Bonne fête de la Réformation !
Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées,
et dont les péchés sont couverts !
Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute pas son péché !
Romains 4:7-8
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En ce dimanche 31 octobre anniversaire de la Réformation, alors que la plupart de nos contemporains en font un "dimanche des sorcières" et organisent des activités ludiques pour leurs enfants en ce sens, avec moults déguisements macabres et occultes, une méditation bienvenue sur l'homme reformé et revêtu par Jésus-Christ.
Le pasteur Jean Daillé (1594-1670) nous parle de la nature de l'Église comme assemblée de croyants greffés en Jésus-Christ.
Dans sa série de prédications sur le Catéchisme de Genève, le pasteur Jean Daillé (1594-1670) aborde la section XV, qui concerne l’Église, avec une explication établissant le lien entre les assemblées politiques de l’Antiquité gréco-romaine (ekklesiae) et les corps et les sociétés des fidèles dans le Nouveau Testament, appelées Églises (ekklesiae) pour les distinguer des synagogues juives.
Dieu a tellement aimé l’homme, qu’il a pris plaisir de déployer sur lui toutes ses plus exquises et divines opérations, soit dans la nature, soit dans la grâce. L’homme fut la fin de la première création ; car le Seigneur, après avoir créé les Cieux et la terre, lui mit tout entre les mains. L’homme est encore le but de la seconde création plus magnifique de beaucoup et plus illustre que la première. Car le Fils de Dieu est venu sur la Terre, il a fait et souffert tant de choses extraordinaires, afin d’élever l’homme au comble d’une félicité souveraine. Comme il n’a pas pris ls Anges à soi, aussi n’a-t-il pas travaillé pour eux, mais pour cette semence d’Abraham dont il s’est uni la nature personnellement : Christ est la plénitude de la Divinité ; le trésor de toutes les merveilles de Dieu, l’homme est l’objet sur lequel il les répand, s’il faut ainsi dire, le remplissant, le revêtant, le formant, lui communiquant tous ses biens comme s’il ne les avait reçus que pour lui en faire part. Mais l’homme ainsi reformé et revêtu par Jésus-Christ, change de nom aussi bien que de nature, il s’appelle un homme nouveau et spirituel, Chrétien et fidèle, et le corps de tous ces hommes unis en leur chef se nomme l’Église. Ainsi pouvons-nous dire que Christ et l’Église composent toutes les parties de la doctrine du salut, Christ est la cause, l’Église est l’effet ; Christ l’Ouvrier, l’Église son Ouvrage.
(…) Maintenant notre Catéchisme nous représente brièvement dans cette Section et dans la suivante, quelle est cette Église pour laquelle Jésus-Christ a tant travaillé, quelle est sa nature et ses propriétés, ce en quoi aussi il suit l’ordre du Symbole des Apôtres qui contient, comme vous savez, quatre parties principales, la première qui traite de Dieu et de la Création, la seconde de Jésus-Christ ; la troisième du S. Esprit, et c’est ce qui a été exposé ci-devant, la quatrième parle de l’Église et des grâces que Dieu qui la constituent, savoir la rémission des péchés la résurrection de la chair et la vie éternelle. C’est ce que nous aurons aujourd’hui à vous expliquer, moyennant l’assistance favorable de celui qui a fait et créé l’Église, Jésus-Christ notre Sauveur, que nous invoquons derechef pour cet effet.
Le mot d’Église est Grec d’extraction et signifie proprement au langage des Grecs une Compagnie de gens assemblés en un même lieu, non par hasard et par rencontre, ou de leur simple mouvement, mais par ordre du public, car le terme d’Église vient d’un mot qui signifie appeler quelqu’un hors de son lieu. Quand donc les Bourgeois d’une ville, cités et appelés, selon l’ordre de leur État, ou par un cri public, ou par une dénonciation faite à chacun en particulier, se rendaient tous en un même lieu, sur la place, ou quelque part ailleurs, pour penser aux affaires qui concernaient le public, une telle assemblée s’appelait Église. Il faut encore remarquer que ce nom proprement ne se donnait qu’aux assemblées populaires où les moindres citoyens et de la plus basse qualité intervenaient. La Compagnie des principaux, tels qu’étaient les premiers Officiers de l’État, se nommait le Conseil ou le Sénat et non l’Église. Et il y a grande probabilité que cette considération a mû les Apôtres à employer ce mot, plutôt qu’un autre, pour signifier les Corps et les Compagnies des hommes fidèles, parce que le plus souvent elles sont composées de personnes peu qualifiées, de petites gens comme on dit, selon que Saint Paul nous l’apprend en la première Épître aux Corinthiens [1: 26] : Vous n’êtes pas plusieurs nobles ni plusieurs riches ou puissants selon la chair. Dieu, pour confondre l’orgueil du monde a choisi les choses basses, faibles et de bas état, la raclure et la balayure des hommes. De là donc les Saints Apôtres ont emprunté ce terme, et s’en sont servis, pour signifier la multitude des fidèles, le Corps de ceux qui croient en Jésus-Christ, et qui ont embrassé sa Religion, à cause du rapport qui se trouve en un tel Corps et une assemblée de peuple. Car comme une Assemblée de peuple est un Corps composé de différentes personnes, qui ont les unes avec les autres quelque union, comme d’être d’un même pays, d’une même race, et en un même lieu, de même les fidèles de Jésus-Christ sont un Corps de personnes, qui bien que différentes en elles-mêmes sont néanmoins liées ensemble par une même Religion ; quoique non assemblées actuellement en un même lieu, elles sont néanmoins considérées du Seigneur, comme si elles étaient toutes en un même Temple, le servant et adorant ensemble d’un commun accord. Le Corps des fidèles sous l’Ancien Testament se nommait Synagogue ; et les Juifs l’appellent encore ainsi aujourd’hui, d’un Nom qui signifie une Assemblée, comme le nom d’Église, et toutefois les Apôtres n’appellent jamais les Corps et les Sociétés des fidèles sous le Nouveau testament, mais partout constamment Églises.
Si vous me demandez pourquoi les Apôtres, simples en leur langage, et qui y emploient même d’ordinaire les termes et les façons de parler usitées en Israël, ne se sont jamais servi de celle-ci ? Je réponds qu’ils l’ont fait, non par superstition ou par haine contre les Juifs, mais par prudence, pour mieux distinguer le Christianisme d’avec le Judaïsme, de peur que quelqu’un entendant nommer la Synagogue ne se figurât un Peuple, un Corps ou une Religion de Juifs, voilà pourquoi ils ont constamment nommé la société des fidèles Chrétiens Église, et non Synagogue. Que cela soit la signification du mot Église au Nouveau Testament il est tout évident d’après Matthieu 16: Tu es Pierre, dit Notre Seigneur, parlant à son Apôtre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église, c’est-à-dire, le Corps de ceux qui croiront en moi ; Et si ton frère a péché contre toi, dis-le à l’Église. Et ailleurs, l’Église est la maison du Dieu vivant, la Colonne et l’appui de la vérité [1 Timothée 3 :15]. Et pour vous en éclaircir davantage, vous n’avez qu’à considérer exactement tous les endroits où se trouve le mot d’Église dans le Nouveau Testament, car vous verrez qu’étant ainsi mis, il se prend partout pour des hommes unis et liés ensemble par la Société d’une même Religion Chrétienne, et nulle part autrement.
Jean Daillé (1594-1670) fut l’un des pasteurs de l’Église réformée de Charenton de 1626 à sa mort.
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En ce beau moment fêtant la Réformation, lecture chaudement recommandée pour pré-adolescents & adolescents. Matthieu Arnold (de l'Université de Strasbourg) a servi d'historien. Excellent scénario (texte soutenu, basé sur les documents historiques) et illustrations de grande qualité tout au long de la BD. En fin d'album, 8 pages de documents (carte, iconographie) et notes historiques, avec une petite bibliographie. Un beau cadeau à envisager pour vos enfants ou petits-enfants (14.50€ à librairie Jean Calvin (Rennes, Paris, Alès, Cholet).
(Eric Kayayan de Foi et Vie Réformées)
Source : Foi & Vie Réformées
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