Il existe parmi les chrétiens deux sortes de méprises au sujet de la loi que l'Éternel a donnée à Israël par Moïse.
La première est propre à ceux qui n'ont pas saisi la valeur de l'oeuvre de Christ pour nous délivrer, et qui cherchent la sanctification dans l'accomplissement d'obligations morales.
Pour eux, du moment que la loi est l'expression de la sainte volonté de Dieu, nous ne serons agréés par Lui que dans la mesure où nous serons parvenus à accomplir cette loi.
Par une méprise tout opposée à celle-là, d'autres ne prennent pas garde que, "ayant été affranchis du péché", nous avons été "asservis à Dieu", "asservis à la justice".
Ils pensent volontiers que la loi ne nous concerne plus en aucune manière et que nous n'avons pas à nous préoccuper de ce qu'elle enseigne.
La première de ces façons de voir empêche de se réjouir pleinement en Christ ; elle continue à demander quelque chose à la vieille nature, et elle imprime à la conduite un légalisme desséchant, ce que l'extérieur peut voir à juste titre comme intégrisme.
La seconde prive l'âme de guides sûrs quant à la pensée de Dieu.
Toutes les deux en réalité nous détournent de Christ, l'une sous le couvert de la sainteté divine, l'autre sous celui de la liberté chrétienne.
"Car Christ est la fin de la loi pour justice à tout croyant" (Romains 10:4): pour le croyant la loi a son terme en Christ, mais en Christ seul.
La loi, en tant que loi, implique des sanctions judiciaires.
Elle condamne toujours l'homme qui n'est pas "dans le Christ Jésus".
Christ a subi à notre place la condamnation qu'elle prononce, et Il nous délivre de sa juste sentence.
Jamais ce point fondamental ne sera trop fortement retenu.
La mort de Christ proclame bien haut ce que la loi divine exigeait à notre sujet, sans rémission possible.
Mais elle dit en même temps que, par cette mort même, la loi est satisfaite, et la résurrection de Christ vient l'attester, selon la justice de Dieu.
Aussi l'Évangile annonçait-il, à ce peuple d'Israël qui avait reçu la loi :
Vous n'êtes plus sous la loi.
Et à ceux des nations, qui n'avaient aucune part à la loi comme système religieux ou civil, il disait :
Ne vous placez pas sous cette loi.
Pourquoi ?
Parce que, pour les uns comme pour les autres, il n'y avait pas à reprendre une chose faite, ni à recommencer ce que Christ a achevé.
La loi est arrivée à sa fin par Christ.
Dieu ne dit plus : Faites.
Il dit :
"Croyez au nom du Fils de Dieu". "Le Christ Jésus nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption" (1 Corinthiens 1:30).
Ah ! Si quelqu'un qui ne possède pas la vie nouvelle prétend, sans avoir Christ, ne rien craindre de la loi, celle-ci peut être justement brandie contre lui (1 Timothée 1:9).
Elle lui dira ce qu'il mérite.
C'est seulement à la mort de Christ que cette arme terrible a été non pas brisée, mais remise au fourreau, parce que tout ce qu'elle avait à opérer l'a été alors.
Christ n'est plus sous la loi ; Il ne saurait y replacer les siens ; ils sont à Lui, non point à elle.
"Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant : Abba, Père" (Galates 4:5, 6).
La loi ne pouvait nous faire vivre ; Christ le peut, nous ayant, dans sa mort, fait "mourir à la loi" par la loi elle-même :
"Car moi, disait Paul, par la loi, je suis mort à la loi, afin que je vive à Dieu" (Gal. 2:19).
C'est à la nouvelle vie ainsi reçue par la foi en Christ qu'il appartient désormais de marcher ici-bas à la gloire de Dieu.
Elle reçoit sa puissance non de la loi, ni d'un esprit légal quelconque, mais de l'Esprit de Christ.
"Si vous êtes conduits par l'Esprit vous n'êtes pas sous la loi" (Gal. 5:18).