier » par son ancienneté.
Dans le jardin d’Eden, Adam y était soumis ; même avant la création d’Eve, sa femme, alors que tout autre précepte était encore superflu, celui ci fut gravé sur la table de son cœur :
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu ».
Mais le commandement qui nous occupe n’est pas seulement « le premier » par son antiquité, mais il l’est aussi par son importance.
Un précepte qui regarde directement le Dieu Tout Puissant doit, sans contredit, avoir la priorité sur tous les autres.
La plupart des articles de la loi morale traitent des rapports de l’homme avec l’homme ; mais ici, il s’agit des rapports de l’homme avec son Créateur.
La désobéissance à cet ordre fondamental provoque la colère de l’Eternel et attire sa malédiction sur la tête du transgresseur.
Celui qui tue ou qui dérobe commet un forfait d’autant plus grave qu’en péchant contre son prochain, il viole du même coup l’injonction de mon texte ; mais, en supposant que le vol ou l’homicide, ou tout autre péché, n’impliquât pas nécessairement la violation du premier commandement, cette violation constituerait à elle seule la plus grave, la plus énorme des offenses.
« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu » :
C’est le prince des commandements, le souverain de la loi ; à lui appartient la préséance sur toutes ces règles augustes que Dieu jugea bon, plus tard, de donner à ses créatures.
Observons encore que ce commandement est « le premier » par sa justice.
L’ordre d’aimer le Seigneur, notre Dieu, s’adresse à nous avec une autorité si puissante, il est tellement corroboré par les instincts de la nature et par la voix de la conscience, qu’en vérité il faut avoir perdu tout vestige de sens moral pour oser contester sa parfaite justice.
Souviens toi donc, ô homme, que c’est ici le premier commandement.
A quelque loi que tu désobéisses, prends garde au moins d’observer celle ci.
Si tu avais enfreint les ordonnances de la loi cérémonielle, le sacrificateur aurait pu faire propitiation pour toi, mais comment échapperas tu si tu pèches contre ce premier commandement ?
L’ordre est formel, précis, inflexible.
Tu peux violer les lois humaines, quitte à subir la peine prononcée contre ceux qui les violent, mais, si tu foules au pieds celle ci, ta punition, sache le, sera trop lourde pour que ton âme puisse la porter.
Elle te précipitera, ô pécheur, elle te précipitera comme une meule de moulin, jusqu’au plus bas fond de l’enfer !
Prends donc garde à ce commandement plus qu’à tout autre ; tremble en sa présence, et applique toi à lui obéir, car c’est le premier de tous les commandements.
Le Sauveur dit aussi que c’est le plus grand commandement, et cela est vrai.
Il est « grand » par son ampleur, car il renferme tous les autres.
Quand Dieu dit :
« Souviens toi du jour du repos pour le sanctifier » ;
quand Il dit :
« Tu ne te feras point d’image taillée et tu ne te prosterneras point devant elle »,
ou bien encore :
« Tu ne prendras point le nom de l’Eternel Ton Dieu en vain »,
Il n’a fait que développer, à un point de vue particulier, l’idée générale contenue dans mon texte.
C’est le sommaire et la substance de la loi.
Le second commandement lui même se trouve comme enveloppé dans les vastes plis du premier.
Qui dit : « Tu aimeras ton prochain », sous entend, par le fait : « Tu aimeras le Seigneur, Ton Dieu », car l’amour du prochain ne saurait exister sans l’amour de Dieu, et l’amour de Dieu à son tour produit nécessairement l’amour du prochain.
De plus, le premier commandement est « grand » par ses exigences : exigences parfaitement justes, parfaitement légitimes, mais qui n’en sont pas moins d’une rigueur effrayante.
Que nous demande-t-il, en effet ?
Il nous demande nos pensées, notre force, notre cœur, notre vie ; en d’autres termes, il exige que nous concentrions dans l’amour de Dieu toutes les facultés de notre âme, toutes les puissances de notre être !
Et celui qui désobéira jusqu’à la fin à ce commandement reconnaîtra, pour son éternel malheur, qu’il est « grand » encore dans un autre sens : grand dans sa puissance de condamnation, car il sera comme un glaive à deux tranchants pour frapper le transgresseur, comme une foudre vengeresse qui éclatera sur sa tête rebelle.
Lisez donc, lisez ce premier et grand commandement que je viens vous répéter de la part de mon Maître :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et toute ta force. »
Je diviserai mon sermon en deux parties, ou plutôt j’examinerai avec vous deux simples questions :
La première : Que nous dit ce commandement ?
La seconde : Qu’avons nous à Lui répondre ? (...)
Le premier et le plus grand commandement : tu aimeras le Seigneur ton Dieu. (Suite II)