"Il y a de la joie devant les anges de Dieu
pour un seul pécheur qui se repent."
Luc 15:10
Si nous nous sommes dit qu'il n'y a aucun point de rencontre entre le ciel et la terre,
Qu'un épais mur noir sépare nos deux mondes, que des eaux non navigables nous empêchent de traverser,
Que nos prières ne peuvent atteindre le Ciel, et nos louanges ne peuvent en rien affecter le monde Céleste,
Laissons-nous alors enseigner par la Bible, laissons-nous nous convaincre combien nous avons tort.
Même si nous avons bien souvent l'impression que les portes du Ciel et de l'univers tout entier nous sont fermées, nous ne sommes, après tout, qu'une petite province éloignée du Vaste Empire Unifié de Dieu.
Aussi, ce qui arrive sur la terre est rapporté au Ciel, ce qui est chanté sur la terre est chanté au Ciel, et, d'une certaine manière, les larmes répandues sur la terre sont également versées au Paradis.
Les afflictions de l'humanité entière sont vécues une seconde fois, au pied même du Trône du Très-Haut.
Notre texte nous dit ceci:
"Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent."
Je vois là comme un pont à l'aide duquel je peux passer sur l'autre rive, la rive de l'Eternité.
Je vois là comme une sorte de fil conducteur qui informe des esprits d'un autre monde sur la vie qui se passe ici.
Il m'enseigne qu'il y a une relation vraie et merveilleuse entre ce pauvre monde et celui qui se trouve au-dessus des cieux, en un lieu où Dieu demeure en compagnie des Bienheureux.
Ne pensez pas, ô fils de l'homme, que vous êtes complètement coupés du Ciel.
Car il existe une échelle, dont le sommet repose au Pied du Trône du Tout-Puissant, et dont la base se trouve au fond de la misère humaine !
Ne pensez pas qu'il existe un énorme gouffre entre vous et le Père que ni Sa Grâce, ni vos prières, ni votre Foi, ne peuvent enjamber.
Oh, fils de l'homme, ne pensez pas que vous habitez une île battue par les vents et coupée du continent de l'Eternité.
Je vous en supplie, croyez qu'il existe une Route, un Pont qui traverse cet abîme.
Oh, fils de l'homme, écoutez, et vous apprendrez bientôt que vous n'êtes pas des étrangers dans un pays étranger – tel un Joseph sans demeure dans le pays d'Egypte, éloigné de son père et de ses frères, restés dans l'heureux paradis de Canaan.
Non, Votre Père vous aime toujours.
Il existe une liaison entre vous et Lui.
Aussi étrange que cela paraisse, et malgré les distances infinies qui séparent la petite créature de l'Infini Créateur, il existe des liens qui nous unissent !
Ne croyez pas qu'à l'instant où vous versez une larme, Votre Père ne la voit pas, car "comme un père a compassion de ses enfants, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent" (Psaume 103:13).
Votre soupir est en mesure d'émouvoir le Cœur de Dieu, votre murmure est capable d'incliner Son Cœur vers vous, votre prière peut retenir Sa Main et votre Foi peut faire lever Son Bras.
Oh, ne pensez pas que Dieu soit assis en sommeillant au Ciel, ne se souciant point de vous.
"Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite ? N'a-t- elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle l'oublierait, Moi Je ne t'oublierai point" (Es 49:15).
Soyez-en assurés, votre nom est gravé sur les Paumes de la Main du Père, et votre vie est inscrite dans Son Cœur.
Il pensait déjà à vous avant même que les mondes ne soient créés; avant que les mers ne soient amassées ou que les montagnes gigantesques élèvent leurs sommets jusque dans les nuages, Il pensait à vous.
Et Il pense encore à vous.
"Moi l'Eternel, j'en suis le gardien, je l'arrose à chaque instant ; de peur qu'on ne l'attaque, nuit et jour je la garde."
Car les Yeux du Seigneur se promènent de lieu en lieu, pour faire Grâce à tous ceux qui Le craignent.
Sachez-le, vous n'êtes pas retranchés loin de Sa Présence.
En réalité, en Lui vous avez le mouvement : en Lui vous avez la vie et l'être.
Il est un Secours qui ne manque jamais dans la détresse.
Souvenez-vous, ô héritiers de l'immortalité, que vous n'êtes pas seulement liés à Dieu le Père, mais également à un Autre, avec qui vous avez un Lien étrange, mais étroit.
Au centre du trône est assis Celui qui est Votre Frère et qui a fait une Alliance par le sang avec vous.
Le Fils de Dieu, Éternel, l'Egal de Son Père, né de la vierge Marie lorsque les temps ont été accomplis, un petit enfant, objet de tendresse.
Il était, oui, Il est Votre Frère, Il est os de vos os et chair de votre chair.
Ne pensez pas que vous soyez pour toujours éloignés du monde Céleste alors qu'Il s'y trouve.
N'est-il pas Votre Chef, et n'a-t-Il pas Lui-même déclaré que vous étiez un Membre de Son Corps, de Sa Chair et de Ses Os ?
O homme, O femme, qui que tu sois, tu n'es pas éloigné du Ciel puisque Jésus te dit :
Je ressens en mon cœur tes soupirs et tes gémissements,
Car tu est tout près de moi, tu es ma chair et mes os,
Dans toute ta détresse, ton Maître ressent ta douleur,
Mais elle est utile, elle ne peut être vaine.
Oh, pauvre créature que rien ne console et qui a mis le deuil,
Christ se souvient de toi à chaque heure,
Tes soupirs sont les siens, tes gémissements sont les siens,
Et tes prières sont les siennes.
Il ressent en son être
La douleur de chacun de ses membres.
Il est crucifié lorsque vous l'êtes ; Il meurt lorsque vous mourez, et Il vit en vous lorsque vous vivez en Lui.
Et parce qu'Il vit, vous vivrez également; vous serez élevé comme Lui, et vous serez assis dans les Lieux Célestes avec Lui.
Oh, aucun époux ne fut aussi proche de son épouse, aucune tête ne fut aussi proche des autres membres, et aucune âme ne fut aussi proche du corps de sa chair que Christ est proche de vous.
Et, puisqu'il en est ainsi, ne pensez pas que le ciel et la terre soient séparés.
En réalité, ce sont des mondes très proches, tels deux bateaux amarrés l'un à l'autre.
Une courte passerelle, celle de la mort, vous permettra de passer de l'un à l'autre.
Celui-ci, noir et couvert de suie, ayant bourlingué le long de toutes les côtes, ce bateau rempli d'amertume et de tristesse ; celui-là tout en or, son pavillon flottant dans le vent, toutes voiles dehors : blanches comme la poitrine d'un goéland, immaculées comme les ailes d'un ange.
Oh, hommes, sachez-le, le bateau du ciel est amarré au bateau de la terre.
Notre bateau peut bien traverser des mers impétueuses et être secoué par des vents violents ; mais le bateau céleste, doré et invisible, navigue à son côté, intact, imperturbable, toujours prêt.
Ainsi, lorsque l'heure sera venue, vous pourrez bondir du bateau noir et sombre, sale et fatigué et rejoindre le Pont Doré de ce Bateau Béni sur lequel vous voguerez désormais pour l'Eternité.
Charles Spurgeon,
Pasteur Baptiste Réformé