"Puisque Dieu, par conséquent, nous justifie par la Médiation du Christ, Il nous Acquitte, non pas par l'aveu de notre innocence personnelle, mais par une imputation de la justice ; de sorte que nous, qui sommes injustes en nous-mêmes, sommes considérés comme Justes en Jésus Christ."
Le thème des croyants décédés en ayant laissé un héritage de foi est courant dans le Nouveau Testament : il se réfère en particulier aux apôtres que Jésus a envoyés pour annoncer l’Évangile. Il s’agit à la fois de leurs paroles et de l’exemple qu’ils ont laissé. Dans bien des cas, cela signifie qu’ils n’ont pas hésité à renoncer à leur propre vie pour la cause de celui qu’ils considéraient comme leur Roi et Sauveur, Jésus-Christ. Qu’on pense par exemple au disciple Jacques, le frère de l’évangéliste Jean, mis à mort vers l’an 44 de notre ère par le roi Hérode Agrippa 1 (livre des Actes, chapitre 12).
Quelle est donc la place aujourd’hui, dans la vie des croyants, de ceux qui les ont précédés dans la foi, et de l’exemple qu’ils leur ont laissé ? Dans la lettre aux Hébreux, l’auteur conclut par ces mots un long passage sur les témoins de la foi, depuis Abel, tué par son frère Caïn (12:1-2):
C’est pourquoi, nous aussi qui sommes entourés d’une telle foule de témoins, débarrassons-nous de tout fardeau, et du péché qui nous cerne si facilement de tous côtés, et courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée. Gardons les yeux fixés sur Jésus, qui nous a ouvert le chemin de la foi et qui la porte à la perfection.
Le chapitre 11, portant sur les héros de la foi dans l’Ancien Testament, a eu pour but de fortifier les lecteurs dans l’ancrage de leur foi et de leur espérance en Jésus-Christ. Du reste déjà dans l’Ancien Testament le peuple d’Israël se voit à maintes reprises enjoint de prêter attention aux paroles qui ont été prononcées dans le passé par un chef spirituel, en particulier Moïse.
Dieu rassemble pour lui un peuple au cours des siècles. A travers l’histoire, il adresse sa parole à un peuple particulier, Israël. Ensuite, à un moment de l’histoire humaine qu’Il a déterminé de toute éternité, Il envoie dans une chair semblable à celle des humains son Fils éternel, qui appartient lui aussi au peuple d’Israël puisqu’il est descendant du roi David. A travers l’histoire de l’Église, en commençant par les apôtres, Dieu envoie des messagers, des serviteurs, des conducteurs spirituels à son peuple. Dans son plan de salut il existe une continuité pour les hommes, et cette continuité doit être saisie, gardée et retransmise par chaque génération de croyants. Et ce que tu as entendu de moi, écrit Paul à Timothée (2 Timothée 2 :2)confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres.
C’est dans le même sens que l’auteur de l’épitre aux Hébreux exhorte ses lecteurs comme suit : Souvenez-vous de vos anciens conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu; considérez l’issue de leur vie et imitez leur foi (Hébreux 13:7). Les croyants d’aujourd’hui vivent donc dans une communion fraternelle avec ceux du passé, dans un véritable lien écuménique, et pas seulement avec la génération présente des autres croyants répandus dans le monde.
Dans le même ordre d’idées, la promesse faite tout à la fin du Nouveau Testament, au livre de l’Apocalypse (22:5) est une reprise de celle qui et déjà révélée au prophète Daniel dans l’Ancien Testament (7:27) et comprend tous ceux que Dieu s’est choisis et acquis pour lui:
Le royaume, la domination et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous le ciel seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son royaume est un royaume éternel, et tous les dominateurs le serviront et lui obéiront.
Cette promesse indique qu’un jour tous les croyants serons réunis dans le royaume éternel de Dieu, et gouverneront la terre avec le Chef de la nouvelle Création.
Quel enseignement en tirer pour la vie quotidienne dans la foi ? Très souvent l’on cherche à oublier l’héritage précieux du passé, comme s’il n’avait aucune importance. On se soucie tant du présent et du futur qu’on pense que les générations passées n’ont rien à nous transmettre. Il en va dans l’Église comme dans le reste d’une société volontairement amnésique, qui enfouit la mémoire de son histoire, celle qui l’a pourtant façonnée. C’est le syndrome de la « génération spontanée » si typique du postmodernisme contemporain. Ou bien encore, cette mémoire est déformée, elle est incapable de replacer dans une perspective équilibrée les éléments qu’elle retient. Elle peut être aussi très sélective…
Si l’on considère les grands textes que l’Église a produit et qui expriment sa foi, ils nous viennent de très loin dans l’histoire. Ainsi le Symbole dit des Apôtres, qui est utilisé comme confession de foi commune par l’ensemble des chrétiens de par le monde, date du premier millénaire après Jésus-Christ. Le fait qu’il soit une confession de foi exprimée universellement encore aujourd’hui, montre bien que l’héritage de nos conducteurs dans la foi a de l’importance, même si nous ne savons pas dans le détail qui sont ceux qui l’ont rédigé – il s’est constitué petit à petit, à partir d’une confession commune de base des chrétiens primitifs. Que de trésors, que de pierres précieuses dans l’héritage des « hommes fidèles qui ont été capables d’enseigner aussi à d’autres » le message apostolique. L’ignorer volontairement serait faire preuve d’orgueil spirituel, car c’est le Seigneur qui envoie à chaque génération les uns et les autres pour annoncer et maintenir le dépôt, la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes (Jude 3). Il s’est servi et continue à se servir d’eux. Et il continuera de le faire jusqu’à la fin des temps.
Il faut se souvenir que l’Église, qui est le corps spirituel du Christ, est composée de toutes les générations de croyants depuis le premier couple humain. Or, ce corps, qui grandit à travers les âges, au fur et à mesure que s’y ajoutent de nouvelles générations de croyants, vit de la même et unique source: celui qui est sa tête, Jésus-Christ ! La promesse originelle adressée au premier couple humain, selon laquelle leur ennemi serait un jour totalement défait, sa tête étant écrasée par la descendance de la femme, cette promesse est adressée à toutes les générations de croyants, y compris la génération présente. Le combat contre le serpent dure toujours, même si nous savons qu’au moment de la crucifixion de Jésus à Golgotha, il a été mortellement blessé, puisque Dieu y a opéré le salut de ses élus par le sacrifice volontaire de son Fils unique. Il y a donc unité de toutes les générations de croyants dans la même foi et dans la même espérance, celle du salut provenant exclusivement de Dieu, de sa Grâce. C’est d’ailleurs ce qui fait dire à l’apôtre Paul, au quatrième chapitre de sa lettre aux Éphésiens (4:4-5):
Il y a un seul corps et un seul Esprit; de même Dieu vous a appelés à une seule espérance lorsqu’il vous a fait venir à lui. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous qui agit par tous et qui est en tous.
Notre ancrage dans la foi chrétienne est donc caractérisé par notre participation à un même corps, auquel ceux qui nous ont précédés dans la foi appartiennent eux aussi.
De plus, ce qui a été dit au verset 7 du chapitre 13 de la lettre aux Hébreux (souvenez-vous de vos anciens conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu; considérez l’issue de leur vie et imitez leur foi) repose sur un fondement qui ne devrait jamais être oublié, et qui est énoncé au verset suivant : Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et pour toujours. Jésus Christ ne change pas selon les circonstances historiques, les modes, les idéologies du moment. Il demeure le même pour toute éternité. Exposer fidèlement ce qui concerne son oeuvre et sa personne, ce n’est donc pas (en tout cas cela ne devrait jamais être) prétendre y ajouter quoi que ce soit, comme si cette oeuvre avait besoin d’être complétée par des hommes et qu’elle n’était pas parfaite en elle-même. C’est simplement la faire connaître, mettre en lumière sa signification, sa portée et son application pour la vie des croyants.
C’est en lui que sont sauvées toutes les générations de croyants du passé depuis Adam et Ève, c’est en lui qu’elles sont unies en un même corps vivant. Il arrive souvent aujourd’hui qu’on tente de reconstruire une image de Jésus qui est plus une figure mythique que le Jésus des évangiles (ce dernier étant le seul du reste qui soit véritablement attesté dans l’histoire, que cela plaise ou non): figure mythique en ce sens qu’elle est une image déformée pour être adaptée aux idées du moment. On entend souvent dire qu’il faut adapter le message de l’Évangile à chaque contexte, à chaque situation, pour le rendre plus vivant, plus actuel. Mais l’Écriture Sainte, la Parole vivante de Dieu, n’a pas à être adaptée, elle doit simplement être appliquée avec discernement à chaque contexte, afin d’apporter la lumière de l’Évangile sur chaque situation particulière.
Dans cette optique les croyants ont beaucoup à apprendre de l’exemple qu’ont laissé les générations passées de chrétiens qui ont été fidèles à la Parole divine: comment ont-ils vécu l’Évangile, comment ont-ils persévéré, à quel genre d’épreuves ont-ils été soumis? Bien sûr aussi, quelles fautes ou erreurs ont-ils commises qui ne devraient pas être répétées ? Déjà ici le Nouveau Testament révèle des lignes de fracture, des errements coupables, tout en les exposant pour ce qu’ils sont, en y apportant toute la clarté nécessaire. Qu’on se remémore simplement ce qu’écrit Paul au second chapitre de sa lettre aux Galates, lorsqu’il est question de l’hypocrisie qui s’est emparée de l’apôtre Pierre et de Barnabas par rapport aux « parti des circoncis » (Galates 2:11-14). Un croyant prétendant fonder sa foi sur l’Écriture Sainte imaginerait-il un instant pouvoir se dispenser de l’enseignement vital des deux lettres de Pierre dans le Nouveau Testament, et de l’exemple de sa foi, à cause de ce regrettable épisode ? En déchirerait-il les pages car elles proviennent, après tout, de quelqu’un qui s’est révélé être d’abord un renégat par rapport à Jésus-Christ, puis un hypocrite lors de l’épisode d’Antioche avec Paul ?
Tous ces exemples, cette foi vivante des morts, permettent de se situer dans la continuité de la ligne que Dieu trace pour le peuple de son Alliance, et dans l’unité de son plan de salut à travers chaque chaînon. Car ce plan de salut trouve sa source et son but uniquement dans la personne de Jésus Christ qui et le même hier, aujourd’hui et pour toujours.
Il est indéniable sur le plan historique que la Réforme du seizième siècle – qu’elle soit luthérienne, zwinglienne ou calvinienne – a été un mouvement caractérisé par une très riche expression confessionnelle, c’est-à-dire par la production de textes symboliques présentant, défendant et affirmant en forme de serment (« pro-testant ») le corps de doctrines cru et proclamé dans la prédication, la catéchèse ainsi que dans tous les aspects de la vie des églises et des croyants.
Cette activité symbolique s’est d’ailleurs poursuivie au cours du dix-septième siècle (avec notamment la Confession de Westminster, le document symbolique adopté par la plupart des églises dites presbytériennes).
Nombre d’églises continuent de voir le jour de par le monde se réclamant du même héritage confessionnel, particulièrement en Afrique sub-saharienne et en Asie (Indonésie, Corée du Sud entre autres).
Elles demeurent pro-testantes, maintenant vivante une ou plusieurs de ces confessions de foi, en plus de leur attachement aux grands credos écuméniques des premiers siècles (symbole de Nicée-Constantinople, symbole dit des Apôtres, symbole dit d’Athanase, déclaration du concile de Chalcédoine sur les deux natures – divine et humaine – du Christ et leur relation).
A titre d’exemple, de nombreuses églises réformées maintiennent ce qu’il est convenu d’appeler les Trois Formules d’Unité, à savoir la Confession Belgica (rédigée en 1561 par Guido de Brès, mort en martyr en 1567 pour la cause de cette même confession), le Catéchisme de Heidelberg (1563) et les Canons de Dordrecht (1618-1619) : lors de leur ordination, les pasteurs de ces églises prêtent devant l’assemblée des fidèles le serment de prêcher et d’enseigner en accord avec ces textes symboliques.
Il serait erroné de penser que la multiplicité des confessions de foi produites durant la Réforme ne témoigne que de divisions ou de désaccords, même si sur un certain nombre de points une telle appréciation est justifiée.
Une étude comparative des textes symboliques les plus significatifs par leur contenu et l’adhésion qu’ils ont suscitée, montrera facilement que si les circonstances historiques et ecclésiastiques qui en ont motivé la rédaction diffèrent, leur contenu, même si exprimé différemment (et aussi en langues vernaculaires différentes) est en général remarquablement proche.
La comparaison des nuances d’expression, la variation des approches permet en fait de stimuler la réflexion théologique et d’approfondir l’étude de l’Écriture Sainte, à laquelle toutes se réfèrent comme leur source première, comme la norme ultime dont elles se réclament et à laquelle elles cherchent à se soumettre (la norma normans distinguée de la norma normata qui est leur propre statut au sein des églises confessantes, selon le vocabulaire spécialisé).
Il est d’autre part non moins indéniable sur le plan historique que face à ce pro-testantisme, s’est graduellement développé à partir du siècle dit des « Lumières », un anti-testantisme au sein de nombre d’églises historiquement issues de la Réforme, qui cherche à minimiser, voire étouffer toute tendance confessante au sens où les Réformateurs l’avait mise en avant.
La mention d’une ou plusieurs confessions de foi demeure certes en leur sein comme élément d’un patrimoine historique dont la place muséifiée n’est pas contestée, cependant ces confessions ont depuis longtemps perdu tout caractère normatif, laissant la place soit au subjectivisme individualiste (sous prétexte d’un libre-arbitre en fait nié avec la plus grande véhémence par les Réformateurs), soit à un flou doctrinal savamment orchestré afin d’éviter tout engagement délimitant clairement le champ de ce qui est cru en communauté de ce qui ne l’est pas.
On qualifiera alors volontiers de « piège identitaire » tout élément de définition doctrinale s’opposant à un universalisme jugé salvateur du simple fait que le salut serait acquis à tous les humains en tant qu’ils sont les créatures de l’Être suprême.
Cet anti-testantisme déconstruisant aussi bien l’esprit que la lettre des textes symboliques issus de la Réforme, doit naturellement se comprendre par rapport à la norme anthropologique et philosophique antithétique dont il se réclame, celles des « Lumières », devenue à tous égards l’anti-norme confessée implicitement voire explicitement par les églises en question.
« ET VOUS, QUI DITES-VOUS QUE JE SUIS ? »
Le propos de cet article n’est pas d’évaluer ou de contester l’opportunité ou la nécessité de formuler de nouvelles confessions de foi aujourd’hui, dans un contexte socio-historique différent de celui qui prévalait en Europe au 16e siècle.
C’est un sujet qui mérite un développement à part.
Mon propos est plutôt d’évaluer succinctement toute forme d’activité confessionnelle au sein du christianisme à la lumière de l’Écriture, du Sola Scriptura remis en vigueur par la Réforme, afin de tâcher d’en cerner les traits principaux.
Car au-delà des vicissitudes historiques voire des polémiques qui ont accompagné la naissance et la diffusion des confessions de foi de la Réforme (que l’on pense seulement aux circonstances présidant à la publication de la confession d’Augsburg, rédigée par Mélanchthon, l’ami et collaborateur de Luther, et présentée par les princes protestants devant Charles-Quint en juillet 1530) il est nécessaire de remonter à la source de cette remarquable activité confessionnelle : l’Évangile lui-même – auquel les Réformateurs se sont avant tout référés comme à leur point de départ – ; plus spécifiquement, au cœur de l’Évangile, la question cruciale posée en une double séquence par Jésus-Christ à ses disciples en Matthieu 16, d’abord au verset 13: Au dire des gens, qui suis-je, moi, le Fils de l’homme ? (Mc. 8:27 : Les gens, qui disent-ils que je suis ? Lc 9:18: Les foules, qui disent-elles que je suis ?); puis au verset 15, en contraste avec les réponses fournies: Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis?
La réponse de Jésus dans les évangiles synoptiques montre sans l’ombre d’un doute qu’il y a des réponses erronées, et une réponse véridique, celle de Pierre, qui le confesse comme le Christ, le Fils du Dieu vivant (Matt. 16:16), [Tu es le Christ, Mc. 8:29 ; Le Christ de Dieu, Lc 9:19].
C’est bien sur le fondement de ce roc, de cette confession identifiant et nommant correctement sa personne, et dans ce nom même (Christ/Messie) l’œuvre qu’il est venu accomplir, que Jésus édifiera son Église au cours des âges.
Du reste il ne demeurera avec elle jusqu’à la fin des temps que pour autant qu’elle confessera sa souveraineté dans les cieux et sur la terre en la proclamant universellement à toutes les nations au nom du Dieu trinitaire (Matt. 28:18-20).
Si, jusqu’à l’accomplissement complet comme Christ/Messie de sa mission sur terre, Jésus défend à ses disciples de proclamer publiquement qu’il est bien celui que Pierre a confessé non d’un simple mouvement humain mais conduit par le Père céleste (Matt. 16:17), cette identification s’est suffisamment répandue auprès des foules pour que le procurateur romain Ponce Pilate lui-même en ait pris connaissance au moment du procès de Jésus:
Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas ou Jésus appelé le Christ ? (…) Que ferai-je donc de Jésus, appelé le Christ ? lance-t-il à la foule (Matt. 27:17,22).
D’autant plus que la condamnation de Jésus pour blasphème par le sanhédrin un peu plus tôt a été motivée par cette auto-confession sur sa personne.
Il s’est identifié au Fils de l’homme de la prophétie de Daniel 7:13:
Le souverain sacrificateur lui dit : Je t’adjure par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui répondit : Tu l’as dit. De plus je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel (Matt. 26:63-64).
En répondant positivement à la question du souverain sacrificateur, Jésus a repris à son compte la confession de Pierre qui lui avait été inspirée par le Père céleste, et a aussi affirmé son propre retour en gloire, ce que le crédo de Nicée-Constantinople confessera comme suit :
Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin.
Il est du reste tout à fait significatif que Suétone et Tacite, historiens romains de la fin du premier siècle et du début du second siècle, mentionnent la personne de Chrestus, ou Christus, lorsqu’ils parlent des chrétiens.
Que Jésus-Christ exige de ses disciples une confession de foi conforme à la réalité de sa personne et de son oeuvre, cela apparaît tout aussi clairement lorsqu’il leur déclare, au milieu d’un discours où l’accent est mis sur les persécutions auxquelles ils peuvent s’attendre, justement en tant que disciples confessants :
C’est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux (Matt. 10:32. )
Le texte parallèle dans Lc. 12 :8-9 donne :
Je vous le dis, quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges de Dieu ; mais celui qui m’aura renié devant les hommes sera renié devant les anges de Dieu.
La lettre adressée à l’église de Sardes au début de l’Apocalypse de Jean reprend cette promesse-avertissement dans les termes combinés de Matthieu et de Luc:
Ainsi le vainqueur se vêtira de vêtements blancs, je n’effacerai pas son nom du livre de vie et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges (Apoc. 3:5).
LE CARACTÈRE DE L’ENGAGEMENT CONFESSIONNEL SUR LE FONDEMENT DU NOUVEAU TESTAMENT
Dans toutes les occurrences pré-citées, le verbe homologeô (en grec ὁμολογἑω) est distingué du verbe employé dans Matt. 3:6 ou Mc. 1:5 pour signifier plus spécifiquement « confesser ses péchés » (exhomologoumenoi tas hamartias autôn).
Ce verbe homologeô ainsi que le substantif apparenté homologia pour « confession » ou « déclaration » (ὁμολογία) apparaissent de nombreuses fois au cours du Nouveau Testament :
vingt-six fois pour le verbe – dont onze pour les seuls écrits johanniques – et six fois pour le substantif, étant appliqués le plus souvent à cette réponse à la fois personnelle et communautaire à la présence vivante du Christ (parfois aussi pour exprimer une confession des péchés).
A la lumière de ces préliminaires, quelques exemples tirés du Nouveau Testament illustreront – de manière non exhaustive – le caractère d’une confession de foi authentique, au sens de conforme à la réponse attendue par le Christ.
Elle est en premier lieu exclusive, Jésus-Christ ne pouvant être ni confondu ni remplacé par quiconque.
Au début de l’évangile selon Jean, Jean Baptiste, interrogé par des sacrificateurs et des Lévites sur son identité et sa mission, confesse qu’il n’est pas le Christ :
Il confessa sans le nier, il confessa: Moi, je ne suis pas le Christ (1:20).
Cette confession à rebours – qui sera suivie le lendemain même par une confession positive lorsqu’il désignera Jésus comme l’Agneau de Dieu (1:29) – nous renvoie aux passages des évangiles synoptiques où une partie des gens estiment que Jésus n’est autre que Jean-Baptiste revenu à la vie après sa décapitation par Hérode Antipas.
Ainsi, dès le début du ministère de Jésus une confession le concernant s’avère bien être exclusive de toute autre personne, serait-ce la plus en vue ou la plus respectée.
Tous ne sont pas le Christ, seul Jésus l’est, même si par ailleurs plusieurs prétendront l’être après son départ, séduisant beaucoup de gens (Matt. 24:4-5; Mc 13:5-6).
Elle est en second lieu intériorisée aussi bien qu’extériorisée, crue intérieurement aussi bien qu’exprimée publiquement, de manière déclarative (le mode déclaratif étant une des connotations les plus fortes du verbe grec homologein).
Au dixième chapitre de l’épître aux Romains, Paul explicite ce qu’est la parole de la foi qu’il prêche :
parole crue de cœur et confessée de bouche,
ces deux aspects étant inséparables:
Or, c’est la parole de la foi, que nous prêchons. Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car en croyant du cœur on parvient à la justice, et en confessant de la bouche on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture: Quiconque croit en lui ne sera pas confus (10:8b-10).
Est-il utile de préciser que cet aspect déclaratif de la confession de foi qui servira de témoignage devant Dieu et ses anges, selon les paroles mêmes de Jésus (Matt. 10:32, Luc 12:8-9), est le test qui fut mis devant les chrétiens de l’Église primitive, tout comme devant les pro-testants de l’époque de la Réforme, au péril même de leur vie ? (...)
(Suite) PRO-TESTANTISME OU ANTI-TESTANTISME :
La source de la Réforme comme mouvement Confessant
Or, c’est la parole de la foi, que nous prêchons. Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car en croyant du cœur on parvient à la justice, et en confessant de la bouche on parvient au salut, selon ce que dit l’Écriture: Quiconque croit en lui ne sera pas confus (10:8b-10).
Est-il utile de préciser que cet aspect déclaratif de la confession de foi qui servira de témoignage devant Dieu et ses anges, selon les paroles mêmes de Jésus (Matt. 10:32, Luc 12:8-9), est le test qui fut mis devant les chrétiens de l’Église primitive, tout comme devant les pro-testants de l’époque de la Réforme, au péril même de leur vie ?
En troisième lieu elle est à la fois personnelle et communautaire.
Homologein, c’est d’abord parler en conformité avec l’objet de la foi articulée, à savoir avec le Christ Fils du Dieu vivant, et ensuite le dire ensemble avec les autres croyants (l’Église) dans une unité de cœur, d’esprit et de parole.
C’est là un des fruits de l’exhortation que Paul adresse aux chrétiens de Rome :
Que le Dieu de la patience et de la consolation vous donne d’avoir une même pensée les uns à l’égard des autres selon le Christ Jésus, afin que d’un commun accord, d’une seule voix, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ (Rom. 15:5-6).
Une exhortation similaire est adressée par le même Paul aux Corinthiens dans un contexte tendu, alors que cette unité leur fait justement défaut :
Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ: tenez tous le même langage, qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous, mais soyez en plein accord dans la même pensée et dans la même opinion (1 Cor. 1:10).
Il est superflu d’ajouter que cette confession de foi communautaire trouve sa représentation concrète et inséparable dans le partage en commun au sein de l’Église (corps du Christ) des signes visibles accordés par le Christ lui-même, et rendus effectifs par son Esprit :
les sacrements du baptême et de la Cène, centrés sur son oeuvre rédemptrice.
En quatrième lieu elle revêt un caractère allianciel, en tant qu’elle forme un nœud indissociable avec la question initiée par le Christ Fils du Dieu vivant qui l’a suscitée comme réponse véridique.
La promesse de Jésus d’édifier son Église sur la pierre (petra) de cette confession (Matt. 16:18) indique qu’il ne s’agit pas d’une parole qui n’engage que celui qui l’a prononcée :
Dieu lui-même lie son action et la venue de son Royaume à ces paroles.
Cette promesse trouve son écho dans les paroles de Paul aux chrétiens d’Éphèse :
Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l’angle. En lui, tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous aussi, vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu en Esprit (Éph. 2:20-22).
Il est clair que le socle, la véritable pierre sur laquelle s’élève tout l’édifice n’est pas celui à qui le Père a révélé la véritable identité de Jésus, mais Jésus-Christ lui-même, qui se lie à la confession véridique de son nom.
En revanche, celui à qui cela a été révélé (d’abord Pierre, puis les disciples et à leur suite tous ceux qui reprendront cette confession de bouche et de cœur) fait l’objet d’une béatitude, par excellence une bénédiction alliancielle :
Tu es heureux Simon, fils de Jonas (« makarios ei, Simôn Bariôna »).
En cinquième lieu, elle engage la vie tout entière des croyants, exigeant une conformité de leurs actes avec son contenu, à moins de n’être qu’une parole creuse qui sera finalement rejetée par celui-là même qui en est l’objet.
Dans le Sermon sur la montagne Jésus met solennellement en garde ses auditeurs afin qu’ils ne se méprennent pas sur ce point :
Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur ! N’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons chassé des démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? Alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité (Matt. 7:21-23).
En sixième lieu elle n’est pas sujette à des fluctuations et demande à être maintenue contre vents et marées, dans la persévérance de la foi, d’autant qu’elle est liée à une espérance qui repose sur les promesses divines.
Au cours des chapitres trois à dix de l’épître aux Hébreux, l’auteur a développé le thème de la prêtrise unique du seul sacrificateur qui compte désormais, celui qui s’est lui-même offert en victime expiatoire pour le pardon des péchés et l’accomplissement des exigences de la loi en vue de la justification des croyants.
Déjà au cours de cette section il a exhorté les croyants à tenir fermement leur confession de foi :
Puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus le Fils de Dieu, tenons fermement la confession de notre foi. Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur incapable de compatir à nos faiblesses ; mais il a été tenté comme nous à tous égards, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, en vue d’un secours opportun (4:14-16).
Plus loin dans la même épître, la fermeté requise est de nouveau soulignée:
Confessons donc notre espérance sans fléchir, car celui qui a fait la promesse est fidèle (10:23-24).
Cette exhortation est encore répétée au chapitre 13:
Par lui [Jésus] offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Cependant, n’oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir (13:15-16).
Une exhortation similaire est adressée par l’apôtre Paul à Timothée, dans un parallèle frappant entre la confession prononcée publiquement par ce même Timothée – à laquelle il est appelé par Paul à rester fidèle – et celle de Jésus devant Pilate :
Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as prononcé cette belle confession en présence d’un grand nombre de témoins. Je te le recommande, devant Dieu qui donne la vie à tous les êtres, et devant le Christ-Jésus qui a rendu témoignage par sa belle confession devant Ponce Pilate: garde le commandement sans tache, sans reproche, jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ (1 Tim. 6 :12-14).
En septième lieu, elle est de nature universelle, en accord avec son objet.
Au second chapitre de l’épître aux Colossiens, Paul contraste l’humiliation volontairement consentie par celui dont la condition était celle de Dieu (2:6), avec son élévation après sa mort sur la croix et sa résurrection d’entre les morts.
Il expose la conséquence de cette élévation :
C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père (2:9-11).
L’élévation du Christ en gloire appelle une confession de toute la Création, celle-là même que Jésus a ordonné à ses disciples d’aller requérir de toutes les nations (Matt. 28:18-20).
En huitième lieu, une confession de foi fidèle à celui qui la suscite est trinitaire, puisqu’elle reprend l’enseignement de tout ce qu’il a prescrit (Matt. 28:20) ce qui signifie le nom (singulier) du Père, du Fils et du Saint Esprit par lequel les disciples sont appelés à baptiser et enseigner les nations (20:19).
C’est du reste le cas de toutes les confessions des premiers siècles, ainsi que de toutes celles qui ont été mentionnées plus haut.
Ce point ne saurait être éludé sous le prétexte qu’une excroissance unitarienne (niant la Trinité) a bien fait son apparition au cours de l’histoire de la Réformation et demeure ici ou là présente sous la forme d’une croyance déiste – toujours suivant l’idéal des « Lumières » – et non d’une foi théiste (fondée en l’Écriture).
Lors de son discours prononcé au moment du dernier repas pris avec ses disciples avant son arrestation et sa crucifixion, Jésus exprime à plusieurs reprises non seulement le lien d’amour divin unissant le Père au Fils (Jean 17:20-26), mais il nomme la Personne du Saint Esprit le Consolateur, celui qui rappellera aux disciples après son départ tout ce qu’il leur aura enseigné :
Je vous ai parlé de cela pendant que je demeure auprès de vous. Mais le Consolateur, le Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom, c’est lui qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit (Jean 14:26); Quand sera venu le Consolateur que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui provient du Père, il rendra témoignage de moi, et vous aussi, vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement (15:26-27).
Rendre témoignage, est-il besoin de le répéter, c’est confesser sa foi publiquement, mais c’est tout autant le faire en accord avec le témoignage rendu par le Consolateur provenant du Père et envoyé par le Fils.
Quant à nier la personne du Fils, cela revient à se priver de celle du Père, les deux ne pouvant être séparées :
Celui-là est l’antichrist, qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ; celui qui confesse le Fils a aussi le Père (1 Jean 2:22b-23).
Dans la foulée du point précédent, une confession de foi conforme aux données de l’Écriture confesse l’Incarnation :
Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, est une personne historique venue dans la chair, ayant vécu sur terre, jugée et crucifiée sous le règne de César Tibère et lors du gouvernement de la province de Judée par le procurateur Ponce-Pilate.
Il ne s’agit ni d’un mythe habilement fabriqué par des âmes torturées par des questions religieuses insolubles (1 Pierre 1:16-17), ni d’un fantôme rêvé par une poignée d’exaltés et leurs successeurs (Luc 24:37).
Aussi bien dans le symbole dit des Apôtres que dans celui de Nicée-Constantinople se trouve affirmée la réalité de l’Incarnation :
enchâssée dans la structure trinitaire de ces textes, la confession de l’Incarnation en constitue la partie la plus développée.
Dans la seconde épître de Jean, la négation de l’Incarnation est la marque de l’antichrist au même titre que la négation du Père et du Fils dans 1 Jean 2:22b-23:
Car dans le monde sont entrés plusieurs séducteurs, qui ne confessent pas Jésus-Christ venu dans la chair. Voilà le séducteur et l’antichrist. Prenez garde à vous-mêmes, afin de ne pas perdre le fruit de notre travail, mais de recevoir une pleine récompense. Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine du Christ n’a pas Dieu ; celui qui demeure dans la doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres (7-11).
UN CHRISTIANISME CONFESSANT RÉSOLUMENT IDENTITAIRE
Un christianisme confessant est-il un christianisme « identitaire » ?
Cela ne fait aucun doute, puisque l’identité de Jésus en tant que Christ est pour les chrétiens ce qui les marque à toujours.
Avec leur baptême, ils portent en eux non un quelconque tatouage, mais la marque indélébile de sa mort comme eau purificatrice, et de sa résurrection comme émergence de la mort causée par le péché :
En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection (Rom. 6:5).
La première lettre de Pierre, adressée à des communautés de chrétiens dispersées dans les provinces asiatiques de l’empire romain, décline cette nouvelle identité en termes à la fois vifs et tranchés.
Tout comme l’apôtre Paul aux Éphésiens, Pierre le fait sur le fondement de Jésus-Christ comme pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu.
C’est sur le fondement de cette pierre d’angle que les croyants sont appelés à devenir eux-mêmes des pierres vivantes (2:4-6).
Il poursuit :
Vous, par contre, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple racheté, afin d’annoncer les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière; vous qui, autrefois, n’étiez pas un peuple et qui, maintenant, êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde et qui, maintenant avez obtenu miséricorde (2:9-10).
L’Église est bien réunissant en un même peuple, marqué par une même identité, des femmes et des hommes de toute langue et de toute nation.
On ne saurait en effet être plus « identitaire ».
Au milieu d’un christianisme contemporain souvent sans repère, littéralement « déboussolé », où le nord et le sud, l’est et l’ouest ont été confondus sous les coups de boutoirs d’un post-modernisme réducteur de toute ligne de démarcation, il est nécessaire pour les chrétiens de revenir aux données de l’Écriture afin d’y retrouver les marques qui permettent de définir leur caractère et identité propre, afin aussi qu’ils sachent rendre compte de manière articulée de l’espérance qui est en eux à tous ceux qui leur en demandent raison.
Qu’est-ce d’autre, au fond, que ce que la Réforme du seizième siècle a puissamment contribué à promouvoir à travers les nombreux textes symboliques qu’elle a suscités ?
Contrairement à ce que beaucoup de gens semblent penser, la Bible s’intéresse de près à la question de la justice sociale, dans la mesure où l’amour du prochain est caractérisé par un principe d’équité qui doit être fondé sur l’amour de Dieu vécu comme obéissance envers le Créateur de tous les êtres humains. En effet, comme l’a rappelé Jésus-Christ à un de ses interlocuteurs (Matt. 22:37-40) la Loi divine se résume à ces deux grands commandements: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée, et : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il a ajouté à ces paroles: De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.
L’équité n’est pas l’égalitarisme
La justice sociale signifie-t-elle l’égalité absolue de condition entre les uns et les autres ? Pour la Bible la justice sociale n’est pas de l’ordre de l’égalitarisme forcené et artificiel. Sans compter le fait qu’une telle égalité n’est qu’une utopie nécessitant un régime totalitaire pour tâcher de l’instaurer, comme on l’a bien vu au cours du vingtième siècle, il faut se poser la question de savoir si, dans toute société, chacun est qualifié pour accéder aux mêmes fonctions, aux mêmes responsabilités, et donc au même niveau de rémunération. Tous ont-ils reçu les mêmes dons, les mêmes aptitudes ? Peuvent-ils servir la communauté de manière parfaitement interchangeable ? Ceci ne signifie en aucun cas que l’accession à des postes élevés de responsabilité dans la société civile ou dans le domaine public doit être réservée à une caste fermée perpétuant ses privilèges d’accès, sans aucune possibilité pour ceux qui n’en font pas partie de franchir les étapes qui y mènent. Dérober aux autres – et ce de manière sournoise ou institutionnelle – des possibilités d’accès à une instruction adéquate ou à des opportunités réelles et réalistes, c’est tout simplement enfreindre le huitième commandement « Tu ne déroberas pas ». Car ce commandement à une portée bien plus large que ce que l’on veut bien imaginer en général.
L’ascenseur social
Dans la Bible, il n’y a sans doute pas d’exemple plus frappant de ce que peut être l’« ascenseur social » que l’histoire de Joseph dans l’Ancien Testament (Genèse 37-50): vendu comme esclave à des caravaniers par ses frères jaloux de lui, puis revendu à un riche fonctionnaire égyptien, il parvient par ses qualité de travail et son éthique irréprochable à devenir le gérant des affaires de cet homme, qui se repose entièrement sur lui. Dénoncé à tort par la femme de ce dernier qui voulait en faire son amant, le voilà jeté en prison pour une longue période. Mais sa fiabilité et son honnêteté sans faille lui vaudront de gagner la confiance du chef de la prison, qui lui aussi confiera à Joseph des responsabilités majeures au sein de cet établissement carcéral. De fil en aiguille, Joseph deviendra le premier ministre du pharaon, pourvoyant avec prévoyance aux années de vaches maigres en accumulant tout ce qu’il faut de blé pour nourrir le peuple, puis ses propres frères venus chercher des vivres en Égypte, durant sept années de grande famine. Bien sûr, en tout cela la Genèse indique comme un leitmotiv que Joseph réussit dans toutes ses entreprises car « l’Éternel était avec lui ; l’Éternel faisait réussir tout ce qu’il faisait » (39:23). Et ce récit n’a évidemment pas pour objet de vanter les mérites de Joseph en tant que « self made man », ou de prétendre qu’il faut d’abord passer par la case esclavage ou prison avant de réussir dans la vie. Il est question en tout premier lieu du plan de rédemption de Dieu vis-à-vis du peuple qu’il s’est choisi, et du fait que celui qui contrôle toutes choses par-delà les intentions et les desseins mauvais d’hommes ou de femmes corrompus, c’est Dieu lui-même, constamment à l’œuvre (au travail !) par sa Providence. Il n’en demeure pas moins qu’il conduit son plan par le biais d’un instrument (Joseph) qui se conduit avec droiture.
La valeur et la signification du travail
Ce que nombre de passages bibliques soulignent, c’est d’abord la valeur du travail, qui est un des constituants principaux de l’image de Dieu dont l’homme est porteur (Genèse 1:28). Pour ce faire, chacun doit être équipé d’un outil de travail, quelle que soit sa vocation, et pouvoir vivre décemment de son travail. Toute vocation qui ne contrevient pas à la Loi divine (c’est-à-dire qui ne fait pas de tort à notre prochain, abîmant d’une manière ou d’une autre l’image de Dieu dont il est le porteur), doit être respectée et rémunérée avec équité. Dans la Loi de l’Ancien Testament, on ne pouvait prendre en gage – en échange d’un prêt quelconque – l’une des deux meules d’un moulin, ce qui aurait été l’équivalent de prendre en gage la vie même de son prochain (Deut. 24 :6).
Dans le Nouveau Testament l’apôtre Paul déclare aux chrétiens de l’Église de Thessalonique (2 Thess. 3:10): Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus.Vouloir travailler signifie entre autres être prêt à accepter, au moins provisoirement, un emploi qui ne correspond pas forcément à ce que nous souhaiterions a priori, quitte à devoir faire certains sacrifices de manière à ne pas peser comme charge sociale sur les autres, que ce soit ses proches ou la collectivité. Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres, car celui qui aime les autres a accompli la loi écrit le même Paul aux chrétiens de Rome (13:8). Dans la Bible, la justice sociale ne signifie jamais encourager ou subventionner l’oisiveté, le parasitisme. Un proverbe de l’Ancien Testament l’exprime de façon lapidaire (14:23) : En tout travail se trouve du profit, mais les paroles toutes seules ne mènent qu’à la disette.
Avertissements et exhortations aux plus riches
Mais dans le même temps le fait que certains puissent vivre dans l’affluence ne saurait être le produit de l’exploitation des autres, soit par le non paiement d’un salaire pourtant gagné à la sueur de son front, soit par une rémunération qui ne permet pas aux salariés de subvenir à leurs besoins. Un passage virulent de la lettre de Jacques dans le Nouveau Testament, faisant écho à maints passages des prophètes dans l’Ancien Testament, condamne sans appel ceux qui s’enrichissent aux dépens de ceux qu’ils font travailler (Jq. 5:1-6): A vous maintenant, les riches ! Pleurez à grands cris à cause des malheurs qui viendront sur vous ! Votre richesse est pourrie, vos vêtements sont mités. Votre or et votre argent sont rouillés; et leur rouille s’élèvera contre vous et dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des trésors dans ces jours qui sont les derniers! Voici : le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées.Vous avez vécu dans les voluptés et dans le luxe, vous avez rassasié vos coeurs aux jours du carnage. Vous avez condamné, vous avez tué le juste; il ne vous résiste pas.
Si le huitième commandement « Tu ne déroberas pas » s’applique parfaitement à ce type de situation, le dixième commandement « Tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain » s’applique dans l’autre sens. Dans la Bible, la justice sociale ne se confond jamais avec l’envie et la jalousie vis-à-vis du prochain plus aisé que soi-même. Car Dieu accorde ses bénédictions aux uns et aux autres dans la mesure de sa Providence, appelant toujours les plus riches à faire preuve de générosité lorsqu’il s’agit de permettre aux plus pauvres de retrouver le chemin de la prospérité ou simplement de pouvoir subsister. Les lois sur le Jubilé (Lév. 25) fournissent la matrice de cette attitude. De son côté, l’apôtre Paul enjoint à Timothée de faire aux riches dans le monde présent cette belle recommandation (1 Tim 6:17-19): Recommande aux riches du présent siècle de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne tout avec abondance, pour que nous en jouissions. Qu’ils fassent le bien, qu’ils soient riches en œuvres bonnes, qu’ils aient de la libéralité, de la générosité, et qu’ils s’amassent ainsi un beau et solide trésor pour l’avenir, afin de saisir la vraie vie. Recommandation bien sûr aux antipodes du fameux – et fumeux – Carpe diem des épicuriens si cher à notre culture contemporaine matérialiste, avant tout axée sur le caractère momentané et jouissif de l’instant présent.La convoitise des yeux y est constamment attisée par toutes sortes d’éléments visuels s’introduisant dans notre vie de tous les jours par les médias et incitant à la consommation de produits souvent creux et inutiles, le tout au service d’une soi-disant “croissance”. Frustrations et jalousie deviennent alors trop facilement le lot de ceux qui ne peuvent y accéder, et qui qualifient de revendication sociale légitime l’accès à des biens de consommation qui ne leur apporteront guère plus de satisfaction véritable et durable que ceux qui peuvent déjà se les offrir.
La justice de l’impôt
La question controversée s’il en est de la justice de l’impôt et de la nécessité de son paiement ne date certes pas d’aujourd’hui. Dans le célèbre passage de la lettre de Paul aux chrétiens de Rome qui traite des rapports entre l’État et ses sujets, Paul écrit ceci (Rom 13:6-7): C’est aussi pour cela que vous payez les impôts. Car ceux qui gouvernent sont au service de Dieu pour cette fonction précise. Rendez à chacun ce qui lui est dû: la taxe à qui vous devez la taxe, l’impôt à qui vous devez l’impôt, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur. Cette injonction, qui légitime le prélèvement de l’impôt pour le bien public, ne peut cependant jamais être séparée de ce que Paul a écrit juste auparavant, toujours au sujet de l’autorité publique (13:3-4): Fais le bien et tu auras son approbation, car elle est au service de Dieu pour ton bien. Tout comme pour l’utilisation d’une violence légitime de la part de l’Étatqui a reçu un mandat divin afin de protéger ceux qui sont confiés à sa protection (devoir régalien de l’État), le prélèvement de l’impôt doit se tenir dans les limites de ce qui est “bien” dans le cadre du service dû à Dieu. Paul ne fait ici que reprendre et développer la célèbre formule de Jésus lorsqu’on l’a questionné pour savoir s’il était légitime de payer l’impôt à César (l’empereur romain), maître politique de la Palestine à l’époque: Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu (Matt. 22:21). César n’étant lui-même nullement exempté de rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu, il est de sa responsabilité d’ordonner des impôts qui soient pour le bien de ses sujets, et non pour son propre profit ou pour leur oppression. Le “bien”, le “service de Dieu” c’est aussi pour l’État le respect du huitième commandement, qui ne s’applique pas qu’à ses sujets, mais à lui également. De fait, son aptitude à le respecter aura nécessairement des effets bénéfiques pour application de ce commandement dans toutes les sphères de la société. A contrario, la tête pourrie du poisson contaminera rapidement le reste du corps.
L’État peut-il sans conséquences se prendre pour Dieu?
Prendre en compte avec foi et humilité toutes ces prescriptions, et bien d’autres que l’on trouve sur le même sujet, permet la formation d’une éthique de véritable solidarité : une solidarité qui n’est guidée ni par la convoitise ni par l’accaparement. Et encore moins par l’attribution à un État sécularisé de prérogatives divines qu’il est toujours enclin à revendiquer pour lui-même au détriment de l’authentique mandat qui lui est attribué par Dieu, alors même qu’il n’est ni en capacité et surtout pas en droit de se prendre pour la Providence. Car il se rapproche du chaos à chaque pas supplémentaire qu’il franchit dans cette direction. En revanche, un État digne de ce nom doit utiliser son autorité et son pouvoir pour combattre avec les moyens qui sont à sa disposition et dans le cadre des prérogatives qui sont les siennes, tout ce qui ressortit de la convoitise et de l’accaparement, à commencer par ses propres inclinations dans ces deux funestes directions.
En ce temps de commémoration pascale l’actualité nous rappelle de manière bouleversante ce que peut impliquer la notion de sacrifice héroïque de soi-même pour protéger d’autres vies en danger de mort.
Je n’ai guère besoin de faire un dessin, les faits, abondamment commentés par d’autres, parlent pour eux-mêmes. Ils forcent une nation à réfléchir avec émotion et profondeur sur le sens du mot « sacrifice ».
Coïncidence de calendrier ou non, et qu’on le veuille ou non, nous ne pouvons éluder la signification du sacrifice de Jésus-Christ pour d’autres, alors qu’elle se trouve au cœur même de la Foi Chrétienne.
Ceux qui ne partagent pas celle-ci n’ont d’ailleurs rien à perdre à se mettre à l’écoute de ceux qu’elle fait vivre, ne serait-ce que pour tâcher d’en saisir sa portée.
Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. A peine mourrait-on pour un juste; quelqu’un peut-être aurait le courage de mourir pour un homme qui est bon. Mais en ceci, Dieu prouve son amour envers nous: lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous.
C’est ce qu’écrit l’apôtre Paul au début du chapitre cinq de sa lettre aux chrétiens de Rome un peu plus de vingt-cinq ans après la crucifixion de Jésus-Christ, attribuant à celle-ci une signification sacrificielle au caractère unique et indépassable.
« Envers nous, pour nous », écrit Paul.
Mais qui donc ce « nous » englobe-t-il ?
Lui-même, ses compagnons et ses lecteurs, certes, mais aussi de nombreuses autres jeunes communautés de croyants qu’il a contribué à fonder par sa prédication, et par delà celles de son temps, tous ceux et celles au cours de l’histoire subséquente qui se seront mis à l’écoute de cette même prédication et l’auront fermement saisie dans leur coeur et leur esprit.
Cette constatation ne dispense cependant pas de se demander dans quel état se trouvent ceux pour qui le Christ prêché par l’apôtre Paul s’est sacrifié sur la Croix en se substituant à eux. Étaient-ils simplement un peu égarés, ou même sérieusement blessés mais néanmoins encore capables de saisir l’aide qu’il venait leur offrir ?
Au second chapitre de sa lettre aux chrétiens d’Éphèse, Paul s’exprime sans ambiguïté à ce sujet. Ceux pour qui Jésus-Christ s’est sacrifié étaient bel et bien morts spirituellement.
Non pas morts au sens où la vie physique, matérielle ou intellectuelle leur aurait fait défaut (car Dieu la maintient et la renouvelle par sa Grâce générale qui s’étend sur tous les hommes et sur sa Création en général), mais au sens ou devant sa sainteté et son jugement, ils étaient morts et voués à une condamnation éternelle, sans aucun recours possible avant le sacrifice du Christ reçu et accepté par la foi.
Ce n’est pas pour rien que Paul parle « d’enfants de colère » pour décrire cette condition déchue et perdue d’êtres pour toujours aliénés de Dieu à moins qu’il n’initie et ne réalise lui-même leur salut, et ce par un don gratuit, c’est-à-dire par pure Grâce :
Pour vous, vous étiez MORTS par vos fautes et par vos péchésdans lesquels vous marchiez autrefois selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air[= Satan]cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre et nous nous conduisions autrefois selon nos convoitises charnelles, nous exécutions les volontés de notre chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère comme les autres. Mais Dieu est riche en miséricorde et, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions MORTS par nos fautes, il nous a rendus à la vie par le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés – il nous a ressuscités ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Christ-Jésus, afin de montrer dans les siècles à venir la richesse surabondante de sa grâce par sa bonté envers nous en Christ-Jésus.
Ceci devrait être bien clair en premier lieu pour tous les chrétiens : s’ils proclament depuis le tout début de l’Église que Jésus-Christ est mort sur la Croix (« …il a souffert sous Ponce-Pilate, il a été crucifié, il est MORT, il a été enseveli, il est descendu aux enfers… ») ce n’est pas pour indiquer simplement que sa crucifixion et la mort qui s’est ensuivie n’ont pas été fictives (comme le prétendait la secte des Docètes durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, suivie plusieurs siècles après par Mahomet et le Coran).
A la suite de Paul et des autres apôtres, ils affirment que cette mort – constatée par les autorités romaines de l’époque et rapportée par leurs historiens (comme Tacite, au début du second siècle) – a rempli un but, une mission unique : celle de prendre sur lui notre propre mort sous le jugement de Dieu, en s’offrant volontairement en sacrifice parfait et sans défaut, sacrifice que seul le Fils éternel de Dieu ayant revêtu notre nature humaine pouvait accomplir.
Elle était donc justement nécessaire à cause de notre propre mort au regard de Dieu.
Si nous n’étions pas morts par nos fautes et nos péchés (selon les mots mêmes de Paul) la mort bien réelle de Jésus sur la Croix n’aurait pas eu lieu d’être. Pour la foi chrétienne, la corrélation entre les deux est inéluctable.
La mort de Jésus n’est pas un malheureux accident de l’histoire témoignant de ces que des gens bien comme Jésus peuvent mourir injustement malgré le bel exemple d’humanité dont ils ont fait preuve par leurs actes et leurs paroles durant leur vie.
Elle ne revêt son sens rédempteur que dans la reconnaissance que nous étions véritablement et totalement morts par nos fautes et nos péchés, et qu’il aura fallu rien de moins que la mort et la résurrection du Christ comme miracles de la Grâce divine pour nous ramener à cette vie que nous avions totalement perdue.
En effet si la résurrection de Jésus au matin de Pâques est un miracle sans égal, c’est pareillement pour qu’elle devienne une véritable résurrection spirituelle pour ceux qui étaient auparavant morts mais ont été mis au bénéfice de cette résurrection en se l’appropriant par la foi.
Peut-être faut-il aussi noter (comme le fait le catéchisme de Genève, rédigé par Calvin en 1545) que la mention de Ponce Pilate dans le Credo -la confession de foi- n’est pas non plus un simple rappel de l’historicité véridique de cette mort, qui n’est ni mythe ni affabulation.
Cette mention trouve aussi sa signification dans le fait que l’autorité politique humaine du moment (le gouverneur Ponce Pilate) qui a finalement livré Jésus à ceux qui voulaient le faire crucifier, avait déclaré à plusieurs reprises devant eux qu’elle ne trouvait en Jésus rien qui mérite une telle condamnation (voir entre autres Jean 19:4).
Ponce Pilate déclara donc ouvertement l’innocence de Jésus, et par là l’iniquité du jugement qu’il prononçait. Il se trouvait du reste parfaitement d’accord avec l’autre instrument de ce jugement inique, le souverain sacrificateur Caïphe.
En effet, plus tôt au cours du ministère de Jésus (Jean 11:47-51) la question de la mise à mort d’un seul pour tout le peuple avait été discutée en haut lieu: Alors, les principaux sacrificateurs et les Pharisiens assemblèrent le sanhédrin et dirent : Qu’allons-nous faire ? Car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui, et les Romains viendront nous enlever et notre lieu sait et notre nation. L’un d’eux, Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là, leur dit : « Vous n’y entendez rien ; vous ne vous rendez pas compte qu’il est avantageux pour vous qu’un seul homme meure pour le peuple et que la nation entière ne périsse pas. » Or, il ne dit pas cela de lui-même mais, étant souverain sacrificateur cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation.
Si nous revenons à notre condition avant le sacrifice de Jésus-Christ, la question qu’il faut se poser sans faux-semblants ou faux-fuyants est de savoir s’il demeure spirituellement quoi que ce soit de bon ou de valable en nous avant que Dieu, par pure grâce, ne vienne annuler notre mort spirituelle en la transférant sur son Fils bien-aimé, puis nous confère une vie nouvelle par la vie nouvelle du Christ ressuscité des morts.
En effet l’orgueil de l’homme est tel que même confronté par tant de preuves accablantes à la réalité désespérée de sa condition spirituelle devant le Dieu saint, il se laisse accroire qu’il demeure tout de même un petit quelque chose en lui sur lequel Dieu peut prendre appui pour lui tendre la perche dont il a besoin pour s’en tirer. Mais laissons à nouveau l’apôtre Paul, inspiré par l’Esprit de Dieu, répondre à ces faux semblants qui ne feront qu’enfoncer davantage ceux qui s’appuient sur eux.
Il écrit, dans l’épître aux Romains (3:23-25):
Car il n’y a pas de distinction : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ-Jésus. C’est lui que Dieu a destiné comme moyen d’expiation pour ceux qui auraient la foi en son sang, afin de montrer sa justice.
Et plus loin (6:23): Car le salaire du péché c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Christ-Jésus notre Seigneur.
Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu.
Or pécher et être privé de la gloire de Dieu c’est être mort devant Lui, simplement et tragiquement.
Il ne sert à rien d’escamoter cette réalité, qui n’a d’autre remède que le Sacrifice de Jésus-Christ offert une fois pour toutes et qui ne peut être saisi que par la Foi.
Dans un sermon sur les premiers versets du second chapitre de la lettre de Paul aux Éphésiens, cités et commentés plus haut, Jean Calvin expose le texte apostolique comme suit (je conserve la syntaxe et l’orthographe anciennes de l’édition consultée, tout en clarifiant certains termes par des équivalents entre crochets):
Car iusques à ce que les hommes ayent ainsi examiné combien ils sont povreset miserables, il est certain que iamais ils ne rendront à Dieu la centieme partie de l’honneur qu’il merite (…)
Et de faict, quelle est nostre nature en général? C’est que nous ne pensons sinon tout mal : comme aussi S. Paul tend à ce propos maintenant. Au premier chap.il a tousiours poursuivi cest argument, que nous ne sçaurions assez exalter nostre Dieu, attendu [étant donné] la misericorde dont il a usé envers nous. Or maintenant pour mieux exprimer encores cela, il nous monstre comme en peinture et en un miroir quels sont les hommes, iusques à ce que Dieu les ait prévenus de sa grace, et qu’il les ait recueillis à soy. Il monstre donc que nous sommes tout plongez en un abysme si horrible, que quand nous y pensons nous devons estre confus, les cheveux nous doyvent dresser en la teste: car là-dessus il est impossible que nous ne soyons esmeus [émus] et enflambez à bénir le nom de Dieu, d’autant qu’il nous a ainsi cerchez [cherchés] au profond d’enfer pour nous attirer au royaume des cieux.
Et nostre Seigneur Iesus-Christ, pour nous declarer en quel estat il nous trouve, dit qu’il est venu à fin que les morts ressuscitent à sa voix. Voici donc l’office que s’attribue le Fils de Dieu, c’est que par la doctrine de son Evangile il nous retire de mort à vie. Comme aussi il adiouste que tous ceux qui croiront en luy, sont passez de la mort en laquelle ils estoyent [étaient] detenus, pour entrer en la vie celeste: non pas que les fideles en iouissent ici encores: mais ils la possèdent tellement par esperance, qu’ils en sont tout asseurez. Or quand nostre Seigneur Iesus Christ dit que sa voix a ceste vertu de ressusciter les morts, il prend cela par similitude. Car quelque vie que nous cuidions [pensions] avoir, si est-ce qu’ [néanmoins] estans separez de Dieu nous sommes en une mort spirituelle: combien que [bien que] tous incredules cuideront [penserons] et en leur sagesse et en leur vertu estre plus que vivans. Or ils s’endurcissent en cela, et s’y glorifient iusques au bout.
Mais regardons où est la fontaine de vie: elle est en Dieu: et ils en sont alienez. Regardons aussi quelle est la vraye vie de l’homme : ce n’est pas qu’il soit fin, et que par ses finesses et astuces il puisse bien faire ses besongnes en ce monde, qu’il puisse acquerir grand renom, qu’il puisse estre subtil et bien advisé pour donner conseil à tous autres: ce n’est pas qu’il soit excellent en toutes sciences humaines et tous arts: ce n’est pas aussi qu’il soit prisé et renommé comme magnanime, ou ayant d’autres vertus qui sont louables entre les hommes: mais il faut commencer plus haut, c’est que nous cognoissions [connaissions] Dieu estre nostre Père, que nous soyons gardez par la clairté de sa parole, et illuminez en la foy pour cognoistre [connaître] le chemin de salut, et que nous sçachions que tout nostre bien gist en luy, à fin que nous l’y cerchions [cherchions] en toute humilité: que nous cognoissions aussi le moyen comment nous pourrons parvenir là, c’est à sçavoir ayant nostre Seigneur Iesus Christ, auquel toute plenitude de grace nous est présentée.
Voilà donc le message de Pâques, de la signification et la valeur incomparables du Sacrifice de Jésus-Christ sur la Croix, que le disciple Pierre dans sa première lettre adressée à des croyants non seulement dispersés mais aussi persécutés, résume ainsi (3:18): En effet, Christ aussi est mort une seule fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de vous amener à Dieu.
La source musicale même des endroits n'engagent pas sur certains domaines Refuge Protestant du point de vue doctrinal ou autres, ces sources trouvées pour la connaissance de chants communs ou autres restent libres & responsables pour eux-mêmes de leur contenu et direction.
Le rêve d’une humanité nouvelle ne cesse d’alimenter les programmes politiques, ou les fantasmes idéologiques des uns et des autres.
Si l’humanité était parfaite, ou se croyait telle, ce rêve n’aurait certainement pas lieu d’être.
Ce qui alimente ce rêve, ou ce désir de profond changement, c’est bien la conscience douloureuse d’un état de misère dans lequel est plongée l’humanité, malgré ses plus hautes réalisations et ses productions les plus remarquables.
Est-ce une utopie, et même une utopie dangereuse, que de vouloir changer de fond en comble ?
Vous connaissez sûrement la célèbre phrase de Blaise Pascal :
Qui veut faire l’ange fait la bête.
D’abord, sur quel modèle cette humanité nouvelle doit elle se former ?
On a vu au cours de notre histoire récente les fruits de systèmes politiques totalitaires prétendant créer un homme nouveau censé fonctionner parfaitement dans un corps social homogène : ces systèmes politiques ont justement fait de l’homme bien pire qu’une bête, car aucune bête ne se conduit de façon aussi monstrueuse que les hommes adonnés à leurs rêves déments et pervers.
La foi chrétienne, elle, ne dit pas que l’homme a la vocation et la capacité de s’améliorer par lui-même, au contraire elle affirme qu’il en est bien incapable.
Ce n’est pas en lui qu’il trouvera les ressources pour s’élever au-dessus de sa condition.
Seul quelqu’un d’autre est en mesure de lui offrir non pas une quelconque perche de secours, mais un salut gratuit, total et irrévocable.
Ce quelqu’un, affirme la foi chrétienne, c’est Jésus-Christ : c’est pour cela qu’Il est venu dans le monde il y a quelque deux mille ans, qu’Il a donné volontairement Sa Vie sur la Croix, et qu’Il est ressuscité des morts avant de monter au ciel.
Ceux qui l’ont connu, et fréquenté de près durant le temps de Sa Mission en ont été les témoins.
La vie nouvelle et l’espérance qu’Il accorde gratuitement à tous ceux qui les cherchent en Lui n’est pas une utopie, tous ceux qui ont une foi authentique vous le diront.
Elle n’est pas faite de richesses matérielles, de gloire aux yeux des hommes, de puissance politique, militaire ou autre, mais de transformation profonde du coeur et des attitudes : c’est une vie où les sentiments, les pensées, les priorités sont tournées vers le Dieu vivant et cherchent à accomplir Sa Volonté.
Le tout en sachant que leurs imperfections, leurs péchés sont pardonnés car le sang de Jésus-Christ versé sur la Croix les a complètement lavés, effacés.
C’est uniquement à partir de ce Don Parfait du Fils de Dieu qu’une réelle transformation devient non seulement possible, mais visible aux yeux de tous.
Jésus l’a affirmé publiquement : Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne jetterai pas dehors celui qui vient à moi.
Il est courant de nos jours d’entendre dire que toutes les manières de croire en Dieu, de Le servir et de L’adorer se valent.
Toutes les religions sont égales, dit-on, et mènent à Dieu, seul le chemin emprunté est différent ; on ne doit surtout pas considérer les autres voies comme fausses et chercher à convaincre qui que ce soit que seule la voie qu’on emprunte est véritable.
Comment répondre à ce relativisme ?
Dire que la Bible Seule révèle de manière satisfaisante qui est Dieu, est-ce être intolérant et dangereusement intégriste ?
Cela mène-t-il à plus ou moins long terme à la persécution de ceux qui croient autrement ?
C’est ce que l’humanisme contemporain veut faire croire, essayant de donner mauvaise conscience à toutes celles et ceux qui cherchent Dieu dans Sa Parole Révélée et nulle part ailleurs.
Mais il nous faut tout d’abord nous poser la question suivante :
Sommes-nous par nous-mêmes capables de connaître Dieu de manière satisfaisante ?
Pouvons-nous par nous-mêmes, à l’aide de notre intelligence naturelle, avoir accès à Dieu, l’adorer et vivre en communion avec Lui ?
Ou bien en sommes nous incapables et avons-nous besoin d’un guide sûr, rien moins que Dieu Lui-même pour nous mener à Lui ?
Depuis le début de l’ère chrétienne, le Chrétien croit avec l’apôtre paul que Dieu Se révèle dans la nature, ou, si l’on veut, dans Sa Création : celle-ci est si parfaite, si grandiose, elle témoigne de tant de science et de sagesse, qu’en dépit de la chute de l’homme et de son état de pécheur, il lui est impossible de ne pas voir Dieu à travers le monde.
Au verset 20 du premier chapitre de sa lettre aux chrétiens de Rome, dans le nouveau testament, Paul écrit qu'en effet, les perfections invisibles de Dieu, Sa Puissance Eternelle et Sa Divinité se voient fort bien depuis la création du monde quand on les considère dans ses ouvrages.
Dans ses écrits, le réformateur Jean Calvin parle souvent de la création comme « miroir de la Gloire Divine ».
Il veut dire par là qu’on peut comprendre quelque chose de Dieu, et savoir qu’Il est l’Auteur de l’univers, simplement en regardant la manière merveilleuse dont le monde est conçu.
Cela dit, depuis plus de cent ans, l’idée que le monde n’est que le fruit du hasard et que donc rien n’a de sens, est partagée par beaucoup, surtout dans les pays occidentaux.
Ce que nous voyons en nous et autour de nous n’est qu’une forme de chaos, dit-on, un ensemble d’éléments auquel il ne faut pas chercher à donner sens en dernier recours, car rien dans le monde n’a de sens.
Mais alors, il n’y a ni vrai ni faux ; et s’il n’y a ni vrai ni faux, pourquoi ce que dit un Chrétien serait-il vrai ?
Et s’il n’y a aucun sens dans le monde, ce que le Chrétien dit, ce que les Chrétiens disent, en fait, n’a pas de sens non plus.
Pourquoi devrions nous les écouter et accepter comme vrai ce qu’ils disent ?
Pourquoi se donner même la peine d’essayer de convaincre les autres que ce que l’on dit est vrai ?
Car toute tentative pour essayer de convaincre quelqu’un repose sur l’idée qu’on a raison, et que ce qu’on pense a une plus grande valeur et davantage de cohérence que ce que dit ou pense l’autre.
Le Chrétien, lui, croit qu’il y a une vérité, et accepte par la foi la Parole de Jésus-christ lorsqu’Il dit (évangile selon Jean, 4:6) : Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.
Le Chrétien croit aussi que ce qui s’oppose à la Vérité, ce n’est pas le hasard, ou le chaos, mais tout simplement le mensonge.
Pourtant, notre question de départ demeure entière :
Pouvons-nous connaître Dieu par nous-mêmes ?
Si nous admirons la nature, la manière dont le corps humain est fait, si nous découvrons chaque jour de nouvelles raisons de nous étonner devant les merveilles de la création, est-ce suffisant pour connaître Dieu de manière satisfaisante ?
Il faut croire que non, car s’il suffisait d’observer la nature pour trouver Dieu, alors tous les hommes et toutes les femmes vivraient en communion parfaite avec Dieu, et le monde serait un paradis perpétuel.
Reprenons ce qu’écrit Paul, dans le passage de sa lettre aux Chrétiens de Rome cité plus haut (9-22) :
Car ce qu’on peut connaître de Dieu est clair pour eux, Dieu Lui-même le leur ayant fait connaître. En effet, les Perfections Invisibles de Dieu, Sa Puissance Eternelle et Sa Divinité se voient fort bien depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Les hommes sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne L’ont pas glorifié comme Dieu et ne Lui ont pas rendu grâces ; mais ils se sont égarés dans de vains raisonnements, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous ; et ils ont remplacé la Gloire du Dieu Incorruptible par des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles.
Pour l’apôtre paul, ce que nous pouvons connaître de Dieu par Ses Oeuvres, loin d’amener les hommes à une connaissance satisfaisante de Sa Personne, ne sert qu’à rendre les hommes inexcusables parce qu’ils ne L’ont pas adoré et servi comme ils auraient dû.
Au contraire, ils ont fabriqué des statues d’animaux et les ont adorées comme si elles étaient dieu.
C’est pourquoi, Paul a écrit juste avant l’extrait cité ci-dessus :
La Colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la Vérité captive, car ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, car Dieu le leur a manifesté.
Pour Paul donc, ce qu’on peut connaître de Dieu de manière naturelle aurait dû amener les hommes à adorer le Créateur en vérité. mais au lieu de cela, les hommes ont retenu la Vérité captive et déformé la vraie religion en adorant des créatures au lieu du Créateur.
Les hommes sont donc inexcusables.
Pour connaître Dieu en Vérité, il nous faut donc un autre guide, un guide sûr qui ne nous trompera pas.
Le Chrétien croit que la Bible, ce Livre composé au cours de plus d’un millénaire, est La Révélation finale par laquelle Dieu s’est fait connaître aux hommes.
Cette Révélation progressive concernant le Plan de Dieu pour le monde qu’Il a créé, a d’abord été adressée à un peuple, le Peuple d’Israël.
Mais cette Révélation atteint son point culminant lorsque Dieu vient Lui-même habiter parmi les hommes en La Personne de Son Fils Eternel, Jésus-Christ, Vrai Dieu devenu homme.
Le tout début de la lettre aux Hébreux, dans le nouveau testament, déclare à ce sujet :
Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu nous a parlé par le Fils en ces derniers temps.
Bien que le Peuple d’Israël ait toujours reçu la mission de proclamer aux nations païennes la Lumière concernant Le Seul Vrai Dieu, ce mandat prend une nouvelle dimension avec la venue de Jésus-Christ.
Car le Fils Eternel de Dieu venant habiter parmi les hommes envoie Ses disciples jusqu’aux extrémités de la terre annoncer une Bonne Nouvelle : Il est justement venu faire connaître et adorer Dieu en esprit et en vérité, réconciliant avec Son Père Eternel les hommes et femmes éloignés de Dieu.
Ce dernier point - la nécessaire réconciliation avec Dieu - est essentiel à saisir pour qui veut comprendre proprement ce qu’est la foi Chrétienne et l’espérance qu’elle porte en son cœur.
Connaître Dieu en Vérité ne consiste pas en une connaissance d’ordre purement intellectuel, comme s’il suffisait de donner son assentiment rationnel à une ou des propositions logiques concernant l’être suprême.
Eric Kayayan,
Connaître Dieu en Vérité ne consiste pas en une connaissance d’ordre purement intellectuel, comme s’il suffisait de donner son assentiment rationnel à une ou des propositions logiques concernant l’être suprême.
Connaître, au sens Biblique du terme, c’est vivre dans une relation intime, à l’image de la relation intime qui lie un homme et une femme dans une union indissociable.
Cette connaissance engage l’être tout entier, non pas seulement les facultés rationnelles.
La véritable connaissance de Dieu passe donc par un engagement personnel total.
Comment un tel engagement serait-il possible de la part de l’homme qui ne fait que supputer, tâtonner, cogner sa tête contre les parois de l’existence, commettre individuellement ou collectivement tout ce que sa conscience même réprouve ?
Sans une réconciliation initiée par Dieu, cette relation est tout simplement impossible et c’est là où nous voyons Dieu s’engager totalement, en Jésus-Christ, dans cette magnifique Oeuvre de Réconciliation.
Jésus-Christ réconcilie le monde avec Dieu par un sacrifice Parfait et Définitif qu’Il accomplit afin que les fautes des hommes, leur désobéissance et leur aveuglement volontaire leur soient pardonnés.
Jésus-Christ donne Sa Vie pour payer une rançon à Dieu qu’aucun homme ou aucune femme ne pourrait payer.
Cette rançon, Dieu L’exige pour que les hommes en rupture de ban avec Leur Créateur, soient Réconciliés avec Lui.
Car il y a un prix à payer : notre propre vie, dont nous avons renié le sens initial et parfait en fuyant loin de Dieu.
Or, ce prix de la réconciliation exigé par Le Créateur, Dieu décide de Le payer Lui-même.
Alors, qui peut être mis au bénéfice d’une telle Réconciliation ?
Qui peut bénéficier de ce Don Divin ?
N’importe qui, vous et moi.
Et que faut-il faire pour en bénéficier ?
Dieu ne demande qu’une chose :
croire qu’Il a effectivement accompli ce Salut en payant Lui-même la rançon qu’Il exigeait.
Dieu est Celui qui nous sauve, qui nous Réconcilie avec Lui, et Il le fait gratuitement.
Ce n’est pas en accomplissant toutes sortes de rituels, de gestes mécaniques, ou encore en essayant par nous-mêmes d’atteindre Dieu que nous y parviendrons.
Au contraire, tous nos efforts seront inutiles et ne feront que nous plonger dans un abîme de doute, de culpabilité et de malheur.
Notre libération n’est possible que si nous acceptons par la foi, comme des enfants reconnaissants, que Dieu Le Père a accompli notre salut par le Don de Son Fils Jésus-Christ.
c’est cela la Bonne Nouvelle à travers le mot Evangile.
L’apôtre Paul, après avoir lui-même refusé de croire en ce Salut Gratuit, et après avoir même persécuté à mort les premiers Chrétiens, écrit dans sa lettre à l’église d’Ephèse (2:0) :
C’est par la Grâce de Dieu en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est Le Don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. Car nous sommes Son Ouvrage, nous avons été créés en Christ-Jésus pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions.
On le voit, l’offre du Salut est une offre gratuite.
Mais si les croyants appartiennent désormais à Dieu en Jésus-Christ, et si désormais l’Esprit de Dieu habite en eux après avoir chassé tout autre esprit opposé à Dieu, c’est pour qu’ils accomplissent les œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance pour qu’ils les pratiquent.
Cela veut dire que les croyants n’accomplissent pas ces œuvres pour mériter leur salut, mais par reconnaissance envers Dieu qui les a Gratuitement Sauvés, ils vivent désormais une vie d’obéissance à la Loi de Leur Seigneur Jésus-Christ et ils portent des fruits d’obéissance qui plaisent à Dieu.
En Jésus-christ ils ont obtenu une nouvelle vie.
Reprenons cependant la question initiale du pluralisme religieux, par lequel nous commencions ce chapitre.
Qui n’a jamais entendu ces paroles célèbres prononcées il y a quelque quarante ans par André Malraux :
Le vingt-et-unième siècle sera religieux ou ne sera pas.
Paroles que certains considèrent comme prophétiques. Qu’a-t-il voulu dire par là ?
Sans doute qu’après le vingtième siècle, considéré comme irréligieux, globalement indifférent, voire opposé au sentiment religieux, les hommes et femmes vivant au vingt-et-unième siècle retourneraient inévitablement, quant à eux, à des formes d’expression religieuse très marquées : cela serait même la caractéristique principale du prochain siècle.
Pourtant, on peut à bon droit se demander si une telle phrase rend justice au vingtième siècle.
Car on a pu voir tout autant d’expressions religieuses en ce siècle qu’au cours des époques précédentes.
Seulement, elles ont pris des formes et des expressions différentes de celles traditionnellement reconnues comme telles.
Ainsi, le culte de la personnalité dans les régimes politiques dictatoriaux, revêt un caractère religieux tout à fait marqué, avec cérémonies, chants, hymnes et déclarations de loyauté inaltérable.
Le régime nazi en allemagne dans les années trente et quarante, ou les différents régimes communistes, ont connu leurs célébrations, leurs liturgies voire leurs hystéries qui faisaient avant tout appel à une forme de sentiment religieux.
Aujourd’hui, le sport médiatisé est une des formes les plus claires de communion religieuse : autour d’un ballon rond (ou ovale !) se développe un sentiment d’exaltation peu commun, marqué par toutes sortes de rites, de sentiments fraternels, de moments de dévotion intense.
On a pu entendre dire qu’une équipe sportive a été « crucifiée » par une autre ; en politique on parle même parfois du « catéchisme » d’un parti donné.
On pourrait aussi parler en long et en large du culte obsessionnel du sexe, manifesté dans tant de productions cinématographiques ou autres.
La question que nous devons nous poser est donc :
Quelle sera la religion du vingt-et-unième siècle ?
Car l’homme ne saurait vivre sans exprimer ce qui constitue son fonds le plus profond : créé à l’Image de Dieu, il est constamment à la recherche d’un absolu, d’une relation avec Son Créateur, mais il détourne le plus souvent cette quête vers d’autres objets ou personnes que Son Créateur, que ce soit une personne humaine, une activité quelconque, une appartenance idéologique ou ethnique, ou encore un bien matériel donné.
La question de l’idolâtrie, de sa signification et de ses implications dans la vie des hommes, retiendra du reste notre attention au cours du chapitre huit.
Il nous faut aussi reconnaître que le marché religieux, en ce vingt-et-unième siècle, est particulièrement ouvert.
Avec la circulation des idées, les moyens contemporains de communication, les médias, chacun peut choisir à sa guise la religion à laquelle il souhaite s’adonner :
le bouddhisme ou les religions orientales,
l’animisme traditionnel,
les enseignements du soufisme musulman,
le new âge,
etc...
Au milieu de tout cela, que représente réellement le Christianisme ?
Celui, celle et ceux confessant Jésus-Christ peuvent-ils encore se prévaloir de l’exclusivité de leur foi ?
Pourquoi tenir à la confession de Jésus-Christ comme Vrai Dieu, envoyé par le Père Céleste comme seul médiateur entre Dieu et les hommes ?
Un passage de l’évangile selon Matthieu (6:9), nous éclairera singulièrement à ce sujet :
Jésus se rendit dans la région de Césarée de Philippe. Il interrogea ses disciples : que disent les gens au sujet du Fils de l’homme ? Qui est-il d’après eux ? Ils répondirent : Pour les uns, c’est Jean Baptiste ; pour d’autres : Elie ; pour d’autres encore Jérémie ou un autre prophète. – et vous, leur demanda-t-il, qui dites vous que Je suis ? Simon Pierre lui répondit : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Jésus lui dit alors : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas de toi-même que tu as trouvé cela. C’est mon Père céleste qui te l’a révélé. Et moi, je te déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai Mon Eglise, contre laquelle la mort elle-même ne pourra rien. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu interdiras sur la terre aura été interdit aux yeux de Dieu et tout ce que tu permettras sur la terre aura été permis aux yeux de Dieu.
Pour bien comprendre la portée de la question de Jésus, et la réponse de pierre, il faut savoir que l’endroit même ou Jésus a posé cette fameuse question était le lieu de nombreux cultes et religions.
Déjà sept cents ans avant la venue de Jésus-Christ, le prophète Esaïe avait parlé de cette région en ces termes (2-9:) :
Mais il n’y aura pas toujours des ténèbres sur ce pays envahi par l’angoisse. Si, dans les temps passés, Dieu a couvert d’opprobre tout le pays de Zabulon et le pays de Nephtali, dans les temps à venir, il couvrira de gloire la route de la mer, au-delà du Jourdain, le district des nations païennes. Le peuple qui vivait dans les ténèbres verra briller une grande lumière : la lumière resplendira sur ceux qui habitaient le pays dominé par d’épaisses ténèbres.
De fait, la région de Césarée de philippe était marquée par le culte du dieu syrien Baal, sous diverses formes.
Mais pour tout Israélite Croyant, cette région était aussi le lieu où le fleuve Jourdain prend sa source.
Et cette rivière rappelait à tout Croyant la Religion d’Israël.
Il y avait aussi, dans une montagne des environs, une grotte supposée être le lieu de la naissance de la divinité pan, le dieu de la nature.
Césarée était tellement identifiée au dieu pan, qu’elle portait le nom de panéas. aujourd’hui, située en syrie, elle s’appelle Baniyas.
Mais entre-temps, le roi Hérode avait fait bâtir un magnifique temple de marbre en l’honneur de César Auguste, l’empereur romain.
Or les empereurs romains allaient bientôt exiger qu’on les vénère comme des demi-dieux, et ce pour consolider leur autorité politique.
Désormais donc, la ville s’appellerait césarée.
Plus tard, le troisième fils d’Hérode le Grand, Philippe, allait ajouter son nom à la ville, dès lors connue sous le nom de césarée de philippe.
Pourquoi toutes ces précisions historiques ?
Simplement pour souligner que c’est dans ce contexte hautement païen, dans cette région pleine de cultes et de religions diverses que Jésus attendait de Ses Disciples la réponse exacte à la question de Son Identité : à savoir qu’Il est Le Christ, Le Fils du Dieu Vivant.
Poser cette question à quelques kilomètres du palais édifié à la gloire de César, représentait un défi de taille.
Celui qui attendait de Ses Disciples une telle confession n’était après tout qu’un obscur enseignant religieux, un jeune rabbi suivi de douze jeunes disciples.
Sa renommée commençait à s’étendre, mais seulement localement.
Et il n’existait aucun consensus au sujet de sa personne.
Au mieux, on le considérait comme un prophète, ou comme la réincarnation d’un des anciens prophètes d’Israël.
En posant cette question, Jésus a-t-Il essayé de se rassurer sur Sa Mission ?
A-t-Il voulu remonter sa cote de popularité en testant Ses Disciples ?
Ou bien attendait-Il une réponse qui puisse Lui indiquer quelle était Sa véritable Identité, au milieu de tant de religions en compétition ?
Pas du tout !
Jésus savait parfaitement qui Il était, et n’allait pas l’apprendre de la bouche de Ses Propres Disciples.
Mais, en posant cette question, Il avait un plan, celui de l’Edification de Son Eglise.
Or, pour que ce Plan se réalise, il fallait que la confession de Son Identité comme Le Christ, Le Messie Promis et attendu, le Fils même du Dieu vivant, soit fermement établie, comme Le Fondement même de l’Eglise.
Comment Pierre a-t-il pu trouver la réponse vraie à la question posée, alors que tant de fausses réponses étaient données autour de lui, dans cette région de césarée de philippe ?
On ne voyait en effet en Jésus qu’un prophète parmi bien d’autres.
Aujourd’hui de même, bien des gens qui se disent religieux ne voient en Jésus qu’un prophète, à l’égal d’autres prophètes ou soi-disant tels ; un homme particulièrement vertueux qui a cherché Dieu intensément, et rien de plus.
L’apôtre Paul, quant à lui, écrit dans sa première lettre aux corinthiens (2) que nul ne peut dire Jésus est Seigneur si ce n’est inspiré par l’esprit de dieu. et c’est bien ce que Jésus répondit à pierre, après que celui-ci l’ait identifié comme le christ, le Fils du dieu vivant : Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car ce n’est pas de toi-même que tu as trouvé cela. C’est mon père céleste qui te l’a révélé.
Il en va de même pour tout Croyant qui, deux mille ans après Pierre, confesse Jésus comme le Christ, Le Fils du Dieu Vivant.
Nul ne pourrait le faire, si l’Esprit de Dieu ne l’illuminait, ne le forçait hors de l’obscurité des religions et cultes de tout poil.
Mais il importe de bien comprendre que le climat religieux qui nous entoure aujourd’hui, et qui tâche d’obscurcir la Divinité Parfaite et Suffisante de l’homme Jésus, n’est pas nouveau.
Comme il a été dit plus haut, le pluralisme religieux était aussi prononcé au temps de Jésus-Christ qu’il l’est aujourd’hui.
Les religions orientales, les cultes de toutes sortes fleurissaient au sein de l’empire romain.
Et pourtant, c’est dans ce contexte que Jésus a réclamé pour lui, et pour lui seul, l’autorité suprême.
Aussi, les Chrétiens ne devraient pas se laisser déstabiliser dans leur confession de la messianité et la divinité de Jésus-christ, comme si notre époque avait ouvert des perspectives religieuses que le passé ne connaissait pas, comme s’il leur fallait désormais relativiser cette Foi en Christ, Seul Médiateur et Sauveur.
Citons pour conclure ce que l’apôtre Paul écrit à ce sujet dans sa lettre aux Ephésiens (4.4-5) :
En parvenant tous ensemble à l’unité dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu (…) nous ne serons plus de petits enfants ballottés comme des barques par les vagues et emportés çà et là par le vent de toutes sortes d’enseignements, à la merci d’hommes habiles à entraîner les autres dans l’erreur.
Au contraire, en exprimant La Vérité dans l’amour, nous grandirons à tous égards vers Celui qui est La Tête : Christ !
Amen,
Eric Kayayan,
Pasteur Réformé & Responsable
du site Foi&Vie Réformées
Source : Rendre compte de l'espérancedu Pasteur Eric Kayayan dirigé et édité par Jean-Marc Berthoud dans Collection Messages l'Age d'homme
Que dire d’un point de vue Chrétien, de la devise - connue internationalement - de la république française :
liberté, égalité, fraternité ?
Quand on y réfléchit bien, on est frappé de voir que chacun de ces motifs, et même leur combinaison en une seule devise, prend sa source dans une thématique Chrétienne.
Cela peut sembler étrange lorsque l’on sait que l’esprit de la Révolution française a été tout sauf attaché à la foi et à la tradition Chrétienne.
Et pourtant...
Prenons le thème de la liberté.
Il est central à travers toute la Bible : le peuple d’Israël est libéré par Dieu de l’esclavage en Egypte.
Au vingtième chapitre du livre de l’Exode, le Décalogue, c’est-à-dire les Dix Commandements, commence par ces mots qui servent d’introduction à la Loi Divine :
Je suis l'Eternel, Ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.
Cela dit, la libération accomplie par Dieu n’est pas là pour laisser le peuple d’Israël maître de son destin, libre de faire ce qu’il lui plaît, mais au contraire pour le lier à ce Dieu Tout Puissant et à Sa Loi, qui le maintiendra sur un sentier sûr et stable, quelles que soient les circonstances de son histoire.
Donc il ne s’agit pas d’une libération politique et sociale laissant la porte ouverte à une autonomie sans bornes, mais d’une liberté assurée dans une vie d’Alliance avec Dieu.
La lettre de Jacques, dans le Nouveau Testament, s’en fait l’écho de cette manière :
Voici au contraire,écrit-il, un homme qui scrute la loi parfaite qui donne la liberté, il lui demeure fidèlement attaché et, au lieu de l’oublier après l’avoir entendue, il y conforme ses actes: cet homme sera heureux dans tout ce qu’il fait.
Cette liberté, c’est finalement celle que Jésus-Christ a acquise pour les croyants en venant accomplir parfaitement la Loi et le Plan de Dieu annoncés dans la Bible.
A ceux qui avaient cru en Lui il déclarait un jour :
Si vous vous attachez à la Parole que je vous ai annoncée, vous êtes vraiment mes disciples. Vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres.
Mais ces gens lui ont répondu :
Nous, nous sommes les descendants d’Abraham, nous n’avons jamais été esclaves de personne. Comment peux-tu dire: “vous serez des hommes libres”? Vraiment je vous l’assure, leur répondit Jésus, tout homme qui commet le péché est esclave du péché. Or un esclave ne fait pas partie de la famille, un fils, lui, en fait partie pour toujours. Si donc c’est le Fils de Dieu qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment des hommes libres.
Voilà la clé de la vraie liberté, dans l’Evangile : c’est Jésus-Christ Seulement, en tant que Fils de Dieu, qui peut l’accorder, car, selon Ses Propres Paroles, Il est Le Chemin, La Vérité et La Vie.
Quel contraste avec la devise : “Ni Dieu, ni maître” que l’on veut si souvent faire passer pour l’expression de la vraie liberté.
On peut bien séculariser tous les grands thèmes Chrétiens, comme on le fait depuis quelque deux cent cinquante ans, mais sans le Fondement du Christ on aboutit à l’échec de l’application de tous nos impératifs moraux et humanistes.
L’égalité est un des thèmes favoris de la plupart des gens et aussi le second volet de la devise républicaine de la France, comme chacun sait.
Tout comme le thème de la liberté, il relève bien d’une thématique Chrétienne, même si on lui a fait prendre ensuite une autre connotation.
L’égalité entre tous les êtres humains au sens Chrétien, elle existe bien sûr au regard de Dieu, qui est en premier lieu le Créateur de tous.
Tous les hommes et toutes les femmes, à toutes les époques de l’histoire humaine, ont été créés à l’Image de Dieu, nous dit la Genèse.
C’est cela qui définit leur identité primordiale, leur dignité et leur vocation d’êtres humains.
Par delà la diversité de caractéristiques et de dons particuliers, il y a en chacun cette marque qui nous lie non seulement à Notre Créateur, mais aussi à notre prochain, dans une relation devant être marquée par l’amour et le respect.
Toute idéologie raciste s’en trouve par là-même exclue dès le départ.
Mais l’égalité entre tous les hommes est hélas aussi celle d’une condition de déchéance aux Yeux de Dieu depuis un acte de rébellion ayant entraîné dans sa chute l’humanité toute entière.
Condition de rupture d’alliance qui obscurcit complètement notre rapport à Dieu et à notre prochain : source de misère, de tensions, de violence et de haine dont on voit les traces à tous les échelons de la vie : au niveau personnel, social et politique.
L’apôtre Paul résume cette condition de manière lapidaire au troisième chapitre de sa lettre aux chrétiens de Rome :
Tous ont péché, en effet, et sont privés de la glorieuse présence de Dieu.
Bien sûr, la déchéance en question s’exprime à des degrés différents dans la vie des uns et des autres, car Dieu, par Sa Providence Souveraine, en limite les effets les plus destructeurs et permet que la vie continue sur terre.
Mais personne ne peut se croire exempté de cette condition de rupture qui en fin de compte mène à la mort.
Pourtant, au milieu de cette condition mortelle marquée par la déchéance, surgit une espérance adressée à tous, indistinctement (autre signe d’égalité dans la Foi Chrétienne):
celle du salut, de la réconciliation avec Dieu.
Tous ont péché, en effet, et sont privés de la glorieuse présence de Dieu, et ils sont déclarés justes par sa grâce : c’est un don que Dieu leur fait par le moyen de la délivrance apportée par Jésus-Christ.
A partir de là, une humanité nouvelle revient à la vie, appelée au Service de Dieu et du prochain dans l’amour et le respect.
Une des marques de l’égalité humaine sur laquelle la Bible insiste souvent, conformément à l’égalité de condition d’êtres créés à l’Image de Dieu, c’est celle de tous devant la justice humaine.
Il ne s’agit pas d’essayer d’effacer radicalement toutes les distinctions sociales, comme on le voudrait souvent sur la base d’une autre conception de l’égalité, mais d’assurer une justice publique impartiale pour tous, quel que soit leur statut social.
Dans la Bible, un des meilleurs exemples nous en est donné avec Josaphat, roi du petit royaume de Juda au neuvième siècle avant Jésus-Christ.
Dans le premier livre des Chroniques, dans l’Ancien Testament, au chapitre 19, il est dit :
Josaphat établit des juges dans toutes les villes fortifiées du pays de Juda, et leur donna les instructions suivantes : Veillez avec soin à ce que vous faites, car ce n’est pas pour des hommes que vous prononcez des jugements, mais pour l’Eternel, et il vous assistera lorsque vous rendrez la justice. Maintenant, agissez en craignant l’Eternel et soyez circonspects dans tout ce que vous faites, car l’Eternel, notre Dieu, ne tolère ni l’injustice, ni la partialité, ni la corruption par des cadeaux.
La fraternité entre les hommes, est l’idéal à atteindre qu’exprime le troisième volet de la devise de la république française : liberté, égalité, fraternité.
Tout comme les deux précédents, il trouve sa source dans l’enseignement Chrétien, même s’il s’appuie sur des idées assez différentes, et finalement contradictoires.
Vous connaissez sûrement l’Ode à la Joie du poète allemand Schiller, mis en musique par Beethoven dans le dernier mouvement de sa neuvième symphonie :
Tous les hommes deviendront frères chantent les solistes et le choeur.
Où en sommes-nous aujourd’hui dans la réalisation universelle de ce bel idéal ?
Les peuples ne sont-ils plus en compétition les uns avec les autres ?
La lutte économique et la survie des plus forts aux dépens des plus faibles a-t-elle laissé la place à l’harmonie généralisée dans les relations humaines ?
Il y a en fait une grosse contradiction dans l’idéologie dominante qui gouverne les pensées et les coeurs des hommes de notre époque : on ne peut pas déclarer à la fois que la loi de base qui régit les relations humaines et animales c’est la survie du plus fort au dépend du plus faible, avec pour conséquence évidente l’élimination de ceux qui ne savent ou ne peuvent pas s’adapter, et que d’autre part l’idéal à atteindre c’est la fraternité humaine généralisée.
Il faut être totalement schizophrène pour soutenir que ces deux principes peuvent exister ensemble.
C’est bien pourtant ce qu’on voudrait nous faire croire.
Pour la Foi Chrétienne, la fraternité entre les hommes est avant tout le fait d’une réconciliation avec Dieu opérée par Jésus-Christ, qui est devenu Le Modèle d’une humanité nouvelle.
Sur ce fondement, le Christ déclare à Ses Disciples au moment du repas pascal célébré en commun peu avant son arrestation, son procès et sa crucifixion :
Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Reconnaître en l’autre son semblable n’est possible que si on reconnaît d’abord qu’il est créé à l’image de Dieu lui aussi, tout comme soi-même, et que cette image est sacrée.
Je vous parlais de l’égalité des hommes devant Dieu, en particulier devant la justice publique.
Aucun favoritisme n’est toléré devant le siège judiciaire, aucune corruption n’est permise.
Mais sur quelle base ?
Uniquement sur celle du Dieu Eternel et Tout Puissant qui jugera Lui-même tous les hommes.
Cette égalité devant la justice doit permettre de protéger les plus démunis, les plus faibles, contre l’abus et l’exploitation des plus puissants, sans toutefois que cette protection devienne partiale et injuste à son tour.
Un très beau texte du livre du Deutéronome, dans l’Ancien Testament, à la fin du dixième chapitre nous dit ceci :
L’Eternel votre Dieu est le Dieu suprême et le Seigneur des seigneurs, le grand Dieu, puissant et redoutable, qui ne fait pas de favoritisme et ne se laisse pas corrompre par des présents. Il rend justice à l’orphelin et à la veuve et témoigne son amour à l’étranger en lui assurant le pain et le vêtement. Vous aussi vous aimerez l’étranger parmi vous, car vous avez été étrangers en Egypte.
L’amour du prochain, c’est donc avant tout l’exercice d’une justice impartiale à son égard, la reconnaissance de son droit à exister en paix, même et surtout s’il est plus fragile que les autres.
C’est cela que l’Evangile proclame, et c’est bien le contraire de l’idéologie naturaliste qui non seulement admet la survie exclusive du plus fort, mais de plus l’encourage de manière éhontée.
La cérémonie de “panthéonisation" en présence du président de la République où les cendres de femmes ou hommes illustres dans l'histoire sont reçues avec les plus grands honneurs au Panthéon en signe de reconnaissance de la patrie pour leur action courageuse et/ou patriotique évoque immédiatement une version « laïque » ou « républicaine » de la canonisation de « saints » par un certain nombre d’églises (catholique romaine, orthodoxe russe ou grecque, apostolique arménienne etc.)
Comment, en effet, ne pas être frappé par l’analogie qui existe entre d’une part le long processus menant à la sélection des personnes panthéonisées, l’insistance sur leurs vertus qui les distingue du commun des mortels, la solennité avec laquelle le rituel est conduit, et d’autre part la manière dont les églises sus-mentionnées déclarent « saintes » des croyants qui ont, non pas « bien mérité de la patrie terrestre », mais plutôt « bien mérité de la patrie céleste » ?
Il est évident qu’avec cette analogie, comme de fait avec beaucoup d’autres semblables, l’idéal républicain – aussi laïque qu’il se prétende – reste fortement influencé par cela même dont il tente de se distancier.
Souvent il ne fait qu’imiter ce qu’il pourfend par ailleurs.
Peut-être au fond que cette connivence de rituels et de sacralisation trouve sa source dans un héritage commun : celui des empereurs romains déifiés – à moitié, ou totalement – après leur mort, afin que le souvenir de leur vie et de leur rôle à la tête de l’État impérial continue à servir de ciment pour la préservation de cet État, lui-même divinisé.
Quoiqu’il en soit – et quelle que soit la forme de la reconnaissance collective que l’on témoigne à des hommes ou des femmes qui ont servi la patrie terrestre de manière exceptionnelle – il est nécessaire de se poser la question de savoir qui sont les « saints » que tant d’églises pensent pouvoir mettre sur un piédestal spirituel après leur existence terrestre ?
Que signifie « être saint »?
A qui s’applique ce mot si souvent employé dans la tradition chrétienne?
Pour bien le comprendre, lisons quelques extraits de lettres écrites par l’apôtre Paul, dans la seconde partie de la Bible.
Au début de ses lettres, Paul s’identifie et identifie également ceux à qui il adresse sa lettre.
Par exemple, dans sa lettre aux chrétiens de Rome, il s’adresse à – je cite – :
“tous ceux qui, à Rome, sont bien-aimés de Dieu, appelés à être saints”.
Et il les salue au nom de Dieu de la manière suivante :
“Que la grâce et la paix vous soient donnés de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ !”
Dans la première lettre aux Corinthiens, Paul adresse une salutation semblable à – je cite – l’église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui invoquent en tout lieu le nom de notre Seigneur Jésus Christ.”
Je pourrais citer d’autres salutations de l’apôtre Paul, comme celle qui ouvre la seconde lettre aux Corinthiens :
“Paul, apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, et le frère Sosthène, à l’église de Dieu qui est à Corinthe et à tous les saints qui sont dans l’Achaïe.”
(Précisons que l’Achaïe était une région de la Grèce).
Quoi qu’il en soit, il est clair, au vu de ces passages de la Bible et de dizaines d’autres semblables, que les saints, ce sont tous les chrétiens, quels qu’ils soient, qui ont été appelés à croire en Jésus-Christ, mis à part pour former le peuple de Dieu et qui font partie de l’Église.
Il suffit de lire la première lettre aux Corinthiens pour se rendre compte que ces nouveaux croyants étaient bien loin d’avoir atteint la perfection morale à laquelle ils étaient aussi appelés(lisez en particulier le chapitre 6, versets 9 à 11).
Mais, dans la seconde partie de la Bible, leurs graves imperfections morales ne remettent pas en cause le fait qu’ils aient été mis à part, appelés à croire, donc sanctifiés par Dieu.
Celui-ci les conduit par son Saint Esprit, donc Il les sanctifie progressivement en les appelant à l’obéissance à ses commandements, à un changement de vie qui rompt avec les pratiques païennes dont ils étaient coutumiers.
Il en va de même deux mille ans plus tard, car l’appel de Dieu à croire en l’Évangile est adressé journellement à des myriades d’hommes et de femmes de par le monde.
Toutes celles et tous ceux qui croient sincèrement sont donc les saints dont parle le Nouveau Testament.
A vous toutes et tous aussi qui croyez s’adresse cette autre parole de l’apôtre Paul dans sa lettre aux chrétiens d’Ephèse :
“Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage; mais vous êtes concitoyens des saints, membres de la famille de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l’angle.”
“Oui, Dieu est bon pour Israël, pour tous ceux qui ont le coeur pur. Pourtant il s’en est fallu de peu que mes pieds ne trébuchent, un rien de plus, et je tombais. J’étais jaloux des arrogants en voyant la prospérité des gens méchants. Car ils sont exempts de souffrance ; jusqu’à leur mort ils ont santé et embonpoint. Ils passent à côté des peines qui sont le lot commun des hommes… Ils ne subissent pas les maux qui frappent les humains. Aussi s’ornent-ils d’arrogance comme on porte un collier, et la violence est leur parure, leurs yeux sont pétillants dans leur visage plein de graisse, les mauvais désirs de leur cœur débordent sans mesure. Ils sont moqueurs, ils parlent méchamment et, sur un ton hautain, menacent d’opprimer. Leur bouche s’en prend au ciel même, leur langue sévit sur la terre. Aussi le peuple les suit-il, buvant à longs traits leurs paroles tout en disant: ‘Dieu ? Que sait-il ? Celui qui est là-haut comment connaîtrait-il ?’ Voilà comment sont les méchants : toujours tranquilles, ils accumulent les richesses. Alors, c’est donc en vain que je suis resté pur, que j’ai lavé mes mains en signe d’innocence ! Tous les jours, je subis des coups, je suis châtié chaque matin ! Si je disais: ‘Parlons comme eux’, alors je trahirais tes fils. Je me suis mis à réfléchir: j’ai cherché à comprendre, je trouvais tout cela trop injuste jusqu’au jour où je suis entré dans la maison de Dieu et où j’ai réfléchi au sort qui les attend. Car en fait, tu les mets sur un terrain glissant, tu les entraînes vers la ruine. Et soudain c’est la catastrophe: en un instant , ils sont perdus, ils sont détruits, et l’épouvante les saisit. Comme les images du rêve s’évanouissent après le réveil, ô Eternel quand tu interviendras, tu les feras tous disparaître. Oui, quand j’avais le coeur amer et tant que je me tourmentais, j’étais un sot, un ignorant, je me comportais avec toi comme une bête sans raison. Mais je suis toujours avec toi, et tu m’as saisi par la main droite, selon ton plan, tu me conduis, puis tu me prendras dans la gloire. Qui ai-je au ciel, si ce n’est toi? Et ici-bas que désirer, car je suis avec toi? Mon corps peut s’épuiser et mon coeur défaillir, Dieu reste mon rocher, et mon bien précieux pour toujours. Qui t’abandonne se perdra, et tu anéantiras tous ceux qui te sont infidèles. Tandis que mon bonheur à moi, c’est d’être toujours placé près de Dieu. Oui j’ai placé dans le Seigneur, dans l’Eternel, mon sûr refuge, et je raconterai ses oeuvres.”
Pour le psalmiste, la question cruciale n’est pas tant de savoir pourquoi les humains en général sont affectés par toutes sortes de maux, dont lui même n’est pas exempt, mais plutôt de comprendre pourquoi ceux qui commettent le mal et qui cherchent à opprimer les autres semblent échapper à cette condition.
Tout semble leur être favorable.
Cette pensée est insupportable au psalmiste épris de justice.
Un peu plus, et il se mettait à jalouser les méchants et à se révolter contre Dieu qui permet cela.
Le sentiment de ceux qui suivent ces gens arrogants et “boivent à long traits leurs paroles” est justement de douter que Dieu s’occupe du sort des humains.
Ils disent : ‘Dieu? Que sait-il? Celui qui est là-haut comment connaîtrait-il?’
C’est-à-dire que tout en reconnaissant l’existence d’un Dieu Très-Haut, ils pensent qu’Il s’enferme dans sa hauteur divine et se désintéresse totalement de ses créatures.
Il ne rend pas la Justice, Il ne rétribue pas ceux qui commettent le mal, donc on peut faire ce qu’on veut sans crainte d’être puni.
Cette pensée, est commune à beaucoup d’hommes et de femmes aujourd’hui.
Bien sûr, elle ne tient pas compte du fait que Dieu, dans Sa Parole, a établi des normes de comportement social et de justice qu’il convient d’appliquer de manière adaptée à chaque situation.
Le rôle de l’autorité publique est de faire régner l’ordre aussi bien que la justice, et cela implique la promulgation de lois justes et leur application par des autorités compétentes.
Cela implique l’existence d’une police et d’une justice effectives, au service du bien public.
Voilà les instruments institués par Dieu pour que les criminels et oppresseurs en tous genres soient neûtralisés et empêchés de nuire.
Au chapitre 13 de sa Lettre aux Chrétiens de Rome , Paul en parle comme suit :
“Ce sont les malfaiteurs, et non ceux qui pratiquent le bien, qui ont à redouter les magistrats. Tu ne veux pas avoir peur de l’autorité? Fais le bien, et l’autorité t’approuvera. Car l’autorité est au service de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, redoute-là. Car ce n’est pas pour rien qu’elle peut punir de mort. Elle est, en effet, au service de Dieu pour manifester sa colère et punir celui qui fait le mal.”
Mais, à quelle justice s’attendre lorsque les autorités (nota Refuge Protestant : Etatique ou religieuse) qui ont reçu cette charge ne l’exercent pas, ou lorsqu’elles sont corrompues et participent plus que quiconque au mal et à l’oppression, ou lorsque les criminels quelqu'ils soient à divers degrés en divers endroits semblent avoir la voie libre pour toutes leurs actions ?
Ce sont ces questions lancinantes qui tourmentent Asaph, l’auteur du psaume 73.
Dieu n’interviendra-t-Il pas directement ? Se cache-t-Il?
Se désintéresse-t-Il totalement du sort des humains ?
Asaph ne trouve de réponse qu’après avoir pénétré dans le sanctuaire de Dieu, c’est-à-dire Son Temple.
Ce n’est pas par ses propres raisonnements qu’il parviendra à sortir du labyrinthe de ses pensées sur ce sujet douloureux.
Il lui faut s’approcher du sanctuaire où se trouve la Loi de Dieu écrite sur deux tables, placée dans le coffre de l’Alliance.
En d’autres termes, il lui faut se tourner vers la Parole révélée de Dieu, car aucune explication satisfaisante ne lui sera donnée par des hommes.
C’est Dieu Lui-même qui doit l’instruire sur cette question si troublante.
Et lorsqu’il parvient à élever ses pensées vers le Dieu de la Providence, alors la réponse lui est donnée : le terrain sur lequel Dieu place les méchants est un terrain glissant, qui, à terme, les mène à leur perte.
Leur ruine est inévitable, qu’elle intervienne maintenant ou plus tard.
Notons, Croyant(e) et ami(e)s que cette ruine est autre chose que le trébuchement des fidèles, dont le psalmiste a failli être lui-même la victime.
Quelle est la différence ?
C’est que Dieu veille sur Ses Enfants, Il les relève ou les empêche de tomber.
Le verset 23 l’exprime de cette manière :
“Mais je suis toujours avec toi, et tu m’as saisi la main droite.”
Quant aux méchants, s’ils semblent parfois placés si haut, c’est afin que leur chute n’en soit que plus retentissante et plus désastreuse :
“Et soudain c’est la catastrophe: en un instant, ils sont perdus, ils sont détruits, et l’épouvante les saisit. Comme les images du rêve s’évanouissent après le réveil, ô Eternel, quand Tu interviendras Tu les feras tous disparaître.”
Pour voir cela, il suffit de regarder autour de soi avec un peu de recul ce qui se passe tous les jours.
Si nous prêtons attention aux jugements de Dieu dans le monde, nous verrons comment en effet Il intervient pour abattre les hautains et les arrogants.
Et si certains d’entre eux semblent disparaître tout doucement et sans peine, ayant conservé jusqu’à la fin leurs profits mal acquis ou leurs positions usurpées, leur mort signifie pour eux la confrontation inéluctable avec le Dieu Juste qui leur demandera des comptes.
Soyons en pleinement assurés !
Ce sera le réveil douloureux après un rêve qui n’aura pas duré longtemps au regard de l'éternité.
La réalité de la Présence de Dieu, à laquelle ils avaient cru échapper au cours de leur vie, fera paraître cette dernière comme un songe creux qui s’est bien vite envolé.
Place maintenant à la Justice Divine !
En contraste, le croyant, lui, se sait porté par Dieu, même au milieu des épreuves et des tourments.
Le psalmiste sait que Dieu le conduit au cours de sa vie, et qu’Il sera avec lui après sa mort :
“Mais je suis toujours avec toi, et tu m’as saisi par la main droite, selon ton plan, tu me conduis, puis tu me prendras dans la gloire. Qui ai-je au ciel, si ce n’est toi? Et ici-bas que désirer, car je suis avec toi? Mon corps peut s’épuiser et mon cœur défaillir, Dieu reste mon rocher, et mon bien précieux pour toujours. Qui t’abandonne se perdra, et tu anéantiras tous ceux qui te sont infidèles. Tandis que mon bonheur à moi, c’est d’être toujours placé près de Dieu. Oui j’ai placé dans le Seigneur, dans l’Eternel, mon sûr refuge, et je raconterai ses oeuvres.”
Puisse cette méditation sur le psaume 73 avoir apporté certitude et réconfort, au milieu des épreuves et des questions lancinantes pouvant être présentes.
Puissent les mots suivants demeurer avec chacun(e) chaque jour de notre vie :
“Qui ai-je au ciel, si ce n’est toi? Et ici-bas que désirer, car je suis avec toi?
Que veut dire: être un homme ou une femme spirituel(le) ?
Est-ce que c’est être quelqu’un qui se désintéresse des choses pratiques ou de la réalité matérielle ?
Ce n’est pas le sens qu’en donne la Bible en tout cas.
Quand on lit attentivement la Bible, on découvre que l’homme ou la femme spirituel(le) c’est avant tout quelqu’un qui cherche à envisager tous les aspects de l’existence en se soumettant à ce que Dieu révèle dans sa Parole et en lui faisant entièrement confiance.
Oui, cela veut dire bien sûr que cette personne a la certitude que Dieu a parlé aux hommes au cours de l’histoire, qu’Il s’est manifesté à eux, qu’Il leur a parlé de sa présence et de son plan pour eux, car Il est leur Créateur et le Seul qui puisse les sauver de leur misère.
Et effectivement, une personne qui est spirituelle au sens qu’en donne la Bible reconnaît que l’humanité tout entière est dans un état de grande misère et qu’elle a besoin d’un salut préparé pour elle.
L’humanité est incapable de se sauver par elle-même, elle ne fait qu’aggraver sa condition, en dépit de tous ses efforts pour s’en sortir par des plans sociaux, politiques ou économiques, voire même par des programmes de régénération morale.
Elle ne fait que tomber de Charybde en Scylla, même lorsqu’elle semble pouvoir se targuer de succès temporaires.
Une personne spirituelle, au sens biblique, n’est donc pas quelqu’un qui est très attiré par les choses invisibles, par l’invocation des esprits, ou l’évasion de ce monde corrompu et plein de misère.
Car si je reste confronté à moi-même, à mes fantaisies spirituelles, si je me laisse guider uniquement par mon for intérieur et si je mets toute ma confiance en mes propres capacités à trouver ce que je cherche, sans rechercher d’autre interlocuteur que moi-même, je ferai tôt ou tard face au néant, à ma finitude, à mes échecs.
Il est même fort possible que je sombre dans l’occultisme et dans toutes sortes de pratiques complètement destructrices.
C’est d’ailleurs le cas de nos jours d’innombrables gens qui se font souffrir et font souffrir leurs proches en sombrant dans une spirale infernale.
Pour la Bible, une personne spirituelle c’est quelqu’un qui réforme constamment sa vie et son regard sur tous les aspects de l'existence à la lumière de la Parole divine.
Ce faisant il ou elle met sa foi et son espérance en celui qui a été envoyé par le Père céleste pour régner sans partage sur ce monde : son Fils Jésus-Christ, devenu être humain, comme nous, pour servir de médiateur parfait entre Dieu et les hommes.
Sa vie divine, son Esprit, est offert à tous ceux qui croient en lui.
C’est par l’œuvre parfaite qu’il a accomplie durant son passage sur terre que vous pouvons oui devenir une personne véritablement spirituelle.
" J'avoue que je donnerais à peine un penny pour tout salut que je pourrais perdre. La vie éternelle est la chose dont nous avons besoin, la Vie de Dieu, qui ne peut jamais changer ou être enlevée de nous, et c'est ce qui est donné à toutes celles et ceux qui croient en Jésus Christ."
Car, lorsque que nous étions
encore sans force,
Christ, au temps marqué,
est mort pour des impies
(Romains 5-6)
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