Le cœur fidèle ne se forge point un Dieu tel quel à la volée, mais il regarde Celui qui est Seul et Vrai Dieu et ne Lui attribue point tout ce que bon lui semble, mais est content de L’avoir tel qu’Il se manifeste, se gardant toujours diligemment de ne sortir point hors de Sa Volonté par audacieuse outrecuidance.
L’ayant ainsi connu, pour ce qu’il entend que, par Sa Providence, il modère toutes choses, il se confie de L’avoir pour Tuteur et Protecteur, et pourtant se commet en Sa Garde, d’autant qu’il Le connaît être Auteur de Tout bien; s’il est pressé de quelque nécessité, incontinent il se retire à Son Secours et, ayant invoqué Son Nom, attend aide de Lui; d’autant qu’il est persuadé de Sa Bonté et Bénignité, il se repose sûrement en Sa Clémence et ne doute point d’avoir toujours à toutes ses misères remède appareille à la Miséricorde d’icelui.
En tant qu’il Le reconnaît Seigneur et Père, il Le répute être digne duquel au commandement il s’adonne, duquel il révère La Majesté, duquel il tâche d’avancer la gloire, duquel il suive La Volonté.
En tant qu’il Le voit être Juste Juge, lequel fera une fois vengeance sur tous transgresseurs, il se propose toujours Son Trône devant les yeux afin d’être retiré de tout ce qui provoque Son Ire.
Néanmoins, il n’est pas tellement étonné en pensant à Son Jugement qu’il s’en veuille soustraire, même quand il aurait moyen d’évader.
Mais au contraire ne le reçoit pas moins volontiers pour Correcteur des méchants que pour Rémunérateur des bons, vu qu’il connaît n’appartenir moins à Sa Gloire, qu’Il fasse punition des mauvais et iniques que de rétribuer le loyer de la vie éternelle aux fidèles.
Davantage, il n’est pas réprimé par la seule crainte de Sa Vengeance pour ne point pécher, mais d’autant qu’il L’aime et révère comme Son Père et Le craint comme Son Seigneur, même quand il n’y aurait nul enfer, si a-t-il horreur de L’offenser.
Voilà que c’est de pure et vraie religion, c’est à savoir la foi conjointe avec crainte de Dieu non feinte, tellement que sous le nom de crainte soit comprise tant la dilection de Sa Justice qu’Il a ordonnée par Sa Loi que la révérence qui est, volontairement et de courage entier, portée à Sa Majesté.
Or donc si nous sommes tous nés à cette condition de connaître Dieu (et la connaissance d’icelui est vaine et infructueuse sinon qu’elle vienne jusques à ce point-là), il est manifeste que tous ceux qui n’adressent point à ce but toutes les cogitations et actions de leur vie, déclinent et défaillent de l’ordre de leur création.
Ce qui n’a même été inconnu des philosophes, car autre chose n’a entendu dire Platon quand par plusieurs fois il a enseigné que le souverain bien de l’âme est la similitude de Dieu, quand, étant parvenue à la vraie contemplation d’icelui, est en lui du tout transformée.
Par quoi Grylus argue très sagement en Plutarque quand il tient que, si la religion était ôtée de la vie des hommes non seulement ils n’auraient nulle excellence par-dessus les bêtes brutes, mais en plusieurs manières seraient beaucoup plus misérables.
À savoir d’autant qu’étant sujets à tant d’espèces de maux, mènent une vie laborieuse et sans repos.
Pour ce qu’il n’y a que la seule connaissance de Dieu qui les rende supérieurs, par laquelle ils peuvent aspirer à l’immortalité.
PRIÈRE
Maintiens Ta Grâce aux hommes droits ;
Donne à qui aime et suit Ta Voix L’appui de Ta Justice.
Garde-moi de tomber aux mains
De ces méchants, de ces hautains,
De peur que je faiblisse.
Car ils voudraient chasser les tiens,
Les séparer de Leur Soutien,
De leur Seule Assurance.
C’est fait !
Tu les as renversés
Ils ne pourront se relever.
Gloire à Ta Délivrance.
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