Suite 1ère partie (Comment Prier Dieu)
Le Seigneur Jésus, avant d’enseigner à ses disciples la prière que tous les chrétiens connaissent sous le nom de “Notre Père” (car c’est avec ces mots qu’elle commence), a défini l’attitude que nous devrions avoir en priant : pas d’extériorité destinée à faire impression sur les autres, pas d’hypocrisie tâchant de nous faire passer pour des gens très religieux, pas non plus de cris ou de hurlements (comme si le nombre de décibels émis par notre larynx pouvait faire grande impression sur le Dieu qui habite dans les cieux, et pourtant connaît exactement ce qu’il y a au plus profond de notre cœur).
Au contraire, Jésus nous prescrit une attitude recueillie, calme, empreinte de crainte confiante par laquelle nous pouvons commencer notre prière avec les mots : “Notre Père, qui es aux cieux…”
Durant sa vie terrestre, Jésus s’est retiré dans des lieux à l’écart, loin des foules qui le suivaient partout, pour pouvoir prier Dieu, son Père.
Mais il a encore averti ses disciples au sujet de l’attitude qu’il convient d’avoir dans la prière (Matthieu 6.7-8) :
En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
Il y a une grande différence entre multiplier de vaines paroles, et faire connaître à Dieu nos demandes par la prière et la supplication, avec des actions de grâces.
Dans le premier cas on parle à tort et à travers, on s’excite soi-même, on répète interminablement les mêmes phrases, tandis que dans le second cas on prie dans une attitude de dépendance totale marquée par l’humilité et la reconnaissance à la fois.
On attend vraiment son secours de Dieu, dans la confiance d’une foi vraie.
Lisons ce qu’écrit l’apôtre Jacques à ses lecteurs dans la lettre qu’il leur adresse (1.5-8) :
Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous libéralement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. Mais qu’il la demande avec foi, sans douter; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, que le vent agite et soulève. Qu’un tel homme ne pense pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur : c’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies.
Ce texte de la lettre de Jacques, dans le Nouveau Testament, nous dit non seulement que douter lorsque l’on prie, c’est assurément se priver de l’exaucement de Dieu, mais il nous indique aussi ce qu’il convient de demander en priorité à Dieu : une véritable sagesse, inspirée par son Esprit.
Voilà un point très important : nos requêtes devraient d’abord concerner ce qui peut nous rapprocher davantage de Dieu : une vraie sagesse, l’amour et la connaissance de la vérité, des relations avec notre prochain conformes à la volonté de Dieu, la patience, le zèle.
Voilà ce qu’il convient de demander en priorité à Dieu.
Cela n’exclut pas des demandes matérielles particulières, pour autant qu’il ne s’agisse pas de notre égoïsme personnel, mais de ce qui nous permet de mieux servir Dieu, de mieux travailler au sein de son Royaume, là où il nous a appelés.
Une autre partie très importante de la prière est constituée par l’intercession.
Intercéder, nous l’avons vu avec Jésus-Christ et le Saint Esprit, c’est prier pour d’autres que soi-même, présenter des requêtes à Dieu qui les concernent. Jésus-Christ nous a appris ce qu’est l’intercession lorsqu’il a prié pour ses disciples, peu avant son arrestation, son procès et sa crucifixion.
Dans l’Évangile selon Jean (17.8-9), il prie de cette façon pour eux :
Je leur ai donné les paroles que tu m’as données ; ils les ont reçues; ils ont vraiment reconnu que je suis sorti d’auprès de toi et ils ont cru que tu m’as envoyé. C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’il sont à toi.
Notre intercession commence avec nos proches, nos frères et sœurs dans la foi.
En particulier, ceux d’entre eux qui souffrent à cause de leur foi, ceux qui sont persécutés (il y a dans le monde beaucoup de chrétiens persécutés pour leur foi, même si les grands médias ne s’en font pas l’écho).
Ceux-là devraient faire l’objet de notre intercession particulière.
Car ils sont avec nous les membres du même corps, et leur souffrance témoigne de ce que ce corps souffre dans certains de ses membres.
Comment les autres membres pourraient-ils rester indifférents à cette souffrance ?
Notre intercession, pourtant, doit s’étendre plus loin qu’à ceux qui partagent la même foi que nous.
A un moment précis que nous venons d’évoquer, Jésus a prié en particulier pour ses disciples, qu’il confiait à son Père céleste, car ils allaient être investis d’une mission très spéciale après sa résurrection : celle de proclamer l’Évangile.
La proclamation de cet Évangile de pardon et de grâce est destinée à s’étendre sur tout le genre humain.
Il nous faut donc aussi, dans notre intercession, prier que l’Évangile atteigne le plus grand nombre d’hommes et de femmes, afin que tout comme cela a été le cas pour nous, eux aussi soient amenés à la connaissance de Jésus-Christ, qui seul peut opérer leur salut.
Au second chapitre de sa première lettre à Timothée (2.1-3), Paul écrit ceci :
J’exhorte donc, en tout premier lieu, à faire des requêtes, prières, intercessions, actions de grâce, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui occupent une position supérieure, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et dignité. Cela est bon et agréable devant Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.
Comme on le voit, s’il faut prier pour tous les hommes, Paul mentionne une catégorie en particulier : les gouvernants, ceux qui ont reçu un mandat particulier d’autorité.
Car ce mandat ne provient pas d’eux-mêmes (comme beaucoup le croient trop souvent), ni même de la volonté du peuple, comme on aime à la proclamer haut et fort à notre époque moderne, mais en fin de compte de Dieu lui-même : ils sont ses lieutenants sur terre, pour faire régner ordre et justice sans partialité ni corruption.
Et s’il faut prier pour eux – quelle que soit d’ailleurs leur conduite ou leur manière d’exercer cette autorité – c’est afin qu’ils reconnaissent d’où elle leur vient, afin aussi qu’ils l’exercent selon les normes posées par Dieu dans sa Parole.
Peut-on tout dire à Dieu en une prière ?
Quelle doit en être la longueur ?
S’il ne faut pas multiplier de vaines paroles dans nos prières, comme le font les païens, faut-il nous fixer une limite de temps pour chaque prière?
Devons-nous et pouvons-nous chaque fois intercéder pour toutes les causes qui se présentent à nous ?
Nous faut-il développer notre prière selon les thèmes que nous avons abordé, sans jamais nous écarter de cet ordre ?
Et comment comprendre les paroles de l’apôtre Paul qui écrit à de jeunes communautés chrétiennes qu’il prie sans cesse pour elles (par exemple en Romains 1.8-10 ; Éphésiens 1.15 ; Colossiens 1.9) ? Cela implique-t-il pour nous que nous devons passer au moins de cinq à six heures par jour dans la prière ?
Vous aurez compris que la prière est par excellence un acte spirituel, qui doit être mesuré, évalué et apprécié de manière spirituelle.
La vie chrétienne est faite de nombreuses facettes différentes, qui sont pourtant toutes reliées par un même lien : Jésus-Christ, qui doit régner sur chacune de ces facettes.
La prière est un aspect essentiel de la vie chrétienne, elle n’est cependant pas la seule facette de cette vie.
L’étude de la Bible, la lecture d’ouvrages propres à approfondir notre connaissance spirituelle, l’adoration en commun avec d’autres frères et sœurs, le chant de psaumes et hymnes, la pratique de l’amour chrétien, constituent d’autres facettes de cette vie chrétienne.
Mais celle-ci ne se limite pas, loin de là, à l’étude de la Bible ou à l’adoration commune.
Elle doit devenir un témoignage complet à la royauté de Jésus-Christ.
La vie de famille, les activités de loisir, la vie sociale et économique des chrétiens, leurs activités artistiques ou sportives, devraient refléter la marque de cette royauté, dans un témoignage sérieux et réfléchi.
Ainsi, la prière ne constitue pas le seul élément de la vie chrétienne, et ne peut servir de palliatif à une absence de témoignage dans les domaines que je viens d’évoquer à titre d’exemple.
Cependant, comment réformer nos activités quotidiennes pour les soumettre à la volonté de Jésus-Christ si nous ne prions pas Dieu qu’il nous accorde sa sagesse ?
Comment témoigner autour de nous de Jésus-Christ par nos actes et nos paroles, si nous n’entretenons pas une relation personnelle suivie avec celui qui constitue l’objet de notre foi et de notre témoignage ?
Autant retirer l’épine dorsale d’un corps humain, et croire qu’il pourra continuer à marcher sans problème… La prière est la respiration de la foi, a dit quelqu’un de manière très juste.
Prier sans cesse signifie prier sans que notre zèle pour la prière soit refroidi, sans que nous passions des journées voire des semaines inactifs dans cette communication intime avec Dieu.
Et si une paresse ou une nonchalance nous prend, alors il faut nous forcer à prier, tout comme l’on doit parfois se forcer à manger, même quand, pour une raison ou une autre, on n’en a pas envie.
Oui, la prière doit être quotidienne : actions de grâces avant de prendre un repas qui nous est accordé par Dieu dans sa Providence ; prière de reconnaissance pour un bienfait particulier reçu, que nous n’attribuerons pas au hasard ou à la chance, comme le font les païens.
Des moments de calme doivent être aménagés dans la journée, au milieu d’activités diverses bien souvent très prenantes.
On doit pouvoir s’isoler ne serait-ce que pour quelques instants, afin de renouer le dialogue avec Dieu.
Il est évident que chaque moment de prière diffèrera en longueur, selon les circonstances.
Mieux vaut une prière courte et recueillie, qu’une prière longue prononcée au milieu de l’agitation, alors que nos pensées sont enclines à se disperser.
Notre intercession doit pouvoir aussi être répartie en plusieurs sessions, afin de ne rien oublier qui compte à nos yeux.
Des moments nocturnes d’insomnie, chose en soi peu enviable, peuvent être utilisés avec grand profit pour la prière.
Peut-être est-ce la manière par laquelle Dieu nous force à nous adresser à lui, dans le calme de la nuit…
En résumé, la qualité de notre prière importe davantage que le temps qui lui est consacré.
Il est bon de passer de longs moments dans la prière si ceux-ci nous sont accordés, il est bon de ménager de telles plages dans notre vie quotidienne, mais il serait erroné et même dangereux de négliger les autres aspects de la vie chrétienne mentionnés plus haut, au profit exclusif de la prière.
Rev. Eric Kayayan,
Pasteur Protestant Foi & Vie Réformées
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