La Lumière dans les ténèbres
ou la confusion de babel
Dans quel monde de ténèbres l'homme ne vit-il pas depuis la chute de nos premiers parents !
Aujourd'hui l'iniquité relève la tête plus impudemment que jamais et revendique le droit de s'appeler bien.
L'occultisme sous toutes ses formes se proclame le chemin vers la vraie spiritualité.
L'humanisme sans Dieu prétend nous libérer de tous les maux.
Les hommes en viennent, en excluant l'Oeuvre Victorieuse de Christ à la croix, à croire pouvoir même apprivoiser la mort, se la rendre amie.
L'immoralité réclame le droit d'être considérée l'égal, voire le supérieur du bien tel qu'il est défini par Dieu dans Sa Loi.
Celui qui n'adore pas l'humanitarisme ambiant, qui ne s'incline pas devant le pluralisme des valeurs, qui ne se vautre pas dans ce marais qu'est l'égalitarisation de toutes choses (surtout du bien et du mal) est considéré comme anormal en attendant d'être persécuté, d'être interné, voir éliminé, comme ennemi du consensus antichrétien universel qui se construit sous nos yeux.
C'est ainsi que l'on travaille à la construction de cette bienheureuse démocratie qui regrouperait toute l'humanité dans un bien-être programmé pour tous sauf, bien sûr, pour ces gêneurs sous-humains -unmensh- de la béatitude matérialiste universelle que sont embryons, handicapés de toutes sortes et vieux.
Voici le paradis que nous prépare une humanité qui ne veut décidément plus entendre parler ni de repentance, ni de conversion, ni de retour à Dieu et moins encore d'une quelconque soumission à Ses Saintes Lois.
On peut bien dire d'une telle civilisation :
"Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres !" (Matthieu 6-23)
Comme il est difficile aujourd'hui de comprendre ce qui se passe véritablement sur le théâtre tragique de notre terre.
Nous sommes tombés dans une vision taoïste du monde, vision qui semble avoir éliminé de la scène publique toute réelle antithèse.
Car les principes qui animent cette ancienne philosophie chinoise qu'est le taoïsme jouent un rôle central dans le pot pourri spirituel de ce prétendu Nouvel Âge qui, si rapidement, est devenu l'esprit de ce temps, l'air idéologique.
Dans le taoïsme, les deux principes selon lesquels l'univers tout entier serait organisé, le yin et le yang, ne sont pas foncièrement opposés l'un à l'autre. Ils sont au contraire complémentaires.
Le mal n'est alors aucunement l'antithèse du bien, le juste de l'injuste, la vérité de l'erreur, le communisme du capitalisme, le paganisme du christianisme. Tout se tient. Tout est complémentaire de tout.
Dans la mentalité qui règne aujourd’hui le bien et le mal, tels qu'ils sont définis en termes absolus par la Loi de Dieu, ont disparu.
La conséquence en est qu'il n'est plus possible d'invoquer de façon crédible la manifestation, dans l'histoire et dans la vie sociale actuelle des nations, des institutions ou des coutumes de ce qui pourrait être considéré comme l'expression, même partielle, de telles distinctions morales absolues.
Dans une telle perspective nous ne pouvons plus exprimer des jugements approuvant ou désapprouvant des événements et des réalités d'ordre public.
Il ne faut plus alors appeler un chat un chat sous peine de se faire soi-même traiter de méchant tigre.
Il se trouve une exception évidente à cet esprit de bienséante tolérance générale. Nous venons de l'invoquer.
Tous ceux qui par leur attachement à une foi particulière ou par leur amour pour une patrie spécifique refusent ce consensus universel et qui osent l'exprimer de manière audible sont rejetés par la dynamique de groupe du syncrétisme œcuménique et humanitariste à la mode.
Nous assistons ainsi aujourd'hui à une mutation dans le domaine des valeurs, comparable, par exemple, à des mouvements qui dans le passé paraissaient eux aussi irrésistibles à ceux qui les ont vécus.
Je pense à la Réforme, par exemple, ou plus près de nous, à l'esprit rationaliste et anti-chrétien du siècle des Lumières.
A la réflexion et en observant la croissante influence de cette mentalité holistique dans tous les domaines, le développement actuel, pour ainsi dire surréaliste en tous domaines ne devrait de fait guère nous surprendre.
Cette disparition des bornes morales publiques visibles au fond est typique du relativisme à la base de notre civilisation apostate.
La victoire universelle même dans de nombreux milieux chrétiens d'une pensée dialectique et celle non moins éclatante des méthodes de dynamique de groupe montrent bien que l'ancrage d'une démarche intellectuelle sur le fondement d'une vérité absolue a disparu du consensus social, culturel et religieux.
Le résultat en est que dans la réflexion diverse, sont livrés à une perspective dépourvue de toute signification, privée de tout rapport à un système de valeurs immuable et même coupé des réalités objectives permanentes les plus évidentes.
Le message ne saurait être plus clair. Toutes choses, y compris le bien et le mal, sont maintenant placées sur le même pied d'égalité ; tout devient parfaitement interchangeable ; il n'y a plus rien pour lequel il vaut la peine de vivre ou de mourir. Le résultat social : drogue, suicide, alcoolisme, divorces, désintégration sociale.
Sur le plan religieux cette attitude anarchique, informe, chaotique fut fort bien exprimée en son temps par le pape Jean-Paul II dans son évocation constante de cette panacée universelle, une civilisation d'amour.
Dans cette perspective, tout à la fois sentimentale et humanitariste, le dialogue et la compréhension mutuels remplaceraient les rudes catégories, aujourd'hui dépassées, du Bien et du Mal, de la Vérité et du Mensonge, de l'Orthodoxie et de l'Hérésie, de la Bénédiction Divine et du Jugement de Dieu.
La politique de l'amour, l'amour, l'harmonie de toutes choses, remplace ainsi cet instrument aujourd'hui anachronique de l'ancienne politique de l'humanité, l'épée qui, elle , tranche entre les hommes. Car l'épée, ce magistrat pourvu de la force publique qui a en effet été établie par Dieu pour réprimer les malfaiteurs et ainsi protéger les gens de bien, est aujourd'hui définitivement mise au fourreau.
Le mal et les hommes mauvais ont disparu de notre planète et les attitudes de discipline, de discernement, de discrimination contre le mal et contre les méchants, la résistance à l'iniquité, la manifestation d'un amour vrai des parents et la saine autorité envers leurs enfants ne sont plus de mise.
Nos apôtres de l'amour qui oublient tout simplement l'existence du péché, nous préparent des lendemains amères dont nous devrons déchanter avec larmes et grincements de dents.
Ainsi le mal semble en partie avoir quitté la scène de la vie, quel que puisse être le comportement des méchants, apparaissant aujourd'hui sous la forme d'agneaux innocents. Ce surréalisme sonne bien faux. Car, si nous considérons la structure de cette Alliance Éternelle par laquelle Dieu Gouverne Sa Création, la Bénédiction Divine ne peut que provenir de la fidélité des hommes à l'Alliance, de leur Obéissance aux Commandements de Dieu.
Si l'on considère seulement un instant l'état moral et spirituel présent de l'humanité dans son ensemble nous devrions, pour être impartiaux et objectifs, nous attendre, non aux Bénédictions et aux Grâces de Dieu, mais à Sa Colère, à Ses Malédictions, pour tout dire au Jugement d'un Dieu Justement Irrité par l'iniquité grandissante des hommes.
La réalité brutale est tout autre que celle d'un rêve utopique.
Dans toutes les régions du monde et à tous les niveaux de la société l'iniquité se multiplie. Le mal répand son empire, ne rencontrant que peu le moindre obstacle. L’ascension de l'iniquité est de toute apparence irrésistible. Le mal devient même moral. Il revendique partout le droit de se nommer bien.
Le pluralisme théologique dans de nombreuses églises montre aujourd'hui ouvertement son vrai visage, la tolérance de toutes les erreurs parmi ceux se réclamant de Jésus Christ, dérapage produisant le résultat auquel nous aurions dû nous attendre dès le début.
Autre élément sur le plan moral, la guerre implacable livrée partout où la civilisation occidentale exerce son influence contre des êtres humains avant leur naissance est aujourd'hui poursuivie sans relâche. Il va sans dire que ce massacre d'innombrables petits enfants dépourvus de toute défense et dont les protecteurs naturels - père, mère, médecin, sage femme - sont devenus les bourreaux, est un crime de masse contre Dieu et contre les hommes qui dépasse largement, tant en quantité qu'en cruauté, tout ce que notre siècle infâme a pu déjà voir d'iniquités monstrueuses.
L'on nous demanderait même paradoxalement à exprimer une sympathie sans réserve. Mais aucun Chrétien ne saurait refuser sa sympathie même envers son pire ennemi tombé dans le malheur, encore moins pour un pécheur rattrapé par les conséquences mortelles de ses péchés.
C'est ainsi que les autorités diverses tant politique qu'ecclésiastiques en viennent à fermer la porte à toute prise de conscience, à toute vraie repentance et, par conséquent, à toute espérance éternelle. La mort n'étant plus considérée comme la conséquence du péché, on évacue ainsi tout sérieux de la notion même du péché.
On étouffe de cette manière toute prise de conscience et ce qui pouvait encore rester de conscience à notre peuple s'en trouve cautérisé, peut-être même de manière définitive, par certains représentants d'église eux-mêmes.
De telles analyses succinctes valent ce qu'elles valent et téméraire serait celui qui prétenderait comprendre pleinement ce qui se passe aujourd'hui. Mais de quelque direction que nous tournons les regards la situation générale comme mondiale est dangereuse à l'extrême. Il est certain que nous nous approchons toujours plus du point où nous aurons épuisés toutes les réserves de l'Immense Patience de Dieu.
Si nous limitions notre analyse aux seuls éléments humains nous ne pourrions que sombrer dans le désespoir le plus noir.
Mais la Lumière qui est en Christ, Lumière qui éclaire toute la Création de Dieu, est réellement venue dans le monde.
Elle s'est révélée pour nous dans cette fête que nous avons célébré et célébrons à Noël, fête de la Naissance du Seigneur des seigneurs, du Roi des rois, de Jésus-Christ, de toute éternité Lumière Divine et, aujourd'hui encore, Lumière Unique des nations.
Comme l'annonçait Zacharie, par ce petit enfant, vrai Dieu et vrai homme, est venue la connaissance du Salut, le Pardon des péchés, l'Ardente Miséricorde du Dieu Juste et Saint.
"C'est par elle que le soleil levant nous visitera d'en haut pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort et pour diriger nos pas dans le chemin de la paix." (Luc 1:78-79)
C'est cette Lumière venue parmi les hommes, qui se trouve à la base et qui est la raison d'être de toute notre vie Chrétienne.
Dans des temps aussi difficiles et aussi confus, Notre Réconfort, Notre Espérance et Notre Force comme Eglise, comme Peuple choisi de Dieu, ne repose pas dans les divagations politiques ou autres et dans les plans iniques d'hommes pervertis mais dans la Souveraineté, la Justice et la Miséricorde du Dieu de l'Alliance, dans l'Immuabilité du Seigneur des armées, dans le Caractère Inébranlable de Sa Vérité et dans l'Accomplissement Certain de Ses Desseins Éternels.
"L’Éternel est Juste dans Toutes Ses Voies, et Bienveillant dans Toutes Ses Œuvres. L’Éternel est Près de tous ceux qui L'invoquent, de tous ceux qui L'invoquent avec vérité, Il Réalise les souhaits de ceux qui Le Craignent, Il Entend leur cri et Les Sauve. L’Éternel Garde tous ceux qui L'aiment." Psaume 145:17-20)
Cette Lumière est déjà Victorieuse de toutes les ténèbres de ce pauvre monde perdu.
C'est Elle qui nous conduit à travailler à percer les brouillards si épais de ce temps où les hommes se dressent plus que jamais stupidement contre Leur Dieu.
Que la Parole de Dieu éclaire notre chemin et que, par cette Lumière qui Illumine tout homme, nos yeux puissent aussi voir la Lumière.

Jean-Marc Berthoud,
Théologien Réformé Baptiste,


.
Source : Calvinisme : Résister & Construire
Synthèse de deux articles écrit par Jean Marc Berthoud adaptée pour Refuge Protestant
commenter cet article …