Un jour le révérend écossais Mac-All, fondateur des réunions populaires, fondation Protestante à Paris, reçut une lettre dans laquelle on lui signalait une pauvre femme habitant l’un des quartiers les plus misérables de la ville.
Cette femme allait mourir et se trouvait dans le plus absolu dénuement.
A l’issue d’une réunion au Temple, le révérend Mac-All lut cette lettre à haute voix et demanda si, parmi les chrétiens qui l’assistaient dans son œuvre, il se trouvait quelqu’un qui fût disposé à visiter cette malheureuse femme et à s’informer de ses besoins.
Un chrétien s’offrit pour le faire.
L’auteur inconnu de cette lettre prévenait le révérend que ce ne serait pas chose facile de parvenir jusqu’à cette femme, car son fils chez lequel elle demeurait était un homme grossier, qui ne permettait à personne de s’approcher de sa mère.
Sans se laisser rebuter par ces détails, le chrétien partit sur le champ pour accomplir sa mission d’amour.
Après beaucoup de difficultés, il découvrit enfin, dans la partie la plus misérable du quartier de Belleville, le bouge où la malade se trouvait.
Près de la porte se tenait un individu à l’air rébarbatif qui ne pouvait être que le fils en question.
Il ne se trompait pas et, s’adressant poliment à lui, il lui demanda si Mme X ne demeurait pas dans la maison.
— Oui, que lui voulez-vous ?
— J’ai appris qu’elle était malade et j’ai pensé qu’elle serait peut-être contente de voir quelqu’un.
— Est-ce pour lui parler de religion que vous êtes venu ?
— Quand on est malade on aime avoir la visite d’un ami. Si vous étiez malade vous-même, ne seriez-vous pas heureux qu’on vint demander de vos nouvelles ?
L’homme parut s’adoucir quelque peu, en considérant la chose de ce point de vue ; mais revenant sur le motif de la visite, il déclara qu’il ne permettrait à personne de parler de religion à sa mère.
— Vous êtes un homme raisonnable, dit le chrétien. Faisons un accord. Je n’entrerai pas auprès de votre mère sans votre consentement. Vous lui direz que je suis là et vous lui demanderez si elle désire me voir. Si elle refuse, je me retirerai ; si elle consent, vous me permettrez d’entrer n’est-ce-pas ?
Après quelque résistance, l’homme consentit pourtant à ouvrir la porte.
— Mère, cria-t-il, voici un monsieur qui désire te parler, veux-tu le voir ou non ?
La réponse parvint claire et distincte à l’oreille du visiteur :
— S’il vient me parler du sang qui purifie, je le recevrai, sinon, je ne le recevrai pas !
L’étonnement du chrétien à l’ouïe de ces paroles est plus facile à imaginer qu’à décrire.
Il se tourna vers l’homme en disant :
— C’est précisément le sujet qui m’amène maintenant, vous êtes un homme d’honneur et vous allez me laisser entrer.
— Oui, un accord, c’est un accord, grommela l’homme en ouvrant la porte et en recommandant au visiteur de ne pas rester longtemps.
Il eut quelque peine à trouver en tâtonnant le misérable grabat sur lequel gisait la mourante et, s’agenouillant près d’elle, il lui dit combien il était heureux qu’elle connaisse « le sang qui purifie de tout péché ».
— Mais je ne le connais pas ! Je n’en sais rien du tout ! s’écria-t-elle avec énergie.
— C’est pourquoi j’ai dit que je vous recevrais si vous pouviez me dire quelque chose a ce sujet.
— Mais comment se fait-il que vous parliez du sang qui purifie, si vous n’en connaissez pas la valeur ? remarqua le visiteur. Comment savez-vous qu’il y a un sang qui purifie ?
— Il y a trente ans, répondit-elle, j’avais été surprise un jour par un violent orage et j’étais entrée dans un temple pour y chercher un abri. C’était l’heure du culte. J’entendis le pasteur qui disait ces mots : « Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché ». Ce fut la première et la dernière fois que j’entrai dans une église et je ne me rappelle rien de plus. Mais depuis lors, ces paroles sont restées gravées dans ma mémoire. Je vais mourir, je ne sais ou je vais. Pouvez-vous me parler du sang qui purifie ?
Ce fut une tâche bien douce d’annoncer à cette âme la nouvelle du salut parfait et déjà accompli.
Ce fut avec avidité qu’elle reçut l’Evangile.
« Le pain qui avait été jeté sur la face des eaux » se retrouvait enfin « après plusieurs jours ». (Ecclésiaste 11 : 1)
Elle accepta le sacrifice de l’Agneau avec une foi qui ne vacilla pas, et pendant les quelques semaines de vie qui lui furent encore accordées, elle rendit un témoignage clair et joyeux de la fidélité de Dieu qui l’avait ainsi, à sa dernière heure, appelée des ténèbres à Sa merveilleuse lumière.
Source : Theonoptie
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