On peut regretter une fois de plus que le communiqué du CNEF (reproduit ci-dessous) ne mentionne nulle part les terribles souffrances des chrétiens, les massacres et les assassinats de pasteurs, de prêtres et de fidèles abattus sommairement par les « chiens de guerre » du nouvel homme fort du pays, massacres que la Fédération Protestante de France avait pourtant commencé à évoquer à mots couverts – afin d’endiguer une ethnicisation du conflit.
Afin d’attirer l’attention des médias sur une situation plus que trouble, une circulaire cosignée par l’ancienne ministre Georgina Dufoix et 3 pasteurs était lancée le même jour, corroborée par des récits du HCR, d’Amnesty International et d’autres ONG qui tentent de rester impartiales. De l’autre côté de l’Atlantique, un fin connaisseur de l’Afrique, le sénateur James Inhofe, commence à accumuler des preuves transmises au Sénat américain et à Mme Clinton d’une véritable épuration ethnique précédée de fraudes électorales massives qui donnaient selon lui lors de la présidentielle la victoire à Laurent Gbagbo. Totalement isolés parmi des journalistes français étrangement muets sur la vague croissante de la contestation anti-françafrique, le controversé Guy Millière analysait quant à lui le phénomène sous l’angle d’une « invasion de peuplement », pendant que son confrère Alexandre Del Valle parlait de « guerre du cacao ».
Quelques jours auparavant, les Assemblées de Dieu de France dans un communiqué se désolidarisaient le 15 avril de « prophéties nationalistes » (note Refuge Protestant : conséquence inévitable après tant de tolérance à travers le fer de bataille des pentecôtistes dans le parler en langues, "prophéties", amenant par trop souvent déviation, dérives, excès et scandales, tous pour la plupart soigneusement étouffés ou se voulant dans ce sens) qui conduisirent Laurent Gbagbo dans un entêtement qui coûta la vie à au moins une centaine de civils, civils qui constituèrent son ultime bouclier humain.
Les Églises évangéliques membres du Conseil national des évangéliques de France (CNEF), émues par les circonstances dramatiques imposées aux populations de Côte d’Ivoire adressent aux Églises sœurs de ce pays l’expression de leur affection fraternelle. À l’heure de l’urgence, de la reconstruction et de la réconciliation, elles les assurent de leur soutien constant dans la prière, ainsi que de leur disponibilité à leur transmettre les secours de divers ordres dont le Seigneur leur donnerait la capacité.
Elles adressent leurs condoléances fraternelles à toutes les familles endeuillées, ainsi que leur sympathie à tous ceux qui sortent physiquement épuisés ou psychologiquement traumatisés de tensions et d’angoisses indescriptibles. Elles savent aussi que la fin des combats ne signifie pas le retour immédiat de la paix civile. Elles compatissent aux conditions matérielles de subsistance et de sécurité qui restent, surtout à Abidjan, extrêmement précaires. Elles demandent à Dieu qu’il soutienne et renouvelle la foi de leurs frères et sœurs pendant ce temps d’épreuve, qu’il protège leurs personnes et préserve leurs biens.
Elles adressent leurs encouragements fraternels aux pasteurs et anciens des Églises, ainsi qu’aux responsables d’œuvres et d’associations chrétiennes nombreuses en Côte d’Ivoire. Elles demandent pour eux au Seigneur une mesure exceptionnelle de force et de discernement pour la mission de réconfort, de consolation et de réconciliation à laquelle Dieu les appelle avec l’Église tout entière. Elles n’ignorent pas que la passion politique, avec ses antagonismes, s’est infiltrée jusque dans les communautés. Elles prient Dieu de disposer les cœurs à l’amour fraternel, par-delà les divergences d’appréciations politiques. Que Dieu, dans un avenir proche, permette aux chrétiens réconciliés de témoigner avec force, par leur amour réciproque, du Dieu vivant et vrai.
Le CNEF entend pour ce qui le concerne encourager les Églises évangéliques de France, notamment par l’intermédiaire des œuvres missionnaires et humanitaires déjà actives en Côte d’Ivoire (SEL, Mission biblique, Action missionnaire des ADD…), à faire connaître la situation et les besoins des Églises de Côte d’Ivoire, pour que les chrétiens de France puissent manifester largement leur solidarité et unir leurs prières à celles de leurs frères et sœurs ivoiriens.
Bagneux, le 21 avril 2011
Le Bureau du CNEF
Source : Blogdei