Dieu est Amour
Par Adolphe Monod,
(5 ème et dernière Partie)
« Dieu est Amour »
(1 Jean Ch 4 verset 8)
Suppléons au défaut de nouveauté par la ferveur de la méditation, et nous allons trouver dans ce long usage que nous avons de l’Evangile un moyen de nous mieux pénétrer de l’Amour de Dieu.
Les œuvres de l’homme perdent à être considérées de trop près ; mais les œuvres de Dieu, mais les témoignages de son Amour, mais par dessus tout le don ineffable de son Fils, nous ne les pourrons jamais tellement admirer que nous ne demeurerions que fort au dessous de la vérité.
Nous ne le pourrions ni dans cette vie ni dans celle qui est à venir ; les anges eux mêmes ne le pourront jamais, eux qui s’efforcent en vain d’y regarder jusqu’au fond.
Combien de face nouvelles à contempler, que toutes les prédications, tous les livres, toutes les méditations ne suffiraient pas plus à épuiser que nous n’épuiserions la mer avec le creux de notre main !
Tantôt c’est la profondeur de l’abîme dont Dieu nous a retirés : quel Amour que celui qui nous a délirés du péché, de l’enfer, du feu éternel, de la société du démon et de ses anges !
« ta bonté est grande envers moi ; car tu as retiré mon âme d’un sépulcre profond ! »
Tantôt c’est le nombre, c’est l’immensité des dons qui accompagnent celui du Fils : quel Amour que celui qui nous accorde « grâce pour grâce », la vie éternelle, la paix, la lumière, la force, la joie, et pour tout dire en un mot , « la participation à la nature divine ».
Tantôt c’est la grandeur, c’est la plénitude du pardon que Dieu nous donne en Jésus christ.
Quel Amour que Celui qui anéantit le péché, « qui le jette au fond de la mer, qui l’éloigne de nous autant que l’Orient est éloigné de l’Occident », qui ne nous demande que de nous repentir et de croire, et qui, tombés à genoux sous le poids de la malédiction divine, nous relève affranchis, justifiés, glorifiés, sauvés !
Tantôt c’est la direction nouvelle que la Grâce de Dieu en Jésus Christ imprime à ces angoisses de la vie que nous héritons du premier Adam.
Quel Amour que Celui qui s’empare de tous ces fruits du péché, qui les fait entrer dans Son Plan, qui les contraint à accroître notre félicité, qui tourne la malédiction en bénédiction, et qui plie toutes les créatures, jusqu’aux plus ennemies, à ne plus travailler que pour notre bien !
Tantôt ce sont les appels particuliers que Dieu adresse à chacun de nous pour le porter à recevoir ce grand salut.
Quel Amour que Celui qui, nous voyant lent à fuir la colère à venir, nous envoie appel sur appel, avertissement sur avertissement, messager sur messager, affliction sur affliction, s’il le faut, et qui frappe coup sur coup à la porte de notre cœur !
Tantôt c’est cette ferme assurance de La Grâce que le Saint Esprit communique à une âme, et à l’âme même d’un Zachée, d’une Marie Magdeleine, d’un brigand crucifié.
Quel Amour que Celui qui rend une telle âme capable de saisir la vie éternelle, de ressusciter par avance, de prendre possession du paradis, de s’asseoir dans les Lieux Célestes avec Jésus Christ et de chanter le cantique :
« Je suis assuré que ni vie ni mort, ni anges ni principautés ni puissances, ni choses présentes ni choses à venir, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature, ne nous pourra séparer de l’Amour de Dieu qu’Il nous a montré en Jésus Christ Notre Seigneur ! »
Mais surtout, surtout, quel Amour que Celui qui a donné, qui a sacrifié pour nous le Fils Unique et Bien Aimé !
C’est là qu’il en faut toujours revenir ; c’est là que se concentrent toutes les grâces et le ciel tout entier.
Car « Celui qui n’a point épargné son Propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnerait Il pas toutes choses avec Lui ? ».
C’est là que nous contemplons sans voile, en face, « dans le visage de Jésus Christ » (2 Corinthiens 4/6), et de Jésus Christ crucifié, l’Amour caché dans le Sein du Père.
C’est là que le cœur de Dieu s’ouvre devant nous et que nous y lisons comme dans un livre des choses ineffables, que nulle langue humaine ne peut expliquer dignement.
C’est là que nous recevons une mesure nouvelle pour mesurer cet amour auquel toutes les dimensions humaines réunies ne suffisent point, et « qu’étant enracinés et fondés dans l’Amour, nous sommes rendus capables de comprendre, avec tous les saints, quelle en est la largeur, et la longueur, et la profondeur, et la hauteur, et de connaître l’Amour de Christ qui surpasse toute connaissance ».
Et pourtant, vains efforts !
Non, nous ne saurions le contempler sans voile !
Notre faible cœur n’y pourrait suffire !
Tout notre être en serait brisé, anéanti !
Ici bas nous n’en contemplons que les bords !
Et si, comme Moïse, nous demandons à Dieu de nous faire voir Sa Gloire, Il fera passer toute Sa Bonté devant nos yeux, mais nous ne pourrons pas la voir en face.
Tandis que ce spectacle se déploiera devant nous, « la main de Dieu nous tiendra couverts dans l’ouverture du rocher ».
Seulement une voix frappera nos oreilles, non plus celle qu’entendit Moïse, mais une voix plus douce et plus tendre encore, la voix du Saint Esprit dans notre texte :
Dieu est Amour ! Dieu est Amour !
Et maintenant cet Amour, qu’en voulons nous faire ?
Voulons nous y répondre, comme Kajarnak, et dire :
« Moi aussi je veux être sauvé ? »
Il n’est pas demandé de croire à la vérité de la doctrine que le Seigneur vient de faire entendre, nous n’en pouvons pas douter.
Cette doctrine se rend à elle-même un témoignage trop manifeste.
Si elle n’était pas véritable, elle ne serait pas dans le monde : « ce sont des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, qui ne sont point montées au cœur de l’homme », et il serait plus inexplicable que l’homme eût conçu un tel dessein qu’il ne l’est que Dieu l’ait exécuté.
Il n’y a aucune ignorance qu’en exposant de la sorte, que la grandeur même de l’Amour que Dieu nous a témoigné, selon l’Evangile, rend l’Evangile incroyable pour un grand nombre.
Dieu donnant Son Fils Unique, ce Fils se chargeant de notre nature, ce Fils mourant pour nos péchés, c’est trop d’amour, c’est une condescendance trop infinie pour trouver une entière créance dans des cœurs asservis à l’égoïsme comme les nôtres.
Comment croire que Dieu a donné pour nous Son Fils Unique et Bien Aimé, si nous sommes si lents à donner pour autrui ?
Non pas un fils ou une fille unique et bien aimé€, mais un peu de notre temps, de notre travail, de notre nécessaire, de notre superflu, de notre bien être ?
Réfléchissons et reconnaissons que cela même qui excite notre incrédulité est ce qui doit la confondre.
Comment l’esprit humain aurait il pu imaginer un prodige d’amour qui le dépasse, qui le déborde de toutes parts ?
Comment serait il capable d’inventer ce qu’il n’est pas même pas capable de croire ?
Où l’a-t-il prise, cette idée accablante d’un Fils de Dieu mis en croix pour nos péchés ?
Dans quelle région inconnue, dans quels replis de ses méditations, dans quelles profondeurs de ses philosophes, dans quel rêve de ses poètes ?
Ah ! Quand je trouverais ce système de l’Evangile au fond d’un désert, loin des prophètes qui l’ont annoncé, loin des prodiges qui l’ont attesté, je le reconnaîtrais tout aussitôt pour l’ouvrage d’un Dieu dont les voies ne sont ps nos voies, ni les pensées nos pensées.
Quand Dieu aime, Il aime comme Il fait tout le reste, en Dieu.
Veut Il montrer sa puissance ? Il fend les flots de la mer.
Veut Il faire éclater Sa Justice ? Il fait monter un déluge sur la terre entière.
Veut Il déployer Sa Gloire ? Il parle, et un monde sort du néant.
Veut Il faire voir qu’Il est Maître Souverain ? Il parle encore, et le soleil s’éteint, et « les cieux sont roulés comme un livre ».
Et veut Il manifester Son Amour, qui « est par-dessus toutes Ses Œuvres » ? Il envoie Son Fils au monde, et Il le livre pour nos péchés.
Laissons donc là tous nos doutes, tous nos sophismes, toutes nos hésitations.
Faisons comme Kajarnak, écoutons notre cœur.
Ce cœur, ne le sentons nous pas ? Est à l’étroit au-dedans de nous, il manque d’air, de jour et de vie.
Mettons le au large, échangeons le dieu froid, le dieu mort que nous avons pu servir jusqu’ici, contre ce Dieu qui est Amour et qui a donné Son Fils pour nous sauver.
Aussi bien, quel autre salut pourrions nous trouver, quel autre chercher, à quel autre songer seulement en présence de ce spectacle d’amour ?
Quels titres, quels mérites, quelles œuvres, que ce fleuve d’amour n’emporte avec nos péchés ?
Irons nous peser nos vertus, énumérer nos services, compter les deniers de nos « aumônes » à la vue du sang du Fils de Dieu coulant pour nous ?
A cette vue, cessons du même coup et de rien craindre de nos péchés et de rien espérer de nos œuvres.
Hâtons nous de jeter au loin le vêtement souillé de notre propre justice, comme Bartimée son manteau.
Plongeons nous dans « cette source qui est ouverte en Jérusalem pour le péché et pour la souillure. Quand nos péchés seraient comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige, et quand ils seraient rouges comme le vermillon, ils deviendront comme la laine. »
Venons à Celui qui le Premier « est venu chercher et sauver ce qui était perdu », et qui adresse une invitation si tendre :
« Vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux, et vous qui n’avez point d’argent, venez, achetez et mangez ; venez, achetez sans argent et sans prix du vin et du lait ».
« Venez, et qu’on vous donne dans le sein une bonne mesure, pressée, secouée, et qui se répand par-dessus les bords ».
Venons, tels que nous sommes, quand nous entendrions l’Evangile pour la première fois, c’est assez.
Kajarnak ne l’avait pas entendu davantage.
On ne nous demande que de dire comme lui :
« Et moi aussi, je veux être sauvé », que de croire à l’Amour de Dieu, que d’entrer dans le Plan de Sa Grâce, et que de ne pas rendre « inutile le sang de la croix ».
Croyons, ouvrons nous, abandonnons nous, rendons nous !
Et s’il n’y a pas reddition, quelle est donc alors la pensée ?
Serait ce qu’il y ait fondation sur cet Amour même un secret calcul, et qu’il y ait encouragement dans l’incrédulité par la pensée qu’un Dieu si rempli d’Amour ne saurait réserver une éternité misérable ?
S’il en est ainsi, il n’y aucun arrêt pour représenter combien ce calcul est indigne.
Eh quoi ! Lorsque Dieu fait appel à ce qu’il reste de plus noble et de plus généreux dans notre nature déchue, par un Amour immérité, immense, ineffable, nous tromperions autant qu’il est en nous le but d’un si tendre appel, en ne songeant qu’à faire prévaloir contre Dieu de l’excès même de sa miséricorde !
Mais ne nous arrêtons pas là-dessus, parce que, dans la supposition qu’il vient d’être faite, ce langage serait vraisemblablement inintelligible pour beaucoup.
Il ne reste plus qu’à dire une chose, et elle sera sérieuse : c’est que cet Amour qui nous rassure est ce qui doit également nous faire trembler.
Gardons nous de comparer Dieu à ces personnes faibles dont la bonté imprévoyante flatte et nourrit le vice ou l’ingratitude qui en abuse ; bonté indigne d’un homme juste, plus indigne d’un magistrat intègre, combien plus indigne encore du « juge de toute la terre » !
L’Amour de Dieu est un amour Saint auquel s’associe l’horreur du péché, et nulle part, encore une fois, ni dans le déluge, ni dans Sodome et Gomorrhe, ni dans l’Egypte, ni dans Canaan, ni en Sinaï, cette horreur n’a été si hautement déclarée que sur la croix.
Si nous demeurons dans nos péchés et dans notre incrédulité, l’Amour de Dieu ne trouve point d’accès en nous, et Dieu ne peut pas nous faire face.
Il ne le peut pas, sans voiler Sa Sainteté et se manquer à Lui-même.
Il ne le peut pas, comme « Jésus ne put pas faire de miracles » chez les Nazaréens, « à cause de leur incrédulité » (Marc 6 :5 ; Matthieu 13 : 58).
Il ne le peut pas, parce que « nous aurons rendu Son Dessein inutile à notre égard » (Luc 7 : 30)
Il est écrit : « Si nous sommes infidèles, Il demeure Fidèle, et ne peut se renier Lui-même » (2 Timothée 2 : 13)
Mais ce n’est pas assez dire.
L’Amour de Dieu trouvera accès chez l’incrédule, mais ce sera pour se tourner contre lui et pour rendre sa condition plus cruelle.
Si nous persévérerions dans cette voie, un temps viendrait où nous serions réduits à souhaiter que nous n’eussions jamais été ainsi aimés, parce que l’Amour de Dieu, oui, Cet Amour Lui-même nous laisserait sans consolation, sans excuse et sans ressource.
Sans consolation :
Si nous avions été moins aimés, nous pourrions espérer peut être dans notre ruine quelque adoucissement aux reproches de notre conscience et à l’amertume de nos regrets ; mais le moyen de les adoucir quand nous songerions que Dieu nous avait tant aimés que de livrer à la mort pour nous Son Fils Unique et Bien Aimé ?
Quelle profondeur d’angoisse dans cette pensée : périr quand nous avions un Tel Sauveur !
Avoir été tant aimés et être venus dans ce lieu de tourment !
Sans excuse :
Si nous avions été moins aimés, nous pourrions essayer de quelque justification devant le Tribunal du Souverain Juge ; mais que Lui répondre, mais comment ouvrir seulement la bouche, quand Il nous rappellerai combien Il nous a aimés et de quel prix Il a payé notre rançon ?
Pesons ces paroles :
« Si quelqu’un avait violé la loi de Moïse, il mourait sans miséricorde sur la déposition de deux ou trois témoins. De combien pires tourments pensez vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, estimé profane le sang de l’Alliance par lequel Il a été sanctifié, et outragé l’Esprit de Grâce ? C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu Vivant ! »
Terrible ! Et pourquoi ?
Nous venons de le lire, à cause des Grâces mêmes que nous avons reçues, à cause de l’Amour que Dieu nous a témoigné.
Enfin, et surtout, sans ressource :
Si nous avions été moins aimés, nous pourrions rêver peut être quelque nouvelle manifestation d’amour, capable de réparer notre crime et de remédier à notre misère.
Mais qu’espérer de semblable quand Dieu a livré Son Propre Fils et ne l’a point épargné ?
Attendrons nous qu’une autre victime soit immolée tout exprès pour nous ?
Une victime plus précieuse devant Dieu que « Son Fils Unique et Bien Aimé » ?
Plus glorieuse que « l’image empreinte de Sa Personne et la Splendeur de Sa Gloire» ?
Plus touchante que « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » ?
Plus grande que « Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » ?
Plus pure que « Le Saint des saints » ?
Plus capable de nous délivrer que « Le Conseiller, l’Admirable, le Dieu Fort et Puissant, le Père d’Eternité, le Prince de Paix » ?
Non, non.
« Si nous péchons volontairement après avoir reçu la Connaissance de la Vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais l’attente terrible d’un feu qui dévorer les adversaires » (Hébreux 10 : 26)
Aussi Dieu nous prend Il à témoin contre nous-mêmes qu’il n’y a rien à ajouter à ce qu’Il a fait pour nous.
« Jugez, je vous prie, entre moi et ma vigne. Qu’y avait il à faire à ma vigne que je ne lui aie fait » ?
Tout est épuisé, épuisé par l’Amour, et les ressources ne manquent que parce que l’Amour de Dieu s’est déjà donné, donné tout entier.
Il faut donc le dire, quelques répugnance que j’éprouve à présenter de pareilles considérations sur un tel sujet, il faut le dire à ceux qui spéculent sur l’Amour de Dieu, dont certains osent se prévaloir pour Lui contester et résister, et qui feront peut être, leur plus grand tourment dans l’avenir.
Cette pensée n’est pas nouvelle.
Bien des théologiens l’on émise.
Peut être est ce essentiellement cet Amour qui rendra leurs regrets plus amers, leur incrédulité plus criminelle, leur condition plus désespérée.
Peut être est ce cet Amour qui fera paraître la justice du jugement à venir, et qui expliquera l’inexplicable mystère d’un châtiment éternel.
Peut être mon texte recevra t il dans l’enfer une éclatante, mais redoutable confirmation.
Peut être ne parlera t on pas moins de l’Amour de Dieu (quoique, hélas ! Avec un sentiment bien différent) dans le séjour des damnés que dans celui des bienheureux.
Il y a plus ici que de simples hypothèses.
On a vu des impies mourants, agités de pressentiments sinistres, rendre témoignage comme en dépit d’eux, au travers de leurs blasphèmes, à l’Amour de Dieu désormais fermé pour eux, mais fermé par eux seuls.
Le Saint Esprit nous montre dans l’Apocalypse les ennemis du Seigneur le reconnaissant, mais avec effroi, pour l’Agneau de Dieu, et disant aux montagnes et aux rochers :
« Tombez sur nous, et nous cachez de la face de Celui qui est assis sur le Trône et de la colère de l’Agneau ! Car le grand jour de Sa Colère est venu ; et qui est ce qui peut subsister » ?
La colère de l’Agneau !
Etrange, épouvantable association d’idées !
La colère du lion est dans l’ordre de la nature.
Mais la colère de l’agneau a quelque chose d’inaccoutumé qui la rend plus redoutable encore.
Plus elle est opposée à son caractère, plus il faut qu’elle soit juste, qu’elle soit provoquée, qu’elle soit inévitable, quand elle éclate.
Et si ses malheureuses victimes découvrent encore l’Agneau dans celui qui les frappe, ce caractère d’Amour n’arrache leurs hommages que pour accroître leur terreur.
Ah ! Puissiez vous ne jamais avoir à fuir devant la colère de l’Agneau !
Puisse un temps ne pas venir où le plus grand malheur serait d’avoir été aimés d’un si Grand Amour et Rachetés à un si haut prix !
Un temps où reconnaissant trop tard la vérité de mon texte, il y aurait confession certaine que Dieu est Amour, mais avec la rage dans le cœur !
N’est il pas vrai, nous ne voulons pas fermer plus longtemps notre cœur à l’Amour de Dieu, ni vivre sans foi devant un Dieu qui est Amour ?
Par cette foi, nous sauvons notre âme.
Par elle aussi nous devenons un autre homme, une autre femme.
Cet amour de Dieu que nous avons devant les yeux se communique à nous et renouvelle tout notre être.
C’est en se sentant aimé qu’on apprend à aimer, et l’égoïsme ne règne que parce qu’on ignore l’Amour de Dieu.
Entrevoyons nous la vie nouvelle que ce changement prépare ?
Je nous vois, « imitateur de Dieu, comme son Enfant Bien Aimé ».
Je nous vois, à l’exemple de Christ qui nous aimé, « aller de lieu en lieu faisant du bien », et trouver notre joie dans les privations, dans les fatigues, dans les sacrifices de la Charité.
Je nous vois, « pressé et possédé de l’Amour de Christ », sevré de notre volonté propre, de l’amour de l’argent et des plaisirs vides du monde, consoler l’affligé, soulager le pauvre, visiter le malade, et porter partout avec nous Jésus Christ et tous ses bienfaits.
Alors l’image et la ressemblance de Dieu aura été formée tout de nouveau dans le cœur !
Alors nous demeurerons en Dieu et Dieu en nous !
Si d’être aimé, c’est la vie de notre âme, aimer, n’en est ce pas la joie ?
Si d’être aimé, c’est toute la dogmatique de l’Evangile, aimer, c’en est toute la morale.
Aimer comme nous avons été aimés, c’est le ciel sur la terre, en attendant que ce soit le ciel dans le Ciel.
Heureux si l’Amour de Dieu nous pénètre de telle sorte qu’on ne puisse trouver à notre caractère, par quelque côté qu’on nous regarde, de définition plus exacte que celle que l’Amour a inspirée à Jean pour décrire Celui de Dieu !
Heureux si l’on peut dire de nous : Il est Amour ! Ses paroles sont Amour ! Ses œuvres sont Amour ! Son zèle est Amour ! Son travail est Amour ! Ses joies sont Amour ! Ses larmes sont Amour !
Heureux surtout si ce Dieu « qui sonde les cœurs et les reins » peut ajouter :
Son cœur aussi est Amour !
Amen.
Adolphe Monod,
Pasteur Protestant réformée
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