Nous diviserons ce discours en trois parties. En premier lieu, NOUS JUGERONS L'ACCUSÉ; en deuxième lieu, NOUS PRONONCERONS SA SENTENCE; et enfin, s'il se reconnaît coupable et qu'il se repente (mais seulement à ces conditions), Nous LUI ANNONCERONS LA DÉLIVRANCE.
Chapitre 2
L'accusé est donc jugé et reconnu coupable. Maintenant SA SENTENCE DOIT ÊTRE PRONONCÉE. En général, les ministres de Dieu aiment peu cette tâche. Pour ma part, je l'avoue, je préférerais prêcher vingt sermons sur l'amour de Christ qu'un seul comme celui-ci. Au reste, il est rare que je choisisse des sujets de ce genre, vu qu'il ne me paraït pas nécessaire de les traiter souvent; néanmoins, si je ne les traitais jamais, si je laissais toujours les menaces divines reléguées à l'arrière-plan, je sens que mon Maître ne pourrait bénir la prédication de son Evangile; car il veut que la loi et la grâce soient annoncées tour à tour dans une certaine mesure, et que chacune conserve la place qui lui est propre. Ecoutez-moi donc, mes frères, tandis que, la douleur dans l'âme, je prononcerai la sentence portée contre tous ceux d'entre vous qui n'appartiennent pas à Christ. - Pécheur inconverti ! tu es maudit ! maudit en cet instant même ! Tu es maudit - non par quelque soi-disant magicien, dont le prétendu sortilège ne peut effrayer que les ignorants - non par quelque monarque terrestre, qui pourrait tout au plus faire périr ton corps et ravager tes biens - mais maudit par ton Créateur ! maudit par le Monarque des cieux! MAUDIT !... Oh! quel mot que celui-là! Quelle chose affreuse qu'une malédiction, de quelque part qu'elle vienne ! Et la malédiction d'un père, qu'elle doit être affreuse entre toutes ! On a vu des parents qui, réduits au désespoir par la conduite d'un fils rebelle et dénaturé, ont levé leurs mains vers le ciel, en prononçant sur ce fils la plus terrible, la plus accablante des malédictions. A Dieu ne plaise que j'approuve cet acte ! je reconnais, au contraire, qu'il est aussi téméraire qu'insensé; mais, quelque blâme qu'on puisse infliger à l'acte en lui-même, il n'en reste pas moins vrai que la malédiction d'un père imprime sur celui qui l'a méritée une honteuse, une ineffaçable flétrissure. Oh ! j'ai peine à me représenter ce que mon âme éprouverait, si j'avais été maudit par celui qui m'engendra ! Sûrement, mon ciel serait voilé de ténèbres; le soleil ne brillerait plus sur ma vie. Mais être maudit de Dieu !... Oh ! pécheurs, les paroles me manquent pour vous dire ce qu'est cette malédiction !...
Mais je vous entends me répondre : "S'il est vrai que nous ayons encouru la malédiction divine, du moins nous n'en sentirons pas les effets pendant notre vie; c'est une affaire qui regarde un avenir encore bien éloigné; aussi ne nous inquiète-t-elle que peu. " Tu te trompes, ô âme, tu te trompes ! Dès à présent la colère de Dieu demeure sur toi. Tu ne connais pas encore, il est vrai, la plénitude de la malédiction, mais tu n'en es pas moins maudite à cette heure même. Tu n'es pas encore en enfer, le Seigneur ne t'a pas définitivement fermé les entrailles de ses compassions et rejetée pour toujours, mais tu n'en es pas moins sous le coup de la loi. Ouvre le livre du Deutéronome; lis les menaces adressées au pécheur, et vois si la malédiction de Dieu n'est pas représentée comme une chose immédiate, actuelle, présente:
Deutéronome 28 : 15-1615 Mais si tu n'obéis point à la voix de l'Eternel, ton Dieu, si tu n'observes pas et ne mets pas en pratique tous ses commandements et toutes ses lois que je te prescris aujourd'hui, voici toutes les malédictions qui viendront sur toi et qui seront ton partage : 16 Tu seras maudit dans la ville, et tu seras maudit dans les champs.
Tu seras maudit dans la ville, est-il écrit - c'est-à-dire dans le lieu de ton habitation, de ton travail, de tes affaires; tu seras maudit dans les champs - c'est-à-dire dans ces lieux mêmes où tu vas chercher le délassement, le repos et le plaisir; ta corbeille sera maudite et ta maie; le fruit de ton corps sera maudit et le fruit de ta terre; la portée de tes vaches et les brebis de ton troupeau; maudit seras-tu à ton entrée et maudit à ta sortie ! Il est des hommes, sur lesquels la malédiction divine semble s'appesantir d'une manière visible. Tout ce qu'ils font est maudit. S'ils acquièrent des richesses, la malédiction s'attache à ces richesses; s'ils bâtissent des maisons, la malédiction s'attache à ces maisons. Voyez l'avare : il est maudit dans ses trésors; car son âme est tellement rongée par la cupidité et la convoitise qu'il ne peut jouir de ses trésors mêmes. Voyez l'intempérant : sa corbeille et sa maie sont maudites à la lettre, puisque son palais, blasé par les boissons enivrantes, ne peut plus jouir d'aucun aliment. Il est aussi maudit à son entrée et à sa sortie, car, dès qu'il passe le seuil de sa propre maison, ses enfants courent se cacher, tellement est grande la frayeur qu'il leur inspire. Et il sera maudit un jour dans le fruit de son corps, car, lorsque ses fils avanceront en âge, ils suivront vraisemblablement l'exemple de leur père; ils se livreront aux mêmes excès que lui; ils jureront comme il jure; ils s'aviliront comme il s'est avili. Aujourd'hui, le malheureux cherche peut-être à se persuader qu'il peut, sans grand inconvénient, s'enivrer et blasphémer tant que bon lui semble; mais quelle douleur aiguë traversera sa conscience (si toutefois il lui reste encore une conscience...) lorsqu'il verra ses fils marcher sur ses honteuses traces ! - Oui, je le répète, la malédiction divine accompagne d'une manière visible certains vices; mais, quoiqu'elle ne soit pas toujours également apparente, elle n'en pèse pas moins en réalité sur toute transgression de la loi. Toi donc, pécheur, qui vis sans Dieu, sans Christ, étranger à la grâce de Jésus, tu es maudit, sache-le - maudit quand tu t'assieds, maudit quand tu te lèves ! Maudit est le lit où tu couches; maudit le pain que tu manges ; maudit l'air que tu respires ! Tout est maudit pour toi. Quoi que tu fasses et où que tu ailles, tu es un être maudit !..... O effrayante pensée ! En ce moment même, je n'en puis douter, j'ai devant moi un grand nombre de créatures immortelles qui sont maudites de Dieu ! Hélas ! pourquoi faut-il qu'un homme parle ainsi à ses frères ? Mais, quelque pénible que soit ce devoir, comme ministre de Christ, je suis tenu de le remplir, sans quoi je serais infidèle envers vos âmes qui périssent. Ah ! plaise à Dieu qu'il y ait dans cette assemblée quelque pauvre âme qui, saisie d'effroi, s'écrie : "Il est donc vrai ? je suis maudite ! maudite de Dieu et de ses saints anges; maudite sur la terre et dans le ciel; maudite ! maudite ! toujours maudite ! " Oh ! je suis convaincu que si nous voulions prendre au sérieux ce seul mot : MAUDIT, il n'en faudrait pas davantage pour donner le coup de mort à notre indifférence et à notre torpeur spirituelles !
Mais j'ai plus que cela à te dire, mon cher auditeur. Si tu es impénitent et incrédule, je dois t'avertir que la malédiction qui t'enveloppe actuellement n'est rien comparée à celle qui fondra sur toi ci-après. Tu le sais, dans quelques courtes années, il nous faudra mourir. Oui, jeune homme, bientôt toi et moi nous vieillirons; ou peut-être, bien avant d'avoir atteint la vieillesse, nous étendrons-nous sur notre couche pour ne plus nous relever. Nous nous réveillerons de notre dernier assoupissement, et nous entendrons murmurer autour de nous que notre dernière heure va sonner. L'homme de l'art consultera une dernière fois notre pouls, puis il dira à notre famille éplorée qu'il n'y a plus d'espoir ! Et nous serons là couchés, immobiles et sans force. Et rien ne viendra rompre le lugubre silence de la chambre mortuaire, si ce n'est le bruit monotone de la pendule ou les sanglots de notre femme et de nos enfants. Et il nous faudra mourir !... Oh ! qu'elle sera solennelle cette heure où nous serons aux prises avec le grand ennemi du genre humain : la mort ! Déjà le râle déchire notre poitrine; c'est à peine si nous pouvons articuler une parole; nos yeux se vitrent; la mort a posé son doigt glacé sur ces flambeaux de notre corps, et les a éteints pour jamais; nos mains refusent de se soulever; nous sommes au bord du sépulcre ! Moment décisif, moment solennel entre tous les moments de la vie, que celui où l'âme entrevoit sa destinée, où, comme à travers les fentes de sa prison d'argile, elle découvre le monde à venir ! Oh ! quelle langue humaine pourrait exprimer ce qui se passera dans le coeur de l'inconverti, lorsqu'il se verra en face du tribunal de Dieu, qu'il entendra les foudres de la colère éternelle gronder à ses oreilles, et qu'il sentira qu'entre l'enfer et lui il n'y a plus que l'intervalle d'un moment ! Qui pourrait décrire la terreur inexprimable dont seront saisis les pécheurs, lorsqu'ils se trouveront en présence de réalités à l'existence desquelles ils n'avaient point voulu croire ?... Ah ! moqueurs qui m'écoutez ! vous pouvez rire tout à votre aise aujourd'hui des choses de Dieu. Vous pouvez, en sortant de cette enceinte, plaisanter sur ce que vous venez d'entendre, tourner en ridicule le prédicateur, et vous égayer à ses dépens. Mais attendez que vous soyez couchés sur votre lit de mort, et vous ne rirez plus, je vous le garantis ! Maintenant que le rideau est baissé, que l'avenir est caché à vos regards, il vous est facile de vous moquer de cet avenir; mais, lorsque le Seigneur lèvera le rideau, et que les horizons éternels se dérouleront devant vos yeux, vous n'aurez plus le courage de rire. Le roi Achab, assis sur son trône, entouré de courtisans, rit du prophète Michée; mais je ne sache pas qu'Achab rit encore de Michée, quand une flèche ennemie, pénétrant par une jointure de sa cuirasse, l'eut blessé mortellement (1Ro 22). Les contemporains de Noé riaient, eux aussi, du vénérable vieillard qui leur annonçait que l'Éternel allait détruire le monde par un déluge. Ils l'appelaient, sans nul doute, un rêveur, un visionnaire, un insensé. Mais que devinrent vos dédains et vos sarcasmes, ô sceptiques, lorsque Dieu fit descendre du ciel de formidables cataractes, que les fontaines du grand abîme furent ouvertes, et que l'univers fut entièrement submergé ? Alors vous avez reconnu, mais trop tard, que Noé avait dit vrai. Et vous de même, pécheurs qui vous trouvez dans cet auditoire, lorsque vous serez sur le point d'être lancés dans l'éternité, je ne pense pas que vous riiez encore de moi et de la parole que je vous annonce. Vous direz bien plutôt en vous-mêmes : "Je me souviens qu'à telle époque, j'entrai un jour par curiosité dans tel lieu de culte; j'y entendis un homme qui parlait d'une manière fort solennelle; sur le moment je ne le goûtai guère; toutefois, je ne pouvais me défendre de la pensée qu'il disait vrai, et qu'il me voulait du bien. Oh ! que n'ai-je écouté ses appels ! que n'ai-je profité de ses avis ! que ne donnerais-je pas pour l'entendre de nouveau ! " - Il y a peu de temps qu'un cas tout semblable est parvenu à ma connaissance. Un homme, qui maintes fois m'avait couvert de railleries et d'injures, étant allé un dimanche en partie de plaisir, ne revint chez lui que pour mourir. Le lundi matin, sentant sa fin approcher, que pensez-vous qu'il fit ? Il envoya quérir en toute hâte le serviteur de Dieu qui vous parle en ce moment, celui-là même qu'il avait tant de fois insulté ! Il voulait qu'il lui indiquât le chemin du ciel, qu'il vînt lui parler du Sauveur. Je m'y rendis avec empressement et avec joie; mais hélas ! qu'elle est triste la tâche de parler à un profanateur du sabbat, à un contempteur de l'Évangile, à un homme qui a passé sa vie au service de Satan, et qui touche à son heure dernière ! Et en effet, le malheureux mourut bientôt. Il mourut sans Bible dans sa maison, sans prière pour recommander son âme à Dieu, si ce n'est celle que je prononçai au chevet de son lit... Oh ! mes chers amis, croyez-le : c'est une chose terrible que de mourir sans Sauveur ! Souvent, après avoir assisté aux derniers moments de quelque pauvre pécheur, touchant le salut duquel je n'avais que peu d'espoir, je suis revenu chez moi l'âme brisée, le coeur navré, pensant en moi-même : "Mon Dieu ! que ne puis-je prêcher les insondables richesses de Christ, à chaque heure, à chaque instant du jour, afin que les âmes puissent regarder à lui avant qu'il ne soit trop tard ! " Puis, j'ai pensé au peu de zèle, au peu d'amour, au peu de ferveur avec lequel j'ai tant de fois annoncé les compassions de mon Maître, et j'ai pleuré - oui, j'ai pleuré amèrement, en sentant que je ne presse pas les âmes comme je devrais le faire, c'est-à-dire avec instances et avec larmes, de fuir la colère à venir ?
LA COLÈRE A VENIR ! LA COLÈRE A VENIR ! Oh ! mes chers auditeurs, mettez-vous bien dans l'esprit, je vous en conjure, que ce n'est point là un vain mot. Les choses dont je vous parle ne sont ni des rêves, ni des mensonges, ni des chimères, ni des fables semblables à celles des vieilles. Ce sont des vérités, et vous les connaîtrez bientôt, chacun pour son propre compte. Oui, pécheur, toi qui n'as point persévéré dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi, et qui n'as point cherché un refuge auprès de Christ, le jour approche où les choses invisibles deviendront pour toi de redoutables, de vivantes réalités. Et alors oh ! alors, que feras-tu ? Après la mort suit le jugement.
Un jour, Jésus, du trône de sa gloire,
Viendra juger les vivants et les morts.
Essaie de te représenter ce grand et illustre jour du Seigneur. L'horloge du temps a sonné sa dernière heure. Les âmes des réprouvés vont entendre leur arrêt définitif. Ton corps, ô pécheur, s'élance hors du sépulcre; tu ouvres ton linceul, et tu regardes..... Mais quel est ce bruit terrible, ce bruit formidable qui ébranle les colonnes de la terre et qui fait chanceler le ciel même ? C'est la trompette de l'archange, la trompette de l'archange qui retentit jusqu'aux extrémités du globe, appelant tous les hommes en jugement ! Tu écoutes, et tu frémis. Soudain, une voix se fait entendre, voix qui est saluée par les uns avec des cris de désespoir, par les autres avec des chants d'allégresse. "Voici, il vient, il vient - il vient - et tout oeil le verra ! " Et le trône, blanc comme l'albâtre, apparaît sur une nuée du ciel; et sur ce trône est assis quelqu'un environné de majesté. C'est lui ! C'est l'Homme qui mourut au Calvaire ! Je vois ses mains percées, mais quel changement dans son apparence ! Plus de couronne d'épines, plus de sceptre dérisoire. Autrefois, il comparut à la barre de Pilate; maintenant, le monde entier comparaît à la sienne. Mais écoutons ! la trompette retentit de nouveau; le Juge ouvre le livre; tout est silence dans le ciel ! tout est silence sur la terre. "Rassemblez mes élus des quatre vents, mes rachetés des extrémités du monde. " Aussitôt, les anges obéissent. Comme un éclair, leurs ailes fendent la foule. Ici, sont les justes, réunis à droite de leur Maître; et toi, pécheur, tu es laissé à la gauche, tu es laissé pour soutenir les ardeurs dévorantes de la colère éternel. Les harpes célestes font entendre de douces mélodies, mais elles ne sont point douces pour toi. Les anges répètent en choeur : "Venez, vous, bénis du Père; possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde ", mais cette ineffable salutation ne te concerne point. Et maintenant, sur la face du Seigneur, s'amassent des nuages de courroux; la foudre est sur son front; des éclairs jaillissent de ses yeux. Il te regarde, toi qui l'as méprisé; toi qui t'es joué de sa grâce, qui t'es ri de sa miséricorde, qui as profané le jour de son repos, qui t'es moqué de sa croix, qui n'as pas voulu qu'il régnât sur ton âme ! Il te regarde, et, d'une voix plus éclatante que dix mille tonnerres, il s'écrie : "Retirez-vous de moi, maudits ! " Et puis..... Mais non !..... Je ne veux pas te suivre plus loin ! Je ne veux parler ni du ver qui ne meurt point, ni du feu qui ne s'éteint point; je ne veux décrire ni les souffrances du corps, ni les tortures de l'âme. Qu'il me suffise de vous dire, pécheurs inconvertis, que l'enfer est terrible, que le sort des réprouvés est effroyable..... Oh ! fuyez donc, fuyez la colère à venir ! Et fuyez-la sans délai; fuyez-la dès aujourd'hui, de peur qu'étant surpris par la mort, vous ne vous trouviez transportés tout d'un coup au milieu des horreurs indicibles de la perdition éternelle ! Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire.