Ainsi donc, frères, nous sommes débiteurs, non pas à la chair pour vivre selon la chair ; car si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez. Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Car vous n’avez pas reçu un esprit de servitude pour être de nouveau dans la crainte, mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, Père ! L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu ; et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ; si du moins nous souffrons avec Lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui. (Romains 8 : 12-17)
L’Ecriture Sainte est sage jusque dans son silence.
Vous y chercheriez en vain le mot trinité pour exprimer la doctrine sur laquelle, j’ai à cœur de vous dire quelques mots.
Pourquoi ?
Parce que ce mot la trinité présenterait à nos esprits l’idée de quelque chose de spéculatif, tandis que cette doctrine, qui a été plus tard appelée, du nom de trinité, est tout ce qu’il y a au monde de plus pratique et de plus tendre, parce que c’est l’expression même de l’Amour qui est en Dieu, soit dans Ses rapports avec l’humanité, soit dans les rapports intérieurs de Dieu avec Lui même.
Le principe de notre salut est dans l’Amour de Dieu.
« Nous L’aimons, parce qu’Il nous a aimés le Premier ; Dieu est Amour ».
Et cet Amour s’est manifesté à nous dans l’œuvre de notre salut ; mais Il s’est fait connaître non seulement comme nous sauvant, mais comme existant de toute éternité dans le Sein de Dieu, et faisant Sa Félicité Eternelle avant de faire la nôtre et celle de toutes Ses créatures fidèles.
Lorsqu’on veut se rendre compte de la manière dont l’Amour de Dieu opère envers Ses pauvres créatures perdues, pour leur donner la Vie Eternelle qu’elles ont perdues par leurs œuvres, il n’y a qu’à suivre tout simplement l’Ordre Historique dans lequel Dieu nous a donné Ses Révélations, et a inspiré Ses Ecritures à Ses apôtres, après l’avoir fait à Ses prophètes.
C’est ainsi que nous trouvons d’abord le Dieu de l’Ancien Testament, puis le Dieu des Evangiles, et le Dieu des épîtres et de la prophétie évangélique.
Dans la première partie de la Bible, nous apprenons déjà, ce qui devrait suffire pour remplir nos cœurs de joie.
Nous y apprenons ce qui devrait suffire pour remplir nos cœur de joie : c’est que tout indignes que nous nous sommes rendus de Son Amour, Dieu nous a pourtant aimés.
Nous aurions mérité mille et mille fois qu’Il se déclarât contre nous : et si quelqu’un n’était pas pénétré de cette pensé, il n’a qu’à relire les prophètes, Ezéchiel en particulier, qui sont tout remplis de cette doctrine terrible des jugements de Dieu que les enfants d'Israël avaient attirés sur eux par leurs œuvres mauvaises, mais qu’ils n’avaient pas plus mérités que le reste des hommes dont leur histoire est comme le miroir.
Mais voici qu’au lieu de se déclarer contre nous, Dieu se déclare pour nous ; et nous apprenons que là où nous ne devions nous attendre qu’à trouver un trésor de colère, nous trouvons un Trésor de Miséricorde.
Le Dieu Tout Puissant qui a créé le ciel et la terre, l’Auteur du monde visible et du monde invisible, est pour nous Tout Entier ; Il ne demande qu’à nous sauver ; et quiconque veut entrer dans Ses Pensées, confesser ses péchés et se soumettre à Sa Grâce, possédera la Vie Eternelle comme s’il n’avait point péché ; ou plutôt il la possédera, ayant péché mais ayant été réconcilié, avec un sentiment nouveau de la Miséricorde qui est en Dieu.
C’est ainsi que Dieu se révèle à nous dans cette première partie de la Bible, et que soulevant ce pesant fardeau de la Colère Divine, l’Amour Divin perce partout ; ces mêmes prophètes qui dénoncent ces jugements terribles ne peuvent pas soutenir longtemps ce langage, et ils finissent toujours par des paroles de Miséricorde.
Vous trouverez cela d’une manière très remarquable dans le prophète Michée, qui, dans la brièveté de ses pages, développe avec une plénitude admirable le plan de la condamnation, de la prophétie, et du salut dans lequel il finit par se reposer.
Arrivent les Evangiles prédits par les prophètes.
Alors Dieu fait un pas de plus : Il s’approche de nous, Il ne se contente pas de nous déclarer comme de loin qu’Il est pour nous, mais Il vient de tout près vivre avec nous, comme l’un d’entre nous, Fils de l’homme, pris d’entre les hommes, tout Fils de Dieu qu’Il est ; et après avoir été pour nous, Il est avec nous, tout près de nous, comme un Ami et un Frère, avec lequel, selon l’expression du Psaume 55, nous pouvons « communiquer tous nos secrets ».
Alors Dieu se montre à nous sous un aspect plus Tendre encore et plus rassurant que nous ne L’avions vu dans la première partie de la Bible, surtout lorsque Cet Ami et Ce Frère vient à achever de nous révéler la Doctrine de la Justice Divine et de la Miséricorde Divine, en mourant pour nous sur la croix et en y effaçant nos péchés.
Mais tandis qu’un rapport si tendre se déploie de Dieu à nous, un autre rapport se déploie dans le Sein de Dieu Lui même, et nous apprenons que Celui qui nous rachète est Le Fils de Celui qui veut nous sauver, et qu’il y a, entre Dieu tel qu’Il s’est montré dans la première partie de la Bible et Dieu tel qu’Il apparaît dans les Evangiles, le touchant rapport d’un Père à Son Fils : rapport que nous ne pouvons discerner du moins être quelque chose d’ineffablement tendre et mystérieux tout à la fois.
Remarquez bien que l’un de ces rapports ne saurait aller sans l’autre, et que nous ne comprendrons jamais ce que Dieu est pour nous en Jésus Christ, si nous n’entrevoyons pas ce que Jésus Christ est pour Dieu, d’autant plus qu’il y a ici quelque chose qui ne doit pas nous échapper.
Nous ne comprenons dans Sa Plénitude l’esprit d’amour que comme esprit de sacrifice : or, en Dieu, semble-t-il, il ne peut y avoir de sacrifice ; car que pourrait-on prendre sur un seul moment de Sa Félicité Eternelle ?
Mais voici que dans la Personne de Son Fils, le Seigneur des seigneurs nous donne l’exemple du sacrifice ; voici que Celui qui est Le Fils du Père est en même temps « l’homme de douleurs » ; et que là où « la plénitude de la divinité a habité corporellement », l’ineffable immensité de la douleur dont l’humanité est capable, mais dont elle n’est capable que dans cette union avec la divinité, se déploie à nos regards touchés et reconnaissants.
Et ne voyez vous pas que cette Doctrine si touchante disparaît complètement si le Fils n’est pas un avec le Père, et que tout ce qui excite notre tendre reconnaissance pour le Seigneur Jésus Christ tient à ce qu’Il est véritablement Fils de Dieu, c’est à dire Dieu, comme Il est Fils de l’homme, c’est à dire homme ?
Viennent les épîtres et la prophétie évangélique ; et comment s’ouvrent elles ?
Par la descente du Saint Esprit, qui fonde l’Eglise tout en se répandant sur elle.
C’est le troisième et dernier pas, car on n’en saurait concevoir d’autre, que Dieu fait vers Sa pauvre créature déchue.
Il était avec elle, et Le voici qui vient s’établir en elle, et se faire tellement un avec nous, que de ces pauvres corps nés de la poussière et devenus esclaves du péché, Il forme des temples de son Esprit, Le Domicile de Dieu où Il se complaît à reposer.
Le Saint Esprit, c’est à dire Dieu, vient Se donner à nous, après avoir été pour nous dans la première partie de la Bible, et avec nous dans les Evangiles : c’est le dernier excès de l’Amour Divin qui ne peut se contenter qu’il ne soit fait un avec nous, « Lui en nous, et nous en Lui ».
Et ici encore, remarquez, que toute la puissance de cette doctrine de vie disparaît, si le Saint Esprit, au lieu d’être Dieu Lui même, n’était qu’une émanation de Dieu, qu’une action de Dieu, qu’un don de Dieu ; car ce ne serait alors que rappeler ce que nous savons abondamment par l’Ancien Testament et par les Evangiles sur la Puissance et sur la Grâce que Dieu Peut et Veut nous communiquer ; tandis que le Saint Esprit tel qu’Il se révèle à nous dans les épîtres et dans la fin de la seconde partie de la Bible et dans les promesses de Jésus Christ à ses disciples, étant Dieu Lui même, c’est la Puissance de Dieu qui nous fortifie, c’est la Paix de Dieu qui nous console, c’est la Sainteté de Dieu qui nous affranchit du mal, c’est la vie de Dieu qui fait battre notre cœur.
Oh ! Qui pourrait mesurer et comprendre l’immensité de ce progrès du dernier chapitre de l’Evangile au premier chapitre des Actes, et se rendre compte de cette marche admirable de la Révélation et des dons Divins, dans les trois parties des Saintes Ecritures que nous venons de parcourir si rapidement hélas !
Admirable vue, que je ne puis qu’indiquer.
Le rapport du Père, du Fils et du Saint Esprit à l’homme, correspond à un rapport du Père, du Fils et du Saint Esprit en Dieu, et l’Amour qui se répand pour nous sauver, est l’expression de l’Amour qui a habité Eternellement dans le Sein de Dieu.
Ah ! Que la Doctrine que nous contemplons devient alors touchante et profonde !
C’est là le fond de l’Evangile, et ceux qui la rejettent comme une doctrine spéculative et purement théologique, n’y ont donc jamais rien compris.
C’est la force de notre cœur, c’est la joie de notre âme, c’est la vie de notre vie, c’est le fondement même de la Vérité révélée.
Je vous laisse à vos méditations ces choses et me borne à vous rappeler un mot que j’ai souvent cité en chaire, résumant admirablement toute cette Doctrine.
Un Père de l’Eglise disait :
« Nous avons dans l’Ancien Testament Dieu pour nous, dans les Evangiles, Dieu avec nous, et dans les Actes et les Epîtres Dieu en nous ».
C’est ce Dieu pour vous, avec vous et en vous ; c’est Le Père, Le Fils, Le Saint Esprit, que je vous souhaite, comme à moi même, pour vivre et pour mourir, du plus profond d’un cœur qui vous est dévoué en Jésus Christ !
Amen,
Adolphe Monod,
Pasteur Protestant Réformé
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